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Education des enfants et société:relations complémentaires ou conflictuelles. Interroger la conscience de l'éducateur face à la société

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par Anne-Carole Boquillon
Université de Tournai - Graduat éducateur spécialisé 2008
  

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3 LA SOCIÉTÉ ET LES ENFANTS

Des tas de recherches, de théories ont été développé au fil du temps. On a cherché à savoir le pourquoi du comment du fonctionnement de l'être humain, et particulièrement en ce qui concerne ce travail, savoir comment « fonctionnent » les enfants.

Apres une déstructuration de la famille traditionnelle, après que la révolution ait brisé le lien symbolique liant les pères à l'église, l'état renforce son attention sur les enfants. Petit à petit se construit une reconnaissance savante de la petite enfance ce qui est en quelque sorte le germe de la future psychologie de l'enfance et du développement.

Nous avons, volontairement ou involontairement, suivi le mouvement qui conduisait à prendre plus en compte ces données. Oui, bien sûr, ceci a permis de comprendre, de savoir pourquoi certaines n'allaient pas dans le bon sens (aussi relatif soit-il). L'enfant devait être reconnu comme un être à part entière et ce, dès sa naissance.

Nous savons également que savoir trop de choses sur quelqu'un peut être nocif pour cette personne en se référant aux cours où nous avons étudié des textes de Bernard Seynhave, de Dominique Holvoet et de Caroline Eliacheff, ainsi que d'autres dont la liste est longue.

Mais n'a-t-on pas voulu justement trop en savoir ? Le mystère, le secret, ne font-ils pas partie de l'être humain ? Ceux-ci ne sont-ils pas nécessaire au développement de la personne, de l'enfant, de l'adolescent ? Ne serait-il pas envisageable de penser que, de part la curiosité et sous le couvert de la science, de la technologie, de la connaissance, les êtres humains aient contribué à la perte de repères des enfants ? Tout en sachant que ceci était une fois de plus dans un objectif précis : pour le bien de l'enfant. À force de trop vouloir en faire, ne fait-on pas tout de travers ? À force de chercher le bonheur de chacun, ne conduirait-on pas l'humanité à sa propre déchéance ?

Nous avons donné une place importante à l'enfant, en lui donnant autant de pouvoir et de droits qu'un adulte. Mais ne serait-il pas envisageable de croire que cette place n'est pas la sienne ? En lui donnant une place, et en cherchant le bonheur de l'enfant, nous avons également pensé qu'un enfant devait avoir une certaine autonomie pour son développement.

3.1 LA RECHERCHE DE L'AUTONOMIE

L'autonomie, un bien grand mot ! Les lois, les projets éducatifs, les projets individuels concernant les enfants ont tous ce but : l'autonomie de l'enfant. Mais qu'est-ce que l'autonomie exactement ? Que cherche-t-on avec l'autonomie de l'enfant ? Est-ce compatible avec ce que nous savons sur le développement de l'enfant.

 Selon le Grand Robert, l'autonomie se définit par le droit pour un individu de se gouverner par ses propres lois.

Pour Marie Agnès Hoffmans-Gosset10(*), elle « consiste à faire soi-même sa loi et à disposer de soi dans les diverses situations pour une conduite en harmonie avec sa propre échelle de valeurs ». La figure ci-dessous modélise son concept d'autonomie (suite à des recherches auprès d'enseignants) :

Représentée selon 3 axes par rapport auxquels il est nécessaire de se situer, nous pouvons identifier l'autonomie comme relevant du lien à autrui, du territoire à gérer et de la répartition des pouvoirs de chacun.

Etre autonome implique :

- une relation interdépendante à autrui: ni dépendance ni indépendance totale (1er axe).

- la connaissance du territoire temporel et spatial (2ème axe) permet à chacun d'établir les limites et les règles d'interaction et de collaboration harmonieuse.

- enfin, il sera nécessaire de spécifier les zones de pouvoir respectives et propres au statut et à la fonction de chacun (3ème axe). Dans la relation formateur apprenant, comme dans toute relation, chacun a intérêt à affirmer son identité et à la faire reconnaître. Le pas initial consiste donc à se connaître soi-même.

L'autonomie réclame la présence de lois et celle des autres. Elle n'exclut pas la dépendance, c'est à travers autrui et dans une relation de personne à personne que le sujet se construit. De plus, être autonome, c'est être plus libre et non être libre. C'est une liberté limitée de choix, de décider, d'agir. Enfin, « l'autonomie ne s'enseigne pas, elle se vit, se pratique » : C'est une façon d'être, de décider, de penser et de s'exprimer. Elle est une condition favorable pour que se mette en place la socialisation de l'enfant. Etre autonome ne prend véritablement sens qu'en étant social, c'est-à-dire construit de relation et ouvert aux relations.

Cette explication de l'autonomie est en corrélation avec les buts recherchés pour le développement de l'enfant. Mais nous pourrions nous demander si un tel accompagnement est réellement nécessaire. En effet, un être humain apprend de ses expériences et de son vécu. Son autonomie, il est susceptible de se la créer lui-même en fonction des valeurs acquises, quelles soient morales, sociales ou éconmiques.

Dans les institutions, nous avons pour charge de développer l'autonomie de l'enfant. Mais en partant du principe où nous le guidons sur un chemin que nous avons prédéfinis, il me semble que ce changement de cap pourrait nuire au développement de son autonomie. Il ne créera pas sa propre voie en nous suivant selon nos règles et nos valeurs, sachant que son histoire, ses racines familiales sont autres que les nôtres.

De part son accompagnement, nous gérons le quotidien de l'enfant. Il ne se retrouve pas confronté aux mêmes difficultés que s'il était resté en famille. Or, l'environnement, la famille, le lien filaire dont dépend l'enfant est perturbé par notre intervention. Ce qui serait susceptible de nuire à sa capacité de devenir un être autonome.

Notre objectif de le rendre autonome a généralement une date butoir, celle de ses 18 ans, date à laquelle il ne sera plus considéré comme un enfant mais comme un jeune adulte. Nous avons pour responsabilité qu'il soit capable, à cette échéance, de se gérer seul au milieu de la société.

Autrefois, l'enfant apprenait de son vécu en milieu familial, forger son identité à travers les valeurs transmises par sa famille au complet (les parents et les grands parents étaient généralement très proches), et ceci lui permettait de développer sa propre vision des choses et également lui permettait de devenir libre et autonome dans sa vie tout en gardant les limites imposées par la société.

Nous sommes devant un paradoxe : par le passé, les enfants à 14 ans étaient assez grands pour travailler, maintenant ils ne le sont plus. Ils étaient assez vieux pour se marier et fonder une famille, maintenant c'est trop jeune. C'est à se demander qui a raison. Était-il bon de les mettre dans la vie active jeune ou doit-on les surprotéger ? Quelles sont les bases de nos critères ? Le fait que l'espérance de vie est fortement augmentée ? Ce qui justifierait que l'on puisse rester dans les jupons de maman plus longtemps ?

La société influence également le principe de rendre le plus tôt possible un jeune enfant autonome. La tendance actuelle, dans l'éducation, est de dire aux parents qu'ils doivent mettre leur enfant au plus tôt dans une crèche ou une garderie afin de développer son autonomie.

Il est certain que cette action peut permettre à l'enfant de se sociabiliser très tôt. Mais que penser lorsqu'un enfant se met à pleurer fortement lors du départ de sa mère, qui le laisse dans un environnement qu'il n'apprécie peut être pas ? Lorsque l'enfant pleure, nous posons nous la question de savoir s'il pleure parce que sa mère part ou parce qu'il n'apprécie pas d'être là ? Ne pourrions-nous pas imaginer que cet enfant n'est simplement pas prêt pour couper le lien avec sa mère ? Après tout, chaque enfant est différent, et malgré son âge, il se peut qu'il ne soit pas encore apte à apprendre la sociabilisation sans la protection de sa mère et par ce fait ne soit pas prêt pour l'apprentissage de l'autonomie. Nous savons, via les différentes théories du développement de l'enfant, que plus le petit se sentira rassuré par la présence maternelle, donc en sécurité affective, plus il sera capable d'accomplir son propre parcours après ses trois ans. Il a encore besoin d'être épaulé maternellement dans les périodes d'apprentissage menant à la maturité.

L'apprentissage de l'autonomie dans notre société moderne est à mettre en lien avec le vécu des enfants, et ce que leur environnement a à leur offrir.

* 10 Apprendre l'autonomie, apprendre la socialisation CHRONIQUE SOCIALE 1987

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