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Dynamique des relations verticales et clustering : Quelle stratégie pour une sous-traitance aéronautique marocaine compétitive ?

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par Makram KHABBACHE, Zakaria BENHAR et Soufyane ETBER
Institut Supérieur de Commerce et d'Administration des Entreprises - Cycle Supérieur de Gestion ( Executive MBA ) 2007
  

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1.2. Le cluster

1.2.1 Le Cluster : Un concept managérial en vogue

i) Généralités sur le concept du cluster

Un cluster peut être défini comme «un regroupement sur un même site d'entreprises du même secteur ; ce qui est source d'externalités positives, dites de réseau«2. L'appartenance à un cluster est donc en premier lieu, le fruit d'une localisation et non le résultat d'une adhésion à une association ou un organisme.

1 Inspiré des travaux d'Amit & Schoemaker. AMIT, R et SHOEMAKER, P.J.H. Strategic assets and organizational rent, Strategic Management Journal, pp. 33-46, 1993. L'adaptation est faite de manière à généraliser le MRC à la filière au lieu de la firme. Les concepts cluster, processus d'évolution dans la CVG seront explicités ultérieurement dans le présent chapitre.

2 WIKIPEDIA. Cluster [en ligne], http://fr.wikipedia.org/wiki/Cluster (consulté le 17.08.2007).

Dans ce sens, plusieurs vocables tels que clusters, systèmes productifs locaux, réseaux d'entreprises territorialisées1 ou plates-formes cognitives et organisationnelles2, sont souvent utilisés pour désigner les agglomérations industrielles où des formes de coopérations inter-entreprises prennent naissance.

Historiquement, la conceptualisation du cluster remonte à l'héritage marshallien3 du début du vingtième siècle. Ce dernier nous permet d'identifier les fondements du regroupement spatial de firmes. Pour bénéficier d'une atmosphère industrielle4, les firmes s'agglomèrent pour coopérer, ou bien pour échanger et pour bénéficier d'un bassin de main-d'oeuvre flexible et compétent. Même si elles sont le plus souvent des concurrents sur des marchés externes, les bénéfices qu'elles retirent de leur localisation s'avèrent être supérieurs aux coûts supportés5.

Par ailleurs, le développement du concept de cluster est intimement lié à M. Porter, dont la notoriété a contribué à la diffusion du concept auprès des responsables politiques de nombreux pays.

Dès les années 80, M. Porter a mis en exergue, l'existence de concentrations géographiques et économiques naturelles disposant d'une croissance importante, soutenue par les interactions entre les acteurs privés et publics en liaison avec un type d'activité spécifique6. Plus tard, en 1990, Porter insiste sur le fait que la concentration géographique dans une région, de rivaux, clients et fournisseurs, promeut encore plus l'innovation et la compétitivité du cluster7. L'économiste américain a mis en évidence la présence, au sein de différentes régions du globe, de pôles d'activités performants au niveau international, dénommés clusters et reposant sur quatre déterminants stratégiques sous forme de «diamant« qui se renforcent

1 Les terminologies suivantes : district industriel, réseaux d'entreprises territorialisés, organisation ou système productif local, grappes d'entreprises, pôles de compétitivité ont autant de principes explicatifs communs, qu'on peut dire qu'elles ont la même acceptation que le cluster.

2 AMESSE, Fernand et al. Ressources, compétences et stratégie de la firme : Une discussion de l'opposition entre la vision Porterienne et la vision fondée sur les compétences. Strasbourg : BETA, 2006. 37p. Document de travail n° 2006-05.

3 MARSHALL, Alfred. Principles of Economics, (traduction française de la 4édition, 1971, Paris, Librairie de Droit et de Jurisprudence et Gordon & Breach), 1890.

4 MARSHALL, Alfred. Industry and Trade, (traduction française, 1934, Paris, Editions Marcel Giard), 1919.

5 SUIRE, Raphaël. Cluster «créatif« et proximité relationnelle : Performance des territoires dans une économie de la connaissance. Rennes : Centre de Recherche en Economie et en Management, (CREM), 2006.

6 PORTER, Michael. Choix stratégique et concurrence : techniques d'analyse des secteurs et de la concurrence dans l'industrie. Economica, 1985.

7 PORTER, Michael. The Competitive Advantage of Nations. Macmillan, Londres and Basingstoke, 1990.

mutuellement1. Selon Porter, en règle générale l'avantage concurrentiel des nations est la résultante de la conjugaison de ces quatre facteurs. Ces quatre déterminants interdépendants de l'avantage compétitif national2, au niveau sectoriel ; et qui ont un effet sur la capacité des firmes à innover et à réaliser des performances supérieures au plan international3 sont : (1) les conditions de l'offre, (2) les conditions de la demande, (3) les industries reliées et de support et (4) la stratégie structure et rivalité des firmes.

En outre, les gouvernements peuvent influencer les conditions favorables à la compétitivité au travers des politiques industrielles, de concurrence et des commandes publiques.

Ainsi, que ce soit sur le plan théorique ou pratique, Porter a été le porte-drapeau de ce concept. Plus précisément, il préconise une approche plus instrumentale4, s'inspirant des «success story« notamment des districts industriels italiens ou de la Silicon Valley5.

Cependant, l'intensité des relations entretenues entre les différents acteurs des clusters est décisive quant à leur développement. C'est pourquoi, les clusters doivent avoir des canaux actifs pour les transactions commerciales, et pour le dialogue et la communication6.

À ce titre, l'éclosion d'un cluster est tributaire de la volonté d'un ensemble de décideurs même concurrents, de créer et entretenir un système relationnel permettant à l'ensemble des sociétés d'être plus efficaces, plus performantes et plus compétitives.

1 PORTER, Michael. The Competitive Advantage of Nations. Macmillan, Londres and Basingstoke, 1990.

2 (1) l'existence de facteurs de production spécialisés répondant aux besoins industriels déterminés ; (2) les caractéristiques de la demande domestique non seulement en termes de taille mais surtout en termes qualitatifs qui stimulent la concurrence et l'innovation ; (3) La présence de fournisseurs nationaux spécialisés et d'industries reliées qui offrent des produits favorisant l'innovation de processus dans l'industrie ; (4) le contexte concurrentiel direct au plan régional ou national influence le taux de progrès et d'innovation et finalement le succès de l'industrie.

3 INGHAM, Marc. Management stratégique et compétitivité. De Boeck Université. Bruxelles : De BoeckWesmael, 1995. 559 p. ISBN 2 8041 2032 5.

4 PORTER, Michael. Clusters and Competition: New Agendas for Companies, Governments, and Institutions, On Competition. Boston: Harvard Business Review Book. 1998.

5 Silicon Valley regroupe au sein d'un espace géographique limité des petites entreprises de haute technologie, spécialisées dans l'électronique et liées par des relations clients fournisseurs et de confiance telles qu'elles permettent le fonctionnement d'un réseau local extrêmement performant de producteurs. Création de technologie, innovation et forts taux de profits sont présents au sein de ce système, qui se caractérise par une attention forte des autorités publiques locales et des organismes financiers tels que les capital-risqueurs et les business angels.

6 ROSENFELD, S.A. Bringing business clusters into the Mainstream of Economic Development. European Planning Studies, 1997.

ii) Le cluster : succès d'un concept à élucider

Si l'approche en termes de clusters fait l'objet de quelques critiques concernant à la fois son caractère vague et peu défini, il n'en demeure pas moins qu'elle a connu ces dernières années un grand succès1 dans le cadre des politiques territoriales.

Les raisons d'un tel succès reposent sur le caractère flexible du concept de départ et de ses déclinaisons2. Cette flexibilité lui permet de correspondre à différents types de localisation et de s'adapter aisément aux multiples formes de développement local aussi bien dans les pays développés que dans ceux en développement. Effectivement, du point de vue des politiques de développement3, la mise en réseau des entreprises locales s'avère toujours bénéfique en termes de circulation des connaissances nécessaires à la compétitivité de n'importe quel système organisé.

Dans un souci de précision, il devient intéressant de ramener la définition des clusters à des éléments de base simples4 pour pouvoir situer toute agglomération d'entreprises. Nous en retiendrons ici deux, qui paraissent inaliénables : (1) la localisation des relations inter-firmes et (2) l'organisation de ces relations.

À partir de ce postulat, un tableau croisé peut être construit (voir Tableau 2) en cherchant à classer les différentes formes de clusters et leurs déclinaisons postportériennes5 :

1 Selon l'ONUDI, le dynamisme et le succès économique de bon nombre de SPL italiens ne font plus de doute dans des secteurs aussi divers que le textile, le cuir, la joaillerie et les montures optiques. Des pays de l'OCDE tels que l'Allemagne, la France, le Japon et les États-Unis offrent d'autres exemples de clusters compétitifs. Ces clusters sont également répandus dans les pays en développement. C'est ainsi que Tirupur, dans l'État indien du Tamil Nadu, abrite plus de 7 000 PME qui, rien qu'en 1999, ont exporté vers l'Union européenne, les États-Unis et le Japon pour 650 millions de dollars de bonneterie en coton, ce qui représente plus de 80 % de l'ensemble des exportations indiennes de ces marchandises. D'autres exemples au Pakistan voisin, au Brésil, au Chili et au Mexique, peuvent être cités.

2 Voir Martin et Sunley (2003).

3 ONUDI. Développement des systèmes productifs locaux et des réseaux de PME, programme de l'ONUDI, Organisation des Nations Unies pour le développement industriel. Vienne, 2002.

4 Ce raisonnement est largement inspiré de l'étude réalisée par Sofiène Lourimi (ADIS, Université de Paris Sud), André Torre (UMR SAD APT, INRA, INA PG) en 2006 sous le titre «Clusters et relations inter-firmes : étude sur le cluster francilien de l'optique«.

5 FESER, Edward J. Old and new theories of industry cluster. In STEINER, M. Clusters and Regional Specialisation, London: Pion. 1998, pp. 18-40.

Tableau 2. Classification des clusters

 

Organisation des relations inter-firmes

Forte

Faible

Localisation
des relations
inter-firmes

Forte

1. Cluster à la Porter

3. Cluster lié à une ressource ou à une base locale

Faible

2. Cluster sans base locale avérée

4. Activité dispersée

Source : Sofiène Lourimi (2006)

· Cluster portérien : représente le cas d'école initialement identifié par Porter, puisqu'il combine à la fois des degrés importants de localisation et d'organisation, avec cohabitation de ce que l'on peut nommer les proximités géographique et organisée2 ;

· Cluster sans base locale avérée : se distingue par un fort niveau de relations inter-firmes mais une faible concentration locale. Il peut concorder avec la définition d'un cluster au niveau national ou régional au sens large ;

· Cluster liée à une ressource ou à une base locale : réunit à la fois une faiblesse des liens internes locaux et un fort regroupement spatiale des entreprises. Il caractérise de nombreux systèmes productifs. C'est le cas de certains pôles de compétitivité et des "clusters" identifiés dans différents pays émergents. Ce type de cluster constitue aujourd'hui la cible des politiques d'innovation cherchant à provoquer des synergies au niveau local ;

· Activité dispersée : ne présente certainement aucun intérêt, du moment que ce

cas n'incorpore aucun des deux éléments fondamentaux de la notion de cluster. De nouveau, apparaît ici toute la difficulté d'analyse des clusters. En principe d'après leur définition canonique, ils ne devraient correspondre qu'à la case 1, mais il est clair qu'aujourd'hui, ils s'étendent fortement vers les cases 2 et 3. Pour autant, le cluster est avant tout une concentration d'entreprises dans une zone géographique dont l'intensité des relations inter-firmes de localisation mais également d'organisation permet de le situer par rapport à des stades de croissance et des modalités d'évolution.

1 LOURIMI, Sofiène et TORRE, André. Clusters et relations inter-firmes : étude sur le cluster francilien de l'optique. ADIS, Université de Paris Sud, 2006.

2 Voir Torre & Rallet, 2005.

En somme, vu sous un angle économique, les clusters comme tout système vivant vont connaître un cycle de vie les menant de la formation à la maturité à travers des étapes successives synonymes de transformations en matière d'organisation interne de la production et de l'innovation.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius