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La gestion des risques de taux d'intérêt et de change par l'approche ALM: Le cas de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD)


par Arouna Soro
CESAG - Master en Banque et Finance 2006
  

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INTRODUCTION

« Ce sont le goût du risque et l'esprit d'aventure qui ont bâti le monde moderne »2(*)

Toute organisation (société, banque, administration, association) peut être « perçue comme un portefeuille de vulnérabilités et d'opportunités combinées pour atteindre les objectifs d'une stratégie déterminée par les instances dirigeantes3(*)». En assimilant les « vulnérabilités » aux « risques négatifs » et les « opportunités » aux « risques positifs », selon les auteurs de cette assertion, l'on peut déduire que l'univers de l'organisation, et a fortiori de la banque, est pavé de risques. Mais si le risque est consubstantiel à l'activité de la banque, force est de reconnaître que cette dernière ne saurait s'accommoder de risques qui mettent en péril sa liquidité, sa solvabilité, sa rentabilité et en définitive sa pérennité. Il lui revient donc de gérer au mieux l'ensemble de ses risques et en particulier son risque négatif (downside risk), c'est-à-dire le risque de voir chuter ses résultats.

En la matière différentes méthodes de couverture contre le risque existent. Mais ces dernières années, les entreprises et singulièrement les banques ont eu recours à l'Asset and Liability Management (ALM) ou Gestion Actif/Passif qui est un outil de gestion des risques financiers (risque de taux d'intérêt, risque de change et risque de liquidité). Apparue aux USA au début des années quatre-vingt dix (90) suite à l'effet combiné de la déréglementation des activités financières, de la volatilité des marchés et d'une exacerbation de la concurrence entre établissements bancaires, l'ALM se diffuse peu à peu en Afrique par l'intermédiaire surtout des multinationales occidentales4(*). En Afrique subsaharienne en particulier l'introduction de l'ALM dans les banques est encore très timide, non seulement du fait de sa complexité, de l'absence d'un dispositif technique adéquat et parfaitement opérationnel mais également du fait du manque de ressources humaines compétentes dans le domaine. Dans le monde bancaire, caractérisé par une internationalisation croissante des méthodes, techniques, outils et réglementations (normes prudentielles, Bâle I et II, normes IAS/IFRS), il est utile d'adopter un tel outil pour renforcer sa gestion et sa compétitivité, garantir sa solvabilité et assurer sa pérennité.

La Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) n'est pas restée en marge de cette tendance et a, elle aussi, intégré à sa gestion des risques financiers un dispositif ALM depuis 2001. Le cas de la BOAD, dans le contexte ouest africain, est spécifique : c'est une banque sous-régionale de développement qui a recourt à divers types d'emprunt pour lever des fonds et qui ne collecte pas de dépôts comme les banques primaires. Elle n'est pas soumise à la réglementation sur les banques et établissements financiers de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) même si elle s'en inspire beaucoup. Au demeurant, à l'instar des autres banques, qu'elles soient primaires ou de développement, à caractère national, régional ou international, la BOAD reste préoccupée par le respect des standards internationaux ce qui a valu l'introduction de l'ALM dans son dispositif de gestion des risques financiers. La responsabilité assignée à cette fonction et de gérer grâce à un outil moderne les risques de taux d'intérêt et de taux de change puis de façon connexe le risque de liquidité de la Banque. Ces trois (3) risques représentent l'essentiel des risques financiers de la BOAD, le risque de contrepartie étant très négligeable (environ 2%5(*)).

Comment gérer les risques de taux d'intérêt et de change par l'approche ALM ? C'est la question à laquelle nous répondrons à travers ce document en présentant le cadre conceptuel y afférent puis en l'illustrant par l'exemple de la BOAD.

L'objet du présent travail est double : vulgariser l'ALM dans le domaine bancaire et proposer à la BOAD une mesure complémentaire du risque de taux d'intérêt dite mesure de valeur, les autres types de mesures déjà pratiquées étant les mesures de volume et de marge.

Notre volonté de vulgariser l'ALM découle du constat que lorsque l'on parcourt la littérature avisée, on a souvent tendance à voir derrière l'ALM, à tord ou à raison, une affaire de compagnies d'assurance et de banques primaires. Or l'ALM n'est pas seulement l'apanage de ces deux (2) types d'organisations, d'autres entreprises pouvant et devant y recourir. Pis encore, en Afrique les banques primaires tardent à la mettre en oeuvre dans leur gestion des risques. La littérature bancaire, la presse et les moteurs de recherche sur Internet, bien trop pauvres en exemples africains de gestion des risques financiers par une approche ALM, sont là pour l'attester6(*). Ainsi décrire l'expérience satisfaisante de la BOAD, banque au statut particulier, viendrait prouver que, a fortiori, les banques primaires en Afrique, et celles de la zone UEMOA en particulier, peuvent réussir une gestion de type ALM pour leurs risques de taux d'intérêt et de change. Elles y gagneront car l'ALM optimise le couple risque/rentabilité, la rentabilité étant encore le talon d'Achille des banques africaines. D'ailleurs la zone UEMOA n'aligne que deux (2) banques dans le Top 50 des banques africaines par le PNB : Ecobank Transnational Inc. (maison mère) et la Société Générale de Banque en Côte d'Ivoire (SGBCI) respectivement à la 16è et 44è place. Ces deux banques occupent respectivement la 39è et la 72è position dans le classement des 200 premières banques africaines par le total du bilan7(*) de 2004.

En ce qui concerne la proposition de mesure que nous faisons à la BOAD, elle résulte encore d'un autre constat : le risque de change de cette institution pourrait être à terme transféré aux emprunteurs grâce à l'indexation des prêts sur le panier des devises d'endettement de la BOAD8(*). L'exposition de cette dernière à un tel risque serait dès lors négligeable sinon nulle. L'inquiétude portera désormais sur le risque de taux d'intérêt essentiellement. Nous entendons alors proposer à la BOAD une mesure de son risque de taux d'intérêt qui en appréciera l'impact sur la valeur patrimoniale et les fonds propres. Cette mesure viendrait en complément des mesures de volume et de marge, permettant ainsi de mieux cerner, dans sa globalité, le risque de taux d'intérêt encouru par la Banque9(*).

Partant, l'intérêt de notre étude sera à mettre à l'actif de la BOAD pour deux (2) raisons essentielles. D'abord la BOAD, en intervenant sur le marché de l'UEMOA, est de fait en interrelation avec tous les établissements bancaires de la zone. Elle leur prête souvent des ressources par le biais des Accords Cadres de Refinancements (ACR)10(*), ressources dont elle attend un retour sur investissement. Si ces banques savent et peuvent bien gérer leurs risques financiers, elles y gagneront certes mais ce sera tout à l'avantage de la BOAD qui peut être sur de récupérer les ressources placées sur le marché interbancaire. Il y a donc là intérêt à vulgariser l'ALM. Enfin, utiliser la mesure de valeur pour mesurer le risque de taux d'intérêt permettra à la Banque de compléter ses instruments de mesure pour affiner l'analyse et la gestion d'un tel risque et son corollaire d'impact sur la politique commerciale ou d'aide aux décisions stratégiques. Ses décisions ne seront donc plus tributaires d'un seul instrument de mesure du risque de taux d'intérêt.

Pour ce faire, notre travail s'articulera autour de huit (8) chapitres regroupés en deux (2) parties : dans la première, nous aborderons le cadre théorique de l'ALM et des risques. La seconde partie décrira la pratique de l'ALM à la BOAD et nous permettra de proposer une solution complémentaire pour la mesure du risque de taux d'intérêt.

* 2 J.-C. Barreau, « Quelle morale pour aujourd'hui ? », Plon, 1994, cité par Charles de La Baume, André Rousset et Charles-Henri Taufflieb in : « Couverture des Risques de Change et de Taux dans l'Entreprise », Economica, Paris, 1999.

* 3Sophie Gaultier-Gaillard, Jean-Paul Louisot : « Diagnostic des Risques », AFNOR, Saint-Denis-La Plaine, 2004.

* 4 Selon une étude réalisée en 2004 par la Commission Bancaire en France auprès des grands groupes bancaires, seulement 43% des groupes interrogés disposent de systèmes ALM avancés homogènes et couvrant l'ensemble des opérations et entités du groupe. Les autres groupes traitent par exemple le risque de taux d'intérêt global avec une hétérogénéité d'approche et de niveau de détail (voir Banque de France, Revue de la Stabilité Financière, N°6, Juin 2005).

* 5 Le Cabinet Afrique Consulting Group, « Première Edition de la Conférence Internationale Annuelle des Directeurs Financiers et Contrôleurs de Gestion de l'Espace UEMOA,16 et 17 Février 2005 », Lomé, Togo, p.115

Le risque de contrepartie de la BOAD est estimé par : Créances en souffrance nette des provisions/Total encours de prêts à la clientèle.

* 6 La première solution de gestion Actif/Passif en Afrique dans une banque primaire a été mise en oeuvre en 2004 à la Standard Bank en Afrique du Sud par le cabinet américain IPS Sendero (www.ips_sendero.com/about/press).

* 7 Jeune Afrique / L'Intelligent, Hors-Série N° 9, Les 200 - Edition 2005.

* 8 BOAD, « Perspectives Financières Actualisées, 2004-2008 », Décembre 2004, p.22

* 9 Dans la suite de ce document, le terme « Banque » sera très souvent utilisé pour désigner la BOAD.

* 10 Les ACR sont accords par lesquels la BOAD prête une partie de ses ressources excédentaires aux banques primaires pour leur permettre de financer des projets bancables à moyen et long terme.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard