1.1.2 Otto Kernberg
L'organisation de la personnalité borderline :
la personnalité limite
Pour l'auteur Kernberg (1967) la personnalité limite
est une névrose à expression psychotique. Il considère que
c'est une organisation stable et spécifique de la personnalité de
type névrotique, mais qu'elle s'en distingue par une expression
pulsionnelle archaïque, des mécanismes de défense
organisés autour du clivage, de l'idéalisation primitive, de
l'identification projective, de l'omnipotence, de la dévalorisation et
du déni.
Le modèle original de Kernberg combine les options
catégorielles et dimensionnelles de la personnalité et comporte
cinq axes. (Kernberg, O. F. (1989). Les Troubles limites de la
per-sonnaliteì.)
1 - Le degré d'intégration du Moi : le
syndrome d'identité diffuse est la dimension fondamentale ;
elle conditionne la gravité des distorsions du fonctionnement mental du
patient.
2 - Le degré de développement du Surmoi : il est
une conséquence du recours à des modes de défense
archaïques centrés sur le clivage. Il constitue
l'élément pronostique majeur.
3 - La gravité du traumatisme ou de l'agression : il
s'agit des dysfonctionnements familiaux sévères ainsi que des
sévices physiques et sexuels particulièrement graves chez les
patients borderline.
4 - L'axe dimensionnel extraversion/introversion : proche de
la notion de tempérament, il serait de nature essentiellement
génétique, influençant un mode général des
conduites et l'établissement des relations objectales au début de
la vie. Il permettrait de définir le seuil des réactions
affectives.
5 - La dysrégulation entre euphorie et
dépression : elle serait également une disposition
9
d'origine génétique.
Dans ce modèle, Kernberg a cherché à
synthétiser l'ensemble des courants actuels de pensée en
matière de trouble de la personnalité. Cela lui permet de classer
les différents registres de personnalité sur un continuum
dimensionnel allant des prépsychoses au fonctionnement névrotique
et d'y intégrer les hypothèses étiopathogéniques
classiquement retenues dans la littérature. (Kernberg, O. F. (1989).
Les Troubles limites de la personnalité.)
1.1.3 Jean Bergeret : Etat limite et Idéal du Moi
Pour le psychanalyste français Jean Bergeret (1975),
cette pathologie correspond au contraire à une absence de structuration
psychique. Dans son ouvrage « La dépression et les états
limites: Points de vue théorique, clinique et thérapeutique.
», cet auteur met en lumière les repères de deux
lignées :
· La lignée génitale :
OEdipe - Surmoi - conflit génital - culpabilité - angoisse de
castration - symptômes névrotiques
· La lignée narcissique :
narcissisme - idéal du Moi - blessure narcissique - honte - angoisse de
perte d'objet - dépression.
Alors que le Surmoi s'exprime par menace de punitions et
interdictions, l'Idéal du Moi exerce ses pressions par des
promesses d'un avenir meilleur. Pour exemple l'auteur Zucker (2012)
explique que cet Idéal du Moi pourrait être le discours parental
introjecté du type : « Fais encore plus et peut-être
mériteras-tu mon amour. »
Le désir est continuellement stimulé
mais l'accès au plaisir est interdit. Il agit pour se sentir
aimé, sa plus grande terreur étant de ne plus être
aimé. (Zucker, D. (2012). Faux self, borderline, personnalité
narcissique, personnalité schizoïde)
L'Idéal du Moi règne par son
insatiabilité et le « Surmoi » n'est pas
véritablement le sien mais celui de l'autre. L'idée de
grandiosité est liée à l'Idéal du Moi, même
si d'après Zucker (2012) J. Bergeret n'en fait pas mention
explicitement. Cette oscillation entre la grandiosité et la
nullité, il la rend admirablement dans cet exemple : « Comme
l'avait déjà fait remarquer J. Mallet, le sujet sain, devant la
non-réalisation des buts (élevés mais non messianiques) de
son Idéal du Moi normal, manifeste un sentiment de modestie, alors que
le genre de patients qui nous intéresse ici, devant la déception
narcissique ressentie en n'arrivant pas à satisfaire un Idéal du
Moi aussi naïf que prétentieux, entre, lui, dans la voie
dépressive (...)
(ibid., p. 100). (Zucker, D. (2012). Faux self, borderline,
personnalité narcissique, personnalité schizoïde)
Pour résumé...
Toutefois, n'en déplaise à Mr Bergeret, nous
avons une structuration psychique qui se dessine, avec des instances en
conflit, ici entre le Moi et l'Idéal du Moi (archaïque) et un
Surmoi insuffisamment intériorisé, carencé.
|