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Théorie de la Reconstruction Rationnelle. Programmes de Recherche et Continuité en sciences

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par Julien NTENDO BIASALAMBELE SJ
Faculté de Philosophie St Pierre Canisius, KInshasa - Licence en philosophie 2007
  

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I.1.3. Des critiques de la thèse justificationniste

L'un des plus grands pourfendeurs de l'idéal d'une connaissance prouvée, de la méthode inductive et du progrès cumulatif est Karl Popper. Pour ce dernier, le problème de l'induction tient de la contradiction apparente entre l'empirisme - c'est-à-dire la tendance à faire de l'expérience le seul arbitre de la vérité et de la fausseté d'un énoncé factuel- et la découverte humienne de la non-validité des généralisations inductives48(*). L'induction est donc une contradiction logique. Ainsi, le problème de l'induction est résolu dès lors que les théories scientifiques ne sont plus considérées comme prouvables, et moins encore comme probables.

« Nous pouvons, (...) interpréter les lois naturelles ou théories comme des énoncés authentiquement décidables en partie, c'est-à-dire des énoncés qui, pour des raisons logiques, ne sont pas vérifiables mais de manière asymétriquement falsifiables : ce sont des énoncés que l'on met à l'épreuve en les soumettant à des tentatives de falsification49(*) ».

La solution au premier problème entraîne la solution au problème épineux de la démarcation. Pour Karl Popper, le critère de signification ou de vérification du positivisme devra être remplacé par celui de falsifiabilité ou de réfutabilité, car l'activité scientifique ne consiste pas à accumuler des vérités fixes et éternelles, mais à poser des conjectures et à les réfuter par l'expérience.

Dans la même foulée, Quine élabore à son tour une critique acerbe du positivisme logique. Dans Les deux dogmes de l'empirisme, Quine reproche au positivisme logique de reposer essentiellement sur deux dogmes :

« Le premier consiste à croire en un clivage fondamental entre les vérités analytiques (ou fondées sur la signification indépendamment des faits) et les vérités synthétiques. Le second, le réductionnisme, consiste à croire que chaque énoncé doué de sens équivaut à une construction logique à partir des termes qui renvoient à l'expérience immédiate50(*) ».

Pour Quine, une fois écartés ces présupposés dogmatiques et autoritaires, le positivisme logique n'a plus de fondement solide sur lequel reposer.

Dans les sciences expérimentales, Imre Lakatos identifie le courant justificationniste à l'empirisme. Il en distingue deux grandes catégories : les intellectualistes classiques (ou rationalistes étroits) et les empiristes classiques. S'il est clair que, pour tout empiriste, la connaissance scientifique consiste en une accumulation de propositions prouvées par l'expérience, il n'y a cependant pas d'unanimité en ce qui concerne la notion de preuve. Notre auteur s'explique en ces termes :

« Les intellectualistes classiques (...) admettent des espèces fort diverses, et puissantes, de « preuves » extralogiques, par révélation, par intuition intellectuelle, par expérience (...). Les empiristes classiques n'acceptent qu'un ensemble relativement étroit de « propositions de fait » exprimant des « faits durs », dont la valeur de vérité est établie par l'expérience ; ces propositions constituent la base empirique de la science51(*) ».

Ces deux catégories d'empiristes divergent également quant à la méthode. Les intellectualistes que Lakatos appelle aussi les rationalistes ou les kantiens procèdent par une méthode déductive, alors que les empiristes classiques optent pour une logique inductive.

Au-delà de cette double divergence de point de vue et de méthode, tous les justificationnistes sont unanimes sur la capacité d'un jugement singulier à exprimer un fait dur, c'est-à-dire sur le pouvoir reconnu à une proposition factuelle à renverser une théorie universelle. C'est aussi là, pense Lakatos, une des faiblesses les plus criantes du justificationnisme. Ainsi, se heurtant déjà à l'agnosticisme des sceptiques, le justificationnisme nourri du scepticisme ouvre la voie à l'irrationalisme, au dogmatisme.

En réalité, une critique sérieuse du justificationnisme aboutit au résultat que toutes les théories scientifiques sont également improuvables52(*). L'échec du justificationnisme ouvre ainsi la voie au probabilisme.

* 48 Cfr. POPPER, K., Logique de la découverte scientifique, Paris, Payot, 1982, p. 317.

* 49 Idem, p. 318.

* 50 QUINE, W.V.O., Les deux dogmes de l'empirisme, in JACOB, P., (Sous la direction de), De Vienne à Cambridge. L'héritage du positivisme logique de 1950 à nos jours, Paris, Gallimard, 1980, p. 87.

* 51 LAKATOS, I., op. cit, pp. 4-5.

* 52 D'après Imre Lakatos, les justificationnistes sont arrivés à cette conviction : les intellectualistes ou les kantiens, par le succès de la géométrie euclidienne et par l'émergence de la physique non-newtonienne. Les empiristes classiques en sont convaincus par l'incapacité de la logique inductive à constituer une base empirique fiable et garantissant la rationalité et le progrès scientifique. Nous reviendrons plus loin sur le débat portant sur la base empirique, dans la critique que Lakatos fait du falsificationnisme de son maître, Karl Popper. Cfr. LAKATOS, op. cit., p. 6.

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