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Ethique et démocratie: les cas américain et français

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par Pathé DIOP
Faculté de Lille 2  - DEA de science politique 2003
  

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2.4 Le modèle citoyen américain

Depuis Aristote la République se définit comme le gouvernement des Lois. Celles-ci s'entendent, nous semble-til, comme les principes qui régissent le comportement des individus à l'intérieur d'un Etat, définissent leurs statuts et déterminent la politique étrangère de l'Etat. Ainsi entendu, le citoyen était celui qui participait à la vie politique et se distinguait de l'esclave qui s'occupait des activités productives. Pour Aristote l'homme accompli est, du point de vue politique, le citoyen. Mais la définition aristotélicienne du citoyen est « grécocentrée », ce qu'il ne contesterait pas étant donné qu' « elle est donc, dit-il, susceptible de plus ou de moins d'extension, suivant le genre de gouvernement.59 » Le citoyen d'un gouvernement n'est pas n'importe qu'elle personne, il est plutôt « formaté » par les principes constitutionnels relatifs à la citoyenneté.

Les Etats-Unis s'inscrivent dans le sillage de la conception aristotélicienne de la citoyenneté dès l'adoption en 1791 de sa Constitution. Ils dotaient de ses citoyens de deux attributs, d'une part, « l'égalité des droits politiques » et, d'autre part, « le rejet déclaré des privilèges héréditaires.60 » Du point de vue constitutionnel, l'homo civicus américain est celui à qui le droit de vote est accordé et qui, par-là, participe à la vie politique pendant les élections primaires et présidentielles. Ce droit fut donné seulement aux nationaux et aux individus naturalisés américains.

59 Aristote, La politique, II, 4, p. 45

60 3 Sur ce point nous suivons Judith Shklar dans son ouvrage intitulé La citoyenneté américaine, Calmann-Lévy, 1991.

Théoriquement tous les individus qui détiennent la nationalité américaine sont appelés à participer à la vie politique à raison du principe politique de l'égalité des droits constitutifs de la Constitution des Etats-Unis. Mais, concrètement ils ne votaient pas tous, car il y avait une forme censitaire du vote liée au statut. Avoir un statut social aux Etats-Unis signifiait avant tout : disposer d'une autonomie économique pourvue par « la possibilité de travailler et d'être rémunéré. » Ce qui faisait ainsi distinguer, comme chez Aristote, l'homme libre (le citoyen) de l'esclave.

Cette idée de la citoyenneté compromet alors le second attribut du citoyen à savoir : « le rejet déclaré des privilèges héréditaires. » Car si la citoyenneté dépend en fait du statut de propriétaire, la question de sa reproduction se fera d'une part, en fonction d'un héritage statuaire et non politique et, d'autre part, en fonction d'une acquisition de propriétés. Ce qui renvoie, nous semble-t-il, à un statut aléatoire de la citoyenneté dans la mesure où l'héritage et l'acquisition de propriétés ne sont pas définitifs mais conjoncturels.

Le modèle américain de la citoyenneté définit le type américain, c'est-à-dire « l'homo americanicus ». Dès lors le citoyen américain se présente sociologiquement comme la personnification de la Constitution ou plus exactement comme la « substantialisation » des principes constitutionnels qui le définissent. Bref, il est l'incarnation de ces principes en chair et en os ; ce qui exclut probablement la moralité de la conception américaine de la citoyenneté.

Il ne faut pas ignorer que le statut économique, de propriétaire et de non-propriétaire (de dépendants

économiques) qui définit en premier chef la citoyenneté n'est que l'arbre qui cache la forêt de la diversité sociale par rapport à laquelle se conçoit également la citoyenneté. Celleci se fondait autant sur la race que le genre puisque les Noirs et les femmes en étaient exclus. « Pour eux (les Américains), dit en effet Judith Skhlar, c'est la dépendance économique, la race, le sexe (c'est-à-dire les conditions socialement ou héréditairement acquises) qui pouvaient empêcher un être humain ou un groupe humain d'accéder à la citoyenneté.61 »

Toutefois, il faut ne faut pas oublier que la conception du modèle américain de la citoyenneté n'est qu'une construction conçue dès l'institution de la Constitution des Etats-Unis et correspondant à une science politique datée. Elle connaît, bien entendu, des changements déterminés par des amendements qui, en modifiant la Constitution, change du même coup le modèle de la citoyenneté et les attributs s'y afférant. Nous avons préféré différer cela dans la partie subséquente (dans la seconde partie) consacrée au tournant éthique de la démocratie américaine.

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