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La délinquance dans le canton de Coussey durant le premier XIXème siècle

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par Hugues Herbillot
Université Nancy 2 - Master 2009
  

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B. La violence au village, des mots aux poings.

Les heurts entre villageois rythment la vie du village, ces accrochages présentent certaines similitudes. Le premier degré de l'affrontement est verbal, lettres anonymes, insultes et menaces sont destinées à atteindre l'autre. Ce premier niveau peut-être le seul, par exemple chez les femmes pour qui l'insulte est souvent une finalité, chez les hommes brocards et autres gausseries ne sont qu'une étape vers la violence physique. Une fois les susceptibilités touchées et l'honneur atteint, la rixe entre deux villageois devient inévitable. Ce second degrés de l'affrontement suit une progression commençant par l'empoignade et se conclue par les coups. Les chirurgiens viennent finalement faire les comptes en examinant les blessures.

1. Violence verbale.

a. Les lettres anonymes et leurs menaces.

· Auteurs et destinataires.

Les placards et autres libellés sont courants dans le canton, il s'agit d'écrits de mise en garde publiés souvent de nuit pour plus de discrétion dans des endroits publics et bien en vue de tous. Le but d'une lettre anonyme est de faire pression sur un autre villageois. Cet écrit peut faire partie d'un plan ou être une finalité en elle-même en dénonçant simplement avec haine, envie, ou dépit, un état de fait. Les auteurs anonymes dénoncent crûment ce qu'ils reprochent à leur «victime«. Le plus souvent ces libellés sont adressés à des personnes d'influence locale, à savoir maire et notables locaux. D'après les archives judiciaires du canton, cinq libellés sur neuf ont pour cibles des maires ou des adjoints, trois visent des religieuses, et un dernier touche un particulier.

Les auteurs de ces lettres sont toujours des habitants du village et des connaissances de la victime, et sont majoritairement des hommes. Les auteurs qualifiés « de personnes de mauvaise foi, indignes de la société322(*) » par le maire de Liffol-le-Grand, restent parfois introuvables. Les instructions sont alors menées contre des inconnus et si l'enquête n'aboutit pas, l'affaire est rapidement abandonnée.

Le placard est adressé à un destinataire mais tend également à toucher un maximum de personne de la commune, pour rendre l'offense publique et lui donner une dose de scandale. Le choix de l'endroit ou sera affiché le placard est très important, « un libellé qui a été attaché après un poteaux au bout du village323(*) », à Liffol-le-Grand met toute la commune en émoi. De même, à Lamarche, durant la nuit du 22 au 23 août 1811, des inconnus placardent une affiche injurieuse sur la place publique le jour du marché, jour de fréquentation maximale, contre le sieur Guyot adjoint au maire324(*).

· Contenu.

Le contenu est presque toujours clairement formulé, même si ces lettres laissent transparaître des niveaux d'instructions différents qui en affectent le style. Certains placards expriment implicitement des références qui parlent aux destinataires mais qui nous demeurent mystérieuses à posteriori. Le contenu est une critique ou un reproche, voir la dénonciation sur la place publique d'un secret important.

A Coussey, un libellé met tout le village au courant des agissements supposés du maire du village. « Amis, connaissez-vous le mouchard de feu Charlot X. oui, c'est Jozon (le maire), qui a la masse communale derrière le dos et mensonge à la gueule325(*) ». La menace vient toujours en fin de lettre même si celle-ci est rarement mise à exécution. Le propos est toujours d'une violence extrême, le filtre de l'anonymat libérant toutes les retenues.

· Le cas du placard de Sionne contre le sieur Muel.

Le sieur Muel est le maire de Sionne, c'est aussi une figure locale puisqu'il est le propriétaire des Forges de Sionne, fabriquant de la fonte. En 1831 il reçoit une lettre anonyme326(*). Suite à de trop nombreux délits commis dans la commune le maire avait adressé une lettre au procureur, l'avertissant notamment que « des brigandages et des vols nocturnes se commettent journellement dans la commune et qu'il est impossible à les faire réprimer327(*) ». Des individus inconnus ont volé des récoltes sur le finage, et ont « été rencontrés, vus et reconnus par deux braconniers qui eux même poursuivaient un lièvre328(*) ». 

Des vols ont lieu tous les jours dans la commune et seraient le fait d'un certain Jean Baptiste Diné et de sa femme « qui ont eu des rapports champêtres et ont menacés les bons gardes au point que le dit Diné a couru après lui avec un rasoir pendant que sa femme lui jetaient des pierres329(*) ».

Le maire établit des tendues à oiseaux dans les bois mais celle-ci sont constamment détruites. Muel reçoit la lettre anonyme peu de temps après ces faits ce qui le laisse supposer que l'auteur de ces faits n'est autre que Diné. Le but du placard est d'intimider le maire. Les menaces sont graves puisque l'auteur du libellé prévoit même d'incendier la Forge de Sionne. Il s'agit ici surtout de jalousie face au pouvoir important qu'exerce le propriétaire des forges du village.

* 322 AD Vosges, 22u81, Liffol-le Grand, 1841.

* 323 Ibid.

* 324 (Cf : Annexes d'information, Annexe V. Lettre anonyme adressée à L'adjoint Guyot de Lamarche. pp 190).

* 325 AD Vosges, 22u77, 1831, Coussey.

* 326 (Cf : Annexes d'illustration, Annexe XIII. Lettre anonyme envoyée au maire Muel de Sionne. p 197).

(Cf : Annexes d'information, Annexe VI. Lettre anonyme adressée au Maire Muel de Sionne en 1812. pp 190. (AD Vosges, 22u44, Sionne 1812).

* 327 Ibid.

* 328 Ibid.

* 329 Ibid.

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