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Débat autour du concept de journalisme de paix

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par Charline Burton
Université Libre de Bruxelles - Licence en information et communication 2006
  

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Table des matières

Table des matières 1

Introduction 3

1. Approche théorique du journalisme de paix 6

1.1. Journalisme proactif : définition 7

1.1.1. Le concept 7

1.2. Les règles du journalisme proactif 10

1.2.1. Traitement médiatique 10

1.2.2. Petite leçon de vocabulaire... 12

1.2.3. Exemple 13

1.3. Les critiques 15

1.3.1. Critique de l'instrumentalisation du journalisme 15

1.3.2. Critique du journalisme de paix 16

1.3.3. La question de la pérennité des projets mettant en oeuvre le journalisme

proactif 19

1.4. Applications sur le terrain de ces notions 20

1.4.1. Présentation de quelques ONG significatives 20

1.4.2. Présentation de deux projets significatifs 22

1.5. Conclusion 28

2. Le cas du Burundi 29

2.1. Situation des médias au Burundi 32

2.1.1. Historique 32

2.1.2. Paysage radiophonique burundais 36

2.1.3. Présentation des radios privées du Burundi 40

2.1.4. Les studios de production radiophoniques 47

2.2. Le journalisme de paix au Burundi 56

2.2.1. Les types de production 57

2.2.2. Une autre forme de proactivisme 86

3. Réflexions sur l'opérationnalité concrète du journalisme de paix 88

Conclusion 98

Bibliographie 102

Annexes 107

Chronologie politique du Burundi 108

Les entretiens 111

Les grilles de programmation des radios étudiées 149

Enquête 158

Loi N° 1/025 du 27 novembre 2003 régissant la presse au Burundi 168
Rapport de la commission chargée d'étudier les avantages fiscaux à accorder à la

presse au Burundi 179

Introduction

« Les médias ne peuvent pas rester neutres face aux enjeux de la paix ». Cette affirmation est le principe de base d'une théorie du journalisme relativement nouvelle : le journalisme de paix. Tout comme d'autres ont utilisé le journalisme dans un but de développement des nations du tiers-monde (journalisme de développement), certaines ONG's utilisent aujourd'hui les concepts du journalisme de paix pour essayer d'atténuer les haines dans les pays qui sont ou ont été le théâtre de violences et de conflits.

Le journaliste peut-il, doit-il mettre sa plume au service d'une paix durable ? Doit-il diriger sciemment ses productions pour oeuvrer à une cohabitation pacifique ? Certains le revendiquent haut et fort et des initiatives allant dans ce sens ont foisonné dans divers endroits du globe, en réponse à des situations tout aussi diverses. D'autres brandissent les principes d'objectivité et de neutralité en étendard pour rejeter l'idée en bloc. Les débats entre partisans et détracteurs du journalisme de paix - ou journalisme proactif - sont souvent passionnés, parfois constructifs. C'est cette faculté qu'a la théorie du journalisme de paix d'engendrer des controverses chez les professionnels des médias qui nous a poussé à choisir celle-ci comme objet d'étude de ce mémoire.

Le présent travail aspire à aller au-delà du débat d'idée sur le rôle que doit jouer le journaliste dans les processus de sortie de crise, et se propose de se pencher sur l'opérationnalité concrète du journalisme de paix. L'objectif de ce mémoire n'est donc de chercher à savoir si oui ou non le rôle du journaliste est de touj ours chercher à favoriser la paix au travers de ses productions médiatiques. Le but recherché est l'analyse critique de la faisabilité du journalisme de paix : une structure médiatique qui suit ce modèle peut-elle être fonctionnelle ? Si oui, peut-elle l'être à long terme ? Quelle sera son influence sur les autres acteurs du paysage médiatique environnant lors de son implantation et de son retrait ?

La méthodologie choisie pour réaliser l'étude est mixte puisqu'elle mêle recherche de sources pour la partie théorique et recherche de terrain pour la partie pratique. Il semblait primordial pour cette étude de mêler les deux approches, afin de dégager un maximum

d'informations et donc de conclusions. La recherche de sources s'est avérée délicate : quelques auteurs sont assez prolifiques sur le sujet, mais leur nombre reste restreint, et après avoir lu plusieurs ouvrages sur le sujet, nous nous sommes rendu compte que ces auteurs évoluaient dans un cercle restreints de théoriciens du journalisme de paix. Malgré cela, l'information sur les principes du journalisme de paix était abondante. La première section, intitulée << approche théorique du journalisme de paix >> appartient donc plus au domaine de la synthèse d'information. Ce chapitre se veut une introduction aux théories du journalisme de paix. Nous y développons les différentes règles qui le régissent, les critiques qu'il inspire ainsi que quelques exemples de projets significatifs mis sur pied au nom de cette théorie. Cette section d'une vingtaine de pages permettra au lecteur de saisir à la fois la simplicité du concept et la complexité des questions qu'il soulève.

La deuxième section s'articule autour de l'étude d'un cas pratique. Nous avons choisi d'étudier l'exemple du Burundi en raison de la diversité médiatique qu'offre le pays. Le Burundi, faux jumeau du Rwanda, a connu de nombreux affrontements interethniques au cours des trente dernières années. Bien qu'ayant été quelque peu oublié des médias internationaux, le conflit burundais a été d'une grande ampleur, caractérisé par des violences entre Hutu et Tutsi, les représentants des deux principales ethnies du pays. C'est en raison de ce passé troublé que des partisans d'un << journalisme de paix >> ont développé de nombreux projets dans ce petit pays. Les initiatives en la matière y sont tout aussi nombreuses que variées de par leurs formes, leurs durées ou leurs instigateurs et une grande partie des acteurs médiatiques sont dès lors imprégnés de cette notion. C'est donc avant tout en raison de ce pluralisme que nous avons décidé de nous pencher sur le cas de ce petit pays d'Afrique centrale.

Cette partie pratique passe en revue les différentes mobilisations faites au Burundi au nom du principe de journalisme de paix et analyse leur adéquation, leur intégration et leur pérennisation dans le paysage médiatique locale. Afin de comprendre au mieux la place du journalisme proactif au Burundi, nous avons brossé un tableau rapide de l'évolution politique et médiatique burundaise. Les radios étant largement surreprésentées par rapport à la presse écrite ou la télévision, c'est tout naturellement sur celles-ci que nous nous sommes penchés au cours de cette étude.

5Les informations contenues dans la deuxième partie du mémoire sont toutes le fruit des entretiens, visites et expériences acquis au cours de notre séjour au Burundi, au cours du mois de janvier 2006. Il faut avouer que les premiers jours passés à Bujumbura, la capitale du Burundi, ont été la source d'une grande confusion : chaque média visité, chaque journaliste abordé assurait oeuvrer au nom de la paix, en suivant les principes du journalisme proactif. Néanmoins, après avoir passé plus de temps dans les rédactions et après de longues conversations avec des journalistes locaux, des responsables de programmation et des représentants d'associations professionnelles, nous avons pu nous faire une image plus précise des liens intimes et complexes qui lient producteurs d'information << de paix >> et médias locaux. Afin d'approfondir nos connaissances sur ces relations, nous avons sélectionné trois radios privées affirmant oeuvrer en faveur de la paix (radio Isanganiro, radio Bonesha et radio publique africaine), la radio publique ainsi qu'un studio de production << proactif >> (Studio Ijambo), sur lesquels nous allions porter notre attention.

C'est au travers d'interviews que nous avons tenté de déceler les forces et faiblesses du journalisme de paix tel qu'appliqué au Burundi. Il s'agissait surtout d'étudier les contenus des émissions, les philosophies qui guidaient ces producteurs ainsi que les différentes attitudes des professionnels face aux problèmes rencontrés par la société burundaise. Après de multiples entretiens, après avoir assisté aux réunions de rédaction et analysé en profondeur les grilles de programmations, nous avons pu distinguer trois acteurs du journalisme de paix (les ONG de journalisme de paix, les organismes non médiatiques et les médias locaux), ainsi que trois principaux types de productions (programmes de fiction, programmes à vocation réconciliatrice et informations d'actualité). L'attitude des journalistes a été évaluée au travers de deux outils : premièrement, un enquête à questions fermées réalisée auprès de 72 journalistes issus de 9 médias a permis de voir comment ces professionnels concevaient, en théorie, leur degré de responsabilité par rapport à leur public. Deuxièmement, l'étude de la façon dont ces journalistes faisaient la couverture médiatique d'une actualité sensible nous a permis de confronter les affirmations théoriques à la pratique.

Le mémoire se termine par un ensemble de réflexions sur l'opérationnalité concrète du journalisme de paix. A partir des faits spécifiques au Burundi, nous avons tiré des conclusions générales sur la faisabilité, à long terme, du journalisme de paix. Nous verrons que le principe est difficilement durable si sa mise en oeuvre n'est pas accompagnée d'une batterie de précautions.

1. Approche théorique du journalisme de paix

« Faut-il dire la vérité ? Oui, assurément, mais pas n'importe comment, n'importe où, n'importe quand. Rien que la vérité ? Sans aucun doute. Toute la vérité ? Eh bien non ! Qui peut se vanter de ne l'avoir jamais fait ? Je défie qui que ce soit de me prouver qu'il n'a jamais tenu compte des intérêts de sa famille, de son entreprise, de son avenir. Alors, pourquoi ne tiendrait-on pas compte de sa société, de sa nation, des intérêts de la République, des idéaux de l'humanité, un peu comme dans la profession de foi célèbre de Montesquieu ? (...) »1

1 DANIEL J. dans : Le Nouvel Observateur, Paris, 21 septembre 1995, p. 3 (Télé Obs), cité dans : NOBRE J.-M., Introduction à l 'information et à la communication, Bruxelles, Presses Universitaires de Bruxelles, 2001, 1 5ème édition, p.151.

Le leitmotiv de Search for Common Ground, organisation non gouvernementale (ONG) belgo américaine spécialisée dans le domaine de la construction de la paix au travers des médias2 est qu'aucun média ne peut pas rester neutres face aux enjeux de la paix. Cette déclaration, banale aux yeux du lecteur profane, représente en réalité un véritable sacrilège pour bon nombre de journalistes, qui érigent leur << neutralité professionnelle >> au-dessus de tout autre principe déontologique. Dans cette première section à vocation théorique, nous allons tout d'abord définir le << journalisme proactif >> : ses objectifs, ses fondateurs, ses règles. L'explication sera détaillée afin de permettre au lecteur une compréhension approfondie de ce nouveau type d'utilisation des médias. Ensuite, nous laisserons libre place aux critiques.

1.1. Journalisme proactif : définition

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe