3.- Les aérophones ou instruments à vent et
à air
Est désigné sous le nom d'aérophone, tout
instrument fonctionnant avec de l'air, non pas parce qu'on souffle comme c'est
le cas la plupart du temps, mais parce que la matière sonore vibrante
c'est l'air. A la différence des membranophones, les aérophones
sont à l'image des idiophones des
54 Mampuya Mam'si, J'apprends seul la sansa,
Brazzaville, Ed. Bakoub, 1991, p.6.
instruments qui servent à transmettre des messages sur
de petites distances. Dans le Pool, on utilise une gamme variée
d'aérophones parmi lesquels : les trompes traversières en ivoire
ou cornes (mpûngi), les sifflets (nsiba, kiluelue) et le fusil de chasse
(finkila) ou (buta).
3.1.- La trompe traversière en ivoire,
mpûngi55:
Hier, ce cor, de défense d'éléphant, et
aujourd'hui, d'antilope ou encore de certains mammifères, est
utilisé comme moyen de communication pour les petites distances. Quand
on le sonne, c'est signe que la paix, que la tranquillité publique sont
perturbées et que l'on convoque un rassemblement, une conférence
en vue de les
rétablir. Le mpûngi a aussi la vertu
d'accorder le droit d'asile, voire la naturalisation aux hommes et aux femmes
non originaires de la région. Il suffit, au demandeur d'asile, de :
Toucher, conformément à la
réglementation, le mpûngi appartenant à la famille de la
personne sous la garde de laquelle il veut désormais vivre pour devenir
membre presque à part entière.56
Le mpûngi comporte un orifice vers
l'extérieur effilé dans ce trou, on souffle fort pour
dégager un son à la base béante de l'instrument.
55 Mpûngi dérive du verbe koongo vûnga,
hunga, ghûnga, wunga qui veut dire souffler. Mais il signifie aussi
paître, garder, surveiller les animaux ; il est l'emblème qui
symbolise la Paix, la Liberté, écrit Batsikama Ba Mampuya ma
Ndawla Raphael, L'Ancien royaume du Congo et les Bakongo : Ndona
Béatrice et voici les jagas : séquences d'histoires populaires,
Paris, L'harmattan, 1999, p.233.
56 ibid., p.234.
3.2.- Les sifflets:
D'après M. Bileko-Mayoukou :
Il a existé dans le département du Pool des
individus capables de transmettre de longs messages assez précis
à l 'aide des sifflets, principalement de nuit,
d 'une rivière à une autre, d 'un grand fleuve
à un autre, en imitant le chant
d'oiseaux nocturnes (...).57
Ainsi, le sifflet, par rapport au tambour à fentes,
joue une fonction modeste de communication. Dans le même ordre
d'idées, Dominique Remondino écrit :
Le moyen de téléphone rupestre le plus puissant
est le tambour à fentes, avant le sifflet, la trompe et même le
langage crié.58
Mais, en parlant du sifflet, Marie-Louise Bastin le
caractérise en ces termes:
Il sert à appeler les gens. A les rappeler de la
brousse pour qu 'ils reviennent
au village, pour demander de l 'aide aux compagnons lors
de la chasse (...). Mais les sifflets sont aussi utilisés en temps de
guerre, pour marcher au combat en faisant le plus de bruit possible pour
intimider l 'ennemi.59
Il y a, dans le département du Pool, divers types de
sifflets : en corne d'animaux, en noix évidées, en pointes de
crabes ou en cornes de vache. Ceux-ci sont utilisés pour transmettre des
messages et véhiculer des signaux codés connus de la
communication linguistique, préalablement,
57 Bileko-Mayoukou, op. cit. (sources orales n°6).
58 D. Remondino, « Sifflets tschokwe instruments de message,
objets de prestige », Art Tribal, n°02, AvrilJuin 2003,
p.100.
59 M.L.Bastin cité par D. Remondino, ibid, p .100.
définis au sein d'un groupe d'individus. Ils constituent
un véritable langage calqué sur le langage articulé. Deux
types de sifflements ont été recensés:
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