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Ressources Naturelles et Gestion des conflits "cas du cercle de douentza"

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par Mahamadou Moctar Dicko
Université du Mali/Faculté des Lettres des Arts et des Sciences humaines - Maitrise en Anthropologie 2006
  

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CHAPITRE VIII : GESTION DES CONFLITS

1 - Gestion locale des conflits

Traditionnellement les conflits liés à l'accès ou à l'utilisation des ressources naturelles sont tranchés par le chef de village assisté de ses conseillers et des notables du village. Ces différends étaient tranchés selon els traditions et coutumes locales

- Dans les cas de dommages aux cultures, les animaux ayant causés les dégâts sont saisis et leur propriétaire en est formé. Ce n'est cas d'échec d'une gestion interpersonnelle entre les intéressés que l'affaire est portée devant les autorités villageoises. Dans ce cas le chef de village convoque les deux parties, les donne la parole tour à tour pour établir les faits. Si le propriétaire des animaux reconnaît les faits, il est demandé à l'agriculteur de fixer la compensation et sa nature qui est couramment en argent. Quand l'agriculteur fixe le montant ; il est demandé à l'éleveur son avis. Si ce dernier juge la compensation trop élevée par rapport aux dégâts, il propose un prix à son tour où il peut demander l'évaluation des dommages par une tierce personne, en général un des conseillers du chef. Après l'évaluation un prix est fixé et l'éleveur est sommé de s'exécuter et un délai lui est accordé. S'il refuse encore d'obtempérer après épuisement du délai, le chef de village délègue des hommes qui ont pour mission de choisir un animal dans le cheptel de l'éleveur dont la va leur peut compenser les dommages et de l'offrir à l'agriculteur.

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Une autre coutume de la zone qui consistait à abattre le plus bel animal parmi le troupeau ayant causé des dégâts. Dans ce cas le différent n'arrive pas aux autorités villageoises. Cette coutume est d'origine dogon cependant elle est pratiquée chez tous les groupes ethniques de la zone.

- dans les cas des litiges fonciers sur des terres agricoles entre deux individus du même village, les deux parties sont convoquées par le chef de village. Les chefs de toutes les grandes familles du village sont aussi convoqués. Les deux parties en conflit se font aussi accompagnées par leurs témoins. Le jour de l'audience les deux parties exposent tour à tour leurs raisons. Après les avoir entendus le chef et son conseil interrogent tour à tour les témoins des deux parties. Le témoignage n'est valable que si le témoin a assisté à un fait ou si les faits lui ont été rapportés par un proche parent (frère, père). Les témoins de retour dans leur famille respective informe leurs proches du témoignage qu'ils ont fait pour que ceux-ci à leur tour puissent continuer le témoignage s'il leur arrive un accident.

Après avoir écouté toutes les versions le chef de village tranche le litige en fonction des traditions locales.

Dans les sociétés dogon si l'une des parties s'estime lésée par le verdict rendu par le chef et les sages, il peut recourir à l'utilisation du fétiche appelé selon les dialectes « mommê » ;« Biran » ou « bin » ce qui veut dire littéralement totem, tranchant. Dans ce cas les deux parties jurent sur le fétiche et attendent les effets qui sont généralement la mort du coupable ou de ses proches. La parcelle litigieuse est mise en défens jusqu'à l'obtention des effets provoqués par le fétiche. Ce fétiche existe

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encore dans les villages de Ewéry, Djimmel et Kiro. Il est encore utilisé pour mettre fin aux litiges dans la zone.

Pendant la période coloniale, le recours au chef de canton était un moyen courant pour contourner la décision des autorités villageoises.

Dans les cas de portant sur des limites ou des parcelles entre deux villages, ce sont les villages les plus anciens (par l'antériorité d'installation) qui sont chargés de l'arbitrage du conflit.

2 - Gestion administrative des conflits

Aux cotés de ces modes de résolution informels des conflits liés à la gestion ou à l'exploitation des ressources ; il existe un cadre législatif et institutionnel local constitué de lois portant sur le code domanial et foncier, la charte pastorale et la : gestion des ressources naturelles. La gestion administrative des conflits liés aux ressources naturelles date de la période coloniale et de l'introduction de l'état moderne.

Le recours aux autorités administratives locales intervient dans la plupart des cas quand les tentatives de gestion des conflits au niveau du village échouent surtout dans les cas de conflit violent entre les usagers des ressources naturelles. Les autorités impliquées sont les chefs d'arrondissements, les commandants de cercle, les juges.

61 Cette implication des autorités administratives se fait suite à une plainte introduite par une des parties en litige ou par le chef de village.

Dans les cas de dommages sur des cultures, un agent de l'agriculture et des agents des forces de l'ordre sont réquisitionnés pour se rendre sur les lieux et constater les dommages. Après constat, ces agents fournissent à l'autorité administrative mandataire un procès verbal de constat. C'est sur la base de ces constats que l'autorité compétente se fonde pour fixer les amendes et les sanctions qui s'imposent. Dans la majorité des cas les dépenses engagées par la procédure sont aux frais de la partie plaignante et ce jusqu'à ce que un jugement soit rendu. Après le jugement le coupable est condamné aux dépens.

Dans les cas de litige foncier, les plaintes sont en général adressées à la justice ou à la gendarmerie. Les deux parties comparaissent devant les gendarmes ou le juge, chacun produisant ces témoins. Les autorités villageoises sont convoquées et leurs versions des faits sont recueillies. La parcelle litigieuse est toujours mise en défens. C'est après l'instruction du dossier qu'une date est fixée pour le jugement. Le jugement est rendu en présence des deux parties en conflit ou présence de leurs représentants. Après le verdict un huissier est chargé de la délimitation de la parcelle. La partie qui s'estime

62 lésée peut interjeter appel auprès de la cour d'appel voire la cour suprême qui est le dernier recours.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams