1.1 L'apport de la psychanalyse : les états
limites
C'est vers la fin du XIX -ème siècle, que la
notion d'état limite se développe dans la littérature
psychanalytique. En effet, de nombreuses qualifications ont été
donné à cette configuration pathologique par de nombreux auteurs,
en voici quelques-unes : d'abord considéré comme des «
prépsychoses » utilisé par Diatkine, qui renvoie à
l'organisation psychique de ce trouble utilisant des mécanismes de
défenses psychotiques comme le clivage et la projection sans être
psychotique. Guex parlera de « syndrome d'abandon », faisant
référence à la peur de l'abandon, l'un des principales
critères diagnostique et moteur de cette pathologie. L'appellation la
« personnalité as if » de Deutsch est
intéressante, donnant la personnalité « faux self »
en français, notion de Donald Winnicott. Elle résonne avec
la perturbation de l'image de soi du borderline, de leur identité, ainsi
que de leurs relations ainsi qu'à la soumission à son
environnement. Puis vient les appellations « limites » comme «
l'aménagement limite » de Bergeret, « l'organisation limite
» de Kernberg ainsi que Widlöcher et « le fonctionnement limite
» par Chabert.
De manière paradoxale et débordante, cette
pathologie refuse catégoriquement de se conformer aux modèles qui
lui sont présentés, interrogeant ainsi les liens entre la norme
et la folie, la vérité et le mensonge, l'amour et la haine, la
vie et la mort.
1.1.1 Adolf Stern
La première référence importante, car
considéré comme le père du trouble borderline, est
l'auteur Adolf Stern. Il publie un article s'intitulant « Psychoanalytic
Investigation of and Therapy in the Border Line Group of Neuroses »
traduit en français sous le titre « Les mouvements
transférentiels atypiques chez des névrosés. »
Pour expliciter ces propos, nous nous appuierons sur cet
article ainsi que sur l'ouvrage de Vincent Estellon « Des névroses
aux états limites » qui nous parle de ces travaux.
En effet, dès 1938, Stern étudie des sujets qui
présentent des troubles narcissiques et identitaires. Stern
s'aperçoit que certains sujets ne peuvent se réclamer franchement
de la famille psychopathologique des névroses ni de celle des psychoses.
(Estellon, V. (2015). Chapitre 2. Premières descriptions des
états limites.)
En effet, Stern exprime dans son article « qu'un certain
flou est à présent inévitable, parce que le
matériel que ce groupe offre à étudier débouche
nettement dans deux directions précises :
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vers le pôle psychotique et vers le pôle
névrotique [...] » (Stern, Adolph. « Psychoanalytic
Investigation of and Therapy in the Border Line Group of Neuroses ».
The Psychoanalytic Quarterly)
Pour ce qui est de la description symptomatologique de cette
pathologie, Stern insistera sur l'impulsivité et l'anxiété
importante chez ces sujets, présentant une insécurité
intérieure quasi permanente. Selon lui, les personnalités
borderlines se définissent par une idéalisation et une
dévalorisation des proches ainsi que de l'analyste lors d'une
psychothérapie.
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