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Communication via les médias à  base de réseaux

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par Marie-Josèphe Couturas
Université Paris 1 Sorbonne - DEA Sciences Politiques 2000
  

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5.7 La culture de la virtualité réelle prend de plus en plus d'importance :

Elle commence avec l'intégration de la communication électronique, la fin du public de masse et l'essor des réseaux interactifs.

La tension entre communication alphabétique réputée noble et communication sensorielle non réfléchie nourrit l'hostilité des intellectuels envers la télévision laquelle domine la critique sociale des mass médias.

De nos jours se fait l'intégration des différents modes de communication au sein même d'un réseau interactif.

Pour la première fois, un supertexte et un métalangage intègrent dans un même système les modes écrit, oral et audiovisuel de la communication humaine.

Une nouvelle culture s'impose, la culture de la virtualité réelle.

5.7.1 On passe de la galaxie Gutenberg à la galaxie MacLuhan par l'essor de la culture des mass médias :

Dans les deux cas, le public était considéré comme largement homogène ou susceptible d'être rendu homogène. La notion de culture de masse émanant de la société de masse, a été l'expression directe du système de médias résultant de la mainmise des gouvernements et des oligopoles privés sur la nouvelle technologie des communications électroniques.

"La médiocre définition de la télévision oblige le spectateur à combler les interstices de l'image, et donc à s'engager avec davantage d'émotion que ce qu'il voit." (MacLuhan)

Une présence aussi forte qu'omniprésente de sons et d'images aux messages subliminaux devrait avoir des effets considérables sur le comportement social. Cependant, les recherches les plus récentes indiquent le contraire :

"les conclusions répétées de cinquante années aboutissent à mettre en perspective le cycle historique de panique morale que suscitent les nouveaux médias".

Le déferlement de messages publicitaires par le biais des médias semble également avoir une influence limitée. Umberto Eco propose une perspective éclairante pour interpréter les effets des médias : "ils existent (...) selon leurs codes culturels particuliers."

La conséquence de cette analyse est que ce dont nous sommes certains est surtout transmis par l'éducation. Or si les gens disposent d'une quelconque autonomie pour déterminer leur comportement, les messages envoyés par le biais des médias doivent interagir avec leurs récepteurs ; par conséquent, la notion de mass média renvoie à un système technologique bien spécifique et non à une forme de culture, la culture de masse. La télévision structure le langage de la communication sociale, par exemple dans le cas des hommes politiques, de la communication politique et du soutien populaire qu'elle peut leur apporter. Les nouveaux médias permettent un échange plus direct et plus intense entre les acteurs (ex : courrier électronique, homme politique, électeur). Leur limite première semble être le temps que chacun peut y passer, mais les facultés de stockage et de tri de l'information deviennent prépondérante voire conditionnent au passage la formalisation d'une opinion.

En outre si, comme nous le décrit Jean-Marie Cotteret, jusqu'à présent pour se faire élire, il faut avoir accès aux médias, être les plus visibles, les plus apparents, il faut désormais également montrer que l'on domine la technologie c'est-à-dire les nouveaux médias, et grâce à elle se rendre encore plus apparent et surtout disponible, au moins en apparence et cela oblige à quelques résultats pour être réellement crédibles. L'impact social de la télévision opère sur un mode binaire : être ou ne pas être. Dès qu'un message passe à la télévision, il peut être modifié, transformé, voire subverti, mais dans une société organisée autour des communications de masse, les messages extérieurs aux médias ne sont échangés que dans les réseaux interpersonnels, disparaissant ainsi de l'univers collectif.

Le prix à payer pour qu'un message passe à la télévision n'est pas simple affaire d'argent ou de pouvoir : il faut aussi accepter par avance qu'il soit délivré à travers un texte multisémantique à la syntaxe fort relâchée. C'est ainsi que l'information et le spectacle, l'éducation et la propagande, la détente et l'hypnose s'interpénètrent dans le langage télévisuel. Comme le récepteur regarde la télévision dans un contexte familier qu'il maîtrise, tous les messages se fondent dans le cadre rassurant du foyer ou du quasi-foyer (tels les bars où se retrouvent les amateurs de sports, l'un des rares prolongements de la famille qui subsistent encore ...). Cette normalisation des messages qui fait que telles images atroces d'une guerre peuvent à la limite être consommées comme n'importe quelle scène d'un film d'action, a un effet fondamental : le nivellement de tout contenu. Dans la mesure où ils forment le tissu symbolique de notre vie, les médias tendent en effet à agir sur notre conscience et notre comportement à la manière dont l'expérience réelle agit sur les rêves, en fournissant sa matière première à notre cerveau. C'est comme si l'univers des rêves visuels ( l'information - spectacle offert par la télévision) restituait à notre conscience le pouvoir choisir, recombiner et interpréter les images et les sons que nous produisons au travers de nos pratiques collectives ou par nos préférences personnelles. Les médias sont l'expression de notre culture et notre culture fonctionne d'abord avec les matériaux proposés par les médias.

Autre phénomène important, les nouveaux médias et la diversification du public de masse.

Les gens ont également la possibilité d'enregistrer les événements de leur propre vie, depuis les grandes vacances jusqu'aux fêtes familiales, produisant leurs images personnelles par-delà l'album de photos traditionnel. Quelles que soient ses limites cette autoproduction est une expérience qui contredit le flux unilatéral d'images pour valoriser l'expérience vécue et l'écran.

Par exemple, CNN s'est imposée comme le principal producteur d'informations dans le monde entier, au point qu'en temps de crise, dans n'importe quel pays du monde, journalistes et hommes politiques regardent cette chaîne 24 heures sur 24. Ce qui signifie ici une structuration de l'information presque en forme de monopole divergent. Notons cependant l'émergence d'une chaîne arabe (Al-Jazira) à l'occasion des attentats du onze septembre et de la lutte contre le terrorisme.

Les nouveaux médias mettent en jeu un public segmenté et différencié qui, bien que massif par le nombre, n'est plus un public de masse caractérisé par la simultanéité et l'uniformité du message reçu. Les nouveaux médias ne sont plus des mass média, ces appareils spécialisés dans la diffusion d'un nombre limité de messages à un public de masse homogène. La multiplicité des messages et des sources rend le public lui-même plus sélectif. Le public ciblé tend à choisir ses messages, accroissant ainsi sa segmentation et la relation personnelle entre l'émetteur et le récepteur.

En raison de la diversité des médias et de la possibilité de cibler le public, on peut dire que dans le nouveau système ce sont les caractéristiques du message qui façonnent les caractéristiques du média (MacLuhan). Le message du média modèle les différents médias pour des messages différents. Cependant, la diversification des messages et des expressions médiatiques n'implique pas que les grandes entreprises et les gouvernements renoncent à contrôler la télévision ou les nouveaux médias.

Le fait que tout le monde ne regarde pas la même chose en même temps et que le système des médias représente une différence fondamentale avec l'ancien système de mass médias standardisés. La pratique généralisée du "surf" signifie que le public crée ses propres mosaïques visuelles. Si, de fait, les médias sont aujourd'hui globalement interconnectés, nous ne vivons pas dans un village planétaire mais plutôt dans des pavillons construits sur plans, produits à l'échelle mondiale et distribués localement, quitte à sacrifier la solidité qui permettrait de plus résister au temps, il nous faut tout le confort et les services.

En France, communications informatisées, contrôle institutionnel, réseaux sociaux et communautés virtuels, le Minitel et Internet annoncent les "autoroutes de l'information". Côté Internet : la topologie aléatoire des réseaux locaux de fanatiques d'ordinateurs eux-mêmes en aléatoire. Côté Minitel : l'ordonnancement de l'annuaire téléphonique. Ici une tarification anarchique de services incontrôlables, là un système de kiosque qui permet une tarification homogène et une répartition des revenus dans la transparence. D'une part le déracinement et le fantasme des connexions généralisées par-dessus les frontières et les cultures, de l'autre la version électronique de l'enracinement communautaire.

La constellation Internet décrit comme l'épine dorsale de la communication informatisée globale.

L'universalité du langage numérique et la pure logique de mise en réseau du système de communications ont ainsi créé les conditions technologiques d'une communication horizontale globale.

La mise en réseau s'est généralisée lorsque les réseaux locaux et régionaux se sont interconnectés et ont commencé à essaimer partout où il y avait des lignes téléphoniques et des ordinateurs équipés de modems, matériels devenus fort peu coûteux et particulièrement bien vus par les consommateurs.

Le concept du BBS "Bulletin Board Systems" est à l'origine de la formation dans les pratiques de communautés virtuelles dont la culture s'est ainsi très tôt rattaché à l'esprit pionnier.

Il existe aujourd'hui des milliers et des milliers de microréseaux de ce genre qui couvrent toute la palette de la communication humaine depuis la politique et la religion jusqu'au sexe en passant par la recherche.

Le cybermonde du commerce ressemblera ainsi davantage à l'expérience historique des rues marchandes propres à une culture urbaine vivante qu'aux centres commerciaux étalés dans les banlieues anonymes.Depuis la constitution et la diffusion d'Internet et des réseaux de communication toutes sortes de vitrines se sont créées dont certaines n'ont depuis longtemps plus raison d'exister mais qui peuplent encore le réseau par milliers. Malgré un effort constant, dans ces myriades de réseaux et d'interconnexions, il est très difficile d'assurer le secret. Et il est probable que depuis l'usage des cartes de crédit jusqu'à la correction des déviances psychologiques, il reste un très long chemin à parcourir avant d'atteindre un degré de régulation et de sécurité satisfaisant. La culture des usagers de la première génération à l'esprit communautaire et libertaire a façonné le Net en deux directions opposées. De la tentation d'en réduire l'accès à une minorité de passionnés de l'ordinateur, vivant littéralement au sein du cybermonde, demeure la méfiance à l'égard des préoccupations commerciales et la crainte que l'extension illimitée du réseau ait pour contrepartie son envahissement par la misère humaine.

Malgré tous les efforts, la culture des réseaux dominée par la communication aboutit à une société d'individualisation bien au-delà de la geste des premières tribus informatiques.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon