Le tableau ci-dessous représenté indique le
niveau de connaissance des langues nationales utilisées dans
l'éducation bilingue par les enseignants. Il faut préciser que
ces langues nationales constituent aussi les langues maternelles de nombre
d'entre eux.
Le premier constat que l'on peut faire au vu de ces
résultats, c'est que les enseignants, dans leur grande majorité,
estiment avoir une maîtrise satisfaisante de la langue nationale qu'ils
parlent et qui est utilisée dans l'enseignement bilingue. On peut ainsi
observer que presque 8 enseignants sur 10, soit 87%, affirment avoir un niveau
de maîtrise de la langue nationale comprise entre une estimation assez
bonne ou très bonne, quand seulement 13% d'entre eux reconnaissent en
avoir une maîtrise simplement passable ou médiocre. Il faut noter
que ceux qui affirment avoir une connaissance médiocre de leur langue
nationale sont tous des enseignants issus des écoles classiques. A ce
niveau, et en-dehors de la remarque que nous venons de faire, il ne nous est
pas donné de constater une nette variation entre enseignants bilingues
et enseignants classiques.
Graphique n° 1 : Niveau de connaissance des
langues nationales, en usage dans l'éducation bilingue, par les
enseignants.

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Par contre, une variation remarquable apparaît au niveau
des groupes linguistiques :
en effet, il ressort d'emblée que les peuls,
les gourmantchés, les kassena et les Bissa
sont les seuls à déclarer avoir, dans l'unanimité,
une bonne ou très bonne maîtrise de leur langue nationale
d'enseignement tandis que le mooré et le nûni
sont les seuls groupes linguistiques où l'on observe la
présence d'enseignants bilingues dont la maîtrise de la langue
nationale utilisée dans l'enseignement est de niveau passable.
Graphique n° 2 : Niveau de maîtrise des
langues nationales selon les groupes linguistiques.

En revanche, pour ce qui a trait à la connaissance du
langage scolaire propre au bilingue, la variation est beaucoup plus
marquée entre les enseignants du bilingue et ceux du classique. Si les
enseignants affirment toujours, dans leur ensemble et majoritairement (60%)
avoir une bonne ou très bonne maîtrise du langage scolaire des
écoles bilingues, cette
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proportion acquiert une autre configuration si l'on prend en
compte la spécificité des deux groupes d'enseignants :
Graphique n° 3 : Niveau de connaissance du
langage scolaire bilingue selon le type d'enseignement.

Le graphique ci-dessus présenté nous donne
ainsi de voir que si dans l'éducation bilingue ils sont 75% à
déclarer avoir une bonne ou très bonne maîtrise du langage
scolaire bilingue, dans l'éducation classique, ce taux chute à
12%. A l'opposé, pendant que dans l'éducation classique le taux
de ceux qui estiment avoir une maîtrise du langage scolaire bilingue
à un niveau passable ou médiocre s'élève à
38%, il n'est que de 2% dans l'éducation bilingue. On pourrait toutefois
s'étonner que des enseignants exerçant dans des écoles
bilingues, si peu nombreux soient-ils, disent ne pas maîtriser leur outil
de travail, c'est-à-dire le langage scolaire bilingue pendant que des
enseignants des écoles classiques affirment en avoir une bonne, voire
très bonne maîtrise. Ce problème de la non-maîtrise
du langage scolaire bilingue a été évoqué par Inno,
qui pointe du doigt la formation :
« Le mooré tel qu'il est enseigné
...de sorte que le maître puisse lui-même apprendre là, ils
ne maîtrisent pas ça ! Quand vous regardez le cursus de formation,
un enseignant qui sort de l'ENEP, il n'a jamais eu affaire au mooré et
on le prend, on l'amène pour douze jours de formation et on veut qu'il
conduise des cours d'un an. Donc ya pas ce murissement là ! Le temps n'a
pas été suffisant; donc ça veut dire que les documents que
lui-même va utiliser qui sont également écrit en langue, il
lit mal ! Il lit mal ! »