1.1.- Le tambour à membranes, ngoma35:
Le tambour, ngoma, est fabriqué à
partir d'un tronc d'arbre évidé. Il a l'une des deux
extrémités qui est recouverte d'une peau tendue qui sert à
la communication, à la transmission des messages et, l'autre, de
support. Il peut-être sculpté ou non. Cet instrument est
joué pour
diverses raisons : annoncer un événement heureux
ou malheureux (naissances, mariages, décès, arrivée d'une
autorité politique, administrative ou militaire, etc). Ces tambours sont
des instruments sacrés et leur fabrication doit se conclure par une
bénédiction36 pour en assurer la qualité
sonore. Dans les localités de Kimbédi, M. Jacques Mouhouelo notre
informateur, nous avait confié ce que:
34 Ricinodendron africanum ou chlorophora exelsa de la famille
des Euphorbiacée= Mungo ngoma : arbre qui sert à la fabrication
des tambours à membrane ou à fentes, A.Mouandza, Civilisation
traditionnelle des Minkéngé de Mouyondzi : essai
d'ethno-histoire, Mémoire de Maîtrise d'Histoire,
Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1975, p.181.
35Le ngoma kongo est l'équivalent du
baandi suundi
36J.Mouhouelo (71 ans), Entretiens sur les moyens
de communication traditionnels dans le département du Pool, village
Kimbédi, 9/05/2004. (sources orales n°2).
Le fabricant, après avoir invo qué l 'esprit
protecteur de la forêt, arrose le sol de vin de palme, nsamba, ainsi que
les membranes des tambours. Il trace sur ceuxci des signes avec un cierge
allumé et récite les paroles de bénédiction
suivantes :
1./Marie/ngoma /nge /wedi
/muti /wamunene /ku /sangi /.
/Marie/ngoma /toi /être
/arbre /de grand/dans /forêt
/.
2. /M'lemvo /nitakuloma /bu
/nakutabudi /.
/Pardon/moi/toi/demander/quand
/moi /couper /toi /.
3. l ka l nasidibo l nabuzitu l
buansoni l.
lMais lmoi lfaire lcela
lavec lrespect ltout l.
4. lNakuneti lku lnzo /ya
/meno /ku /nakuwubudi /
/Moi /toi /amener /maison
/pour/moi /où /toi /trouer
/toi /.
5. l Na lbunkete lmpe l
na l luzabu l bia lnabeki l.
lAvec lhabileté l et l
expérience l moi lacquérir l.
6. l Mu l sala l nge l ngoma
l.
lPour l faire ltoi l goma
l.
7. lNge l nita llomba lwa wakisa
l kiwono l kia m 'bote l.
/Toi/moi/demander/toi /parler
/avec /voix /de bien /.
8. /Mu /ntagu /zansoni
/zibasika /tukabuawubu /.
/Soleil ltout lbattre ltoi
lmaintenant l.
Nous avons opté pour une traduction littéraire:
1. Marie-ngoma, tu étais un grand arbre dans la
forêt.
2. Je te demande pardon de t 'avoir coupé.
3. Mais je l 'ai fait avec respect.
4. Je t 'ai apporté près de ma case où
je t 'ai troué.
5. Avec l 'habileté et l 'expérience que j 'ai
acquises.
6. Pour faire de toi un tambour.
7. Je te demande de résonner d 'un bon son.
8. Chaque fois que l 'on te battra à partir de
maintenant.
La fabrication et le creusage des tambours sont des
opérations minutieuses et ingénieuses. Certains tambours,
légers, sont transportables sous les bras (tambours d'aisselles)
grâce aux lanières que le joueur utilise pour les porter. Ils ont
les deux faces recouvertes d'une peau d'antilope, de chèvre, ou de
mouton. D'autres membranophones, longs et plus lourds, n'ont par contre, qu'une
face couverte. Celle qui ne l'est pas sert de support.
Ainsi, pour mieux communiquer ou émettre les messages,
le batteur est tenu de se placer soit sur une colline, soit sur un plateau afin
de leur donner plus d'effet.
Dans le folklore koongo, on assemble souvent plus d'un tambour
de sorte que le gros tam-tam (nguri-ngoma) soit accompagné de quatre
tambours (mâle et femmelle) et de deux petits tambours (bala ba ngoma).
Faute de spécialistes, cet instrument, comme bien d'autres, est en train
de disparaître. Aujourd'hui, il est fabriqué à l'aide des
tonnelets métalliques, de forme cylindrique, auxquels on applique, sur
l'une des faces, une peau d'animal.
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