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Communication via les médias à  base de réseaux

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par Marie-Josèphe Couturas
Université Paris 1 Sorbonne - DEA Sciences Politiques 2000
  

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7. Une menace pour le lien social :

Les thuriféraires du Réseau sont marqués voire déterminés par une religiosité qui instaure une véritable dynamique. Elle est non déiste, spiritualiste, dualiste et anti-humaniste. Elle prône l'unification des consciences en "conscience collective" dans un même continuum associant les humains et les "machines intelligentes", la communication permanente, séparation physique et fin de la rencontre directe, rapport de déni à la loi et à la médiation, confusion entre la représentation et le représenté, entre le virtuel et le réel.

7.1 Deux modèles de développement d'Internet :

Opposé à ces "fans", le pragmatisme de tous ceux qui voient dans Internet un outil réellement précieux, mais rien qu'un outil.

Philippe Breton fait l'hypothèse que, à l'aube du XXI ème siècle, la stratégie des premiers est la plus attractive et exerce en tout cas une réelle fascination notamment sur la jeunesse. La nouvelle religiosité remplit d'une certaine façon le même rôle que les utopies révolutionnaires des années soixante et soixante-dix, en captant le désir de changement et en le sortant de l'espace du politique.

Tant que l'option du "tout- Internet" correspondra sur le terrain avec l'ouverture de nouveaux marchés et la perspectives de nouvelles sources de profit dans le monde des actionnaires, le modèle de développement actuellement dominant, construit sur des promesses à la base de son argumentaire grand public et empreint des valeurs du libéralisme, perdurera.

Nous avons affaire à un déploiement en deux temps, où les promesses d'un mieux-vivre et d'un mieux-être permettent d'attirer progressivement les gens vers une nouvelle vision du monde.

7.2 Une information aux limites de la propagande :

La discussion doit bien sûr sortir d'un faux débat "pour ou contre", et porter plutôt sur les différents modèles de développement de cette nouvelle possibilité technique.

Les véritables ressorts du nouveau culte ne sont que très rarement explicités, et les ntic sont présentées sous un angle déterministe. Les réseaux informatiques vont automatiquement changer en profondeur et pour le meilleur nos modes de vie. Un constat : il n'y a pratiquement aucun débat de société sur ces questions.

Une quasi-clandestinité :

Le point de vue anti-humaniste explicite des nouvelles conceptions heurte en général l'opinion. L'idée selon laquelle l'homme est au centre du monde et devrait être la première source de nos préoccupations en tant qu'humains reste fortement implantée au coeur de nombreuses cultures.

La résistance de l'humanisme qui nourrit notre culture est toujours très forte, et le milieu de la cybernétique des années quarante s'y sont cassé les théories au point d'avoir dû passer pratiquement dans la clandestinité.

De nos jours seule la science-fiction permet à la rigueur de passer outre. L'ouvrage de Pierre Lévy, World Philosophie, a, de cette façon, été d'une réception difficile notamment en France.

L'idée selon laquelle les machines pourraient devenir intelligentes, notamment à l'image de l'homme, est certes couramment reprise par les médias, mais elle dépasse rarement le stade de la curiosité scientifique ou de l'utopie exotique. La peur reste bien présente, même au coeur du "phénomène Internet", comme dans le cas du Golem, d'un retournement diabolique contre l'homme. Du coup, la publicité, par exemple, ne se contente jamais d'informer sur les fonctionnalités des produits qu'elle vante, mais tente quasi-systématiquement de leur construire une légitimité, faite le plus souvent d'universalité, de communauté, de liberté et de connaissance.

Chaque transformation d'une activité sociale en une activité prise en charge par le réseau comme le commerce électronique par exemple, est en général évaluée isolément. Chaque étape de l'"internétisation" du monde est en soi fascinante et anodine. C'est l'ensemble qui pose problème.

Une forme de prosélytisme :

Le procédé : matraquage systématique de messages implicites répétés jusqu'à saturation et provoquant l'adhésion à des valeurs du seul fait de leur énonciation, tout en masquant les conséquences de cette adhésion.

"Combien de temps encore, demande à ce sujet Lucien Sfez, allons-nous subir la propagande (le mot est trop faible) de la presse et du gouvernement en faveur d'Internet, huitième merveille du monde, hors de laquelle il n'est point de salut ?"

Passé un certain seuil de diffusion, un objet technique devient indispensable, même s'il n'est pas souhaité et si son usage pose problème. Pour atteindre ce seuil, la publicité vise d'abord les couches sensibles à toutes les formes possiblement applicables de néo-propagande, notamment la jeunesse qui constitue bien sûr toujours une cible privilégiée pour tout ce qui porte la promesse d'un monde nouveau.

L'engouement récent pour la "netéconomie" a montré la puissance de ce discours. De même qu'il faut se connecter au Réseau, il fallait participer à l'économie de ce secteur et rejoindre la Promesse, l'argent étant bien devenu ici une mesure du nouveau monde, argent spéculatif, bulle financière créée en faveur d'une économie frisant en permanence le krach boursier ce qui met en péril bien au-delà de ce petit monde.

La révolution Internet va-t-elle se poursuivre ? :

Le thème de l'"inéluctabilité" de la "révolution Internet" est partie intégrante du discours promotionnel qui a envahi les médias à la fin des années quatre-vingt-dix. Il annonce une révolution des modes de vie et de la société elle-même que rien ne pourra arrêter, en s'appuyant sur un raisonnement déterministe trop intéressé, une sorte de lieu commun.

La numérisation des activités humaines semble une condition sine qua non du développement tous azimuts des médias en réseau, alors que les gisements d'information sont limités ce qui, en toute bonne logique, devrait provoquer un essoufflement.

Robert Cailliau, co-inventeur du web n'hésite pas à déclarer : "Pour parler franchement, je suis un peu déçu. Je ne trouve pas que le web évolue si rapidement. (...) Au fond, c'est toute l'informatique qui souffre d'un non-changement de paradigme. Les ordinateurs vont toujours plus vite, mais il n'y a quasiment pas de nouvelles idées : l'architecture est toujours la même, le fonctionnement aussi."

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984