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Etude des déterminants de la corruption passive

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par Boubacar KABORE
ENSP - Administrateur des hôpitaux et des services de santé 2007
  

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Chapitre V : Discussion et synthèse

des

résultats de l'étude

5.1. Discussion des résultats

5.1.1.Caractéristiques du personnel soignant.

Ø Le sexe.

Dans la population du personnel soignant enquêté on note plus d'hommes que de femmes. La supériorité masculine est à l'image de la répartition des sexes dans le CHR (32.94% de femmes et de 67.06% d'hommes). Au niveau national et principalement dans toutes les organisations, les femmes sont moins nombreuses que les hommes.

Ø l'expérience professionnelle.

L'expérience professionnelle moyenne est de 5.24 ans. Cette moyenne est dû au fait que plus de 59.77% ont une expérience au plus 5 ans. Cela traduit sans doute la jeunesse du personnel du CHR.

5.1.2. Analyse des résultats sur l'état de la corruption au CHR.

Ø La connaissance des agents en matière de corruption.

Près des 2/3 des personnes enquêtées ont une connaissance claire du concept de la corruption. En revanche 35.63% méconnaissent les contours de ce concept. Si l'on sait que la corruption est un phénomène d'actualité et qui se parle au quotient, le nombre des personnes qui ne la connaissent pas clairement est problématique. Cette méconnaissance pourrait provenir de la disparité et la multiplicité des acteurs et des actes qu'elle recouvre. Ainsi YONABA Salif (1997) soulignait:

 «  La corruption reste un concept entouré d'un relatif flou qui ne permet pas toujours de l'appréhender avec toute la précision voulue ; la variation terminologique qui l'affecte est suffisamment révélatrice des difficultés pratiques de réduire cette réalité à un concept unique ».

Ø La présomption des agents sur le niveau de la corruption dans les structures de soins.

Selon la plupart des enquêtés (95.4%) les CHU sont les plus touchés par la corruption. En effet une étude menée par Tyran (2006) corrobore cette opinion en établissant une corrélation entre la taille de la structure de soins et sa vulnérabilité à la corruption. Selon cet auteur, les grands hôpitaux sont particulièrement vulnérables compte tenu du nombre élevé et disparate du personnel et de la complexité de leurs interactions. Néanmoins on notera dans le cadre de cette étude que les CSPS, selon les agents, sont plus corrompus que les CMA. Cela est peut être justifié par le risque très faible d'être pris au niveau de ces services de soins.

5.1.3- L'appréciation du niveau de la corruption au CHR- DDG.

Les résultats attestent à hauteur de 95.4 % des enquêtés que la corruption est présente au CHR-DDG. La majorité trouve qu'elle est répandue. L'IPPC calculé est de 3.21. Cet indice est très proche de celui calculer par TI au BF en 2003. IL s'interprète comme un niveau de corruption se situant entre répandue et très répandue ( voir l'échelle de notation P.40). Ces résultats sont également confirmés par l'enquête du REN LAC 2005 qui avait révélé que la corruption d'une manière générale était en progression dans la région (98% des enquêtés l'ont souligné) et que la santé se classait 5ème sur 10 secteurs. Or le CHR-DDG est le seul centre de référence des six districts que compte la région.

5.1.4. La classification des services du CHR par niveau de corruption.

La chirurgie serait le service du CHR-DDG le plus sensible à la corruption. L'analyse ici pourrait se faire autour du critère de gain. En effet les actes offerts au niveau de ce service sont généralement très coûteux or on sait bien qu'il y a une corrélation positive entre le volume du gain et le niveau de corruption. Plus le gain est élevé plus on est enclin à s'adonner aux pratiques corruptrices.

Après le service de chirurgie, le second service corrompu est celui des urgences. On peut comprendre donc que face à l'urgence, l'accompagnateur ou le malade se trouve en position de faiblesse qui l'oblige à céder aux sollicitations du soignant afin de lever rapidement l'urgence. Dans son rapport 2003 sur le développement humain, le PNUD décrit l'ampleur de la corruption dans ces services1(*)4.

5.1.5. Interprétation des résultats relatifs aux déterminants de la corruption.

Ø Le niveau de salaire.

Plus de la moitié (58.62%) affirme que le niveau de salaire expliquerait la pratique de la corruption par le personnel soignant. Mais en même temps on remarque que 78.16% estiment que le doublement du salaire par l'Etat ne pourrait pas effacer la corruption au CHR-DDG. En confrontant ces deux opinions nous sommes amenés à dire que le niveau du salaire ne justifierait pas significativement la corruption passive. Cette conclusion ne partage pas les résultats d'une réflexion de Hyacinthe SARASSORO (1997)1(*)5. En effet selon ce dernier «  la nécessité de l'augmentation des salaires s'avère très urgente. En effet, l'éradication de la corruption des agents publics dépend à 99% de cette augmentation ». Au demeurant, si l'on s'accorde sur la cupidité de l'être humain et de l'insatisfaction qui caractérise sa nature ( théorie de Maslow) ainsi que sur le constat que « tous les pauvres ne sont pas corrompus et que le riche n'est pas incorruptible », il ne serait pas erroné de dire que le niveau de salaire n'est pas un déterminant direct de la corruption. En établissant le lien étroit entre la corruption et la motivation, cette conclusion peut être rapprochée à la théorie de motivation de Frédéric HERZBERG (1959). Cet auteur avance que les facteurs d'ambiance dont le salaire ne constituent pas des sources de motivation mais plutôt les facteurs de valorisation.

Ø L'effet d'imitation.

Un agent de santé peut être conduit à pratiquer la corruption parce que ses collègues, son supérieur ou les hautes autorités du Ministère sont corrompus. Les résultats de la présente étude révèlent qu'en moyenne 66.66% des agents enquêtés partagent cette opinion. Mais on soulignera que la corruption pratiquée par les autorités du Ministère est particulièrement plus incitatrice. Comme l'explique J Adams dans la théorie de l'équité, le fondement du comportement de l'individu dans une organisation, est la comparaison du soi avec l'autre. Ainsi les individus s'influencent mutuellement dans leurs façons d'agir et aussi par l'environnement dans lequel ils se trouvent.

Ø Les relations sociales.

Dans notre étude, 100% des agents reconnaissent avoir fait bénéficier un parent et/ou un ami de leur propre prestation. Parmi eux, 72.42% affirment l'avoir fait gratuitement. De ce fait on pourrait dire que la relation sociale favorise la corruption car il faut le rappeler, même si l'agent ne bénéficie pas d'un gain financier et/ou matériel, il retire au moins une satisfaction morale et/ou une considération sociale. L'importance des soins gratuits offerts aux proches s'explique aussi par la taille et le niveau de développement économique de la ville qui fait que populations et soignants se côtoient quotidiennement.

Ø L'asymétrie de l'information.

Des résultats de l'enquête, il ressort que la plus part des patients ignorent les tarifs appliqués par le CHR-DDG. Cela se justifie certainement par l'absence d'activités de sensibilisation et d'informations. En plus, le CHR ne dispose pas d'un service d'accueil ou d'orientation qui pourrait offrir des renseignements aux patients, accompagnateurs et visiteurs. Par conséquent, il se crée un déséquilibre informationnel favorable au praticien qui pourra abuser du patient. Une étude menée par William D. SAVEDOFF et Karen HUSSMANN pour le compte de TI en 2006 a conclut que l'information n'est pas partagée équitablement entre les acteurs et cela a des répercussions sur l'efficience de tout système de santé et sur sa vulnérabilité à la corruption.

Ø L'impunité.

Plus de la moitié des enquêtés trouve que le manque de sanctions vis à vis des agents corrompus peut contribuer à expliquer le niveau de la corruption dans le CHR. A propos de ce déterminant, une étude commanditée par la Banque interaméricaine de développement et mené par Di TELLA a fait ressortir que la probabilité d'être découvert est relativement faible dans 35 hôpitaux publics en Amérique latine. Pis, il a constaté que le risque d'être puni était généralement peu élevé. Il concluait : « l'impunité est sans doute le principal facteur qui aggrave la corruption dans les hôpitaux publics ». Au Burkina, la situation politico-judiciaire actuelle au plan national pourrait contribuer aussi à l'impunité donc à la corruption. En effet certaines hautes autorités ayant été coupable de corruption sont restées impunies. Il y a une corrélation entre impunité et imitation.

5.1.6. Synthèse des résultats sur l'incidence de la corruption sur la prestation des agents.

Les avantages de la corruption sur la prestation des soins de santé :

Ø Facilite une prise en charge rapide de la personne qui corrompt ;

Ø Crée pour le soignant une obligation de résultat ;

Ø Crée de nouvelles relations d'amitié entre corrompu-corrupteur ;

Ø Motive l'agent de santé.

Les inconvénients de la corruption sur la prestation :

Ø Provoque une inadéquation entre les produits prescrits et la maladie à soigner ( le praticien serait enclin à prescrire les produits dont lui ou son collègue dispose);

Ø Réduit considérablement la qualité de l'acte posé car il est fait hâtivement ;

Ø Provoque l'angoisse et la peur d'être détecter par le supérieur ;

Ø Provoque des soins de mauvaise qualité ;

Ø Engendre un malaise psychologique (remords) ;

Ø Une discrimination négative vis à vis des personnes très pauvres.

Ø Instaure un climat de méfiance entre soignant- soigné ;

En somme la corruption passive même si elle comporte certains avantages, détériore considérablement la qualité de la prestation des soins. Pour mesurer la qualité, la quantité et l'accessibilité des services de soins, Omar AZFAR et Tugrul GURGUR (2000) ont recueilli des données auprès de 80 municipalités. Les résultats ont clairement montré que la corruption nuit à la prestation des soins1(*)6.

Conscients de ses effets néfastes, les agents et les SUS/SUT ont formulé des suggestions dont nous ferons la synthèse.

5.1.7 Synthèse des suggestions faites par les agents pour lutter contre la corruption passive dans le CHR.

Ø Appliquer des sanctions ;

Ø Informer les patients et les accompagnateurs sur les tarifs pratiqués au CHR ;

Ø Superviser et contrôler les agents ;

Ø Sensibiliser les patients ;

Ø Améliorer les salaires ;

Ø Réduire le coût cher de la vie d'une façon générale ;

Ø Sensibiliser les agents sur les conséquences néfastes de la corruption ;

Ø Impliquer les agents dans la lutte anti-corruption ;

Ø Assurer une bonne gestion dans la transparence ;

Ø Augmenter les ristournes ;

Ø Instaurer les primes de rendement ;

Ø Améliorer les conditions de travail ;

Ø Créer un service de recouvrement performant ;

Ø Motiver le personnel ;

Ø Cultiver la conscience professionnelle ;

Ø Encourager les malades à dénoncer.

* 14 Rapport sur le développement humain- Burkina Faso 2003 p.90

* 15 Présentée lors du séminaire international sur la corruption organisé par l'UIDH à Ouagadougou du 03 au 07 nov 1997

* 16 Rapport mondial sur la corruption TI, 2006 P47

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