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Etude d'un enjeu économique majeur dans un jeu d'échelles et d'acteurs politiques particuliers: L'aménagement de la zone d'activités industrielles du Technoparc du Lodévois

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par Jean-François BIHAN-POUDEC
Université Paul Valéry Montpellier 3 - Gestion des Espaces Ruraux, Aménagement et Développement Local 2008
  

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b. Le Technoparc : révélateur de problèmes de gouvernance.

1. Entre la commune du Bosc et la communauté de communes du Lodévois.

Christian Cornée, directeur du développement économique de la CCL et responsable du projet du Technoparc explique à quel point il est difficile de concilier ces différentes fonctions.

La difficulté première est de répondre aux attentes du politique, responsable du projet devant la population. Le président de la CCL, Robert Lecou, député-maire de la commune de Lodève, a besoin de résultats concrets pour appuyer sa campagne politique. Or, le dossier du Technoparc demande du temps, et est également dépendant des accords et du consensus du conseil de la CCL et de tous les acteurs impliqués dans le projet. Les populations s'impatientent et ne voient pas avancer les choses, et les lodévois attendent également des résultats concrets. Le politique cherche à concilier ces deux terrains, au risque, peut-être, de précipiter les choix et de s'orienter vers une stratégie de développement économique à court terme.

Le politique est aussi directement confronté aux difficultés liées à la
multifonctionnalité de ces espaces. Le maire de la commune du Bosc, est également le vice
président de la CCL. En temps que maire, il est soumis aux pressions des associations
écologistes situées sur sa commune, qui surveillent et s'opposent aux projets du Technoparc.
Les habitants de la commune qui résident dans les lotissements proches du Technoparc sont
aussi opposés à certains projets. Cependant, sa place de vice-président au sein de la CC lui
impose ce projet, et il doit le soutenir au nom du développement économique intercommunal.
De plus, le document d'urbanisme qui va planifier le Technoparc n'a pas encore été
choisi : un Schéma Directeur, une ZAC... Le Technoparc doit s'inscrire dans le document
d'urbanisme de la commune sur laquelle il se situe. Or, le Plan Local d'Urbanisme de la
commune du Bosc est en cours d'élaboration depuis un certain temps et menace la
constructibilité des terrains du Technoparc car il a le pouvoir de bloquer tout le projet. Le
PLU ne peut intégrer le statut juridique du parc que s'il en possède réellement un (ce qui n'est
pas encore le cas). Pour l'instant, toute la commune du Bosc obéit au RNU, ainsi le parc ne

peut s'agrandir au-delà des zones déjà urbanisées et de nombreux quartiers résidentiels se sont construits à proximité du Technoparc. Ce sont surtout pour ces derniers habitants que le développement de cette zone d'activité pose problème. L'intérêt politique du maire du Bosc est donc de ralentir l'élaboration du PLU, afin de ne pas mécontenter les habitants avant les élections municipales. De son côté, la CCL ne peut avoir de lisibilité quant au document d'urbanisme qui va régir le statut du Technoparc. D'un point de vue juridique, la situation est actuellement bloquée. La constructibilité des terrains est donc limitée tout comme l'accueil de nouveaux entrepreneurs.

2. Entre la CCL et le Pays Coeur d'Hérault.

Le statut particulier qu'entretient la CCL envers son pays crée de nombreuses tensions. Il est nécessaire dans un premier temps de tenter d'expliquer pourquoi la CCL ne participe pas à cette association.

Pour R. Lecou, participer à l'association Pays Coeur d'Hérault signifie financer cette structure, et donc cela impose des taxes supplémentaires. Le maire de Lodève affirme qu'il ne veut pas participer à cette association car il ne veut pas alourdir les taxes des lodévois. Il considère que cette structure ajoute un échelon supplémentaire qui nuit à la lisibilité du territoire. R. Lecou a toujours refusé l'association du Pays Coeur d'Hérault car il considère qu'elle est génératrice de dépenses inutiles.

Les acteurs du Pays considèrent globalement que si la CCL s'est retirée de l'association Pays c'est uniquement pour des raisons politiques. Et pour tous les acteurs interrogés, l'avis est unanime : au-delà des luttes politiques, ce sont les personnalités des élus qui « coincent ». T. Rebuffat, responsable technique au sein de l'association Pays affirme que les conflits dépassent les couleurs politiques et se heurtent à des luttes de personnalités entre élus. Ainsi, pour certains, il semblerait que R. Lecou accepterait une telle association si elle correspondait au même bord politique que le sien. Si en 2003 la CCL s'est retirée du Pays, certains pensent que cela correspond à une stratégie électorale de R. Lecou. En effet, en prévision des élections législatives, l'actuel député-maire n'a pas voulu apporter son soutien à une structure dont le président, L.Villaret représente une menace potentielle.

Bien entendu, prendre du recul par rapport à toutes ses informations est nécessaire. Le jeu politique complexifie extrêmement la situation des structures d'action et brouille la cohérence territoriale. Le développement économique et l'aménagement du territoire est au coeur de la stratégie politique et en subit les conséquences. La coopération de la CCL avec le reste du Pays est extrêmement compromise par ces tensions. Il n'y a pas de réelle volonté de coopérer, que ce soit d'un côté ou de l'autre.

3. Entre la CCL et la région.

Actuellement, le projet du Technoparc est financé par la CCL. Cette collectivité est responsable de la maîtrise d'oeuvre et de la maîtrise d'ouvrage. Le maître d'ouvrage est l'entité porteuse du projet, de ses objectifs, de son calendrier et du budget consacré à ce projet. Cependant, le compte-rendu du 9 février 2006 de la réunion du Comité d'Initiative Economique Locale rapporte que la CCL n'a pas les moyens d'aménager et d'exploiter seule le site. Des contacts sont alors pris avec le Conseil Régional et le Conseil Général de l'Hérault, et un appel à des investisseurs privés est également lancé.

Le président du Conseil Régional, Georges Frêche, a proposé à plusieurs reprises un partenariat à travers la création d'un syndicat mixte qui assurerait la maîtrise d'ouvrage du Technoparc. (Compte-rendu du conseil communautaire du 14 décembre 2006.) Au regard de la pré-étude établie par le Conseil régional, la Région se propose d'aménager une zone de 50 ha, autour des bâtiments existants. Le mètre carré serait vendu 25 € aux entreprises. Le Technoparc du Lodévois, sur la commune du Bosc, est l'un des dix sites choisis par la Région susceptibles de bénéficier de financements importants pour leur aménagement, leur réhabilitation ou leur reconversion. Le président de la CCL, Robert Lecou, affirme « la volonté de la CCL d'associer la Région à ses travaux mais en conservant la maîtrise du projet » en demandant des précisions sur la notion de « démarches d'urbanisme qui seraient initiées par la Région ». Derrière ces paroles, R. Lecou refuse que la Région s'approprie la maîtrise d'ouvrage du Technoparc.

Le projet du Technoparc est sujet à un certain nombre de rivalités. Le président de la Région est politiquement opposé au président de la CCL, Robert Lecou, affilié au Parti Radical de centre droit. Cette discordance politique est un des facteurs à l'origine de la décision de R. Lecou. Outre ses luttes politiques, le député-maire de Lodève et président de la CCL, ne souhaite pas que les taxes professionnelles soient confisquées par la Région. Si la

Région participe au projet du Technoparc, 60% de la taxe professionnelle lui sera reversée à travers le syndicat mixte. La Région cessera de toucher cette taxe une fois que ses investissements seront amortis, et la globalité de la taxe reviendra à la CCL.

La stratégie menée par la CCL consiste à aménager quelques parcelles, puis de les vendre. Les bénéfices obtenus permettent ainsi d'aménager d'autres parcelles. Cette démarche est relativement fastidieuse et longue à entreprendre, et cela d'autant plus que la personne responsable de ce projet, C. Cornée, est seule à effectuer ce travail. La Région propose un projet plus ambitieux, « l'aménagement global et immédiat de 50 hectares (voiries, éclairage, aménagement paysager...) et la création des parcelles. Les entreprises pourront s'installer sur un site finalisé, à la hauteur de leurs ambitions de développement, dans des conditions de respect de l'environnement »12. Du point de vue de la communication, le démarchage des entreprises est actuellement effectué par le responsable du développement économique de la CCL, C. Cornée. Si la Région participe au projet, le Technoparc pourrait bénéficier d'une communication plus puissante et sur une échelle plus large, notamment à travers les salons régionaux.

T. Rebuffat, Directeur du pays coeur d'Hérault, parle même de « haine politique » entre ces deux élus. Aussi les acteurs de la CCL pensent que les intentions de G. Frêche ne sont pas innocentes. Le Syndicat Mixte proposé par la Région, d'après les acteurs de la CCL, ne laissait aucune marche de manoeuvre à la CCL. Ainsi, la proposition de la Région est très mal vécue par les élus de la CCL, et elle est vue comme une volonté de la Région de s'approprier le projet et sa réussite. R. Lecou ne veut absolument pas céder la gestion du Technoparc et dénonce l'aspect « vicieux » des aides financières proposées par la Région.

La stratégie adoptée par le président de la CCL est-elle uniquement politique ou s'intéresse-t-elle, un tant soit peu, à l'intérêt général ? Il semblerait que si la Région s'empare du projet du Technoparc, et si la situation politique perdure, le chantier ne devrait pas s'achever avant 10 ans. Or, la stratégie actuelle envisage des aménagements au coup par coup qui permettent tout de même une création d'emplois. De plus, les acteurs de la CCL sont

12 Citation empruntée à un article de Le Vrai journal du Lodévois, Spécial Technoparc, publié le mercredi 11 avril 2007. il s'agit ici d'un journal publié par une association qui affirme son soutien aux conseillers municipaux de l'opposition à Lodève. Les sources sont donc à examiner avec prudence et précaution ; d'ailleurs comme l'ensemble des sources sur ce sujet éminemment politisé.

convaincus que si G. Frêche s'empare du projet, et que R. Lecou est encore président de la CCL, le président de la Région fera tout pour « saboter » l'image de son adversaire.

C'est dans ce contexte que les élections municipales auront lieu. Le Technoparc est affiché comme un enjeu clef pour les deux têtes de liste : R. Lecou, candidat et maire sortant UMP et M-C. Bousquet, candidate PS.

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