1.2. Le tambour sur pieds ou tambour sur cadre, petenge:
C'est un tambour de forme rectangulaire qui repose sur deux
pieds. Pourvu d'une peau de chèvre, de mouton ou d'antilope, le
petenge, se joue à l'aide des mains. Il est mis à
contribution au cours de diverses
manifestations pour accompagner les chansons
récréatives, les chansons solennelles (sacrées ou
profanes) et les chansons idéologiques37.
1.3. Le tambour à friction, nkwiti
ou mukuiti38
A la différence des deux premiers tambours (le ngoma et
le petenge), le nkwiti ou mukuiti est un tambour à
friction. Il comprend un cylindre dont l'une des faces est recouverte d'une
peau tendue et clouée. A l'intérieur, on
dissimule une tige de bois ou une chaire de bambou. Elle est solidement
attachée au ventre de la membrane. Sur cette tige, on imprime des
mouvements. En vibrant, elle émet des sons. Le musicien avant de prendre
la tige, mouille d'abord sa main avec de l'eau, l'une des deux mains presse
plus ou moins fort la peau du tambour, pendant l'exécution pour en
modifier la tension et produire ainsi les sons désirés. Cet
instrument est davantage utilisé lors des danses et des
cérémonies religieuses.
Avant de jouer ces membranophones (le ngoma, le mukwiti, et le
petenge), dans le but d'émettre de meilleurs sons, il est judicieux de
les réchauffer, soit aux rayons solaires, soit au feu. Aussi, le
petenge, fut-il le
37 A.Bogniaho, « A la découverte de la chanson
populaire au Bénin », Itinéraires et contacts des
cultures, vol.8, Paris, L'harmattan, 1988, pp.84-88
38 Le mukwiti ou nkwiti Lari, Kongo et Suundi du Pool est
l'équivalent au kingulu ngulu chez les Suundi des départements de
la Bouenza et du Niari.
premier instrument de musique à avoir été
introduit dans la musique religieuse39.
1.4. Le tambour à fentes, mukonzi40 :
Il a la particularité d'être à la fois un
membranophone à fentes et un idiophone par percussion ou tambour de
bois. Il s'agit d'un tambour à fentes, une variété de
balafon, fabriqué à base d'un tronc d'arbre évidé
avec l'herminette, lukwetu. On pratique une fente sur presque toute la
longueur et sur quelques centimètres de large. Les parois ou
lèvres sont d'épaisseurs variables.
Le mukonzi est un idiophone par percussion qui,
tenant compte de son poids et de sa taille, est soit sur élevé,
soit fixe ou cloué au sol : le munkunku41. Il est
frappé à l'aide des verges ou baguettes de bois, mikomoto,
par un ou plusieurs batteurs, bisiki. Certains modèles de
tambours à membranes sont en revanche portatifs, c'est le cas du
lokolé plus présent en République
démocratique du Congo, mais que les évangélistes du Pool
utilisent lors des messes. C'est ainsi qu'en 1910, le
39 J. Mouhouélo, op.cit. (sources orales n°2).
40 Le mukonzi chez les Kongo est l'équivalent du
nkonkô chez les Suundi de Boko-Songho et du kul chez les
Bakouélé dans le département de la Sangha
41 Bileko-Mayoukou (né vers 1937), Entretiens sur les
bizonzolo dans le département du Pool avant et après
l'indépendance du Congo, Village Matsoula, district de
Mbanza-Ndounga, 21/06/2004. (sources orales n°6).
missionnaire suédois le Révérend Pasteur
Hamar42, arrivé au canton de Madzia (village Manga), avait
souhaité voir cet instrument véhiculer des messages de joie du
genre:
1. /Tuende / no /ku
/nzambi /. /Aller /nous /chez
/Dieu /.
Ce qui, littéralement, veut dire: Allons à la
rencontre de Dieu. C'est une invite faite à l'endroit des fidèles
pour se rendre à l'église et rencontrer l'Etre suprême, le
Nzambi a mpûngu, plutôt que de continuer à véhiculer
et à répandre des messages de tristesse tel que:
1. /Nzambi /bongele /nzambi
/bongele /nzambi /bongele /.
/Dieu/prendre /Dieu/prendre
/Dieu/prendre /.
Ce message veut dire qu'une autorité, un homme, une
femme ou un enfant de la communauté est mort (e).
Il y a trente ans encore, au même titre que les cloches
et le ngongi, le mukonzi était utilisé les
dimanches pour demander aux fidèles d'aller à l'église. On
le jouait deux fois avec des rythmiques que seuls les initiés
étaient capables de décrypter : le premier coup signifiait que
l'heure du culte était proche, et le second, annonçait le
début du culte. Aujourd'hui, les magnétophones et
mégaphones l'ont, partiellement, supplanté. Il est l'instrument
qui ne puisse émettre que deux sons, difficilement trois : la fente d'en
haut, l'aigu ; et celle d'en bas, le grave et, sert à la communication
ou à la transmission des messages sur de longues distances.
42 Le Révérend Pasteur Hamar, cité par
Bileko-Mayoukou (sources orales n°6).
Mais, la fabrication des membranophones, dans le
département du Pool, ne serait-elle pas liée à tout un
« symbolisme cosmique »43 fondé sur l'opposition
des deux sexes ?
La symbolique des tambours à fentes nous confiait, M.
Jacques Mouhouelo, s'apparente dans tous les cas à celle décrite
par Francis Bebey lorsqu'il écrit:
Le tambour peut-être l 'équivalent de l
'homme (d 'un homme supérieur, en fait, puisqu 'il est lui, capable de
parler haut et loin, pour envoyer des messages), il reçoit de la part de
la femme un respect similaire à celui que la femme porte
à
l 'homme lui-même. Et, de même que celle-ci n
'irait pas à battre son homme en public, même si elle peut le
faire dans l 'intimité, de même elle évitera de battre un
tambour sur la place du village. Il faut du reste signaler que l
'évolution des églises chrétiennes d 'Afrique Noire, l
'«Africanisation » de la messe catholique, ou de la chorale chez les
protestants font assister à des spectacles tels que celui de la femme
jouant un tambour dans les églises. Ce qui ne laisse pas de choquer
certains africains qui tolèrent difficilement l 'introduction au sein
de
l 'église de ces instruments
considérés pendant des générations comme
indigènes dans les lieux saints.44
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