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Ressources Naturelles et Gestion des conflits "cas du cercle de douentza"

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par Mahamadou Moctar Dicko
Université du Mali/Faculté des Lettres des Arts et des Sciences humaines - Maitrise en Anthropologie 2006
  

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CHAPITRE IV LES RESSOURCES NATURELLES

Les ressources naturelles correspondent aux composantes de l'environnement naturel qui sont principalement l'eau, les sols, la végétation, la faune, ... (ressources renouvelables), qui sont prélevées mais non produites. Elles sont sujettes aux problèmes liés à leur dégradation, exploitation et disparition. Les ressources naturelles dans le cercle de Douentza présentent les caractéristiques suivantes :

· Ce sont des ressources renouvelables

· Elles dépendent essentiellement de la pluviométrie locale qui est aléatoire et présentent une grande variabilité dans l'espace et le temps

· Ce sont des ressources partagées

Il s'agit de ressources dont les disponibilités sont limitées et qui nécessitent un déplacement des utilisateurs et usagers pour y accéder. Cette utilisation se caractérise par le libre accès, expliquant ainsi la forte pression et l'exploitation désordonnée et anarchique à laquelle elles sont soumises.

Les formes d'utilisation des ressources naturelles sont nombreuses et sont liées aux différents modes locaux de production qui sont extensifs par nature : agriculture locale, pâture, fauche de la paille, coupe du bois de chauffe et de construction, feuilles et bois pour l'artisanat, cueillette des fruits et graines de plantes alimentaires sauvages, de plantes médicinales, de miel, etc.

Les ressources font l'objet d'un prélèvement continu sans remplacements. La pluviométrie annuelle demeure la principale source et cause à travers laquelle la végétation et les eaux sont renouvelées.

Actuellement ces ressources ont été affectées tant qualitativement que quantitativement de façon régressive par les sécheresses successives de 1973 et de 1984 et par les pluviométries chroniquement déficitaires et par l'accroissement démographique, tant humain qu'animal.

La conséquence de ces phénomènes est la forte pression exercée sur les ressources foncières et pastorales au cours de leur exploitation à cause de la mauvaise pluviométrie, de la dégradation des terres et des ressources. Les principales ressources naturelles sont constituées par

1- Le foncier :

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Le domaine agricole

Partout la terre est abondante. Ainsi, 90 % des chefs d'unités de production agricole interrogés ont déclaré que la totalité de leur patrimoine foncier n'était pas mise en valeur. Cette abondance de terre est cependant relative ; la terre est soumise à des modalités variables selon les villages.

-L'accès à la terre

L'accès à la terre ne constitue pas un problème pour les descendants des fondateurs et les migrants naturalisés qui en général ont hérité d'un patrimoine de leurs ascendants. L'usufruit permanent des terres en friche du terroir villageois est accessible aux autochtones avec des modalités d'accès variables selon les sites. Pour les descendants des fondateurs l'accès est libre. Les autres catégories doivent avant tout défrichement faire une demande aux autorités villageoises ou aux propriétaires de la parcelle. La terre n'est jamais donnée, elle est confiée.

Pour les étrangers l'accès à la terre se fait selon les modalités suivantes

- par don

- par autorisation

- par prêt

- par achat

Les cas de vente où d'achat de terres n'ont été enregistrés qu'au niveau de la commune urbaine de Douentza

2 - L'eau :

L'eau est une denrée rare importante et rare dans le cercle de Douentza le patrimoine hydraulique du cercle ne compte pas beaucoup d'eau coulante exceptée certaines rivières alimentées par les eaux de pluie et ayant une existence éphémère. Les ressources en eau sont composées des eaux de surfaces et des eaux souterraines : celles-ci étant composées essentiellement par des puits traditionnels, de puits améliorés, de forages modernes et une multitude de mares qui ne contiennent de l'eau pour la plupart qu'une partie de l'année.

Par la quantité et la diversité de ses points d'eau, la région semble riche en ressources hydrauliques. Cette richesse est rendue cependant très relative par

- le tarissement précoce des mares tributaires en général de la pluviométrie annuelle

- la profondeur des puits

- l'invasion des transhumants du bourgou

- l'accès temporaire et conflictuel des forages villageois.

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L'accès à l'eau : Pendant et jusqu'à la fin de l'hivernage les éleveurs abreuvent leurs animaux dans les mares. C'est après le tarissement des mares (février) qu'ils commencent à abreuver leurs animaux aux puits et aux forages. Ceci jusqu'aux début des premières pluies (juin- juillet).

L'accès à l'eau est régi par des règles d'usages complexes et ce en fonction de la nature des points d'eau et des sources. Dans la zone il existe deux principaux modes d'accès aux points d'eau

- le libre accès qui concerne

· les mares considérées comme des dons de la nature, et sont des sources d'eau communes. N'importe quel éleveur, transhumant tout comme autochtone peut y faire abreuver ses animaux sans contrepartie.

· Les puits et forages collectifs aménagés par des intervenants extérieurs et sans la contribution des communautés

· Les puits privés situés en général dans les concessions ou aux abords des habitats avec cependant des priorités d'usage pour les propriétaires qui fixent aux autres l'ordre et les horaires d'accès en fonction de la quantité disponible

- l'accès payant qui concerne

· les forages introduits par les organismes de développement avec la participation financière des bénéficiaires. Les tarifs appliqués pour l'accès à ces points d'eau varient selon que l'éleveur est membre du groupe, autochtone non adhérent ou étranger : pour les membres adhérents le tarif varie de 10 à 20 francs par têtes de bovins, 5 à 10 francs pour les petits ruminants, pour les autochtones non membres 20 à 25 francs et 30 à 40 francs pour les éleveurs transhumants.

· Certaines mares sur creusées par les autochtones sont aussi d'un accès payant 3 - Les pâturages

L'activité pastorale dans le cercle de Douentza est surtout favorisée par la diversité et la quantité des pâturages. Les pâturages sont constitués de pâturages herbacés et arbustifs. Ces pâturages s'étendent sur de vastes domaines qui n'ont pas encore été par l'agriculture.

- les pâturages herbacés : les espèces herbacées rencontrées dans les différents espaces pastoraux sont principalement les suivantes :

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Nom de l'espèce en peul

Nom scientifique

Lannere

Andropogon gayanus

Pagguri

Panicum laetum

Sinkaare

Alysacarpus ovalifelius

Bogodollo

Pennicetum pedicellatum

Gringal

Blépharis linarifolia

Selbo

Aristida mutabilis

Hebbere

Cenchrus biflorus

Takkabal

Blépharus linarifolia

Saraawo

Schoenefeldia gracilis

Tuppere

Tribulus terrestris

Rendere

Citrilus lanatus

Burugel

Dactylocténium aegyptium

Raneeriiwo

Brachiara stigmatisata

Fulnere

Boerharia repens

Cilaal

Cassia mimosadés

Uulo

Cassia obtusifolia

Fasuuwo

Heteropogon contortus

maaro

Oryza barthii

 

Ces espèces sont les plus courantes et se répartissent de façon inégale sur dans les espaces pastoraux. Certaines comme saraawo et cakari sont perennes tandis que d'autres comme bogodollo et paguri sont saisonnières. Les espèces telles que takkabal, pagguri, giringal sont très prisées par tous les animaux, tandis que d'autres ne sont consommées que par les équins et les asins.

- les pâturages arbustifs : ils sont aussi appelés pâturages aériens et sont constitués des arbres et arbustes dont les feuillages servent d'aliments aux animaux sont particulièrement

Nom de l'arbre en peul

Nom scientifique

Cayki Cilluki Patuki

Acacia albida Acacia tortilis Acacia laeta

 

If

Bulbi Acacia seyal

Tanni Balanites aegyptiaca

Nammaadi Bohinia rufenscens

Kooli Mitrigina inermis

Kojoli Anogeisus leicarpus

Kelli Grewia bicolour

Cami Ptecarpus lucens

Ces espèces se retrouvent presque dans tous les espaces pastoraux ; le cami et le cayki sont les arbres de la région par excellence. Les arbres tels que cilluki, bulbi, et kelli sont les plus utilisés pour nourrir les animaux et auraient des vertus pour favoriser la reproduction animale, améliorer la qualité de leur chair et de leur viande.

Malgré une sensible dégradation des ressources pastorales causée par les sécheresses des années 1970 et des années 1980, les pâturages sont d'une quantité suffisante. Malgré la disparution de certaines espèces, les éleveurs locaux pensent que les pâturages sont suffisants

L'accès aux pâturages

L'herbe et les produits des arbres sont des produits appartenant à toute la communauté, cet état de fait est surtout démontré par les comportements des populations. Ainsi dans les brousses tigrées (Ferro en peul) comme dans les brousses sablonneuses (Seeno en peul) qui constituent les grands espaces pastoraux de la zone l'accès aux différents pâturages est libre à tous. Cependant dans certains cas l'accès à certains pâturages n'est accordé qu'aux éleveurs du terroir

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote