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Ressources Naturelles et Gestion des conflits "cas du cercle de douentza"

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par Mahamadou Moctar Dicko
Université du Mali/Faculté des Lettres des Arts et des Sciences humaines - Maitrise en Anthropologie 2006
  

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CHAPITRE VII -- CONFLITS LIES AUX RESSOURCES NATURELLES

Des conflits nombreux et variés surviennent régulièrement pour l'accès aux ressources dans le cercle et la commune urbaine de Douentza. Ces conflits sont exacerbés par des velléités pour leur contrôle ou appropriation par les acteurs et les communautés. Il s'agit de conflits entre agriculteurs et éleveurs, entre communautés autochtones et utilisateurs allochtones, de limites d'espace et d'exploitation des ressources.

1- Les conflits liés à la divagation des animaux :

Ces conflits éclatent quasiment chaque année, essentiellement entre les éleveurs peuls et les jardiniers et arboriculteurs de la commune urbaine de Douentza. Cependant les conflits entre les éleveurs peuls de Drimbé et les agriculteurs Dogons de Oualo et Almina sont de loin les plus fréquents et les plus violents. Le dernier conflit majeur éclata en 2003. La cause était des dégâts sur des cultures par un troupeau de bovins conduit par un jeune berger de Drimbé. L'altercation entre le jeune berger et l'agriculteur Dogon dégénéra en bataille rangée entre les agriculteurs Dogons de Oualo et les éleveurs peuls de Drimbé. L'affrontement se soldat par de nombreux blessés parmi les communautés belligérantes. Un homme perdit l'oeil au cours de la bagarre.

Les conflits opposants les jardiniers et arboriculteurs de Douentza et les éleveurs de la ville trouvent leur source dans l'obturation des pistes de passage des animaux. L'occupation de l'espace pastoral par l'agriculture illustre l'exploitation conflictuelle de

l'agriculture et de l'élevage pour l'accès aux ressources. Les alentours des puits et forages pastoraux de certaines zones du Seno Mango sont actuellement occupés par les agriculteurs. Il en est de même des gîtes d'étape à cause de l'accumulation des déjections d'animaux et des bourtols.

2- Les litiges fonciers :

Les litiges fonciers dans la commune de Douentza n'opposent pas seulement les éleveurs et agriculteurs de la zone. Certains litiges opposent les pratiquants de la même activité. Ces conflits sont pour la plupart causés par le manquement à certaines règles

et

coutumières. Dans les traditions locales, il est de coutume, d'apporter un fagot symbolique au propriétaire coutumier des terres empruntées. Manquer à ce devoir constitue à nier la propriété et entraîne souvent des conflits entre l'utilisateur et les propriétaires de la parcelle. Ce type de conflit est très fréquent dans la zone.

Litiges de terres entre pratiquant du même mode production

À titre d'exemple voici un cas de litige foncier ayant opposé MM Alabouri et Akouza OUNOUME et MM Abokane et Hamadoun MABA tous agriculteurs domiciliés dans le village de OUALO. Le conflit portait sur des champs de culture situés à Kassa ( hameau de culture de OUALO). Le conflit eu lieu en Février 1998.

Selon Alabouri Ounoume, les sieurs Abokane et Hamadoun Maba sont leurs étrangers. Leurs grands parents seraient originaires de Almina, (village voisin de OUALO) où ils ont quitté pour venir s'installer à OUALO. A leur arrivée, ils ont été accueillis par leurs grands parents qui les ont donné des champs de culture et des ruches des abeilles. Ces remises étaient subordonnées au respect de certains droits coutumiers qui consistaient à chaque récolte d'offrir une part du miel des ruches à leur famille. Ces droits auraient toujours été respectés par les grands parents et les parents de Abokane et Hamadoun MABA. Mais dans ces derniers temps ces derniers ne respectaient plus ces coutumes. Ils auraient été rappelé à l'ordre plusieurs fois mais avaient toujours refusés de s'exécuter. Ils avaient aussi organisé des réunions au niveau du village avec les chefs de toutes les familles qui n'ont pas pu les convaincre. Ces derniers seraient mêmes venus assister à ces réunions accompagnés de leurs fils qui portaient des fusils. Il y a aussi une réunion inter villageoise regroupant sept villages de la zone pour pouvoir gérer le problème mais le jour de la

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réunion les intéressés ne sont pas présentés. Devant cette situation qui perdure les intéressés ont été sommés d'abandonner les champs en question et comme ils ne se sont pas exécutes, une plainte a été déposée contre eux à la Justice de Compétence étendue de Douentza.

Pour la compréhension, après la mort des parents de Alabouri et Akouza OUNOUME, le nouveau chef de la famille OUNOUME est Akouza car il est le fils du grand frère paternel de Alabouri ainsi les droits coutumiers perçus sur l'exploitation des champs doivent lui être remis.

Les sieurs Hamadoun et Abokane MABA reconnaissent l'existence des droits coutumiers et la propriété des champs. Cependant, ils ne reconnaissent pas l'autorité d'Akouza sur les champs car ils déclarent détenir les de la grand-mère maternelle de Alabouri. Aussi ils ont refusé d'abandonner les champs et se sont dits prêts à défendre leurs droits.

e, Litiges de terres entre villages

Les formes et modes de propriété des terres sont souvent la source de conflits. La question de la problématique de la gestion des terres des terres ancestrales de Ewéry impliquant le village de Fombori constitue la source d'incompréhension majeure entre les deux villages. En effet ce conflit est l'un des plus célèbres de la région. Le conflit éclata depuis l'époque coloniale mais n'est cependant pas encore résolu après un siècle de procédure judiciaire. Le conflit porte sur des limites entre les deux villages. Le village de Ewéry est considéré comme parmi le premier village de la zone. Ainsi ce serait les populations d'Ewéry qui avaient installé celles de Fombori en leur accordant une portion de leur terre pour l'agriculture. L'origine du conflit était un litige foncier qui éclata en 1947 qui opposait Boureima Issabré ressortissant d'Ewéry installé à Fombori et Seydou Issabré habitant Ewéry. Boureima Issabré aurait quité Ewéry pour partir s'installer à Fombori parmi

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les ONGOÏBA parce qu'il étai traqué par ses frères de Ewéry. Ainsi il avait des terres, donc il fallait lui reconnaître ses terres et leur limite avec celles de ses autres frères. Dans le procès de 1947 le père de Wandia ONGOÏBA actuel chef de village de Fombori avait témoigné en faveur de Seydou ISSABRE

Pour Boureima ISSABRE qui hérita de la parcelle de Seydou ISSABRE après la mort de ce dernier lorsqu'on faisait la délimitation des terres entre Boureima ISSABRE et Seydou ISSABRE, aucun ONGOÏBA n'était concerné ; que c'est après la mort de ce dernier que Wandia ONGOÏBA a voulu se mêler de cette affaire et lui retirer sa parcelle. Les Gens d'Ewéry rapportent qu'il n y a jamais eu de litige sur des limites entre Ewéry et Fombori car c'est le village d'Ewéry qui est le propriétaire coutumier des terres de Fombori et que cela s'explique par le fait que selon la coutume Fombori leur apporte chaque année des fagots de bois, pour eux cela représente une preuve irréfutable. Toujours selon les populations de Ewéry, s'ils en sont là c'est parce que le village de Fombory dispose d'appuis forts à Bamako et qu'ils veulent leur retirer leurs terres.

Quant aux communautés villageoises représentées par Wandia,Tondiony et Hassim

ONGOÏBA tous des notables du village, il y aurait eu un problème de limite entre eux et Ewéry depuis 1907 et que le litige fut tranché en 1947 par une délimitation qui va d'une montagne située sur le territoire d'Ewéry et qu'à partir de cette montagne en allant à l'est jusqu'à deux kilomètres et sur la route de Douma l'on se rend compte selon lui que le côté droit de la route appartient à Fombori et que c'est un blanc qui était venu faire la délimitation et que depuis lors; il n'y a plus eu de délimitation.

Quant à l'autre partie, elle soutient que la délimitation de 1947 portait sur un litige entre Douentza et Ewéry. Ceci est attesté par le chef de village actuel de Douentza en la personne de Sadou CISSE. Selon ce dernier en 1947, à sa connaissance il y avait un litige entre Boureima ISSABRE et Seydou ISSABRE. Que le blanc avait demandé à qui appartenait les terres et qu'il a été décidé que les terres appartenaient à Ewéry. La délimitation a eu lieu toujours selon ce dernier en 1964 et qu'elle fut faite selon le constat

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fait en 1947 par le blanc c'est-à-dire à partir de la montagne située sur le territoire d'Ewéry en suivant des touffes d'arbres particuliers bien rangés allant de la montagne à Pétaka. Cette délimitation aurait été faite par le commandant de cercle de l'époque qui les avait matérialisé par des bornes et des piquets.

Après le jugement rendu en 1947, les populations de Fombory firent appel et un autre jugement fut rendu (celui du 10 Mai 1990) qui a confirmé celui de 1947 et contre lequel les représentants de Fombory ont interjeté appel.

Cependant malgré le jugement rendu en faveur des populations d'Ewéry, les populations de Fombory ont refusé l'exécution de la décision judiciaire. En 1990 un huissier muni de la grosse fut chargé de la délimitation, les autorités de Fombory villageoises ont refusé de participer aux travaux. En 1998 une autre tentative de délimitation tourna à l'affrontement, un homme y perdit l'oeil.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe