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Débat autour du concept de journalisme de paix

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par Charline Burton
Université Libre de Bruxelles - Licence en information et communication 2006
  

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1.2. Les règles du journalisme proactif

1.2.1. Traitement médiatique

En temps de guerre ou de paix, les journalistes sont les premiers à propager les informations. Or, les médias, mêmes publics, répondent tous à un besoin économique qui les pousse parfois à brûler les étapes. La collecte, le traitement et la diffusion de l'information doivent être rapides pour que le média reste compétitif. Ce qui engendre parfois des manquements : l'information n'est pas toujours recoupée, vérifiée, le discours officiel est trop souvent repris tel quel dans les colonnes des journaux et les conflits sont présentés de manière simplifiés par manque de connaissance de leurs causes profondes.

Robert Karl Manoff, directeur du Center for War, Peace, and News Media à l'Université de New York, énonce une série de rôles que peuvent jouer les journalistes dans la résolution et la prévention des conflits. Parfois ils remplissent ces fonctions dans le cadre de leurs devoirs journalistiques, pour des raisons purement professionnelles et devraient dès lors prendre conscience de l'impact de leur travail dans la prévention de conflits meurtriers et l'orienter sciemment dans ce but. Parmi ces rôles traditionnels, Manoff cite l'éducation ou la mise en contact et en confiance des différents protagonistes du conflit. Ces rôles dérivent en réalité d'une seule attitude : l'analyse en profondeur du conflit, en expliquant les intérêts sous-jacents de chaque acteur du conflit, l'historique (éventuellement en remontant à des dizaines de générations en arrière), une explication des moeurs et traditions de chaque partie en cause, permettant dès lors d'humaniser les ennemis et de permettre une compréhension plus grande des motivations des

protagonistes1. Afin d'y arriver, Lynch et Mc Goldrick ont élaboré une liste des << choses à ne pas faire >>, destinée à tout journaliste adepte du << proactivisme >>2 :

· Eviter de réduire le conflit à deux côtés qui s'opposent, avec comme conclusion logique, un futur gagnant et futur perdant. Alternative : éclater les deux acteurs en leurs différentes composantes, en expliquant leurs revendications, leurs nécessités, ce qui permettra de créer une plus grande dynamique dans la recherche de solutions.

· Eviter de réduire le conflit à l'espace-temps des violences. Ne pas confondre conflit et violences. Alternative : mettre en évidence les liens et conséquences avec d'autres personnes dans d'autres endroits ainsi que les répercussions dans le futur (quelles conclusions vont tirer les récepteurs de médias ? Ces conclusions vont-elles influencer les attitudes des protagonistes, en cas de conflit futur ?)

· Eviter d'évaluer les mérites d'une action/politique de violence uniquement par rapports à ses effets visibles. Alternative : montrer la face invisible de cette violence : les risques, à long terme, de dommages psychologiques ; éventuellement la possibilité accrue de voir les victimes d'aujourd'hui reproduire demain des actes violents.

· Eviter de laisser les protagonistes se définir par les déclarations de leurs chefs quant à leurs demandes, leurs réclamations. Alternative : faire une enquête plus profonde sur la manière dont les personnes de terrain sont affectées dans leur vie quotidienne. Que veulent-ils voir changer ? La position clamée par leur leader est-elle l'unique manière d'accomplir cet objectif ?

· Eviter de mettre en évidence continuellement ce qui divise les parties, les différences entre ce qu'elles déclarent vouloir. Alternative : poser les questions susceptibles de dévoiler des zones communes entre les parties, faire ressortir les réponses suggérant que certains objectifs sont compatibles, voire partagés.

· Eviter de couvrir uniquement les actes de violence, décrivant dès lors l' << horreur >>. Si l'on exclu tout le reste, on suggère que l'unique explication de la violence réside dans des violences antérieures (revanche) ; et le seul remède semble être plus de violence (punition). Alternative : expliquer cette violence en montrant combien les protagonistes ont été bloqués/frustrés/privés dans leur vie de tous les jours.

· Eviter de blâmer quelqu'un d'<< avoir commencé >>. Alternative : essayer de discerner de quelle manière les problèmes partagés conduisent à des conséquences qu'aucune des parties n'avait désirées.

1 MANOFF R. K., Potential Media Roles in the prevention and management of conflict, 2000, disponible sur http://www.cyc-net.org/today2000/today001127.html

2 Cette liste est tirée des << 17 conseils pour réaliser un journalisme de paix >> de LYNCH et Mc GOLDRICK, loc. cit. Remarque : les propos ont été traduits de l'anglais par l'auteur.

· Eviter de saluer la signature d'accords par des dirigeants, qui semblent montrer la victoire militaire ou le cessez-le-feu, comme seule solution vers la paix. Alternative : continuer à parler des autres obstacles à la sortie de crise, susceptibles de conduire à de nouvelles violences dans le futur. Se poser la question de savoir ce qui est fait sur le terrain pour renforcer les moyens de résoudre le conflit de manière pacifique, de répondre aux besoins structurels de la société et de créer une culture de paix.

· Eviter de toujours se concentrer sur les souffrances et les peurs du même côté. Alternative :
considérer comme digne d'intérêt les peurs et les souffrances de tous les protagonistes.

· Eviter de présenter des opinions comme s'il s'agissait de faits (ex : Eurico Guterres, tenu responsable d'un massacre au Timor Oriental...). Si quelqu'un fait une déclaration, préciser son nom, de sorte que ces propos soient perçus comme un avis externe et non comme le fait du journaliste (Eurico Guterres, accusé par un officiel de l'ONU d'avoir ordonné un massacre au Timor Oriental...).

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery