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Leibniz et la physique quantique

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par Mathieu Néhémie
Université de Clermont-Ferrand - Master 1 de Philosophie 2006
  

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3.4.2. Dynamique et mécanique quantique

L'efficacité de la physique classique

Si le système de Leibniz relègue les corps matériels et leur commerce au rang de phénomènes, il leur attribue tout de même une efficacité indéniable. La description métaphysique et ontologique du monde ne peut se faire en terme mécaniste, ni ses objets ni son fonctionnement ne correspondent à rien de physique. Mais, pour ce qui est de la compréhension des objets qui nous entourent et que nous percevons à notre échelle, la mécanique est le moyen le plus efficace de compréhension des évènements. Et cette compréhension a un sens pratique de sorte que l'on peut légitimement penser que Leibniz devait déjà avoir à l'esprit une dualité du type réalisme et positivisme. Bien qu'à la différence de nombreux physiciens de notre temps il laisse les questions ontologiques à la métaphysique, c'est bien la physique et l'empirisme qui seuls peuvent assurer la bonne marche de la science dans une optique positiviste. Autrement dit, le réalisme est métaphysique et concerne la réalité indépendante, tandis que le positivisme traite des phénomènes et porte sur la réalité empirique. Le cloisonnement qui sépare ces deux types de réalité et qui nous voile le réel fondamental, explique que le positivisme arrive toujours plus facilement à ses fins que le réalisme.

Si Leibniz reprend donc une mécanique de type cartésienne, il la modifie pour en faire une dynamique. Nous avons déjà remarqué les erreurs que présente le modèle leibnizien par rapport à son concurrent newtonien, mais aussi qu'elles ne remettent pas fondamentalement en cause ses grands principes. Ainsi Leibniz a-t-il vu juste en distinguant la force du mouvement. Cela permet de mettre en accord, peut-être pas les lois qu'il énonça précisément, mais les principes de la dynamique de Leibniz avec ceux de la physique classique arrivée à maturité. Celle-ci traite comme des phénomènes hétérogènes les objets de type corpusculaire et les entités de type ondulatoire. Ces deux genres de phénomènes correspondent assez bien, moyennant quelques ajustements qu'il n'y a pas lieu de traité ici, à la distinction que fait Leibniz entre les corps et la force qu'ils se communiquent. Le fonctionnement des corps et celui des ondes font chacun l'objet d'une théorie physique différente, et cette séparation fait également preuve d'une grande efficacité, bien que la physique quantique réunisse phénomènes corpusculaires et phénomènes ondulatoires dans un formalisme qui décrit par les mêmes principes le comportement de toutes les entités microscopiques. Dés le commencement de l'expérience quantique et la création de ses premiers outils, les pères fondateurs entreprirent avec succès de refonder les lois de la physique classique sur la base de ces nouveaux acquis (c'est à cette occasion que la théorie quantique reçut la dénomination de `'mécanique''). Cependant, encore aujourd'hui, ce sont les équations de Newton, concernant la mécanique, et celles de Maxwell, pour l'électrodynamique, que l'on utilise encore pour prédire le comportement des entités macroscopiques correspondantes.

On peut donc remarquer que l'efficacité qu'accorde Leibniz à une physique classique est similaire à celle que la science moderne lui conserve également. Lorsque Leibniz suggéra que la réalité fondamentale ne devait pas obéir au type de fonctionnements que la physique décrit, la réforme qu'il proposa n'alla pas jusqu'à la remise en cause totale de celle-ci. De la même manière les déconcertantes découvertes de la naissante physique quantique ne pouvait pas rendre caduque l'efficacité prédictive des théories physiques classiques. Dans les deux cas, seule les conclusions ontologiques qui pouvaient être traditionnellement tirées de ces théories furent mises en échec.

Un fonctionnement hétérogène à l'échelle microscopique

L'autre point sur lequel s'accordent le système leibnizien et la physique quantique est directement lié à l'efficacité strictement phénoménale dont fait preuve la physique classique. Il s'agit du fait qu'à une échelle inférieure au macroscopique, des règles très différentes de la mécanique et de l'électrodynamique doivent être construites pour expliquer le fonctionnement de la réalité. Pourtant, ce sont par des voies radicalement différentes que la théorie de la substance et la théorie quantique en viennent à la nécessité d'un tel fonctionnement hétérogène pour rendre compte des détails de la matière.

C'est par des considérations métaphysiques que nous avons précédemment traitées que Leibniz en vient à la conclusion que les substances simples qui constituent la réalité fondamentale ne peuvent obéir à des principes physiques. La logique doit faire déduire l'indivisibilité et l'inétendue de ces substances et aucun commerce ne peut alors être pensé entre eux dans un paradigme mécaniste. Le cogito nous fournit la seule véritable expérience d'une substance ontologiquement constituée et il faut dés lors imaginer toute substance à son image. De plus, une âme a le mérite de connaître changement et multiplicité sans être étendue ni divisible. La théorie de la communication entre les substances que Leibniz construit alors est radicalement différente d'une mécanique ou d'une physique mais permet tout de même de rendre compte des apparences corpusculaires que nous connaissons.

Le cheminement de la physique quantique est radicalement différent car il est essentiellement empirique. Les schèmes de pensée corpusculaires qui imprégnait l'essentiel de la communauté des physiciens trouvèrent leurs limites lors de la construction même du formalisme quantique. Des grilles de lecture issues de la physique classique furent d'emblée appliquées aux phénomènes microscopiques qui se présentèrent aux scientifiques, mais leur échec ne fit que mettre mieux en évidence l'originalité qui caractérise cette nouvelle classe de phénomènes. Si de nombreux physiciens font encore preuve d'une certaine réticence en tentant, notamment par des théories à variables supplémentaires, de maintenir des notions classiques pour décrire les entités quantiques, le point de vu orthodoxe tire comme conclusion des particularités de la théorie quantique que les principes de la physique classique doivent être remplacés par des notions originales et propres à la microphysique, pour garantir sa cohérence interne.

Le système de Leibniz et la physique quantique s'accordent donc bien pour limiter le champ d'application des concepts de la physique classique au monde macroscopique. Ils n'aboutissent pourtant pas à cette conclusion de la même manière. Leibniz déduit cela de la logique et de l'expérience métaphysique de notre conscience, tandis que la physique quantique la déduit bien malgré elle de l'analyse de ses objets expérimentaux. L'analogie entre leurs conclusions s'arrête pourtant là car si la théorie de la substance éjecte toutes les notions physiques pour les placer tout entières dans le phénoménal, la théorie quantique revendique encore le statut de physique car elle maintient toujours un certain dualisme de type cartésien. En effet le but de la physique quantique demeure, en général et même chez les physiciens d'obédience positiviste, l'étude d'une réalité différente de notre expérience psychique interne. L'abandon du concept de corps matériel doit modifier le dualisme cartésien esprit/matière en esprit/quelque chose, mais le principe de base reste maintenu, il s'agit d'étudier une réalité extérieure. Les difficultés que présente le problème de la mesure aux physiciens témoignent d'ailleurs bien de leur désire d'exclure tout référence spirituelle de la science. De plus, rappelons que si Leibniz recherche directement les existences fondamentales en tentant de dépasser notre expérience particulière par la considération des vérités nécessaires, la physique quantique poursuit une entreprise empirique dont on peut penser qu'elle ne peut logiquement pas atteindre ces existences. Pourtant, comme il sied à la rigueur leibnizienne, nous pouvons juger que les découvertes empiriques de la théorie quantique tendent à valider l'abandon des notions de physique classique qu'opère la théorie leibnizienne de la substance ; alors qu'elles contredisent le type de généralisation ontologique qu'en fait Descartes.

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