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Théorie de la Reconstruction Rationnelle. Programmes de Recherche et Continuité en sciences

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par Julien NTENDO BIASALAMBELE SJ
Faculté de Philosophie St Pierre Canisius, KInshasa - Licence en philosophie 2007
  

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III.1.2. Histoire interne et Histoire externe

La question qui nous préoccupe à ce niveau est celle de savoir de quoi l'histoire des sciences est la science. Cette question entraîne une autre : comment faire l'histoire des sciences ou comment devrait-on la faire?204(*) La question revient à se demander si l'histoire et le progrès des sciences tiennent essentiellement à l'autonomie relative de la rationalité de leurs structures et de leurs méthodologies ou s'ils dépendent des facteurs extra-scientifiques, socio-psycologiques ou culturels. Pour Canguilhem, ce débat est l'un des débats de l'heure qui range les philosophes anglo-saxons selon qu'ils sont externalistes ou internalistes.

III.1.2.1. Externalisme : la science comme un projet de sécurité sociale.

L'externalisme est une manière de lire l'histoire des sciences en rapport avec les intérêts socio-économiques, avec les idéologies politico-religieuses ainsi qu'avec les exigences et les pratiques techniques. Il consiste à interpréter la science comme un facteur culturel, mieux comme un produit de la culture; il analyse les facteurs externes à la pratique scientifique proprement dite comme exerçant une influence majeure sur le développement de la science :

« l'externaliste voit l'histoire des sciences comme une explication d'un phénomène de culture par le conditionnement du milieu culturel global et par conséquent l'assimile à une sociologie naturaliste d'institutions, en négligeant entièrement l'interprétation d'un discours à prétention de vérité »205(*).

Plus d'un historien de sciences épousent le point de vue externaliste. Pour les auteurs de La nouvelle alliance par exemple, à défaut de définir l'activité scientifique comme un produit de la culture, Newton et les scientifiques modernes ont conçu la science comme étrangère à la culture. Il s'en est suivi la domination de la science - partant de l'homme maître de la science- sur la culture. La science est perçue surtout comme une menace de destruction des savoirs, des traditions, des expériences les plus enracinées de la mémoire culturelle.  La science apparaît comme un corps étranger à la culture, comme un cancer qui la détruit. Ce qui explique le désenchantement actuel du monde : la science moderne provoque la crise du monde par le fait qu'elle émet des lois universelles qui excluent tout intérêt particulier. Cette exclusion du particulier est un effet du progrès scientifique206(*).

D'après Thomas Kuhn, les tentatives à comprendre la science dans son contexte culturel peuvent revêtir trois formes différentes. Premièrement, dans sa forme la plus ancienne, l'externalisme se présente comme une étude des institutions scientifiques. Ces institutions varient et portent chacune une histoire. Cette histoire est reprise dans les ouvrages (revues et périodiques) qui jouent le rôle de sources pour l'historien de sciences. Deuxièmement, l'étude du développement des sciences s'accompagne de l'étude des établissements d'enseignement des sciences. Ceux-ci peuvent contribuer à la promotion ou au frein du progrès scientifique. Troisièmement, et enfin, l'externalisme peut se présenter comme l'étude de la science dans une région géographique précise et bien délimitée. Ceci permet de se concentrer sur l'évolution des spécialités techniques particulières et suffisamment homogènes pour favoriser la compréhension du rôle et des assises sociaux des sciences207(*). De ces trois formes, renchérit Kuhn, la dernière est la plus récente et la plus novatrice en ce sens qu'elle met en oeuvre une gamme plus étendue d'expériences et de savoirs historiques et sociologiques.

Par ailleurs, Imre Lakatos, définit l'histoire externe en ces termes :

« l'histoire externe, soit elle donne une explication non rationnelle du rythme, de la localisation et de l'importance des événements historiques, en tant que ceux-ci reçoivent une interprétation en termes d'histoire interne; soit, lorsque l'histoire diffère de sa reconstruction rationnelle, elle offre une explication empirique d'une telle différence »208(*).

L'histoire externe se consacre donc aux facteurs psychologiques ou subjectifs n'ayant qu'un intérêt mineur pour une reconstruction rationnelle de l'histoire. Relire l'histoires des sciences en fonction des besoins sociaux et des divers projets de sécurité sociale qui l'influencent, c'est faire une histoire incomplète, voire imparfaite des sciences. Akenda précise que le projet scientifique comme projet de sécurité sociale n'est pas à vrai dire ce qui fait la spécificité de l'histoire des sciences. Il ajoute que ce qui la caractérise, c'est son projet de scientificité, c'est-à-dire la manière de s'assurer et de réaliser un dessein de vérité selon des règles de prégnance d'intelligibilité par lesquelles elle décide de la validité d'une explication et d'une théorie209(*). C'est là le rôle de l'histoire interne.

* 204 CANGUILHEM, G., op. cit., p. 15.

* 205 Ibidem.

* 206 PRIGOGINE, I., & STENGERS, I., op. cit., p. 62

* 207 Cfr. KUHN, T. S., Tension essentielle, pp. 167-168.

* 208 LAKATOS, I., Histoire et méthodologie des sciences, p. 210.

* 209 Cfr. AKENDA, J C., Science comme mémoire de la raison, p. 1.

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