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L'accès à  l'eau potable et les risques diarrhéiques dans les zones irrégulières de Ouagadougou: Les cas de Yamtenga

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par Appolinaire KOMBASSERE
Université de Ouagadougou - Maitrise de Géographie 2007
  

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RESUME

Ce mémoire examine l'un des problèmes les plus importants qu'impliquent la démographie galopante et l'extension de la ville de Ouagadougou au Burkina Faso. Il s'agit de l'accès aux services essentiels de base, et particulièrement celui de l'approvisionnement en eau potable. L'accès à cette ressource indispensable à la vie, n'est pas assuré pour une proportion importante de la population et la situation est plus inquiétante dans les quartiers irréguliers, en marge de la ville. Là, le dispositif d'approvisionnement en eau est caractérisé par la présence de bornes fontaines situées à la limite de la zone régulière, donc relativement éloignées des ménages de la zone irrégulière, et de forages plus accessibles en terme de distance mais qui malheureusement fournissent de l'eau non potable. Dans ces conditions, les contraintes liées à l'accès à l'eau se posent avec acuité dans ces parties de la ville. Il s'en suit une exposition au risque de maladies diarrhéiques.

La présente étude s'attelle à évaluer l'accès à l'eau potable dans le quartier irrégulier de Yamtenga.

Ne disposant pas de base de sondage démographique, nous avons enquêté 80 ménages choisis aléatoirement et répartis sur toute l'étendue de notre zone d'étude, circonscrite à l'aide d'une image SPOT 5 de novembre 2002 et d'une série de photographies aériennes de la ville de Ouagadougou prise en avril 2003. Des entretiens ont été menés avec des personnes ressources afin de mieux aborder notre thème.

Il ressort des analyses des données collectées que l'accès à l'eau à l'eau potable est difficile à Yamtenga. Au rang des principales contraintes, on peut citer le coût de la ressource, la faiblesse des équipements, le temps d'attente, l'éloignement des sources d'approvisionnement en eau par rapport aux populations, les distances à parcourir pour s'approvisionner. En conséquence, les quantités d'eau prélevées par les ménages sont relativement faibles et même en dessous des normes préconisées par l'OMS pour près de la moitié de la population de ce quartier ce qui induit des risques sanitaires, notamment de maladies diarrhéiques.

Mots clés : Géographie, eau potable, diarrhée, Yamtenga, Ouagadougou, Burkina Faso.

INTRODUCTION GENERALE

En 1990, s'achevait la Décennie Internationale de l'Eau potable et de l'Assainissement (DIEPA) dont l'objectif principal était de fournir de l'eau potable pour tous, en quantité et en qualité suffisantes (LE BEC-CABON M., 2002). Malheureusement, force est de reconnaître que les progrès réalisés au cours de cette décennie ont été insuffisants, surtout en milieu urbain comme le souligne SERAGELDIN I. (1994).

Une douzaine d'années après cet échec, la communauté internationale a élaboré les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), plus réalistes. A travers son chapitre sept qui consiste à assurer un environnement durable à toute la population mondiale, les Nations Unies se sont engagées à réduire de moitié, d'ici à 2015, le pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau de boisson salubre et à des services d'assainissement de base (ONU, 2005).

La mise en oeuvre de ces deux programmes et plus récemment, l'organisation de plusieurs forums de l'eau (Marrakech en 1997, La Haye en 2000, Kyoto en 2003 et Mexico en 2006) dévoilent l'ampleur des problèmes d'accès à l'eau potable dans les pays en voie de développement, et notamment dans les pays d'Afrique situés au Sud du Sahara. Dans ces pays, plus de 150 millions de citadins, soit près de la moitié de la population urbaine totale, n'ont en effet pas accès à un service d'eau potable. A cela s'ajoute la faiblesse des taux de connexion au réseau d'approvisionnement en eau potable de certaines capitales telles que Dakar (16,7%), Bamako (10%), Nouakchott (25%), Conakry (15%), Niamey (33,2%) ou Ouagadougou (22,8%) (ENDA, 2006 ; Care International Niger et ORC, 1999 ; EMIUB, 2002). Les principales causes de cette situation résident dans la croissance démographique et spatiale importante qu'ont connu ces villes ces trente dernières années.

Aux différences entre les villes, s'ajoutent des différences au sein des villes. Ces disparités s'expriment en termes de quantité et de qualité d'eau consommée entre les zones régulières relativement bien équipées et les zones irrégulières, faiblement équipées. Nous verrons plus loin comment définir ces différents espaces intra urbains.

Les conséquences immédiates de cette situation sont la limitation de la consommation d'eau potable pour la boisson, l'insuffisance d'eau pour la satisfaction des besoins d'hygiène de base (se laver les mains, faire sa toilette personnelle, etc.), le recours à des points d'eau non potable plus facilement accessibles et l'augmentation des durées de conservation de l'eau collectée. Or, les difficultés qu'éprouvent les ménages à disposer du minimum vital d'eau entraînent des risques sanitaires qu'il convient d'aborder. Divers indices de mortalité - surtout infantile - existent et mettent en évidence la réalité et l'importance de ces risques. Chez les enfants, cette mortalité est inextricablement liée aux maladies diarrhéiques, problème majeur de santé publique avec deux millions de décès par an (UNICEF, 2003).

I. Définition du problème

Plus de la moitié de la population mondiale vit actuellement en ville et d'ici 2050, plus de 50% de la population africaine sera urbaine (ONU, 2004). « Chaudières urbaines », « urbanisation galopante », « urbanisation incontrôlée » sont les expressions les plus couramment employées pour caractériser le rythme de l'urbanisation que connaissent les villes du Sud, et notamment celles d'Afrique.

Le taux d'urbanisation en Afrique subsaharienne a connu une augmentation très rapide ces dernières années. De 12% en 1950, il est passé à 30% en 1980 puis à 37% en 2000, soit un triplement en 50 ans (ONU, op. cit.). Selon les estimations de la Banque Mondiale, ce taux devrait encore s'accroître dans les prochaines décennies (BANQUE MONDIALE, 2005).

Le Burkina Faso, pays sahélien et enclavé, n'est pas en marge de ce processus, même si comparé aux autres pays de la sous région, il connaît un taux d'urbanisation relativement plus faible : avec 15,5% selon le Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 1996, le Burkina Faso occupait en effet, le dernier rang des pays les moins urbanisés du Réseau de Recherche « Migration et Urbanisation en Afrique de l'Ouest » (REMUAO1(*)), derrière le Niger et le Mali dont les taux d'urbanisation étaient respectivement de 18 et de 25% (OUATTARA A., 2004). Néanmoins, la croissance urbaine du pays a été rapide : 2,5% en 1960, 6,5% en 1975, 12,7% en 1985 et 15,5% en 19962(*) (INSD, 2000).

Ouagadougou, la capitale, recensait 709 736 habitants en 1996 soit 41,5% de la population urbaine totale. Elle constitue la ville la plus importante du pays. Cette croissance démographique est essentiellement soutenue par :

§ Le taux de croissance annuel moyen évalué à 6,4% contre une moyenne nationale de 3,2%  (ATLAS DU BURKINA FASO, 2005) ;

§ L'intégration par extension des villages et petits centres périphériques ;

§ Un solde migratoire qui était responsable des deux tiers de la croissance démographique de la ville de Ouagadougou entre 1975 et 1985, et du tiers entre 1985 et 1996.

C'est dans un tel contexte d'accroissement que s'est modelé l'espace urbain de Ouagadougou dont la caractéristique la plus saisissante est constituée par les extensions périphériques (OUATTARA A., 2004) qui soulèvent de multiples problèmes de gestion urbaine dont ceux de l'approvisionnement en eau potable et de l'assainissement.

Les nombreux quartiers irréguliers de la capitale du Burkina, du fait de leur statut illégal, ne peuvent bénéficier d'un véritable réseau d'approvisionnement en eau potable. Les bornes fontaines, mode collectif d'approvisionnement en eau potable (AEP) par excellence de la capitale burkinabè, qui sont donc situées uniquement en zone lotie, subissent une forte polarisation puisqu'en périphérie, elles sont fréquentées à la fois par les ménages des quartiers réguliers qui ne dispose pas d'eau courante à domicile et par ceux des zones irrégulières qui n'ont guère d'autres choix. Il s'en suit des difficultés quotidiennes d'approvisionnement avec des files d'attente aux bornes fontaines parfois très longues, des spirales inflationnistes saisonnières et des mécanismes spéculatifs qui pénalisent les ménages les plus vulnérables (JAGLIN S., 2001). DOS SANTOS S. (2005) estime ainsi que le coût d'un litre d'eau à Ouagadougou peut être jusqu'à dix fois moins élevé pour un ménage disposant d'un robinet d'eau courante à domicile que pour un ménage faisant appel à un revendeur ambulant. La consommation d'eau potable s'en trouve réduite tandis que les risques sanitaires, notamment diarrhéiques, liés à la quantité et à la qualité de l'eau consommée, croissent.

Yamtenga est un quartier irrégulier relativement récent situé au Sud-Est de la ville de Ouagadougou. Son faible niveau d'équipement en infrastructures d'approvisionnement en eau potable en fait un lieu privilégié pour étudier l'accès à l'eau potable dans les quartiers irréguliers de la capitale.

Les questions suivantes peuvent alors être posées :

§ Quel est le niveau d'accès à l'eau potable dans le quartier de Yamtenga ?

§ Quel est l'impact des problèmes d'approvisionnement en eau sur les niveaux de consommation d'eau des ménages ?

§ Quelles sont les pratiques à risque par rapport aux maladies diarrhéiques ?

Plusieurs hypothèses qui répondraient aux questions posées peuvent être suggérées.

I.1. Les hypothèses

Nous partons de l'hypothèse selon laquelle les conditions d'accès à l'eau à Yamtenga sont préoccupantes et cette situation détermine la quantité et la qualité de l'eau consommée par les ménages.

De cette hypothèse principale se dégagent deux hypothèses spécifiques :

§ Les difficultés en matière d'approvisionnement en eau potable contribuent à réduire les volumes d'eau consommés par personne et par jour au niveau des ménages.

§ Les modes d'approvisionnement et de gestion de l'eau à Yamtenga sont de nature à exposer la population à des risques de diarrhées.

Pour confirmer ou infirmer ces hypothèses, nous nous sommes fixés des objectifs à atteindre.

* 1 Le REMUAO regroupe le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Mali, le Niger, le Nigeria, la Mauritanie et le Sénégal.

* 2 Selon les normes du Burkina Faso, le milieu urbain comprend toutes les localités ayant un minimum d'infrastructures socio-économiques et administratives (écoles, services administratifs, réseau de distribution d'eau potable et d'électricité). L'effectif de population n'est pas considéré comme un critère d'urbanité, de sorte que des localités de moins de 5 000 habitants peuvent être qualifiées d'urbaines. Il faut remarquer qu'au recensement de 1985, aucune localité de moins de 10 000 habitants n'avait été considérée comme urbaine et en 1996, trois localités urbaines sur 26 avaient moins de 10 000 habitants.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand