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L'impact local des revenus migratoires dans le departement de Louga (Senegal): approche geographique

( Télécharger le fichier original )
par Papa Issa NDIAYE
Universite Gaston Berger de Saint Louis - Maitrise de geographie 2007
  

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Chapitre 2 : DE LA CRISE DE L'ARACHIDE AUX EFFETS DES POLITIQUES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL : L'EMIGRATION, UNE SOLUTION A LA DEGRADATION DES CONDITIONS DE VIE.

La migration est sans doute un des phénomènes les plus anciens de la civilisation humaine. Depuis la nuit des temps, l'homme s'est toujours déplacé d'une contrée à une autre, d'une région à une autre, par curiosité, par soucis de s'enrichir des expériences des autres, pour améliorer ses conditions d'existence, ou tout simplement, pour assurer sa survie dans un environnement plus favorable.

La région de Louga fait partie des zones où la propension à l'émigration internationale est devenue très forte. Ce phénomène a un impact sur la population mais également sur la vie économique de la région. Il est parfois soumis à de très grandes variations conjoncturelles. La région de Louga a connu ces dernières décennies des sécheresses qui ont rendu les conditions de vie très vulnérables et précaires. Toute la structure économique a été bouleversée et l'environnement fortement dégradé. Ceci a amené les populations à développer des stratégies de survie dont le départ en émigration.

Ce qui revient le plus souvent comme facteur explicatif de l'émigration dans le département de Louga réside dans la détérioration des conditions climatiques depuis 1973 qui a sérieusement affecté la production agricole. Cependant comme le souligne Laurence Marfaing (2003) dans son livre Les sénégalais en Allemagne: « la sécheresse qui sévit au sahel à cette époque est certes catalyseur mais non pas, contrairement aux idées reçues, la cause ». Les causes de la forte vague des migrations depuis les années 70 sont en effet plus profondes ; elles sont liées à l'évolution historique, économique et sociale du pays et de la région. Un effet de « suivisme » joue également un rôle important dans l'explication des facteurs de l'émigration.

A/ CONTRAINTES CLIMATIQUES ET DIFFICULTES DE L'AGRICULTURE

A-1/ Contraintes climatiques

Depuis la fin des années 70 les régions du sahel subissent une sécheresse liée à une importante diminution des précipitations. Les conséquences qui s'en sont suivies sont dramatiques. L'analyse des données sur la pluviométrie laisse apparaître que la baisse des précipitations s'est amorcée depuis la fin des années 60, en phase avec ce qui a été observé au sahel et s'est intensifié au cour des années 80. Cette diminution atteint en moyenne 20% par rapport à la pluviométrie enregistrée auparavant et parfois des valeurs supérieures à 25%.

Tableau 5: Evolution de la pluviométrique dans le département de Louga par
rapport aux 3 normales.

Normales/ Départements

Louga

1931-

1960

472,2 mm

1951-

1980

406, 5 mm

1961-

1990

323, 1 mm

Source : Ecographie du Sénégal subsaharien

L'examen de ces chiffres permet de noter une diminution tendancielle des normales qui participe à l'aggravation de la dégradation de l'environnement régional. Cette péjoration climatique fragilise les ressources naturelles et constitue ainsi un des facteurs limitants.

Dans le département de Louga, la situation pluviométrique de ces dernières décennies reste alarmante. L'adaptation de certaines cultures au déficit hydrique est difficile, et ce qui se répercute sur les rendements. Selon O. L.14, chef de la division production végétale de la DR-DR de l'Inspection Régionale de l'Agriculture de Louga, « la situation alimentaire au

14 Entretien du 21 mai 2007

niveau de Louga est très difficile et serait encore plus grave n'eut été l'apport significatif de l'argent envoyé par les parents émigrés ».

Tableau 6: Evolution de la pluviométrie annuelle dans la commune de Louga et
l'arrondissement de Mbédiéne depuis 1992

ANNE
ES

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

LOUG

202,4

361,4

361,4

275,7

317,6

164,1

238,5

407,6

423,6

285,1

215,2

156,4

373,2

350,9

A

20*

26

26

34

25

21

25

28

33

32

18

30

24

29

Arr. de

211,3

400,3

218,2

306,6

317,7

198,6

220,2

412,0

432,6

326,6

?

225,7

362,4

412,3

MBED

 

23

25

26

26

21

21

17

30

32

 

20

20

25

IENE

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*En gras Nombre de jour de pluie Source DR-DR IRA Louga

L'analyse des données du tableau 6 révèle une pluviométrie très aléatoire dans la zone. Aux années de bonne pluviométrie (1999, 2000) peuvent succéder des années plus sèche où les moyennes tournent autour de 200mm/an (1992, 2003). Même si ce sont plusieurs facteurs combinés qui permettent une bonne récolte, les années de forts rendements/ha coïncident avec des années de bonne pluviométrie

D'autre part la diminution notable de la pluviométrie a sévèrement compromis les rendements agricoles très tributaires des précipitations. Ainsi comme le dit le chef du village de Djélerlou Syll15 :

« Nous sommes des paysans et des éleveurs. Nos parents ne vivaient que de cela. Mais depuis quelques années l'agriculture ne marche plus. Les pluies se font rares, la sécheresse s'est installée. La terre ne produit plus assez pour assurer la survie des populations du village. Quand les premiers émigrés sont partis et qu'ils ont commencé à entretenir convenablement leurs familles, on a vu que l'émigration constituait une solution. Depuis tous les jeunes du village partent en Espagne, en Italie ou en France et ceux qui sont encore là, ne pensent qu'au jour où ils partiront, au détriment de la terre. Peut-être, si la terre produisait encore suffisamment, ils seraient restés. Mais en tout

15 Entretien du 05 avril 2007 avec Baye Modou Syll, chef du village de Djélerlou Syll

cas, l'émigration est une bonne chose, car elle permet notre survie, il suffit juste de regarder autour de vous »16

Ces propos traduisent parfaitement la perception de l'émigration par les populations lougatoises comme une conséquence directe des difficultés écologiques et de l'agriculture. L'exode rural qui était la première solution s'est très vite orienté vers l'internationale, à la suite des difficultés économiques qui touchèrent le monde urbain.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld