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La pauvreté au Sénégal

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par Adama KHAYA
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrîse analyse et politiques économiques 2004
  

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Chapitre II : Stratégie de lutte contre la pauvreté

L'analyse des causes, déterminants, manifestations et vécu de la pauvreté au Sénégal montre que la forte croissance nécessaire pour réduire de manière durable la pauvreté nécessite au préalable un cadre macroéconomique sain et une gestion saine et transparente des ressources publiques qui passe par une bonne gouvernance économique et judiciaire. Cette croissance n'est cependant pas suffisante pour atteindre les objectifs, si elle ne s'accompagne pas d'une réduction des inégalités de revenus et des discriminations dans l'accès aux services sociaux entre milieu rural et urbain, le renforcement du capital humain, le renforcement de la décentralisation et la participation des acteurs dans la formulation et la mise en oeuvre des politiques et stratégies. Par ailleurs, les événements vécus ces dernières années ont montré que les acquis en matière de croissance et de renforcement du capital humain sont souvent remis en cause du fat de l'occurrence de chocs de diverses natures (catastrophes, accidents) et d'absence de protection contre les risques sociaux.

Pour prendre en charge de manière harmonieuse et cohérente ces différents défis, le Sénégal a retenu une stratégie axée sur quatre leviers fondamentaux :

1- la création de richesse

2- l'accélération de la promotion de l'accès aux services sociaux de base

3- la protection sociale et prévention et gestion des risques et catastrophes

4- la gouvernance et le développement décentralisé et participatif.

En ce qui concerne la création de richesse, différentes études statistiques révèlent une forte corrélation entre le revenu national par tête et les indicateurs de pauvreté, qu'ils soient monétaires ou non monétaires.

Au Sénégal, les analyses faites sur les déterminants de la pauvreté montrent bien l'importance du facteur « insuffisance de revenus » et justifient amplement que la promotion de la création de richesses dans un cadre macro-économique sain et stable, constitue encore le premier pilier dans le but de favoriser l'émergence et le renforcement de l'emploi productif. L'analyse des indicateurs du cadre macroéconomique et des contraintes à la croissance montre que le Sénégal doit relever les défis suivants : comment augmenter les exportations de manière durable en appuyant des secteurs à forte valeur ajoutée où le Sénégal dispose d'avantages comparatifs sur le marché ? Comment répondre à la demande intérieure en biens et services par la production intérieure en vue de garantir la sécurité alimentaire ?

Pour relever ces défis, le Sénégal mettra simultanément en oeuvre une stratégie de croissance accélérée, une stratégie d'appui aux secteurs productifs de substitution à l'importation en particulier dans le domaine agricole pour garantir la sécurité alimentaire.

Le Sénégal a retenu l'accélération de la promotion de l'accès aux services sociaux de base comme second pilier de sa stratégie en vue notamment de relever le stock de capital humain, base d'une croissance durable, répondre à la demande sociale et favoriser l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Les ménages, aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain, sont exposés à une variété de chocs (sécheresse, inondations, accidents, maladies, fluctuation des prix de produits de base...) qui les empêchent d'accumuler les biens et le capital humain susceptibles de les aider à sortir de la pauvreté. C'est pourquoi le Sénégal met l'accent sur la nécessité de faire de la protection sociale, en particulier des groupes vulnérables, un des piliers de sa stratégie pour assurer une réduction durable de la pauvreté.

Enfin, un des enjeux principaux de la lutte contre la pauvreté est la nécessité de toucher toute la population sénégalaise ciblée en répondant à ses besoins spécifiques et en assurant la célérité et la transparence dans la formulation, le pilotage, l'exécution et le suivi évaluation des politiques publiques et des programmes de développement.

A cet effet, le Sénégal a inscrit la bonne gouvernance et la décentralisation dans les priorités de lutte contre la pauvreté, confirmant le consensus, exprimé par les acteurs de la vie socio-économique, sur le rôle important du capital dans la croissance à long terme.

Cependant, nous articuleront ce chapitre autour de quatre sections à savoir : la création de richesse, l'accélération de la promotion de l'accès aux services sociaux de base, la protection sociale et la bonne gouvernance.

Section 1 : La création de richesse

A partir de données des deux enquêtes sénégalaises auprès des ménages (ESAM I et II), le Centre de Recherches Economiques Appliquées (CREA) de l'université Cheikh Anta DIOP de Dakar a établi que l'élasticité de l'incidence de la pauvreté par rapport au taux de croissance du revenu réel par tête, sous l'hypothèse que l'inégalité des revenus ne change pas, était de -1,38. Une croissance robuste et mieux répartie est donc un pré requis fondamental pour une réduction significative de la pauvreté.

La stratégie de création de richesse reposera sur une croissance économique forte, suffisante pour avoir un impact quantitatif substantiel sur la prévalence nationale et régionale de la pauvreté. Il sera ainsi recherché :

1-une croissance soutenue par des secteurs qui ont un impact important et durable sur l'amélioration des revenus en milieu rural et urbain

2-une croissance génératrice d'emploi, portée par l'investissement et les exportations.

Cette stratégie repose sur un scénario de croissance qui augmente les revenus des pauvres, c'est-à-dire une croissance qui favorise les secteurs et les régions où les pauvres vivent et utilisent les facteurs de production qu'ils possèdent. Jusqu'à présent, la majorité des pauvres sont localisés en milieu rural et dépendent en majeure partie directement de l'agriculture et les facteurs de production qu'ils possèdent et qu'ils utilisent le plus se résument à la terre, au travail et très rarement au capital. Une croissance favorable aux pauvres (croissance pro pauvre) devra mettre l'accent sur les zones rurales, la hausse de la productivité et des revenus de l'agriculture et être très intensive en travail.

Dans l'optique de renforcer le caractère inclusif de la croissance, le gouvernement a identifié des activités ou domaines d'activités prioritaires dans les secteurs suivants :

1- secteur primaire (agriculture, élevage, pêche, foresterie) dans une dynamique intersectorielle, avec tous les autres susceptibles de contribuer à son essor : industrie, hydraulique, transport, artisanat

2- micro finance et entreprenariat féminin

3- PME/PMI et agro-industrie

4- toute opportunité de développement des initiatives privées génératrices d'emplois dans les autres secteurs économiques (mines, énergies, bâtiments et travaux publiques, TIC) qui peuvent être réalisées aussi bien en milieu urbain qu'en milieu rural.

Du fait des interactions sectorielles et de la répartition spatiale de la population active et de la pauvreté, le Sénégal doit axer sa stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté et des inégalités, en priorité, sur le relèvement de la productivité de l'agriculture notamment à travers les produits à demande intérieure et internationale croissance. Aussi, toutes les dispositions (mesures fiscales, institutionnelles, infrastructures physiques, encadrement et formation, systèmes d'information sur les marchés nationaux et internationaux) seront prises pour favoriser le développement d'unités de transformation et de conservation des produits agricoles.

Parallèlement, l'accent sera mis sur les autres secteurs porteurs de croissance, mais également sur les facteurs de croissance à long terme comme le capital humain et les infrastructures de base.

En somme, l'axe création de richesses sera basé sur un cadrage macroéconomique pour la période 2006-2010 et axé autour de la mise en oeuvre de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA) et de différentes politiques sectorielles orientées vers la réduction de la pauvreté.

A- Cadre macroéconomique

Après une croissance de 5,5% enregistrée en 2005, les premières tendances de l'économie en 2006 sont marquées par la persistance de la hausse des prix du baril de pétrole et les difficultés des Industries Chimiques du Sénégal (ICS), laissant augurer une croissance du PIB de 4,0%. Ce résultat s'explique par le ralentissement de l'activité du secteur industriel qui est passée d'une croissance de plus de 8% et une baisse de 0,9%.

Le redressement du secteur primaire (6,8%) et le dynamisme du secteur tertiaire (5,1%) permettraient d'atténuer l'impact des difficultés du secteur secondaire.

Au niveau du secteur primaire, la croissance était en 2006 à 6,8% contre 9,4% en 2005, en raison du ralentissement de tous les sous-secteurs.

S'agissant du secteur secondaire, la poursuite de la hausse des prix du pétrole, ainsi que les difficultés des ICS ont fortement impacté l'évolution de l'activité industrielle. En dehors des effets directs de la hausse des prix des produits pétroliers sur les sous-secteurs du raffinage de pétrole, les effets induits ont été notés également dans les autres industries. A ces difficultés s'ajoutent les contre performances des industries chimiques qui se sont traduites par un arrêt de la production d'engrais et d'acide phosphorique.

Pour ce qui concerne le secteur tertiaire, la croissance de 5,1% reste essentiellement tirée par le sous-secteur des transports et télécommunications qui enregistrent une progression de 9,0% en 2006. Le léger repli du rythme des activités commerciales (2,5% en 2006) est lié à baisse des marges des produits du secondaire. Toutefois, les évolutions des autres marges restent positives et sont respectivement de 3,8% pour les produits primaires et de 5,9% pour celles sur les produits importés.

Le niveau général des prix, mesuré par le déflateur du PIB était de 3% par rapport à 2005. Cette hausse résulterait essentiellement de la flambée du prix du baril de pétrole.

B- Stratégie de croissance accélérée

Dans la perspective d'atteindre les taux de croissance requis pour la réalisation des objectifs de réduction de la pauvreté de moitié d'ici à 2015 (OMD1), le gouvernement a initié le processus d'élaboration d'une SCA pour créer les conditions de nouveaux gains de productivité afin d'atteindre un taux de croissance de 7 à 8%.

Cette stratégie qui sera bâti autour de « l'approche grappe », vise à assurer une forte croissance des secteurs ciblés avec un effet d'entraînement sur l'ensemble de l'économie et à renforcer la synergie intersectorielle. Il s'agira d'accélérer la croissance économique, en améliorant qualitativement la structure de la croissance pour la rendre plus efficace dans la lutte contre la pauvreté et en diversifiant les sources pour la sécuriser et la pérenniser.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand