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Une approche socio-historique de la violence au XIXème siècle: le cas d'une conspiration à  Lyon en 1817

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par Nicolas Boisson
Université Pierre Mendès France Grenoble - Master recherche 2008
  

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Mise en place du contexte historique national et local 1793-1817

« La politique est l'art d'obtenir de l'argent des riches et des suffrages des pauvres, sous prétexte de les protéger les uns des autres. ».

Jules Michelet, historien français (1798-1874)

Bref retour sur l'épisode de la Terreur révolutionnaire à Lyon en 1793 : la naissance d'un martyrologe lyonnais

Nous l'avons déjà fort bien démontré, l'événement fondateur de la mémoire politique moderne de la ville de Lyon est l'épisode des violences de la Terreur jacobine, puis celui de la résistance à cette dernière. L'année 1793 est une année déterminante quant aux comportements politiques à venir des Lyonnais, dans le sens où elle scelle définitivement dans leur esprit le refus de dirigeants politiques locaux imposés par le pouvoir central parisien. Depuis cette date, tous les gouvernements ne respectant pas cette volonté d'autonomie du peuple de Lyon, fera face à des troubles divers au sein de cette ville. C'est là tout le sens du martyrologe politique lyonnais, garant d'une exigence de gouvernance modérantiste de la ville. Souvenons-nous que, lors de cette épisode de Terreur révolutionnaire, la ville fut littéralement exclue des villes de la République française, par le décret de la Convention du 12 octobre 1793, stipulant : « Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n'est plus. »104(*). Les Lyonnais furent simplement victimes de leur résistance légitime aux « Chalier » et autres mathevons, en se débarrassant de leur meneur enragé, Joseph Chalier, guillotiné le 16 juillet 1793. Vingt cinq années précédent notre affaire de 1817, on observe déjà ce duel singulier entre le peuple lyonnais, parfois appuyé de ses élites, et le pouvoir central parisien. Mais ce duel n'est de la part des Lyonnais qu'une juste résistance aux violences de tous ceux qui déstabilisent l'équilibre socio-économique particulier de leur ville, et qui plus encore est une résistance à ceux qui vont jusqu'à faire couler massivement le sang de son peuple. Souvenons-nous, en effet, de la violente répression jacobine contre les Lyonnais, entre octobre 1793 et avril 1794, suite à leur résistance aux « Chalier ». Les jacobins en action à Lyon, comme Fouché, « jugeront » ennemis de la Liberté prés de 1900 personnes, soit près de 1,5 % de la population de la ville, guillotinées place des Terreaux ou mitraillées dans la plaine des Brotteaux105(*). Et précisons-le à nouveau, toutes les catégories sociales de la ville, et pas seulement les royalistes, seront victimes de cette Terreur rouge.

C'est épisode de Terreur révolutionnaire visait à éliminer l'essence même, « libérale », de l'identité politique de la ville de Lyon. Mais on peut constater que paradoxalement, en voulant détruire les forces vives de cette ville, les révolutionnaires jacobins les ont réveillées pour plusieurs années. C'est ce qu'exprime Bruno Benoit en ces termes : « Au-delà de toutes les lectures et interprétations possibles de ces événements majeurs de l'histoire contemporaine lyonnaise que sont les violences collectives des années 1793 et 1794 subies à Lyon, il faut insister sur ces années, certes traumatisantes mais surtout synonymes d'émancipation. Entre 1793 et 1794, la ville de Lyon ne s'est elle pas appelée « Ville-affranchie » ? Les Lyonnais y ont vu une humiliation, il faut y voir un acte de naissance politique ! »106(*).

Ce martyrologe de 1793 s'est donc construit sur le souvenir douloureux des violences révolutionnaires subies par les Lyonnais. Un souvenir douloureux certes, mais force est de constater qu'il devient rapidement mobilisateur, agissant comme un mythe politique au service de l'histoire personnelle de la ville de Lyon. Ce martyrologe se veut dés ces années garant du choix naturel des Lyonnais d'une identité politique singulière, « modérantiste », c'est-à-dire tenue à l'impératif de modération politique des dirigeants de la ville, en refusant les extrémismes politiques, et ce afin d'assurer notamment son fragile équilibre socio-économique, que nous avons du décrire précédemment.

De le Terreur blanche des années 1795-1798 à celle de l'été 1815 : lassitude et effritement de l'Empire au profit de l'infiltration des ultras au sein de la société française

Dés lors, pour bien comprendre le comportement politique à venir de la ville sous la Restauration, il nous faut revenir sur ce qu'il fut lors du reflux des violences réactionnaires des années 1795-1798, puis sous l'Empire.

Essayons de montrer comment ces violences réactionnaires des années 1795-1798 ne peuvent suffire à reléguer la ville de Lyon au rang des villes contre-révolutionnaires. Nous avons déjà présenté cet épisode. Nous serons donc concis. La ville avait retrouvé son nom et son statut le 7 octobre 1794, par décret de la Convention. Cependant, très vite le désir de vengeance des victimes de la Terreur des « Chalier » les pousse, sous l'influence d'une minorité d'ultras, à se rendre justice elles-mêmes. S'organisent rapidement, dés février 1795, des « chasses aux mathevons »107(*) au sein de la ville. Très fréquemment, elles ont pour origine le climat local d'excitation vengeresse de jeunes royalistes, s'implantant au sein de la ville, comme ceux des Compagnons de Jésus. Ces derniers trouvent en effet un certain soutien de la population dans leurs appels aux violences à l'encontre des derniers jacobins présents en ville. Mais peut-on pour autant parler de retournement réactionnaire, anti-révolutionnaire, de la part des Lyonnais ? Ne devrait-on pas plutôt y voir une classique réaction de la foule à des violences révolutionnaires encore trop « fraîches » dans les esprits de certains Lyonnais ?

Le bilan de ce semestre de Terreur blanche à Lyon, de janvier à juin 1795, fut lourd : environ 400 mathevons tués. Le lecteur retrouvera quelques pages précédemment le récit de ces violences. Ce qu'il nous faut retenir, c'est que ces dernières, certes hautement condamnables, ont plus pour origine les appels au meurtre de royalistes comme les Compagnons de Jésus que les Lyonnais dans leur majorité. Là encore, ces violences seront arrêtées dans les mois qui suivent, par le mode de l'institutionnalisation de celles-ci sous la forme de l'élection, au suffrage censitaire, de deux royalistes locaux : Imbert-Colomès et...Camille Jordan. Là encore, le spectre d'une nouvelle guerre civile pousse les élites lyonnaises au compromis, en incluant des éléments politiques royalistes108(*).

Il est important de retenir de cette période trouble, l'infiltration par les royalistes, depuis en réalité 1790, des différents rouages administrativo-politiques de la ville109(*). Des royalistes qui tenteront constamment d'exploiter les périodes d'incertitudes et de tensions politiques de cette dernière. En effet, Lyon et la vallée du Rhône en général, connaîtront à nouveau une seconde vague de Terreur blanche, plus longue encore, de l'été 1815 à septembre 1816. Cette Terreur blanche, qui sévit aussi dans beaucoup d'autres régions françaises, est la plus connue. Elle marque les débuts de l'entreprise des ultras d'intimidation du pays et de monopolisation du pouvoir au sein de la Chambre introuvable. Louis XVIII remonte sur le trône, en rentrant dans Paris le 8 juillet 1815, retour permis par l'échec de l'épopée napoléonienne des Cent-Jours et par un accord passé avec les Alliés. S'ouvre alors une seconde Restauration, conduite pour neuf années par Louis XVIII. En réalité, c'est bien toute l'Europe qui avec l'acte final du congrès de Vienne le 9 juin 1815 et la défaite de Napoléon à Waterloo le 18 juin 1815, rebascule au profit des anciennes dynasties royales. En effet, le 22 juin 1815, Napoléon abdique définitivement et confie le pouvoir à son fils, Napoléon II, aussi appelé l'Aiglon. Ce passage, cette transmission de pouvoir sera sans avenir. Les royalistes, désormais nombreux et déterminés, font régner dans toute la France un nouvel épisode de Terreur blanche, qui ne sera même pas apaisé par la reprise officiel du pouvoir par Louis XVIII, le 8 juillet 1815. L'Empire s'est écroulé définitivement au profit d'une nouvelle Restauration, qui débute par d'extraordinaires violences à l'égard des derniers bonapartistes et révolutionnaires.

Nous allons revenir longuement sur les débuts du second règne de Louis XVIII dans les pages qui suivent. Mais pour l'heure, il nous faut attirer l'attention sur le caractère extrême des violences de cette seconde Terreur blanche. Des violences qui ont, dans un climat de règlements de comptes personnels, éloigné les libéraux et les modérés des élections législatives d'août 1815110(*).

Je nous propose donc de dresser le portrait de ces violences royalistes de l'été 1815. Nous pourrons ensuite nous interroger sur leurs origines, en observant comment les « déroutes » de l'Empire ont facilité et enraciné au sein de la société française l'infiltration des groupes royalistes, parfois secrets, toujours violents, responsables de ces exactions.

Comme le note à juste titre Jean-Claude Caron à propos de ce nouvel épisode de Terreur blanche : « Elle apparaît comme un appendice sanglant de la Révolution française, sorte de dernier règlement de compte exacerbés par les positions opposées prises durant les Cent-Jours »111(*). Les victimes désignées sont naturellement les derniers détenteurs du pouvoir, à savoir, les bonapartistes et les jacobins. Toute la France devient alors le théâtre de massacres organisés par des bandes royalistes. L'annonce de la défaite de Waterloo fut le signal de départ de la vengeance des ultras à l'égard de ceux qui s'étaient compromis avec le régime des Cent-Jours, et des populations réputées jacobines. Si l'Ouest demeura assez calme selon Jean-Claude Caron112(*), l'ensemble du Midi connut une situation très grave : Haute-Garonne, Provence, Languedoc et Gard. A Marseille, par exemple, selon les historiens A. Jardin et A.-J Tudesq, les massacres débutent le 24 juin 1815, et l'on compte déjà deux jours plus tard pas moins de 50 morts, 200 blessés et 80 maisons ou boutiques brûlées113(*). La vallée du Rhône, qui nous concerne plus particulièrement, fut aussi le cadre de nombreux massacres selon Caron. Très souvent, ces explosions de violences politiques se nourrissent d'un véritable réveil des guerres de religion. On devine alors aisément sans se tromper que les protestants, notamment ceux de la bourgeoisie qui ont souvent soutenu l'Empereur, sont pris à partie. Jean-Claude Caron rapporte que : « Dans le Gard, plus de 200 protestants seront tués, plusieurs milliers s'enfuiront. »114(*). Les historiens Jardin et Tudesq rapportent des faits analogues où rien que pour la ville de Nîmes, l'on compta 37 morts115(*). Comme le notent aussi ces derniers auteurs : « Cette explosion de haine prit le gouvernement au dépourvu : la dissolution des troupes, l'inattendu des émotions populaires provoquées par des bandes, la connivence fréquente de nobles et de bourgeois avec ces éléments, la lenteur des communications pouvaient lui servir d'excuse. Mais il eut par la suite beaucoup de peine à faire condamner quelques coupables... »116(*). En effet, parallèlement à ce déchaînement de violences royalistes, le gouvernement Talleyrand-Fouché prenait des sanctions contre les « complices » des Cent-Jours. Toujours selon Jardin et Tudesq, 17 généraux ou officiers furent traduits devant des conseils de guerre ; 37 personnes, dont 27 civils, furent placées en résidence surveillée en attendant la décision des Chambres117(*). Nous verrons comment très vite, les députés ultras, grands vainqueurs des élections législatives du mois d'août 1815 : 350 ultras sur 398 sièges118(*) ! , vont transformer cette Terreur blanche en une Terreur légale. Cette Terreur légale, par son dispositif législatif ultra répressif, caractérisera l'absence de maîtrise du roi et de son ministère sur leur Chambre « introuvable », selon le mot ironique de Louis XVIII, lui-même inquiet des excès des députés ultras. Nous verrons les aspects de cette Terreur légale au début du premier chapitre, avec la question de la Charte, de sa révision, et de la dissolution de la Chambre. Le rappel de ces épisodes de Terreur sous les débuts de la seconde Restauration vise à éclairer la mise en place d'un contexte politique d'oppression envers les éléments les plus « modérés » de la société française, contexte légitimant dés lors le recours à des actions politiques clandestines, qu'elles soient l'oeuvre d'amateurs ou de professionnels.

Terminons sur ce nouvel épisode typiquement français de Terreur blanche, en retraçant brièvement sa lente « fermentation » sous l'Empire, par le développement des bandes secrètes royalistes.

Nous avons pu présenter précédemment la relative stabilité politique de l'Empire jusqu'aux années 1810-1811, où la charge des efforts de guerre pèsera alors bien trop sur l'économie. Certes, comme j'ai pu le rappeler, les Français ont apprécié la modernisation du pays jusque dans ces années, et notamment les Lyonnais qui ont vu les troubles politiques s'atténuer dans leur ville pour cette période. Cependant, dés 1810-1811, l'Empire se fissure de l'intérieur, avec une crise économique qui prend la forme d'une crise des matières premières, crise des débouchés, crise du crédit, puis une crise des subsistances en 1812119(*). Une crise morale aussi. Comme le note l'historien G. de Bertier de Sauvigny : « Dans la classe qui pense et parle, on souffre enfin du despotisme militaire et policier, qui étouffe toute velléité d'expression indépendante, et censure jusqu'aux vers de Corneille et de Racine. »120(*). De même, le clergé est muselé, ce qui n'est pas sans créer une grogne secrète. Dés lors, comme le note de Sauvigny : « La France de 1814 n'est donc plus celle de 1804(...) Les voeux de l'Homme ne sont plus tout à fait les voeux de la Nation. Que souhaite t'il ? Une seule chose : la paix, la paix immédiate, la paix à tout prix. »121(*).

La population de l'Empire est donc fatiguée des campagnes napoléoniennes et paie depuis trop longtemps un lourd tribut humain, notamment les jeunes revenants mutilés du champ de bataille. Ainsi, comme le remarque de Sauvigny, un petit groupe de royalistes, de fidèles, allaient à partir de 1810-1812, prendre de l'ampleur et inquiéter l'Empereur en s'activant secrètement pour le Pape122(*), enfermé. Ces royalistes ramenaient ainsi dans leur rang les éléments catholiques de la société, se sentant les plus brimés. Cependant, poursuit de Sauvigny, « le renouveau et l'initiative » allait venir de l'intérieur, vers 1810, avec la création d'un Ordre secret royaliste, un peu sur le modèle franc-maçon et ceux des ordres militaires et chevaleresques du Moyen Age123(*). Très vite, l'Ordre royaliste s'étendit sur tout le territoire de l'Empire, infiltrant secrètement ses rouages en s'adonnant notamment à une propagande clandestine, véritable travail de sape du régime de Napoléon... On comprend dés lors, comment la Terreur blanche de l'année 1815 a débuté si rapidement et pourquoi elle fut si violente. Elle remontait en réalité à une infiltration de la société depuis plusieurs années.

Terminons sur ces mots enjoués de Bertier de Sauvigny, fin connaisseur de ses origines... : « Ainsi, à l'heure où l'édifice impérial se lézardait, à l'heure où la nation française par lassitude ou par instinct de conservation, s'éloignait du chef qu'elle avait accepté quelques années plus tôt, à l'heure où les Alliés hésitaient sur les conséquences politiques à tirer de leur victoire militaire, la carte royaliste allait pouvoir être jetée sur la table, non seulement par des princes isolés et sans prestige, mais par une minorité organisée agissant au sein même de la nation. Là se trouvait sans doute, au début de 1814, la meilleure chance d'une restauration des Bourbons. »124(*).

* 104 Voir Bruno Benoit, op.cit, p.p.36-37. Comme le note l'auteur : « Ce décret donne le coup d'envoi à une période de répression d'une rare violence à l'égard de Lyon qui a acquis, aux yeux du pouvoir central, une réputation de ville royaliste, de ville contre-révolutionnaire, ce qui sera une des conséquences longtemps indélébiles de son soulèvement et de sa résistance. ». Bruno Benoit, op.cit, p.37.

* 105 Voir Bruno Benoit, op.cit, p.38 et Jean-Pierre Gutton, op.cit, p.90 à 100.

* 106 Bruno Benoit, op.cit, p.40.

* 107 L'expression est de Bruno Benoit, op.cit, p.42

* 108 Voir Bruno Benoit, op.cit, p.44

* 109 Bruno Benoit, op.cit, p.44

* 110 Selon Max Tacel : « Au lendemain des Cent-Jours, les ultras font régner dans le pays une atmosphère de Terreur blanche (assassinat du maréchal Brune à Avignon, du général Ramel à Toulouse) qui éloigne des élections, en août 1815, les libéraux et les modérés (48000 votants sur 72000 inscrits). ». M. Tacel, op.cit, p.163.

* 111 Jean-Claude Caron, op.cit, p.10.

* 112 J-C Caron, op.cit, p.11

* 113 A. Jardin/A.-J Tudesq, La France des notables, 1.l'évolution générale 1815-1848, n°6..., op.cit, p.34.

* 114 J-C Caron, op.cit, p.11.

* 115 Jardin/Tudesq, ibid., p.35.

* 116 Jardin/Tudesq, ibid., p.35.

* 117 Jardin/Tudesq, ibid., p.35.

* 118 Ces chiffres sont issus de J-L Robert (dir.), Le XIXème siècle, op.cit, p.253.

* 119 Voir G. de Bertier de Sauvigny, La Restauration, Paris, Champs, Flammarion, 1990, 506 pages, p.12.

* 120 G. de Bertier de Sauvigny, op.cit, p.13.

* 121 G. de Bertier de Sauvigny, op.cit, p.14.

* 122 Voir G. de Bertier de Sauvigny, op.cit, pp.17-18.

* 123 Voir G. de Bertier de Sauvigny, op.cit, pp.18-19.

* 124 G. de Bertier de Sauvigny, op.cit, p.21.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein