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La question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves. Cas des établissements d'enseignement post- primaire et secondaire de la commune de Banfora au Burkina Faso

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par Brahima SANOU
Université de Koudougou Burkina Faso - mémoire de fin de formation à  l'emploi de conseiller d'éducation 2012
  

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CHAPITRE II. HISTORIQUE DE LA TÉLÉPHONIE MOBILE AU BURKINA FASO

Ce chapitre présente l'historique des télécommunications au Burkina Faso : du téléphone fixe au téléphone portable.

Du téléphone fixe au téléphone cellulaire, quelles avancées et quels bouleversements de comportements dans la société !

La téléphonie mobile a connu une croissance exponentielle en Afrique. Les propos de Cheikh MBENGUE (2007)8 le confirment si bien en ces termes :

« La croissance de la téléphonie mobile est nettement plus rapide et supérieure à celle de la téléphonie fixe. Il aura fallu 125 ans pour franchir le milliard de personnes ayant accès à une ligne fixe, alors qu'il a fallu seulement 21 ans pour atteindre le milliard de personnes ayant accès au téléphone portable ».

Au Burkina Faso, par exemple, on dénombrait 4.125.897 abonnés en l'espace de quatorze ans. (Source : http://www.afriqueavenir.org visité le 15-12-2010)

Mais comment ce changement s'est-il opéré au Burkina Faso ?

II.1. Situation des télécommunications au Burkina Faso avant l'arrivée de la téléphonie mobile.

Vers la fin du XXème siècle, on entendait dire que celui qui ne saura pas utiliser l'outil informatique sera considéré comme l'analphabète du XXIème siècle. Ces propos mettaient déjà en exergue l'importance des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) dans tout processus de développement. Ainsi, pour ne pas rester sur le bas-côté du développement et de la mondialisation, la course à l'appropriation des NTIC était devenue une des questions centrales du développement de tous les pays.

L'intérêt grandissant des populations pour les innovations technologiques et leur intégration dans les pratiques courantes des individus et de la société ont amené les Etats à adopter de nouvelles politiques de développement du secteur des télécommunications.

En effet, à l'accession du Burkina Faso à l'indépendance en 1960, selon KONÉ TAGO Haoua (2008, p.10), Correspondante Nationale de l'Association pour le Développement de l'Éducation en Afrique (ADEA), ce pays disposait d'un réseau de télécommunication essentiellement composé de lignes aériennes et de liaisons radio à ondes décamétriques. La téléphonie internationale était assurée par France Câble et Radio (FCR).

8 http://www.memoireonline.com/01/09/1891/m_opérateurs_Ouest_africains_de_télécommunications_statut_modificat ion2.html : site visité le 19-12-2010 à 15h10mn

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C'est en 1968 que le pays s'est doté d'une structure chargée de gérer le réseau et les services de télécommunications et d'exploiter une partie de la chaîne internationale(télex, radio).

Créé en 1968, l'Office des Postes et Télécommunications (OPT) a donc pris en charge la gestion du réseau international en 1982.

Pour plus d'efficacité, l'OPT a été divisé en 1987 en deux entités distinctes et autonomes conservant chacune le monopole de l'Etat : l'Office National des Postes (ONP) devenu aujourd'hui Société Nationale des Postes, et l'Office National des Télécommunications (ONATEL).

Mais l'ONATEL, détenant à lui seul la gestion des télécommunications, n'a pas été en mesure d'assurer pleinement sa mission. L'offre des lignes fixes était largement en deçà des demandes, comme le souligne COMPAORÉ, M.A. (2005, p.10). D'après ce dernier, en 2004, seulement 18194 demandes sur 38487 étaient satisfaites soit 47,27% alors que la télédensité en ligne fixe était de 0,6%.

La ligne téléphonique d'un abonné servait donc à tous ses voisins proches ou éloignés. Ces derniers passaient tous par cette ligne pour communiquer ou pour recevoir des appels, des commissions ou autres informations. Cette situation était, du reste, propre à presque tous les pays africains en développement. A ce sujet, Cheick MBENGUE (2007)9 fait ressortir dans son étude que « L'Afrique accuse un important retard dans les télécommunications en comparaison avec les autres régions du monde. ». Il rapporte par ailleurs que « Selon le cabinet américain Gartner, les ménages africains sont prêts à dépenser cinq fois plus que leurs homologues des pays développés pour des besoins en communication ». Cependant, posséder une ligne de téléphone fixe demeurait toujours un luxe pour la majorité des populations. Ces propos témoignent de la nécessité et de l'envie qu'éprouvaient les Africains à communiquer par le téléphone.

Aussi, afin d'apporter des réponses aux préoccupations des potentiels clients, l'ONATEL s'est lancé dans les activités de développement des NTIC et surtout la vulgarisation de l'Internet et de la téléphonie mobile.

9 www.memoireonline.com « Comment les opérateurs Ouest-Africains de télécommunications pourraient-ils modifier leur statut de filiales des multinationales européennes? »visité le 19-12-2010

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II.2. L'avènement de la téléphonie mobile au Burkina Faso

C'est à la faveur du 19ème Sommet France-Afrique tenu à Ouagadougou en 1996 que la téléphonie mobile cellulaire a été introduite au Burkina Faso par l'ONATEL. Confiée à sa filiale spécialisée TELMOB, sa mise en oeuvre s'est déroulée en trois grandes phases :

La première phase a consisté à la couverture de Ouagadougou et ses proches banlieues en décembre 1996 afin de permettre surtout aux prestigieux invités et participants au Sommet d'avoir des commodités de communication; et à une certaine catégorie de personnes de s'en servir également.

La deuxième phase a concerné la capitale économique Bobo-Dioulasso et les localités situées sur l'axe routier Ouaga-Bobo en 1997 et 1998.

La troisième phase a couvert les villes de Koudougou, Ouahigouya, Koupéla, Tenkodogo, Kaya, Dori, Fada et les axes routiers qui les relient à Ouagadougou au cours de l'année 2000.

La téléphonie mobile fonctionne au Burkina Faso sous la norme GSM (Global System for Mobile Communication), nom du standard européen de télécommunications cellulaires mobiles. Le GSM fonctionne en 900Mhz et 1800Mhz et permet à tout abonné qui est dans une zone de couverture du système de communiquer avec tout autre abonné du système mobile ou le réseau téléphone commuté (source : http://www.telmob.bf visitée le 23-04-2011).

La téléphonie mobile a ainsi fait son entrée au Burkina Faso. Mais les coûts de fourniture et d'installation du réseau, le prix élevé des appareils téléphoniques ont constitué un véritable frein à son développement. Elle n'était donc accessible qu'à quelques privilégiés de la société tels que les grandes personnalités, les hauts cadres de l'administration, les diplomates, les hommes d'affaires et autres grands commerçants.

En effet, au début, le prix des premières cartes SIM qui était de 35000francs, n'était pas à la portée d'une grande partie de la population; les premiers abonnements se faisaient au post-paiement, toute chose qui impliquait la délivrance d'une facture aux abonnés. Les problèmes de facturation, doublés des problèmes de recouvrement liés au post-paiement, ont fait prendre conscience à l'opérateur TELMOB de la souffrance des usagers à s'approprier la téléphonie mobile. Il a de ce fait mis sur le marché le prépaiement à partir du 9 juin 2000. Ce nouveau mode de recharge et la baisse progressive du coût des abonnements ont un tant soit peu accru le parc des abonnés.

Ce qui va véritablement marquer le boom du téléphone cellulaire, c'est la libéralisation du marché des télécommunications au niveau international, caractérisée au

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Burkina Faso par l'arrivée de deux nouveaux opérateurs, TELECEL FASO et CELTEL BURKINA devenu successivement ZAIN puis AIRTEL.

Dès lors, une rude concurrence entre les trois opérateurs allait permettre à la téléphonie mobile de pénétrer réellement la société burkinabè. Aujourd'hui, à la faveur de cette concurrence, les cartes SIM s'acquièrent presque gratuitement, les recharges se font même à moindre coût (100 francs), le coût des appels est proposé entre 1franc/seconde et 1,5franc/seconde et des ventes promotionnelles d'appareils téléphoniques avec un kit d'abonnement plus un crédit de communication à moins de dix mille (10000) francs voire six mille (6000) francs; toutes ces baisses significatives ont rendu la téléphonie mobile accessible à toutes les couches de la société à tel point que posséder désormais un portable n'est plus considéré comme un luxe. Dire aujourd'hui qu'on n'a pas de numéro de contact téléphonique constitue une surprise pour certaines personnes. Presque tout le monde l'utilise, surtout dans les villes. Même des enfants en possèdent; les tout-petits, eux, en réclament, à défaut, des jouets pour imiter leurs parents ou leurs aînés.

Les villages qui ne caressaient même pas l'espoir de voir un jour des poteaux de téléphone fixe les traverser sont désormais reliés à au moins un réseau. Ainsi, même les habitants des campagnes sont facilement joignables maintenant.

La téléphonie mobile s'est vraiment fait une place dans le paysage burkinabè. COMPAORÉ, M. A. (2005, p.8) affirme que « Le téléphone mobile, devenu une "star" de la communication, a été intégré rapidement par les acteurs de certains pays en développement. » et il cite également Babacar FALL, expert en communication à l'UNESCO qui estime que « la communication est un besoin universel ». « Ce qui varie, poursuit-il, c'est la manière dont la société s'approprie cette technologie ».

Le téléphone portable est donc devenu le tout premier moyen de communication par excellence. Certains cherchent à se l'approprier par leurs propres moyens. D'autres l'offrent à leurs proches (parents, frères, enfants, amis, copains...) pour faciliter leurs relations.

C'est ainsi que le téléphone à pénétrer très rapidement le milieu scolaire pour le plaisir des élèves et le bonheur de ceux qui en font un bon usage.

Un groupe de conseillers principaux d'éducation français soutient que « la soudaineté du succès du téléphone mobile a surpris tout le monde et n'a pas laissé le temps à la société

de s'interroger sur ce que le mobile et ses usages avaient changé, créé, déplacé dans nos moeurs et dans nos habitudes de communication, de relation à nous-mêmes et à la société »10.

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10 http://www.ac-clermont.fr/viescolaire visité le 19-11-2010

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CHAPITRE III. ÉLUCIDATION CONCEPTUELLE - CADRE THÉORIQUE - REVUE DE LITTÉRATURE

Ce chapitre s'articule autour de trois points principaux. Nous y aborderons l'élucidation de certains concepts, le cadre théorique et la revue de littérature.

III.1 Élucidation conceptuelle

Notre travail de recherche s'articule autour de la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves, notamment l'implication des parents d'élèves dans l'expansion du phénomène en milieu scolaire. Pour aborder ce sujet, nous utiliserons certains concepts dont nous trouvons nécessaire d'élucider le sens. Ce sont : téléphone portable, milieu (environnement) scolaire, vie scolaire, utilisation abusive, effets pervers, précautions, règlement intérieur local, éducation à la citoyenneté, responsabilité et autorité.

III.1.1. Le téléphone portable

Pour certains agents de l'ONATEL, selon COMPAORÉ M. A (2005, p.3) c'est un téléphone sans fil, autonome avec un centre de communication auquel sont rattachées les stations de base qui sont reliées entre elles par des faisceaux hertziens. Il est aussi défini comme un téléphone radio qui permet d'établir une communication entre deux abonnés mobiles ou entre un abonné mobile et un abonné fixe.

Dans l'esprit de notre étude, le téléphone portable est un appareil mobile qui n'est relié à aucun fil et qui permet de communiquer partout où il y a un réseau de téléphonie mobile, de tout lieu couvert par un réseau et en tout temps avec des interlocuteurs.

Il a plusieurs dénominations : téléphone mobile cellulaire, téléphone cellulaire, téléphone portable ou tout simplement portable ou cellulaire. Dans un langage familier des enfants le désignent par « phone ». Initialement, il était uniquement limité à appeler et à recevoir des appels. Mais depuis plusieurs années déjà, il permet de transmettre des textes (SMS), des images et des vidéos et est aussi muni d'appareil photo, d'enregistreur de sons, de bande FM et de télévision. Il permet aussi d'accéder à Internet.

Il existe actuellement trois types de téléphones portables :

- le téléphone portable simple : il ne sert qu'à téléphoner ou à envoyer des SMS, à recevoir des appels et des SMS,

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- le téléphone portable multimédia : en plus des fonctions du téléphone simple, il est muni d'appareil photo, de musique, de vidéo, d'enregistreur de sons, de Bluetooth, etc.),

- le Smartphone (et ses dérivés tel le Black Berry) : c'est un véritable ordinateur de poche avec beaucoup plus de mémoire, de fonctions et d'options. Il est aussi appelé téléphone « intelligent ».

Les téléphones mobiles qui inondent le marché des télécommunications sont qualifiés de "troisième génération", ou encore appelés 3G, car ils permettent de photographier et enregistrer des vidéos, d'écouter la musique et la radio sur la bande FM, de regarder la télévision, de lire et d'envoyer des e-mails, de naviguer sur Internet.

III.1.2. Le milieu scolaire ou environnement scolaire

Selon "Le Nouveau Petit Robert" (2003), le milieu est, d'une part, l'« ensemble des objets matériels, des êtres vivants, des conditions physiques, chimiques, climatiques qui entourent et influencent un organisme vivant » d'autre part, c'est l' « entourage matériel et moral d'une personne ». C'est aussi le « groupe social où vit une personne.»

Quant au "Dictionnaire encyclopédique de l'éducation et de la formation" (2001), il définit l'environnement comme l'« ensemble, à un moment donné, des aspects physiques, chimiques, biologiques et des facteurs sociaux et économiques susceptibles d'avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme, sur les êtres vivants et les activités humaines. »

Selon le rapport général de la première conférence annuelle de l'enseignement secondaire (2009, p.11), « Rapporté au système éducatif, l'environnement pourrait se définir comme l'ensemble des éléments objectifs et subjectifs qui constituent le cadre de vie d'un établissement ». Selon la même source, en établissant un parallèle entre ces différentes définitions, deux orientations se dégagent : « La première s'intéresse aux éléments extérieurs à l'établissement scolaire ayant un impact sur le fonctionnement et la qualité de la vie au sein de l'établissement ; la deuxième, quant à elle, se préoccupe uniquement de facteurs endogènes, c'est-à-dire l'ensemble des éléments constitutifs de la vie scolaire ».

Dans le cadre de notre recherche, le milieu scolaire peut se définir comme le cadre d'études ou d'apprentissage de l'élève. C'est aussi tout espace clos ou ouvert (à même d'influencer son éducation, son apprentissage) où il passe un temps de la journée : le domaine scolaire, la salle de classe, la salle de lecture ou de documentation, le laboratoire, le réfectoire,

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le "petit marché?, le terrain de sport, les sorties d'étude. C'est l'environnement où évolue l'élève placé sous la responsabilité de l'institution scolaire.

III.1.3. La vie scolaire

Selon Jean-Pierre OBIN11 :

« "La vie scolaire" peut être définie, par analogie avec des expressions et notions semblables comme "la vie familiale", "la vie sociale", "la vie politique" etc., comme l'ensemble des normes et des événements spécifiques à la vie collective en milieu scolaire. Par exemple, le phénomène des modes vestimentaires et corporelles chez les jeunes est un phénomène social ; il peut néanmoins présenter des implications normatives à l'école. »

Quant à Marcel SIRE, alors doyen de l'inspection générale au Ministère de l'Education Nationale de la France, cité par G. GILLOUX12, avance, lui, que « la vie scolaire, c'est tout ce qui se passe dans l'établissement (en direction des élèves), sauf ce qui se passe dans la classe quand il y a transmission des connaissances. Mais elle inclut les actions pédagogiques et d'approfondissement. »

Mais, GILLOUX13 lui-même pense que tout ce qui concerne la vie de l'élève au sein de l'établissement, fait partie de la vie scolaire. Et ce, pendant les heures de cours, les recréations, les interclasses et dans tout l'espace scolaire.

Pour nous, dans le cadre de notre étude, en plus de s'intéresser à la globalité de la vie proposée aux élèves au sein de l'établissement, nous pensons que le concept « vie scolaire » pourrait également prendre en compte toute activité d'élèves, encadrée et organisée hors de l'établissement, et impliquant donc la participation ou l'encadrement des responsables de l'établissement.

III.1.4. L'utilisation abusive

Selon "Le Nouveau Petit Robert" (2003), l'abus est l'usage mauvais, excessif ou injuste. L'utilisation abusive est donc le mauvais usage ou l'utilisation excessive ou exagérée que l'on fait d'un objet.

11 http://www.jpobin.com/pdf3/2002questcequelaviescolaire.pdf « Qu'est-que la vie scolaire ? visité le 11-02-2012 à 13h30mn

12 http://www.ac-nice.fr/wallon/index.php?

13 http://www.ac-nice.fr/wallon/index.php?

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Pour nous, dans cette étude, l'utilisation abusive du téléphone portable est tout acte indécent ou perturbateur qu'un utilisateur fait de son portable. Dans la classe, ce serait toute manipulation ou toute utilisation pendant les heures de cours ou pendant les heures d'études qui dérangeraient les voisins ou toute la classe. Dans la cour, ce serait tout usage qui pourrait troubler la quiétude par les sonorités, porter atteinte à l'intégrité morale de quiconque par la prise de photo ou d'enregistrement vidéo à son insu.

III.1.5. Les effets pervers

Selon "Le Petit Larousse Illustré 1993", « les effets pervers sont la conséquence indirecte, l'incidence détournée d'une action concertée, qui n'est pas conforme ou qui est contraire au résultat espéré, recherché. » (P.769)

« On nomme encore effet pervers un résultat non désiré et fâcheux d'une action qui se retourne contre les intentions de ceux qui l'ont engagée ».14

BOUDON R. (1993, p.20) affirme qu' «on peut dire qu'il y a effets pervers, lorsque deux individus (ou plus) en recherchant un objectif donné engendrent un état de choses non recherché et qui peut être indésirable du point de vue soit de chacun d'eux, soit de l'un d'eux. » Pour lui, les effets pervers naissent de l'agrégation d'un certain nombre de comportements sociaux qui, pris individuellement, sont des faits anodins. En effet, on se rend compte à l'évidence qu'un acte d'indiscipline posé par un seul individu interpelle moins la société que lorsqu'il se généralise au point de devenir un phénomène social.

Pour Martin COOPER, l'inventeur du téléphone portable, les effets pervers sont dus aux produits proposés qui comportent trop d'options et de fonctionnalités qui les rendent même moins efficaces. A ce propos, il a déclaré lors d'une conférence privée à Madrid que : « Lorsque vous concevez un dispositif universel qui fait tout et pour tout le monde, celui-ci ne fait finalement rien de bien. »15 En effet, à l'invention du téléphone portable, l'idée qui sous-tendait cette recherche était sans nul doute la possibilité pour tout utilisateur d'être facilement joint à tout moment et en tout lieu, de rester permanemment en contact avec le monde. Malheureusement, les utilisateurs en ont fait d'autres usages qui ont amené toute la société à s'interroger sur les effets pervers de cette invention.

Pour nous donc, les effets pervers sont les conséquences de tous les mauvais actes posés à partir du portable par les utilisateurs. Au niveau des élèves, ce sont les fâcheuses conséquences de toutes les utilisations du téléphone portable considérées comme abusives :

14 http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_pervers site visité le 13-10-2011 à 10h15mn

15 http://www.numerama.com/magazine/14452 visité le 27/11/2010

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téléphoner dans la circulation et pendant les heures de cours, photographier des gens sans leur consentement, filmer en cachette les actions de leurs camarades, de leurs enseignants ou de tout autre personne, communiquer, visionner des images et des films peu recommandables pendant les heures de cours, enregistrer des cours ou des formules à des fins de fraudes,...Les conséquences de ces actes peuvent être un accident, une interpellation pour fraude ou autres délits.

Ce sont aussi les dangers auxquels les enfants utilisateurs sont eux-mêmes exposés. A ce propos, l'AFOM16, dans son guide à l'usage des parents, met en garde ces derniers contre les mauvaises pratiques de certains adultes. La propagation du téléphone portable a, en effet, favorisé le développement de l'intimidation, le racket, la manipulation, le harcèlement, la pédophilie.

A ce propos, une élève de la terminale "D" nous a confié qu'elle ne voudrait pas posséder un téléphone portable pour le moment, car elle voit comment ses camarades (filles) souffrent avec les hommes. Elle a conclu en affirmant que : « pour peu que les garçons, y compris les professeurs et même les surveillants, te voient en possession d'un portable, ils te demandent ton numéro. »

III.1.6. Les précautions

Selon "Le Petit Larousse illustré"(2003), la précaution est une « disposition prise par prévoyance, pour éviter un mal ou pour en limiter les conséquences » ou encore le « fait d'agir avec circonspection : ménagement, prudence ».

Dans le cadre de notre étude, les précautions sont les soins que les utilisateurs doivent observer dans l'utilisation du téléphone portable pour ne pas déranger les autres. Pour les élèves, se sont les conseils de bon usage qu'on leur donne. Il s'agira surtout pour eux de se conformer au règlement intérieur de leurs établissements respectifs et de bien se comporter en tout temps et en tout lieu avec leur téléphone portable.

III.1.7. Le règlement intérieur local

Selon "Le Nouveau Petit Robert", le règlement intérieur est un « ensemble ordonné de règles, qui définit la discipline à observer à l'intérieur d'un groupe, qui préside au fonctionnement d'un organisme.»

16 Association Française des Opérateurs Mobiles

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Pour la bonne marche des établissements scolaires, publics comme privés du Burkina Faso, il existe un règlement intérieur national appliqué à tous. Cependant, chaque établissement a la possibilité de l'adapter selon les spécificités qui le caractérisent en respectant toutefois les grandes lignes directrices : c'est le règlement intérieur local.

Afin que le règlement intérieur local soit consensuel, son élaboration doit réunir toutes les composantes de l'établissement et obéir aux principes participatif et démocratique. A ce propos, Marguerite GENTZBITTEL (1988; p. 127-128) pense que « le règlement intérieur présuppose un accord au sein de l'<<équipe de direction>>, puis du conseil d'administration, enfin de chaque individu. Ce qui n'est jamais acquis, sûrement pas donné, en tout cas au départ ». Ce qui signifie que pour l'élaboration d'un règlement intérieur local, il sied de chercher à rassembler tous les acteurs intervenant dans l'établissement autour des questions à résoudre pour l'atteinte des objectifs.

III.1.8. L'éducation à la citoyenneté

Le dictionnaire actuel de l'éducation LEGENDRE, R. définit l'éducation, d'une part, comme étant :

« L'acquisition de bonne manières; politesse; savoir-vivre; bonne conduite en société; formation et information reçues par une personne pendant ses années d'études ». D'autre part, « c'est le développement harmonieux et dynamique chez l'être humain de l'ensemble de ses potentialités (affectives, morales, intellectuelles, physiques, spirituelles, etc.); développement du sens de l'autonomie, de la responsabilité, de la décision, des valeurs humaines et du bonheur chez la personne; transformation dynamique, positive et continue de la personne ».

Pour nous, l'éducation est un processus qui procède de l'acquisition de valeurs telles que le sens de la liberté, de la légalité, de la fraternité, du travail, de la famille, de la tolérance, de la patrie, de la citoyenneté, du respect, etc., et de normes qui sont constituées des règles de conduite auxquelles les individus doivent se soumettre, se conformer pour pouvoir vivre dans la société à laquelle ils appartiennent.

L'une des valeurs fondamentales qui caractérisent notre vie en société est la citoyenneté. Le citoyen, selon "Le Nouveau Petit Robert 2003", est « celui qui appartient à une cité, en reconnaît la juridiction, est habilité à jouir, sur son territoire, du droit de cité et

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est astreint aux devoirs correspondants. » La citoyenneté est donc la qualité du citoyen. Alors, qu'est-ce que l'éducation à la citoyenneté?

Selon Charly MAURER, « l'éducation à la citoyenneté a pour but de construire des

repères communs compris et acceptés de tous. Elle doit permettre à chacun de devenir acteur de la société. Or, il n'y a pas d'acteur qui n'ait une place, un rôle, des droits reconnus et des responsabilités » ( http://www.globaleducation.ch/globaleducation_fr visité le 30/11/2010 à 10h38mn).

Pour Charly MAURER, l'éducation à la citoyenneté s'exerce dans trois champs :

- « "La citoyenneté et l'école" qui vise à doter les élèves des aptitudes à vivre ensemble et à s'impliquer à l'échelle du groupe, de la classe et de l'établissement scolaire à travers les structures participatives et la pratique du débat démocratique. Connaître les droits et les responsabilités des acteurs de l'institution scolaire et les mettre en oeuvre,

- -"la citoyenneté et l'institution" qui vise à faire connaître les institutions locales, nationales et internationales; à participer à leur développement. Exercer les droits et les responsabilités définies dans ces cadres institutionnels,

- et "la citoyenneté et les enjeux de la société" qui vise à apprendre à vivre et à agir dans une société mondialisée, caractérisée par des enjeux à l'échelle locale et mondiale : répartition des ressources, migrations, globalisation économique;....à savoir analyser ces enjeux; à être en mesure de se situer et d'opérer des choix en tant qu'acteur individuel et en tant que citoyen d'un Etat. »

Pour nous, l'éducation à la citoyenneté est donc le processus par lequel l'individu acquiert de bonnes pratiques qui visent à l'exercice conséquent de sa citoyenneté, d'abord à l'école, puis dans sa vie future en société.

III.1.9. La responsabilité

Comme apparu dans la définition du concept précédent, l'exercice de la citoyenneté confère à la responsabilité une part prépondérante.

"Le Petit Larousse illustré" 2008 définit la responsabilité comme étant « l'obligation de réparer une faute, de remplir une charge, un engagement ».

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Le dictionnaire actuel de l'éducation LEGENDRE, R., lui, définit la responsabilité comme « le fait d'être garant de ses comportements et de ceux d'un groupe et d'en accepter les conséquences. Et aussi, comme l'obligation d'assumer une charge, un devoir, un engagement, une mission, un mandat, un travail ou encore la nécessité morale de réparer une faute, une infraction, un méfait » (p.1189).

Pour SAMA Lucien (1997-1998), la responsabilité des parents doit consister à assumer tous leurs devoirs, à assumer leurs tâches à tous les niveaux (p.71).

Selon MEIRIEU, P. (1999, p.26) :

« ...le parent convaincu de l'éducabilité de son enfant, exigera que l'enseignant fasse le travail; ce dernier, pour peu que la chose s'avère compliquée, prolongera l'exigence parentale tout en s'en déchargeant sur des collègues spécialisés dans les publics difficiles..., eux-mêmes, risquent de passer le relais au psychothérapeute...qui, logiquement, conclura ne pas pouvoir se substituer systématiquement aux parents ni être capable de panser toujours et partout des blessures d'une société défaillante... ».

Pour cet auteur, l'éducation des jeunes générations est l'affaire de toute la société; donc chacun à son niveau doit assumer sa part de responsabilité : l'institution scolaire, les parents d'élèves et aussi les élèves par un comportement citoyen.

Dans le cadre de notre étude, nous partagerons le point de vue de MEIRIEU. Ainsi, nous allons situer, d'une part, la responsabilité des parents dans l'expansion progressive du phénomène du téléphone portable dans les établissements, celle des élèves dans leur façon d'utiliser le portable afin d'entrevoir le comportement responsable que chacun doit observer. Et d'autre part, la responsabilité des administrations scolaire et centrale dans la gestion de la problématique de son utilisation dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire.

Mais comment peut-on assumer sa part de responsabilité sans une certaine autorité? Voyons donc à présent la définition de l'autorité.

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III.1.10. L'autorité

BERTRAND et GUILLEMET, cités par HOUSSAYE, J. (1996), affirment que « L'autorité dépend essentiellement du consentement des membres organisationnels, de leur niveau d'acceptation des directives du supérieur. L'autorité est donc limitée par leur niveau d'acceptation » (p.12).

Ce propos induit la recherche d'un consensus entre famille et école, entre parents et éducateurs autour de leurs préoccupations. Il faudrait donc que ces deux acteurs assument pleinement leur autorité, chacun en ce qui le concerne tout en faisant preuve de fermeté.

Cependant, selon HOUSSAYE, J. (1996), « Si le processus éducatif a pour but de former l'homme libre, l'autorité ne doit y jouer qu'un rôle transitoire mais nécessaire, en accord avec la fin visée. Précisément, l'école est là pour cela et elle manquerait donc à sa fin si elle ne faisait pas preuve de mise en oeuvre de l'autorité ».

Pour SAMA, L. (1998, p.81), « Encourager le laisser-aller, c'est se rendre soi-même complice d'une indiscipline nocive ».

Dans le cadre de notre étude, agir avec autorité, c'est agir avec fermeté dans l'application des dispositions règlementaires qui existent, ou qui sont issues du consensus que toutes les parties prenantes doivent observer.

III.2. Cadre théorique

Plus qu'un simple outil de communication, le téléphone cellulaire est devenu un véritable phénomène de société au Burkina Faso en l'espace de quelques années seulement d'existence. Les différentes couches de la société se le sont si rapidement appropriées que la société, elle-même, n'a pas eu le temps d'entrevoir ses effets pervers qui s'observent de plus en plus à tous les niveaux.

Pour mener notre étude qui se veut sociologique, nous allons nous référer à trois théories : l' « individualisme méthodologique » de Raymond BOUDON, le « holisme » de DURKHEIM et enfin à l' « habitus » de Pierre BOURDIEU, car tous ces sociologues justifient les phénomènes sociaux par le rôle passif ou actif que joue l'individu dans la société.

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L'individualisme méthodologique est « une approche sociologique qui soutient que les phénomènes sociaux résultent des actions individuelles »17. C'est dans ce sens que BOUDON (1993) affirme qu' « il s'agit toujours pour le sociologue, une fois qu'il a constaté qu'un phénomène présentait un certain type de régularité dans le temps, d'expliquer pourquoi il en est ainsi. Or l'explication revient toujours à retrouver l'action individuelle derrière les régularités qu'on observe au niveau macro-sociologique » (1993, p.58).

Ce sociologue pense que la personne humaine exerce un rôle irremplaçable dans la construction des systèmes sociaux. Pour lui, toute construction sociale découle de l'individualisme méthodologique dès lors qu'elle est la résultante des comportements individuels, qui, en s'agrégeant, créent des phénomènes et des changements sociaux. Et, qu'un individu n'accomplit une action que s'il a de bonnes raisons de la faire. La philosophie de sa démarche qui s'inspire de celle de Max WEBER, précurseur de l'« individualisme méthodologique », s'oppose au « holisme » théorisé par Emile DURKHEIM.

Pour Emile DURKHEIM18 les phénomènes sociaux résultent de causes extérieures qui s'imposent aux individus et influencent ainsi leurs actions. Pour ce courant, l'homme est un être passif, façonné par la société; et celle-ci lui " impose" des valeurs, des normes et des rôles qui exercent une contrainte sur les individus. En effet, aujourd'hui, la question du téléphone portable est très illustrative de ce postulat. Les téléphones portables ayant inondé tous les milieux socioprofessionnels s'imposent comme l'outil de communication qui ne doit manquer à personne. Aujourd'hui, le téléphone mobile est d'une telle utilité qu'on est comme obligé de l'avoir avec soi en tout temps et en tout lieu. A celui qui refuserait volontairement d'en être détenteur, on adresse toutes sortes de propos : personne avare, personne renfermée ou déphasée, etc.

Aussi, certes la téléphonie mobile réduit les distances et permet d'économiser le temps ou d'en gagner, elle a aussi fait perdre à la société certaines valeurs telles la solidarité, l'honnêteté. En effet, les efforts que l'on faisait pour aller rendre visite aux amis et parents sont maintenant réduits à de simples coups de fil ou SMS. Mentir allègrement à un correspondant qu'on est à tel endroit alors qu'on est ailleurs, souvent même à quelques mètres seulement de l'appelant pour ainsi se soustraire à certaines obligations.

17 http://www.academie-en-ligne.fr/Ressources/7/SE00/AL7SE00TEPA0008-Sequence-08.pdf

18 La socialisation : L'homme en tant qu'être social : http://www.skyminds.net/economie-et-sociologie/les-activités-economoiques-et-leur-cadre-social

30

Par contre, pour les individualistes comme BOUDON, l'homme est un être actif qui façonne la société. Il y accomplit ses devoirs, joue son rôle au regard des normes et des valeurs qui la caractérisent tout en conservant une certaine liberté. C'est donc un acteur social, qui, tout en recherchant son intérêt personnel, façonne la société. Cependant, il agit ainsi parfois au détriment des valeurs et normes sociales établies. Le téléphone portable est encore là pour illustrer cet état de fait.

En effet, si l'invention du téléphone portable s'est faite pour révolutionner les moyens et outils de communication, pour Martin COOPER, l'inventeur, « ces appareils devraient se concentrer sur une ou deux options spécifiques, plutôt que d'essayer à tout couvrir »19 . Il considère en effet que les produits proposés de nos jours comportent beaucoup trop d'options et de fonctionnalités pour être vraiment efficaces

En effet, même si l'importance du téléphone portable est indéniable, certaines personnes l'utilisent sans se soucier des désagréments qu'ils peuvent causer consciemment ou inconsciemment aux collaborateurs et aux voisinages. Cependant, les effets pervers et les dérives que l'invention du portable a engendrés sont-ils imputables aux usagers, pris individuellement, ou à la société?

Si la société en général, et le Burkina Faso en particulier n'avait pas d'autre choix que d'intégrer la téléphonie mobile dans son système de communication pour répondre aux exigences du développement, elle n'a pas en revanche entrevu les effets pervers qui l'accompagnent aujourd'hui. Toutefois, en amont où l'on aperçoit autant d'effets pervers dans le monde des adultes ou autres personnes d'un certain âge, un changement de comportement doit être observé. C'est en cela que nous allons évoquer l'approche sociologique de Pierre BOURDIEU.

Pour BOURDIEU, dans son analyse sur la reproduction sociale, le mouvement de la société est dû avant tout aux efforts de la classe dominante pour perpétuer sa domination d'une part. Et d'autre part, il se caractérise aussi par les classes sociales qui se différencient les unes des autres non seulement par la richesse, mais aussi par la culture, le pouvoir et l'idéologie. Dans cette analyse, il introduit le concept d'habitus.

19 http://www.numerama.com/magazine/14452

31

Pour l'auteur de l'article20 cité ci-dessus, « l'habitus est un ensemble de manière d'être, d'agir et de penser propre à un individu, fruit d'un apprentissage particulier lié à un groupe d'appartenance, qui diffère selon sa classe sociale, sa disposition en capital, et sa place occupée dans l'espace social. L'habitus structure les comportements et les actions de l'individu, et à la fois, il structure les positions dans l'espace social ».

Pour l'auteur d'un autre article21, « l'habitus est donc un concept qui permet de dépasser l'opposition « holisme » et « individualisme », entre les forces extérieures de la structure sociale et les forces intérieures issues des décisions libres des individus... Chaque individu possède son habitus propre ».

Fort de toutes ces dimensions de l'habitus, nous pouvons dire que l'attitude des élèves vis-à-vis du téléphone portable serait héritée des adultes et de la société. Cependant, dans le cadre de notre étude, nous allons adopter l'approche individualiste pour tenter de résoudre notre problématique. BOUDON, R. (1993) n'a-t-il pas affirmé que « L'explication revient toujours à retrouver l'action individuelle derrière les irrégularités qu'on observe au niveau macro-sociologique ».

III.3. Revue de littérature

Le téléphone portable est devenu aujourd'hui un véritable phénomène social. Autant son utilité et son importance sont considérables, autant le sont les fâcheuses conséquences qu'il crée dans les relations sociales et dans les milieux socioprofessionnels.

Aussi, son utilisation en milieu scolaire est devenue une préoccupation mondiale et suscite beaucoup d'inquiétudes et d'interrogations au niveau des élèves. Des articles de journaux évoquent régulièrement la question; des chroniques diffusées sur la toile traitent également du sujet.

Cependant, il nous semble que « La question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves »n'a pas encore particulièrement fait l'objet de recherche pour la rédaction de mémoire de fin de formation ni de productions littéraires. Toutefois, pour toutes fins utiles, nous avons lu quelques mémoires et études de certains auteurs qui ont traité des télécommunications, du téléphone portable et des NTIC dans certains de leurs aspects, un ouvrage qui nous renseigne sur l'importance de la télégraphie sans fil et de la téléphonie sans

20 L'Habitus : essai de définition : http://www.blogg.org/blog-56820-billet-682451.htlm

21 Le changement social : http://aehsc.chez.com/changement-social-htm

32

fil dans l'histoire de la radio-télévision et quelques articles tirés de certains sites web. Notre approche critique se fera par centre d'intérêt. Pour ce faire, nous allons faire appel aux différents auteurs et articles visités pour confronter s'il y a lieu leur appréciation ou position sur telle ou telle thématique développée.

III.3.1. Importance et utilité du téléphone portable

De nos jours, l'importance et l'utilité du téléphone portable ne sont plus à démontrer. Il est présent dans tous les secteurs socioprofessionnels de la vie. Et tous sont unanimes à reconnaître qu'il n'est plus un luxe. Quels sont les usages conséquents qu'en font les utilisateurs ?

III.3.1.1. L'importance et l'utilité du téléphone portable dans la société

Selon Hawa KABORÉ (2001), dans son mémoire de fin d'études22, certains analphabètes déclaraient que le téléphone portable, introduit à Ouagadougou en 1996 par l'ONATEL, était fait pour les riches. Mais, après l'arrivée sur le marché des deux autres opérateurs TELECEL et CELTEL, intellectuels, analphabètes, riches et pauvres ont trouvé en la téléphonie mobile cellulaire un instrument utile dans la vie quotidienne si l'on a les moyens de se l'approprier. Il n'est pas un luxe mais simplement un outil de communication. Il facilite la vie de l'homme. Avec le portable, l'on se déplace peu. Il permet de régler en quelques instants les affaires où que l'on soit. C'est un outil de travail, le moyen de communication le mieux indiqué. Quand on est loin de la famille, il permet de rester avec elle. C'est « un objet pratique dans les relations sociales » (p.51).

Pour Robert SANOU (1985), « les services de télécommunications peuvent contribuer à réduire les besoins en matière de transport et par conséquent à économiser l'énergie ». En effet, en téléphonant à une personne on économise en temps, en énergie et en argent; et on se met à l'abri d'éventuels accidents de la circulation. Selon lui, « un bon réseau de télécommunications est capable de rendre d'immenses services notamment dans le secteur rural ». Cet auteur trouve les télécommunications tellement importantes qu'il les qualifie de « système nerveux » de la société.

Parlant toujours de l'importance et de l'utilité du portable, le groupe de CPE du bassin d'Aurillac en France soutient que :

22 Mémoire de fin d'études pour l'obtention de la maîtrise

33

« Le téléphone mobile offre l'immédiateté, la simultanéité, et l'action à distance. Il exprime la vitesse. Cette nouvelle flexibilité permet une efficacité portée sur plusieurs terrains à la fois : l'utilisateur se multiplie, jongle avec des situations différentes. Il s'octroie au quotidien des qualités que le discours du passé réservait aux surhommes et aux dieux. En somme, le mobile devient l'outil de la performance. Il est une machine à gérer le temps. La gestion réfléchie et organisée du temps montre que, loin d'être les victimes de l'outil, nous sommes mis en instance de ruser avec lui pour optimiser notre rapport au temps ». Ils concluent en affirmant qu' « à l'impossible proximité physique, se substitue une présence vocale qui charrie avec elle tout l'être de la personne contactée » ( http://www.ac-clermont.fr/viescolaire visité le19-11-2010 à 11h05mn).

Quant à Pierre ALBERT et André-Jean TUDESQ (1996), ils soulignent les progrès de l'électronique, de l'informatique et des télécommunications qui ont permis aux médias audiovisuels de connaître une propagation très rapide qui, à leur tour, ont favorisé un véritable bouleversement des modes de vie et de pensée de nos contemporains par la consommation des cultures d'ailleurs. Pour ces deux auteurs qui évoquent l'histoire de la radio-télévision, « Les progrès techniques permettent désormais une communication instantanée non seulement de la parole, mais aussi de l'image animée, entraînant l'intégration de l'opinion publique et de ses réactions dans les évènements au moment même où elle est informée » (p.123-124).

L'histoire de la radio-télévision et celle de la téléphonie étant intimement liées nous soutenons alors ces auteurs quant aux bouleversements positifs opérés par les différentes avancées technologiques. Car, c'est aussi la téléphonie mobile qui a véritablement révolutionné la communication.

SUNGU MUANDA NTELA, M. M.23, lui, affirme que :

« L'introduction des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) dans les organisations conduit à s'interroger sur leurs possibles effets sur le travail et les conditions de sa réalisation. En fait, il convient plutôt de parler d'interaction entre les technologies et le travail. Car les nouvelles technologies changent bien sûr le travail, mais de nouvelles organisations du travail appellent en retour l'émergence d'outils adaptés à un contexte en évolution ».

23 http://www.memoireonline.com « Les nouvelles organisations et transformations du travail : les métiers face aux nouvelles technologies de l'information et de la communication » visité le 19-12-2010 à 15h10mn.

34

L'auteur poursuit que « Ce qui est apparu ces dernières années, c'est l'utilisation massive des NTIC dans tous les secteurs de l'activité, et dans pratiquement tous les métiers ».

Dans la société burkinabè, le téléphone portable est devenu le fidèle compagnon des usagers. Dans la majorité des cas, lorsqu'on l'oublie à la maison, on y retourne pour aller le chercher car on ressentirait quelque chose qui fait défaut à notre être, en pensant qu'à tout moment on pourrait être appelé. Pour beaucoup d'usagers, le portable est considéré comme un outil de travail qui permet de résoudre bon nombre de problèmes et gérer des affaires. Il permet de renforcer les relations familiales, interpersonnelles et interprofessionnelles. C'est pourquoi nous soutenons SUNGU MUANDA NTELA qui estime que sans imposer leur logique technique à l'ensemble des activités humaines, les NTIC favorisent tout de même la réorganisation des activités. En effet, le téléphone portable peut effectivement jouer un très grand rôle dans les relations parents-élèves, parents-éducateurs et même élèves-élèves (pour surtout l'organisation du groupe de travail de ces derniers) à condition que cela se passe de façon citoyenne.

III.3.1.2. L'importance et l'utilité du téléphone portable en milieu scolaire

A propos du téléphone en milieu scolaire, Alexandre T. DJIMELI, dans un article intitulé "Oubliez vos portables !" publié sur le site http://allafrica.com24, rapporte les propos d'une élève de Yaoundé qui affirme que « Le téléphone portable permet aux parents de prendre les nouvelles de l'élève à l'école à tout moment de la journée, de prendre beaucoup plus soin de son enfant, et même pour l'élève d'entrer rapidement en contact avec ses parents ».

>>26.

Pour sa part, Nadine MORANO25 soutient que : << Pour les parents, mettre un portable dans les mains de son enfant, c'est avant tout une question de sécurité. Le portable permet une meilleure coordination au sein de la famille. Il permet également aux adultes d'être joints par leur fils ou leur fille « au cas où il leur arriverait quelque chose »

Quant aux CPE du bassin d'Aurillac27, ils confirment que « Le téléphone mobile procure un sentiment de sécurité à 82% des parents dont les enfants ont moins de 18 ans et

24 http://allafrica.com visité le 21-10-2010 à 22h30mn

25 Nadine MORANO, Secrétaire d'Etat chargée de la Famille et de la Solidarité auprès du Ministre du Travail, de le Solidarité et de la Fonction publique (2008-2010)

26 www.afom.fr « Votre adolescent et le téléphone : guide à l'usage des parents »

27 http://www.ac-clermont.frLviescolaire « Du bon usage du téléphone portable »

35

sont équipés d'un mobile. Dans ce cas, le rapport qu'ils entretiennent avec leur mobile évoque le cordon ombilical ». Par ailleurs, la population scolaire est en majorité adolescente. Or, l'adolescence semble être la période où les élèves veulent s'identifier au portable selon les CPE. A ce propos ils pensent que « C'est pendant cette période que s'affirme la personnalité individuelle, et l'usage du téléphone portable va dans le sens de cette autonomisation. Au sens propre comme au sens figuré, l'ado se construit son propre <<réseau>>, indépendamment des liens familiaux qui avaient jusque là primé. Les contacts qu'il fait figurer dans son mobile sont les jalons de cet espace personnel qui se construit peu à peu ».

Cependant, A. T. DJIMELI rapporte dans le même article28 la décision ministérielle d'interdire l'usage du téléphone portable dans l'enseignement du second degré au Cameroun. Pour le ministre Louis BAPES BAPES, son interdiction devrait permettre de combattre certains maux qui minent le système éducatif tels la fraude, l'indiscipline, la corruption, le marchandage de points, la négociation du droit de cuissage, la violence à l'école et surtout la perturbation des enseignements.

Pour nous, même si le portable est important à cet âge, les parents et les autres partenaires de l'éducation doivent veiller à son bon usage par les enfants en général et les scolaires en particulier.

Les parents devraient continuer à considérer les éducateurs comme étant les principaux responsables de leurs enfants aux heures où ils sont censés être à l'école. Si cette façon de faire est observée par les parents, cela minimiserait leur implication dans le désordre occasionné par l'utilisation du téléphone portable. Ainsi, le téléphone portable pourrait servir aux éducateurs à développer la logique professionnelle qui voudrait qu'ils soient l'interface entre l'établissement et les parents d'élèves.

III.3.2. Les facteurs favorisants du développement du téléphone portable dans la société

Plusieurs facteurs ont contribué au développement rapide du téléphone portable dans le monde et au Burkina Faso.

28 http://www.allafrica.com « Oubliez vos portables ! » site visité le 21-10-2010 à 22h3mn

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III.3.2.1. Son évolution (les atouts du mobile, la multiplicité des modèles, la chute des prix)

Selon MBENGUE, C. (2007)29, une des raisons qui explique la croissance rapide de la téléphonie mobile est que « moins un pays est équipé en téléphones fixes, plus les téléphones portables se multiplient ». Il estime que les Africains ont longtemps souffert de la soif de communication voilà pourquoi ils sont même prêts à dépenser très cher pour apaiser cette soif.

Quant à M. Anicet COMPAORÉ (2005), il confirme que l'évolution rapide du cellulaire au Burkina Faso est particulièrement due à l'insuffisance de l'offre en téléphone fixe. Il s'appuie sur la télédensité en ligne fixe qui était en 2004 de 0,6 pour 100 habitants selon les données du rapport DCM 2004 (p.8). Parlant des atouts du mobile, il estime que la mobilité, les vertus sécurisantes, les délais d'attente et les autres différents services que le cellulaire offre aux abonnés sont suffisamment importants pour attirer la clientèle.

KABORÉ, H. (2001) soutient les deux précédents auteurs. Toutefois, elle insiste sur la confidentialité et la discrétion qu'offre le téléphone portable contrairement au téléphone fixe et aux cabines téléphoniques. Aussi, la performance du téléphone mobile cellulaire expliquerait l'engouement des utilisateurs. Parlant de la multiplicité des marques et modèles, les grandes firmes ont inondé tous les marchés avec toutes sortes d'appareils. Ce qui, du même coup, a fait que leurs prix ont littéralement chuté. Et ceci a offert la possibilité à beaucoup de personnes de se l'approprier.

Pour nous, même s'il est vrai que le coût est accessible à une grande partie de la population, la quête d'appareils plus performants ou plus jolis par une certaine classe a permis aussi à une autre catégorie d'utilisateurs d'en bénéficier gratuitement. D'autres assoiffés de portables sont toujours dans l'attente d'en posséder.

III3.2.2. La libéralisation du marché et la concurrence

A propos de la libéralisation du marché et de la concurrence, MBENGUE, C. (2007) pense que c'est le développement de la téléphonie mobile qui a entraîné une entrée rapide

29 http://www.memoireonline.com/01/09/1891/m_opérateurs_Ouest_africains_de_télécommunications_statut_modifica tion2.html ; site visité le 19-12-2010 à 15h10mn

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d'opérateurs de mobile dans le marché africain, ce qui a engendré forcément une croissance rapide de la concurrence.

A contrario, KABORÉ, H. (2001) déclare que c'est la libéralisation et la concurrence avec l'entrée de nouveaux opérateurs (TELECEL et CELTEL) qui ont permis la chute des prix des appareils, des abonnements et des coûts des appels.

Pour nous, il semble évident que la libéralisation du marché et son ouverture à la concurrence sont pour beaucoup dans la situation actuelle du téléphone portable au Burkina Faso. En effet, avant l'arrivée des opérateurs TELECEL et CELTEL le constat était suffisamment édifiant : les frais à payer pour un abonnement post-payé s'élevaient à 121.300 francs pour les communications restreintes au réseau du Burkina, et 241.300 francs pour une option internationale sans restriction (source : www.onatel.com). Actuellement, les cartes SIM sont offertes presque gratuitement : elles sont souvent proposées à 250 francs avec 500 francs de crédit de communication. Régulièrement, au cours des promotions commerciales, on offre des bonus de recharge de 100% pour toute recharge à partir de 100 francs.

Les pages publicitaires des concurrents qui passent à longueur de journée sur les antennes de la télé et de la radio ont aussi permis de booster leurs activités. Des publicités proposent aux clients plusieurs gammes d'appareils et des cartes SIM à vils prix, offrent aux clients des appels illimités à des coûts réduits, incitent les élèves à réclamer des portables à leurs parents. La dernière publicité en date, émanant de TELECEL et diffusée sur la TNB30 nous montre une petite élève réclamant un téléphone portable à son père, pour avoir bien travaillé à l'école. Son père lui ayant préparé une surprise, lui a, sur-le-champ, offert ledit portable. Toute joyeuse, elle s'écria : « Merci, papa ! Merci, papa ! Et surtout, merci TELECEL ! »

Toutes ces pratiques ont favorisé le développement très rapide du téléphone portable à tel point que certains utilisateurs le possèdent juste par conformisme ou par snobisme.

III.3.2.3. Le snobisme

A propos de snobisme, les CPE du bassin d'Aurillac trouvent que « Dans l'univers des adolescents, le mobile tient une place à part. Alors que l'on se prête volontiers des CD, ou

30 Télévision Nationale du Burkina

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des vêtements, le mobile, lui, ne circule pas. On échange volontiers des jeux ou des sonneries qui l'animeront. On le montre fièrement... »31.

Quant à KABORÉ, H. (2001), elle, soutient que par rapport au coup trop élevé du portable avant sa vulgarisation, ceux qui en possédaient, cherchaient plutôt à se mettre en valeur. Il était donc réservé à une certaine catégorie sociale. Selon elle, certains individus pensent que « le luxe du TMC viendrait de son inaccessibilité à tout le monde. Ceux qui le possèdent ont des comportements qui les mettent au-dessus des autres. Ce sont des personnes qui aiment se faire remarquer ». Elle poursuit en disant qu' « il y a des possesseurs du TMC qui l'utilisent au marché, dans le brouhaha pour que les gens les observent ».

Pour nous, malgré la pénétration du téléphone portable dans toutes les couches de la société, il n'en demeure pas moins que certains utilisateurs et particulièrement les jeunes gens veulent faire la différence avec leur portable. Pour eux, fini les portables simples! Il faut s'offrir à tout prix le portable de dernière génération, avec double ou triple-port de carte SIM (communément appelé « double-puce » ou « triple puce »), afin de le brandir avec fierté à leurs camarades, de filmer des scènes, d'enregistrer des sons, de prendre des photos, d'écouter la musique ou la radio, de surfer sur internet...

La plupart des effets pervers liés à l'utilisation du portable seraient provoqués par ceux de dernière génération.

III.3.3. Les effets pervers du téléphone portable

Aujourd'hui, on assiste de plus en plus à une utilisation du portable qui engendre des conséquences indésirables dans la société en générale et en milieu scolaire en particulier.

III.3.3.1. Les effets pervers dans la société

L'Association française des opérateurs mobile (AFOM) affirme : « Le téléphone mobile est probablement aujourd'hui la technologie qui permet la plus grande variété d'usages. Ce sont ses utilisateurs qui choisissent ce qu'ils en font et comment ils le font »32 . Mais lorsqu'on en dépend, cela peut nous créer des préjudices.

MARSHALL McLuhan 33, lui, soutient que « Nous façonnons nos outils, et ceux-ci à leur tour, nous façonnent ».

31 http://www.ac-clermont.frLviescolaire « Du bon usage du téléphone portable »

32 www.afom.fr « Votre enfant et le téléphone mobile : guide à l'usage des parents »p. 39

33 http://fr.wikipedia.org/.../Pour_comprendre_les_medias; visité le 30-05-2010 à 21h55mn

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L'importance et l'utilité du téléphone cellulaire sont plus qu'indéniables. Cependant, sa présence au sein de la société pose d'énormes problèmes aux utilisateurs malgré le bien-être qu'il procure. On assiste chaque jour avec amertume et impuissance à des usages très peu recommandables qui en sont faits dans tous les milieux socioprofessionnels.

Dans la vie de tous les jours, dans les universités et grandes écoles de formation, au cours des séminaires et des réunions, dans la circulation routière, les effets perturbateurs et autres conséquences du téléphone portable sont devenus récurrents : appels et SMS complaisants, fausses alertes, provocations d'accidents, envoi de spam34, harcèlements, pollutions sonores...

En effet, la présence du mobile a entraîné des désagréments portant notamment sur la question de la perturbation sonore qu'elle occasionne dans certains milieux sensibles tels les salles d'audience des tribunaux, les lieux de culte, les hôpitaux ou autres lieux de réunions. D'où la mise en place progressive d'interdictions et de nouvelles règles de savoir-vivre. L'utilisation de mobiles est ainsi réglementée dans ces lieux. Ainsi, pour marquer cette interdiction de communiquer à ces endroits, l'inscription suivante y est portée : « Éteignez vos téléphones portables, SVP! » ou « Veuillez éteindre votre cellulaire, SVP! ».

Dans la société, la téléphonie mobile sert à commettre des actes les plus répréhensibles et les plus détestables. Certes, ces actes existaient avant le développement du portable mais aujourd'hui, celui-ci leur a donné de nouvelles formes.

Aujourd'hui, à travers la presse, nous apprenons qu'à cause du portable, des braquages s'organisent et s'opèrent plus aisément, les tromperies conjugales et les harcèlements de tout genre se développent, les effets de nuisance à certains endroits et services sensibles se multiplient.

Aussi, « certains utilisateurs de téléphone mobile peuvent être animés d'intentions malveillantes, notamment à l'encontre des enfants. Ils peuvent en vouloir à l'enfant, à son argent ou à son téléphone »35.

KABORÉ, H. (2001; p.77-78), raconte la mésaventure d'un commerçant qui a désormais peur de sortir avec son portable. Car, pendant qu'il était un jour en compagnie de sa copine, cette dernière a décroché son téléphone alors que c'est son épouse qui était en ligne. Pour ce commerçant, le TMC a troublé son intimité et lui a causé des problèmes avec sa femme.

34 Message électronique envoyé à un large public sans l'avoir sollicité. Il a pris aussi la forme de SMS et de MMS

35 www.afom.fr « Votre enfant et le téléphone mobile : guide à l'usage des parents »p. 39

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III.3.3.2. Les effets pervers en milieu scolaire

En milieu scolaire, malgré l'interdiction de leur utilisation, les téléphones portables sont devenus un véritable casse-tête pour les éducateurs et certains parents. L'effet le plus néfaste demeure sans nul doute la perturbation des activités pédagogiques.

Certains parents ont remis des portables à leurs enfants sans toutefois s'imaginer un seul instant l'utilisation abusive qui en est faite.

En Norvège36, une étude menée en 1999 sur l'utilisation des portables par les adolescents norvégiens montre qu'entre 70 et 80 % des 17-20 ans posséderaient un téléphone mobile. La même enquête montre qu'en juin 2000 environ trois quarts des 13-20 ans posséderaient un portable et fait ressortir que même si les élèves communiquaient entre eux bien avant (les petits mots qui circulaient , antisèches ou chuchotements ...), ils utilisent maintenant leurs téléphones pour s'envoyer des SMS pendant les heures de cours ou pour tricher pendant des examens , et le système est plus discret. Elle conclut que sur mille six (1006) adolescents norvégiens âgés de 13 à 20 ans en 1999, plus d'un étudiant sur quatre a envoyé ou reçu un message textuel en classe pendant le trimestre d'automne.

Par ailleurs, il faut noter également que l'usage intempestif des abréviations dans les SMS contribue à la baisse du niveau du français écrit chez les scolaires. A ce sujet, NAPON Abou37, dans son étude intitulée "Déconstruction et reconstruction de la langue française par les étudiants burkinabè : l'exemple des abréviations en milieu estudiantin", tout en faisant ressortir les raisons qui amèneraient les étudiants et les scolaires à multiplier les abréviations dans leurs devoirs, a mis en exergue les conséquences néfastes de cette pratique sur leur niveau de maîtrise du français.

En effet, de l'avis des enseignants enquêtés, NAPON fait ressortir qu'« avec le développement de la téléphonie mobile dans le pays, les scolaires dans leur ensemble ont tendance à recourir aux mots des dictionnaires proposés par les agences de communications. L'orthographe desdits mots qui sont créés de toutes pièces influe de plus en plus sur le mode d'écriture des étudiants ». Poussant son analyse plus loin, il fait apparaître que dans la pratique, les abréviations changent d'un SMS à un autre. Toute chose qui a amené les

36 http://lhommemachine.wordpress.com/2009/limpact-du-telephone-sur-differentes-institutions-sociales visité le 1011-2011 à 10h20mn.

37 http://www.sudlangues.sn/ : « Déconstruction et reconstruction de la langue française par les étudiants burkinabè : l'exemple des abréviations en milieu estudiantin » ; Pr. NAPON Abou, Université de Ouagadougou (Burkina)

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enseignants à proposer des mesures coercitives pour lutter contre l'utilisation des abréviations dans les devoirs.

Vu toutes ces conséquences néfastes des usages déplacés que font les élèves de leurs portables, quel rôle chacun des acteurs du système éducatif devrait-il jouer et comment devrait-il l'assumer pour mieux gérer la question de l'utilisation du téléphone portable dans les établissements par les élèves?

III.3.4. La part de responsabilité des acteurs du système éducatif

A propos de responsabilité, Philippe MEIRIEU (1999 ; p.38-39) pense que :

« La responsabilité n'est pas, dans la relation pédagogique, une <<quantité constante>> qu'il s'agirait de répartir entre différents partenaires : la part que j'en prends n'est pas prélevée sur celle de l'autre ; bien au contraire, elle l'accroît. Plus je me sens responsable d'autrui et de son succès, plus je cherche et j'invente des moyens pour le faire réussir, plus je travaille à articuler le savoir à lui enseigner sur ses projets propres, plus j'invente des moyens pour donner sens aux apprentissages et des dispositifs pour les faire réussir, plus je lui communique la conviction du possible et l'engage dans une dynamique féconde. »

Cette réflexion de MEIRIEU induit la pleine part de responsabilité que chacun des acteurs doit assumer vis-à-vis du système éducatif.

III.3.4.1. La responsabilité de l'autorité centrale (l'État)

« La première des responsabilités de l'Etat est d'ordre politique. Le gouvernement et en premier lieu le ministre de l'éducation ont le pouvoir d'arbitrer les choix politiques en matière d'éducation et de fixer les grandes orientations »38.

Au Burkina Faso, la question de l'utilisation du téléphone portable par les élèves est encore au coeur des préoccupations. C'est pourquoi, faisant suite aux conclusions de la première CAES qui s'est penchée sur la « Problématique de l'assainissement de l'environnement scolaire pour une meilleure qualité de l'éducation », le Ministre des enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique a pris un nouvel arrêté

38 http://direct.educnet.education.fr/educnet/.../guide/responsabilité-enseignant/responsabilité-de-lenseignant/search_form: visité le 10-09-2O11 à 23h15mn

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afin de prendre désormais en compte la question du téléphone portable, celles du harcèlement et du respect des couleurs nationales.

Et pourtant le phénomène semble toujours alarmant dans bien d'établissements. Quelle est donc la part de responsabilité des établissements scolaires ?

III.3.4.2. La responsabilité des établissements scolaires

« La première des responsabilités de l'institution d'enseignement est d'ordre éducatif. Il revient à chaque établissement public d'enseignement de prendre les mesures générales pour organiser la vie scolaire et en particulier les conditions d'enseignement »39.

Au Burkina Faso, les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire sont placés sous la responsabilité d'un chef d'établissement (proviseur ou directeur). Il lui appartient alors, en collaboration avec son équipe, d'appliquer toutes les dispositions qui rentrent dans ses prérogatives, notamment le règlement intérieur.

Au Cameroun, lorsqu'il a fallu une circulaire du ministre des enseignements secondaires pour pouvoir interdire strictement le téléphone portable dans les établissements, les chefs d'établissement ont été traités d'incapables. Incapables de garantir la discipline dans leurs établissements scolaires au point que tout un ministre laisse les dossiers importants pour venir régler la question du téléphone portable à leur place ( http://allafrica.com visité le 21-102010 à 22h30mn).

Quant au ministre français Gilles de ROBIEN, bien qu'il ait beau prohiber le téléphone portable à l'école, il laissait toujours la responsabilité aux directeurs et proviseurs de régler pratiquement ce « détail »disciplinaire. Au lieu de publier une circulaire comme son homologue camerounais pour interdire le portable en 2006, il en avait plutôt signé une sur la prévention de la violence à l'école. A ce propos il affirmait alors que ce « sera justement l'occasion pour les chefs d'établissement de revoir leur règlement en intégrant, s'ils ne l'ont pas déjà fait, la question du portable. »( http://allafrica.com visité le 21-10-2010 à 22h30mn). Pour le ministre français, au niveau de chaque établissement, la question du portable doit pouvoir être réglée sans avoir besoin d'attendre quoi que ce soit d'une instance supérieure. Les chargés d'éducation doivent assumer leurs responsabilités avec autorité.

Et MEIRIEU, P. (1999, p.25) de soutenir que « si l'éducateur ne voulait pas exercer de pouvoir il vaudrait mieux, après tout, qu'il change de métier ».

39 http://direct.educnet.education.fr/educnet/.../guide/responsabilité-enseignant/responsabilité-de-lenseignant/search_form: visité le 10-09-2O11 à 23h15mn

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Pour nous, pour la bonne marche de toute institution régie par des textes élaborés ou décrétés, tout chef ou responsable de service se doit de les appliquer ou de les faire appliquer sans complaisance. Nous pensons que c'est l'inapplicabilité des textes réglementaires adoptés ou la partialité dans leur application qui serait le plus souvent source de certains conflits.

III.3.4.3. La responsabilité des parents

De manière générale, à travers le monde la famille est en crise. Elle n'arrive plus à jouer pleinement le rôle qui est le sien.

En effet, le rapport général de la CAES le précise si bien :« Au Burkina Faso comme ailleurs, le constat est que la famille est en crise et qu'elle ne joue pas suffisamment son rôle d'éducateur, de modèle et de gardien des valeurs de la société. Beaucoup de parents pour diverses raisons démissionnent, compromettant ainsi l'autorité parentale » (extrait du rapport général de la CAES, p.12).

Selon Claude ALLARD40, les parents devraient commencer par bien se comporter d'abord avant d'exiger quoi que ce soit aux enfants et aux autres. A ce propos, elle déclare que : « Bien entendu, quand on est parent, la première des choses est de commencer par donner l'exemple de la bonne conduite et de ne pas faire soi-même ce qui est interdit ou déconseillé. »41

Pour Lucien SAMA (1998), les parents doivent se responsabiliser davantage en s'impliquant beaucoup plus dans l'éducation de leurs enfants. Car, « Plus que jamais, ils restent les véritables maîtres de l'éducation de leurs enfants » affirme-t-il (p. 76).

Pour nous, la responsabilité des parents serait engagée dans la situation du téléphone portable que nous vivons dans nos établissements scolaires. Car, même s'ils n'ont pas eux-mêmes offert le portable à leurs progénitures, ils devraient tout de même avoir un regard sur eux pour savoir l'utilisation que leurs enfants en font et leur prodiguer des précautions à observer dans l'utilisation du portable. Cependant, il existe une autre catégorie de parents qui offrent eux-mêmes des portables à leurs enfants quel que soit leur âge, sans la moindre éducation à la bonne utilisation, sous prétexte qu'ils sont le lien ombilical entre eux et ces derniers. Mais qu'en était-il des rapports que les parents entretenaient avec les éducateurs des établissements de leurs enfants avant l'avènement du téléphone portable ?

40 Psychiatre des hôpitaux

41 www.afom.fr (Guide à l'usage des parents : « Votre enfant et le téléphone mobile »p.15)

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III.3.4.4. La responsabilité des élèves

En France, l'article 511-1 du Code de l'éducation stipule que « les obligations des élèves consistent dans l'accomplissement des tâches inhérentes à leurs études ; elles incluent l'assiduité et le respect des règles de fonctionnement et de la vie collective des établissements ». A cela, l'article 511-2 ajoute que « dans les collèges et les lycées, les élèves disposent, dans le respect du pluralisme et du principe de neutralité, de la liberté d'information et de la liberté d'expression. L'exercice de ces libertés ne peut porter atteinte aux activités d'enseignement » (Source : http://direct.educnet.education.fr).

Or, dans la question qui nous préoccupe, il semblerait que quelquefois c'est de façon volontaire et consciente que les élèves utiliseraient abusivement leurs portables. Et ceci, pour s'afficher, s'affirmer ou tout simplement défier l'autorité. Ils porteraient ainsi atteinte aux activités pédagogiques. La responsabilité des élèves y serait donc engagée.

Pourtant, depuis le 06 juillet 2010, le règlement intérieur au Burkina Faso stipule désormais en son article 25 que l'utilisation du téléphone portable est interdite.

C'est pourquoi, afin de résoudre cette problématique, il nous appartient de cultiver à l'école le sens de la responsabilité citoyenne et l'autodiscipline. A ce propos, SAMA, L. (1998, p.79) affirme que « s'il est indéniable qu'une conduite des élèves ne peut se réaliser que par une action concertée des parents et des maîtres, de l'école et de la famille, une conjugaison de leurs efforts en vue de réaliser des hommes libres, responsables et engagés, il reste qu'aucune action conséquente en direction des enfants ne peut se mener sans leur implication réelle ».

III.3.5. Les législations et les autres textes

Le Burkina Faso a, à l'instar de la plupart des pays du monde, ratifié et adopté plusieurs textes, conventions, chartes, déclarations et traités internationaux telle la Convention relative aux droits de l'enfant qui, elle-même tire sa substance de la Déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948.

III.3.5.1. Les textes internationaux

La Déclaration universelle des droits de l'homme est, de nos jours, le document de référence de la bonne gouvernance et de la coopération internationale. Tout État qui se veut

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moderne, évolué, et donc soucieux du respect des droits humains, se doit de l'observer dans ses grandes lignes. La DUDH42 confère à l'être humain la liberté et l'égalité avec ses semblables dès sa naissance, l'égalité de tous devant la loi.

Quant à la Convention relative aux droits de l'enfant43 (CDE), elle définit l'enfant comme « tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt, en vertu de la législation qui lui est applicable ». Elle lui confère également les mêmes droits, sauf qu'elle émet des réserves dans certains cas dans l'intérêt supérieur de l'enfant.

Par conséquent, en considérant le téléphone portable autant utile que dangereux pour les enfants, il appartient alors aux États de prendre des dispositions nécessaires pour règlementer son utilisation dans les établissements scolaires.

Or, qu'ils soient considérés comme enfants ou jeunes adultes, les élèves éprouvent aujourd'hui le besoin de posséder cet outil de communication que beaucoup de parents qualifient de "cordon ombilical". La prise en compte de l'intérêt supérieur des enfants recommande donc que l'on se penche sérieusement sur la question de l'utilisation du portable en milieu scolaire au lieu de simplement chercher à l'interdire.

III.3.5.2. Le règlement intérieur et le règlement intérieur local

Lors de la première CAES tenue à Ouagadougou en septembre 2009, les représentants de la communauté éducative ont recommandé d'une seule voix :

« La prise en compte, lors de la relecture des textes règlementaires, des phénomènes nouveaux tels que le vandalisme, le débrayage et autres inconduites » et « la sensibilisation systématique en français et en langues nationales des élèves et des parents d'élèves sur les méfaits des actes d'indiscipline dans les apprentissages scolaires, par l'utilisation des médias. »44

42 « Déclaration universelle des droits de l'homme » : document téléchargé sur le site http://www.un.org/fr/documents/udhr le 23-10-2011 à 10h43mn.

43 « Convention Relative aux Droits de l'Enfant » : document téléchargé sur le site http://www.droitsenfant.com/cidé.htm le 23-10-2011 à 10h35mn.

44 Rapport général de la CAES ; octobre 2009 ; p.52

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En écho à cet appel de la communauté éducative, le ministère a procédé en 2010, puis en 2011, à une double relecture de l'arrêté n°2003-054/MESSRS/SG/DGES/DGESTP portant règlement intérieur des établissements d'enseignement secondaire au Burkina Faso.

Ces relectures ont particulièrement visé les questions du portable et du respect des couleurs nationales. Il est fait mention dans ce nouveau règlement intérieur45, en son article 25, que l'utilisation du téléphone portable est sanctionnée par l'expulsion immédiate de la classe par le professeur pendant toute la durée de son cours, la retenue de (2) deux points par l'administration, un travail supplémentaire individuel ou en groupe, l'exclusion de vingt-quatre (24) à quarante-huit (48) heures ou la traduction en conseil de discipline, en plus de la confiscation systématique dudit portable jusqu'à la fin de l'année scolaire.

A notre sens, ces nouveaux règlements ne sont pas suffisamment explicites pour permettre aux responsables des établissements de mieux gérer la question du téléphone portable dans les établissements d'enseignement post-primaire et secondaire, sans autres formes d'interprétations, et sans se soucier des contestations éventuelles émanant de certains parents. En effet, les deux RI stipulent tout simplement en l'article 25 que l'utilisation du téléphone portable et assimilés est sanctionnée par la confiscation desdits jusqu'à la fin de l'année sans en préciser les milieux d'application (dans la salle de classe ou dans l'établissement). Néanmoins, même s'il est vrai que de façon implicite on perçoit qu'il est interdit de l'utiliser dans la salle de classe, il n'est certainement pas évident dans tout l'espace scolaire. Puisque, l'article 33 du RI de 2010, qui interdisait l'utilisation de tout appareil électronique non autorisé dans l'enceinte de l'établissement, a été retiré de l'actuel règlement intérieur en vigueur. Cela signifie t-il que l'interdiction de l'utilisation du téléphone portable ne concerne que la classe ?

Nous pensons qu'il ne paraissait pas vraiment utile de prendre cet arrêté simplement en ces termes-là.

Car l'arrêté n°2003-054/MESSRS/SG/DGESG/DGEST, portant règlement intérieur des établissements d'enseignement secondaire au Burkina Faso, pourrait bien régler le problème du portable. Son article 26 précise dans le dernier paragraphe que : « L'utilisation d'appareils autres que ceux autorisés pour les besoins du cours ou des devoirs est strictement

45 Arrêté n°2010-224/MESRS/SG portant règlement intérieur des établissements d'enseignement secondaire au Burkina Faso

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interdite ; les contrevenants sont passibles de sanctions allant de l'exclusion immédiate du cours ou du devoir à l'exclusion définitive, en cas de récidive. »

De plus, l'article 32 du même arrêté pourrait aussi servir à interdire la diffusion et le visionnage des films ou images obscènes qui circuleraient sur les portables dans l'enceinte de l'établissement. Cet article stipule en effet, que « la détention, la production et la mise en circulation de tout document à caractère diffamatoire, subversif ou attentatoire aux moeurs sont interdites. »

Il aurait fallu tout simplement sensibiliser massivement la population sur les dangers que peuvent courir particulièrement les élèves.

Dans tous les cas, il est permis à tous les établissements de prendre des dispositions particulières pour répondre aux spécificités de chacun d'eux. C'est ainsi que nous avons pu avoir accès aux règlements intérieurs locaux de quelques-uns.

Voici en exemple, quelques passages de l'article 24 extrait du règlement intérieur d'un établissement privé catholique.

« Article 24 : comportements défendus

- Il est interdit d'apporter des téléphones portables à l'école.

- Tout élève surpris entrain d'utiliser un portable est passible d'une sanction : portable confisqué.

- La possession d'appareils électroniques, de radio, de magnétophones, d'écouteurs, etc. est formellement interdite. »

Cet article semblerait suffisamment clair, pratique et pragmatique. Les élèves et leurs parents qui se présenteraient dans les établissements ayant adopté ce genre de règlement intérieur local, devraient savoir à quoi s'en tenir : "pas de téléphones portables à l'école". Cependant, le premier responsable de cette institution nous a confié, que tenant compte des distances à parcourir par les élèves et des risques d'accident dans la circulation routière dans la ville de Ouagadougou, ces mêmes dispositions ont été revues et rendues flexibles. En effet, le groupe scolaire auquel il appartient permet désormais aux élèves de Ouagadougou d'emporter leur cellulaire à l'école.

Mais pourquoi ne pas généraliser ces dispositions à tout le groupe scolaire en question ? N'y a-t-il pas des élèves de cet établissement de Banfora qui parcourent de grandes distances pour s'y rendre ? Nous pensons que les risques d'accidents de la circulation ne sauraient être liés à la distance. Par conséquent, il serait souhaitable d'éviter les considérations qui paraissent discriminatoires afin de permettre à tous les élèves de jouir de quelques avantages du téléphone portable.

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Dans un autre établissement privé laïc, le port en lui-même n'est pas interdit dans l'enceinte de l'établissement, mais un élève nous a confié qu'il est strictement interdit aux élèves d'utiliser les installations électriques pour recharger la batterie. Là-bas, le RI local interdit tout de même l'utilisation dans la classe. Mais il reste tolérant quant à son application dans la cour pourvu que l'utilisation du portable ne soit pas faite exagérément.

Dans un complexe scolaire, le directeur chargé des études nous a affirmé qu'avant l'arrêté n°2010-224/MESSRS/SG, les dispositions de l'ancien règlement lui permettaient déjà de gérer la question du portable. Il a même reconnu qu'il ne dispose même pas du nouveau règlement intérieur. « Jusqu'à présent, c'est le règlement intérieur de 2003 que nous appliquons ici », nous a-t-il confié. Toutefois, il a reconnu que la discipline est facile à gérer avec son effectif total qui dépasse à peine 120 élèves repartis dans les quatre classes que compte son établissement.

Dans un lycée municipal, le règlement intérieur local s'est approprié l'article 25 du règlement intérieur national tout en précisant que le portable confisqué n'est remis que le 15 juillet au plus tôt. « Il est appliqué avec toute la rigueur, tant contre l'utilisation du portable dans la classe que dans l'enceinte de l'établissement », nous a dit un élève de la classe de seconde.

Mais, un surveillant nous a fait la confidence suivante : « il y avait ici un surveillant indélicat, qui utilisait les bons portables qu'il confisquait. Il lui est même arrivé de vendre un portable qui appartenait à une fille qui se trouvait être la copine d'un "homme de tenue" ». « Je vous assure que l'affaire a failli prendre une tournure grave » a-t-il poursuivi. Il a conclu que : « la question de la garde des portables confisqués sera à l'étude lors de la prochaine relecture de notre règlement intérieur ».

Nous remarquons que dans l'ensemble, les établissements font ce qu'il faut pour rester dans l'esprit du RI national dans l'élaboration de leur RI local.

Nous pensons, pour conclure ce chapitre, qu'il serait souhaitable qu'on tienne compte des besoins des élèves et des parents dans l'élaboration des textes réglementaires au niveau des établissements.

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ASPECTS PRATIQUES

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand