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Education des enfants et société:relations complémentaires ou conflictuelles. Interroger la conscience de l'éducateur face à la société

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par Anne-Carole Boquillon
Université de Tournai - Graduat éducateur spécialisé 2008
  

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2.1.2 LA FAMILLE ET L'ÉCOLE

À la suite de la pédagogie noire, nous avons pu constater l'essor de l'éducation nouvelle. Montaigne disait : « l'enfant n'est pas un vase qu'on remplit mais un feu qu'on allume »2(*). Les théories de Rousseau influencèrent ce courant de pensée et furent mise en application par Pestalozzi, suivi par de nombreux pédagogues et humanistes, tels que Célestin Freinet, Ovide Decroly, Maria Montessori, entres autres, la liste étant très longue et non exhaustive.

L'éducation nouvelle est un courant pédagogique estimant que l'individu est acteur à part entière de sa propre formation. L'apprentissage se base sur les centres d'intérêts de l'enfant, ce qui le stimule dans son évolution scolaire. L'éducation nouvelle tente également de susciter son esprit d'exploration et de coopération. Ces principes sont la base des méthodes actives utilisées par ce courant pédagogique. L'éducation est globale, les domaines éducatifs sont égaux dans leur importance lors de l'apprentissage, que ce soit du domaine intellectuel, artistique, physique, manuel ou social.

Certaines pratiques de l'éducation nouvelle ont néanmoins été généralisées, en particulier celles visant à un apprentissage à partir du réel. Classes vertes, travaux manuels comme éducation artistique sont maintenant monnaie courante, surtout dans l'enseignement primaire.

De 1930 à 1950, l'école et la famille représentent deux sphères éducatives cloisonnées et indépendantes. A la famille revient l'éducation et la transmission des valeurs, et l'école oeuvre à l'instruction et la transmission du savoir. A partir des années 50, leurs missions respectives s'élargissent mais les deux pôles éducatifs restent relativement éloignés l'un de l'autre. Les parents ont un rôle de soutien et de contrôle du travail, des résultats ; ils signent les bulletins et contribuent à l'éducation scolaire. C'est le début d'un partenariat école/famille. Mais il faudra attendre les années 1970-1980 avant que les parents franchissent les portes de l'école, que de vrais échanges aient lieu et que chacun devienne acteur complémentaire dans l'éducation tant à l'école qu'à la maison.

Nous pourrions envisager cela comme une côté positif autant pour les enseignants, pour les élèves que pour les parents. En effet, ceci peut permettre une meilleure corrélation entre le savoir transmis en famille et celui appris à l'école.

Mais nous pouvons également constater que ces relations ne se font pas toujours dans une logique de simplicité et d'accompagnement de l'enfant. Certains parents sont susceptibles d'intervenir inconsciemment de manière nocive autant pour l'enfant que pour l'enseignant. Leur but premier est de protéger leur enfant contre toute forme de discrimination, mais ceci interpelle le fait que leur enfant fait partie d'une autre communauté que la leur, l'école. L'institution doit travailler selon certaines règles, certains principes permettant que chaque enfant ait droit à une place, au respect, mais également établissant que celui-ci se doive de respecter les autres et le fonctionnement de l'école.

Ces règles, nécessaires à la vie en collectivité, peuvent parfois être dérangeantes ou/et contraignantes pour certaines personnes. Ils se sentent en effet lésé, contraint, parfois même écrasé par ces règles. L'enfant rentre de l'école avec une sanction, un mot dans son journal de classe, et déclare à ses parents qu'il n'est pas responsable, que c'est le professeur qui exagère ou que ce n'est pas juste par exemple. Pour de nombreux parents, la confiance en son enfant est devenue quelque chose de très central, et ne dit-on pas : « la vérité sort de la bouche des enfants ». Ce qui les conduit à agir dans l'intérêt de leur enfant : du moins de leur point de vue personnel. Les parents, ayant le sentiment que leur enfant n'est pas épanoui à l'école, ou qu'il est brimé par un instituteur, interviennent en allant voir l'instituteur ou la direction.

Mais dans une telle intervention, les enseignants eux-mêmes se sentent également contraints. Comment peuvent-ils faire pour garder une certaine autorité sur leurs élèves si les parents défendent continuellement l'enfant aveuglément, ne voyant que le bon côté de leur progéniture, refusant d'admettre qu'il peut ne pas avoir un comportement admissible dans la communauté, que la parole de l'enfant n'est pas forcément la vérité ou bien pire, que leur propre chair se permette de les manipuler grâce à son regard d'ange.

Le rapprochement entre l'école et la famille pourrait être positif si l'on se basait uniquement sur le vrai intérêt de l'enfant sans se laisser leurrer par les charmes naturels de l'enfance. Mais il faudrait pour cela que chacun respecte le travail mené par l'autre, tout en acceptant qu'il peut toujours y avoir des bévues, des erreurs autant de la part des enseignants, de l'élève que des parents. Et plutôt que de sauter sur la moindre occasion en se sentant persécuté, ou manipulé, essayer d'analyser la situation en retenant toutes les possibilités et en gardant à l'esprit que les erreurs permettent d'avancer, de construire des relations et qu'elles donnent à l'enfant une possibilité de découvrir la réalité de sa sociabilisation.

En effet, la protection des parents (et de la société) est telle que l'enfant se croit parfois invulnérable, intouchable, et qu'il ne peut rien arriver de contraire à son désir puisqu'il est au centre du désir de ses parents, de la protection de la société et en parallèle, l'enfant est parfaitement conscient de tout ce qui l'entoure, que ce soit l'amour familial que les lois en sa faveur.

Du temps de nos grands parents et de nos parents (pour certains), les enfants étaient considérés comme assez grands pour travailler vers 12 ou 13 ans, même avant d'ailleurs. Pour ceux qui avaient la chance de pouvoir continuer l'école, ils allaient en général jusqu'au certificat d'études, généralement obtenu à 13 ou 14 ans, puis ils entraient dans la vie active. Beaucoup d'enfants dont les parents ne pouvaient assumer ses études, partaient travailler dans les champs, ou à l'usine, pour permettre une rentrée financière à la maison familiale.

De nos jours, l'école est obligatoire jusque 18 ans. Ceci est une bonne chose si on tient compte de l'importance de la culture générale pour la sociabilisation des êtres humains. Les enfants peuvent apprendre, par le biais de l'école, un métier, une option qui leur sera utile en tant qu'adulte plus tard. Malheureusement, tous les enfants ne peuvent pas se permettre d'aller si loin dans leurs études. Certains n'en ont pas les capacités intellectuelles, d'autres n'en ont pas les moyens financiers. Car, quoi qu'on en dise, l'école coûte cher même si des aides existent.

Ce qui pose problème à l'heure actuelle, ce n'est pas tellement cette obligation, mais surtout la catégorisation des enfants selon leur voie scolaire. Il y a la voie générale, qui est très importante, mais qui ne donne que des diplômes sans expériences précises avant plusieurs années d'études. Il y a ensuite la section technique, dans laquelle se situe un mélange entre l'apprentissage manuel et la voie générale, nécessitant de manière égale de la dextérité intellectuelle et manuelle. Pour les jeunes ne pouvant accéder aux études généralisées ou techniques, quel que soit le déficit (intellectuel ou financier), nous avons dans nos écoles la section professionnelle. Celle-ci leur permet d'apprendre directement un métier manuel et ainsi ils peuvent sortir de l'école avec un diplôme, une formation et une expérience acquise par les différents stages effectués au cours des années d'apprentissage.

Mais nous nous trouvons actuellement confronté à un double sens de cette voie : quand nous sommes face à un enfant difficile, turbulent, ne souhaitant pas apprendre à l'école, même s'il en a les capacités, la direction scolaire et la famille de ce jeune vont préférer l'orienter vers le cursus professionnel. Ainsi nous pouvons retrouver dans cette section un nombre important de jeunes désorientés, démotivés, en rupture avec la société et l'autorité. Ces derniers ayant été « placés » là sans en être consentant ou sans y trouver leur intérêt, ne s'appliqueront pas à leur tâche, mais ont de grande chance de continuer à défier la société, l'école et leur famille en se rebellant.

De ce fait, nous retrouvons dans le cursus professionnel une plus grande partie de jeunes « casés » que de jeunes ayant choisi une option professionnelle. Au fur et à mesure des années, ce cursus est régulièrement associé à un dépôt scolaire où l'on case les jeunes en attendant qu'ils aient l'âge légal de quitter l'école. De là s'écoule une catégorisation de cette voie, qui est de plus en plus déqualifiée aux yeux de la société et des futurs employeurs.

La famille de notre génération n'a plus grand-chose en commun avec celle de nos parents et encore moins avec celle de nos grands-parents. Les gens ont dorénavant le choix dans la construction d'une famille : une grossesse désirée ou non, l'union libre qui remplace le mariage, les divorces et les séparations qui sont devenus monnaie courante et de nombreuses familles monoparentales. La place des femmes dans la société a également évoluée : la femme n'est plus la bonne mère de famille et la tenancière du bon ordre dans la maison, elle travaille à l'extérieur autant qu'un homme et participe aux rentrées financières du couple et de la famille.

Ces changements ont contribué à l'augmentation de la différence des classes sociales, et en particulier à l'avancée de la précarité et de l'exclusion.

* 2 Montaigne (1533 - 1592)

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway