INTRODUCTION GENERALE
A. Considérations sur l'objet
1.
Présentation du sujet.
Dès la fin de la guerre froide symbolisée par la
chute du mur de Berlin en 1989 et la balkanisation de l'URSS en 1990 - 1991,
les Etats-Unis ont décidé d'étendre leur influence en
Afrique noire ; retirant ainsi aux anciennes puissances coloniales le
permis de sous-traitance stratégique. L'Afrique dont les
afro-pessimistes disaient qu'elle est source de désordre, facteur de
nuisance et n'ayant aucun intérêt stratégique trouva
grâce aux yeux des Etats-Unis qui entreprirent d'y établir leur
civilisation. Dès le début de la décennie 1990, les
discours des officiels américains avaient comme leitmotiv la
démocratie et le développement de l'Afrique. Le 25 avril 1990 M.
Herman COHEN alors secrétaire d'Etat adjoint chargé des affaires
africaines déclarait : «Reformes politiques et
économiques sont étroitement liées à la croissance
et au développement en Afrique » (Afrique
Etats-Unis N°9 du 15 juin 1990). Le 27 octobre 1991, Nancy
KASSEBAUM ; sénatrice à Washington considérait que
l'Administration américaine devrait coopérer avec les Africains
pour créer les conditions propices à l'épanouissement de
la démocratie. Le 10 octobre 1996, le Secrétaire d'Etat M.
WARREN CHRISTOPHER prononçait à ADDIS-ABEBA un discours lors du
sommet de l'O.U.A. Il disait en substance que la démocratie est la seule
condition pour le développement durable en Afrique. Parallèlement
aux discours officiels, la promotion de la démocratie se faisait sur le
terrain au travers des relais du NED (New Endowment for Democracy). Les
Etats-Unis s'impliquèrent dans la transition démocratique en
Afrique de l'Est, dans la révolution Sud-africaine qui permit la
libération de Nelson MANDELA ainsi que son accession au pourvoir. Ils
agirent également dans les événements qui ont
entraîné la chute de MOBUTU (DIAMOND, 1997). Au Cameroun
notamment, Frances COOK s'investit beaucoup dans la promotion de la
démocratie en s'intéressant aux élections
présidentielles d'octobre 1992 ; ce qui lui valut la convocation le
19 octobre 1992 au ministère des relations extérieures (Marc
YARED « Frances Cook, ambassadeur tout-terrain » in
Jeune Afrique N° 1660 - 1661 du 29 octobre et au
11 novembre 1992. P. 8).
Dès son accession à la magistrature
suprême en 2000, le président G.W. BUSH adopta la politique
africaine de son prédécesseur (BAGAYOKO-PENONE, 2004). Cependant,
compte tenu des priorités de la Maison Blanche qui étaient
d'ordre énergétique, le Golfe arabo - persique a fait
légèrement ombrage à l'Afrique. En effet, l'Administration
U.S qui faisait face à une crise énergétique,
préconisa l'exploitation massive des réserves extérieures
et la conservation. Or, les intérêts pétroliers
américains à cette époque étaient très
importants dans le Golfe persique (BONIFACE, 2002).
Le 16 mai 2001, le président BUSH annonce son intention
de réunir au mois d'octobre de la même année aux USA les
chefs d'Etats de trente cinq (35) pays africains. A ce moment précis, la
politique africaine de George BUSH vise à s'appuyer sur des Etats
pivots (anchor-states) dans chaque sous région et s'articuler autour de
trois points : lutte contre le SIDA, résolution des conflits et
démocratisation du continent. (Sylvie Deroche « les 3 piliers
africains de G.W. BUSH » in Jeune Afrique
l'Intelligent N° 2106 du 22 au 28 mai 2001. PP. 12-13). La
démocratisation s'inscrit alors dans la politique africaine des
Etats-Unis dans le but d'exporter la civilisation américaine. Comme le
disait Robert STRAUSZ-HUPE: « Given their passion for democracy,
Americans are not comfortable when they are forced to contemplate a U.S foreign
policy that does not seem to advance democracy (STRAUSZ-HUPE 1995: 126). Dans
cette optique donc, la promotion de la démocratie comme objectif de
politique étrangère américaine s'explique par le souci de
cohérence entre l'opinion interne et la politique
étrangère.
Mais, surviennent les attentats du 11 septembre 2001 qui
imposent un réaménagement de la stratégie
américaine dans le monde. La sécurité nationale passe
désormais devant toutes les priorités et elle exige la lutte
contre le terrorisme et la recherche de sources pétrolifères
alternatives.
La promotion de la démocratie s'inscrit dès lors
dans une double logique à savoir : projeter la culture
américaine et préserver la sécurité nationale des
Etats-Unis. Pour l'Afrique en général et le Cameroun en
particulier, la démocratie devient un argument important dans la
préservation de l'intérêt national américain.
D'où le thème : « la politique
américaine de promotion de la démocratie au Cameroun après
le 11 septembre 2001 ».
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