WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les moyens de communication traditionnels en zone rurale dans l'espace culturel koongo: cas du département du Pool

( Télécharger le fichier original )
par Jean-Claude MOUSSOKI
Université Marien-N'gouabi de Brazzaville - Diplôme d'Etudes Approfondies 2003
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.2. Le tambour sur pieds ou tambour sur cadre, petenge:

C'est un tambour de forme rectangulaire qui repose sur deux pieds. Pourvu d'une peau de chèvre, de mouton ou d'antilope, le petenge, se joue à l'aide des mains. Il est mis à contribution au cours de diverses

manifestations pour accompagner les chansons récréatives, les chansons solennelles (sacrées ou profanes) et les chansons idéologiques37.

1.3. Le tambour à friction, nkwiti ou mukuiti38

A la différence des deux premiers tambours (le ngoma et le petenge), le nkwiti ou mukuiti est un tambour à friction. Il comprend un cylindre dont l'une des faces est recouverte d'une

peau tendue et clouée. A l'intérieur, on dissimule une tige de bois ou une chaire de bambou. Elle est solidement attachée au ventre de la membrane. Sur cette tige, on imprime des mouvements. En vibrant, elle émet des sons. Le musicien avant de prendre la tige, mouille d'abord sa main avec de l'eau, l'une des deux mains presse plus ou moins fort la peau du tambour, pendant l'exécution pour en modifier la tension et produire ainsi les sons désirés. Cet instrument est davantage utilisé lors des danses et des cérémonies religieuses.

Avant de jouer ces membranophones (le ngoma, le mukwiti, et le petenge), dans le but d'émettre de meilleurs sons, il est judicieux de les réchauffer, soit aux rayons solaires, soit au feu. Aussi, le petenge, fut-il le

37 A.Bogniaho, « A la découverte de la chanson populaire au Bénin », Itinéraires et contacts des cultures, vol.8, Paris, L'harmattan, 1988, pp.84-88

38 Le mukwiti ou nkwiti Lari, Kongo et Suundi du Pool est l'équivalent au kingulu ngulu chez les Suundi des départements de la Bouenza et du Niari.

premier instrument de musique à avoir été introduit dans la musique religieuse39.

1.4. Le tambour à fentes, mukonzi40 :

Il a la particularité d'être à la fois un membranophone à fentes et un idiophone par percussion ou tambour de bois. Il s'agit d'un tambour à fentes, une variété de balafon, fabriqué à base d'un tronc d'arbre évidé avec l'herminette, lukwetu. On pratique une fente sur presque toute la longueur et sur quelques centimètres de large. Les parois ou lèvres sont d'épaisseurs variables.

Le mukonzi est un idiophone par percussion qui, tenant compte de son poids et de sa taille, est soit sur élevé, soit fixe ou cloué au sol : le munkunku41. Il est frappé à l'aide des verges ou baguettes de bois, mikomoto, par un ou plusieurs batteurs, bisiki. Certains modèles de tambours à membranes sont en revanche portatifs, c'est le cas du lokolé plus présent en République démocratique du Congo, mais que les évangélistes du Pool utilisent lors des messes. C'est ainsi qu'en 1910, le

39 J. Mouhouélo, op.cit. (sources orales n°2).

40 Le mukonzi chez les Kongo est l'équivalent du nkonkô chez les Suundi de Boko-Songho et du kul chez les Bakouélé dans le département de la Sangha

41 Bileko-Mayoukou (né vers 1937), Entretiens sur les bizonzolo dans le département du Pool avant et après l'indépendance du Congo, Village Matsoula, district de Mbanza-Ndounga, 21/06/2004. (sources orales n°6).

missionnaire suédois le Révérend Pasteur Hamar42, arrivé au canton de Madzia (village Manga), avait souhaité voir cet instrument véhiculer des messages de joie du genre:

1. /Tuende / no /ku /nzambi /.
/Aller /nous /chez /Dieu /.

Ce qui, littéralement, veut dire: Allons à la rencontre de Dieu. C'est une invite faite à l'endroit des fidèles pour se rendre à l'église et rencontrer l'Etre suprême, le Nzambi a mpûngu, plutôt que de continuer à véhiculer et à répandre des messages de tristesse tel que:

1. /Nzambi /bongele /nzambi /bongele /nzambi /bongele /. /Dieu/prendre /Dieu/prendre /Dieu/prendre /.

Ce message veut dire qu'une autorité, un homme, une femme ou un enfant de la communauté est mort (e).

Il y a trente ans encore, au même titre que les cloches et le ngongi, le mukonzi était utilisé les dimanches pour demander aux fidèles d'aller à l'église. On le jouait deux fois avec des rythmiques que seuls les initiés étaient capables de décrypter : le premier coup signifiait que l'heure du culte était proche, et le second, annonçait le début du culte. Aujourd'hui, les magnétophones et mégaphones l'ont, partiellement, supplanté. Il est l'instrument qui ne puisse émettre que deux sons, difficilement trois : la fente d'en haut, l'aigu ; et celle d'en bas, le grave et, sert à la communication ou à la transmission des messages sur de longues distances.

42 Le Révérend Pasteur Hamar, cité par Bileko-Mayoukou (sources orales n°6).

Mais, la fabrication des membranophones, dans le département du Pool, ne serait-elle pas liée à tout un « symbolisme cosmique »43 fondé sur l'opposition des deux sexes ?

La symbolique des tambours à fentes nous confiait, M. Jacques Mouhouelo, s'apparente dans tous les cas à celle décrite par Francis Bebey lorsqu'il écrit:

Le tambour peut-être l 'équivalent de l 'homme (d 'un homme supérieur, en fait, puisqu 'il est lui, capable de parler haut et loin, pour envoyer des messages), il reçoit de la part de la femme un respect similaire à celui que la femme porte à

l 'homme lui-même. Et, de même que celle-ci n 'irait pas à battre son homme en public, même si elle peut le faire dans l 'intimité, de même elle évitera de battre un tambour sur la place du village. Il faut du reste signaler que l 'évolution des églises chrétiennes d 'Afrique Noire, l '«Africanisation » de la messe catholique, ou de la chorale chez les protestants font assister à des spectacles tels que celui de la femme jouant un tambour dans les églises. Ce qui ne laisse pas de choquer certains africains qui tolèrent difficilement l 'introduction au sein de

l 'église de ces instruments considérés pendant des générations comme indigènes dans les lieux saints.44

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault