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L'accès à  l'eau potable et les risques diarrhéiques dans les zones irrégulières de Ouagadougou: Les cas de Yamtenga

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par Appolinaire KOMBASSERE
Université de Ouagadougou - Maitrise de Géographie 2007
  

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I.2. Les objectifs

La présente étude s'attellera principalement à évaluer l'accès à l'eau potable à Yamtenga. Spécifiquement, nous nous attacherons à :

§ Décrire et analyser l'accessibilité et l'accès à l'eau potable

§ Elaborer des indicateurs de risques pour les maladies diarrhéiques.

Nous avons été éclairé dans le choix de nos objectifs par la littérature existante.

I.3. La revue de littérature

Les études sur l'accès à l'eau potable ne sont pas récentes au Burkina Faso. Jusqu'alors plutôt orientées vers le milieu rural où la situation semblait plus préoccupante, les recherches de ces dernières années s'intéressent de plus en plus au milieu urbain du fait de la croissance démographique et spatiale des villes et des problèmes d'équipement qui en découlent. L'exploitation de ces travaux s'est avérée la technique la plus adéquate pour cerner les aspects relatifs à notre problématique de recherche.

A l'échelle du monde

De nombreuses publications sont disponibles sur ce sujet. La synthèse de la table ronde sur l'eau et la santé dans les quartiers urbains défavorisés organisée par la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CONED) et le Programme « solidaire eau » (PSEAU) à Sophia Antipolis du 21 au 23 février 1994, retient deux constats (CONED/PSEAU, 1994). D'une part, l'étalement des villes expose les populations à de graves dangers liés à la dégradation de l'environnement sous le regard inconscient des autorités. D'autre part, les conditions de vie précaires dans les zones irrégulières sont fatales à la vie, à la santé, aux valeurs sociales et morales de plusieurs centaines de millions de personnes dans le monde.

Cette synthèse estime que 80% des maladies et plus d'un tiers des décès dans les pays en développement sont dus à la consommation d'eau de mauvaise qualité. Le rapport montre que les efforts conjugués de la communauté internationale au sein de la DIEPA qui s'est achevée en 1990, a permis une amélioration très significative de l'accès à l'eau potable en milieu rural mais qu'en revanche, la situation dans les zones périphériques des villes demeure préoccupante. Ce sont d'ailleurs ces zones qui sont les plus exposées et les plus vulnérables aux risques sanitaires en raison de leur pauvreté.

Ces résultats sont confirmés par les études du « India Institute of Medical Sciences » réalisées en 1996 qui révèlent qu'en moyenne, les enfants de moins de cinq ans ont jusqu'à trois épisodes de diarrhées par an, tandis que ceux qui vivent dans les zones irrégulières urbaines en ont jusqu'à huit (BHAN M.K., 2000). Posant toujours la question de la disponibilité de l'eau, GORTER A.C. et al. (1991) soulignent à travers des études réalisées au Nicaragua que les enfants qui habitent dans des maisons où la disponibilité en eau est faible ont eu un taux plus élevé de 34% de diarrhée par rapport à ceux bénéficiant d'un meilleur approvisionnement.

A l'échelle des villes africaines

Dans son ouvrage « La santé dans la ville, géographie d'un petit espace dense : Pikine (Sénégal) », SALEM G. (1998) procède à une caractérisation de l'espace urbain. La santé y apparaît comme un puissant révélateur des inégalités intra urbaines. Considérant l'espace comme un distributeur de facteurs de risques, l'auteur montre que l'inégal équipement des villes africaines, et particulièrement de Pikine, expose plus les populations des zones irrégulières à ces facteurs. Il retient le faible niveau d'accès à l'eau potable comme un facteur de risque sanitaire, notamment diarrhéique, très important. Toujours à Dakar, LAYOUSSE T. (1983) dans sa thèse de doctorat en pharmacie sur « L'alimentation en eau potable d'une grande ville ouest africaine » estime que la consommation d'eau à Dakar est satisfaisante, aussi bien quantitativement que qualitativement. L'auteur évoque cependant avec insistance les difficultés croissantes d'alimentation en eau potable et la nécessité de prévoir d'autres sources de captage au regard du rythme actuel de consommation. La question de la qualité de l'eau ressort aussi dans l'oeuvre de ADELINE T. (1997), à travers des analyses chimiques et bactériologiques effectuées sur les eaux souterraines en milieu périurbain au Cameroun. L'auteur a établi un lien entre la qualité de l'eau, le type d'adduction et le type d'aménagement avant de conclure que les populations qui ont recours aux forages consomment de l'eau très souvent fortement polluée. Dans sa thèse de géographie de la santé intitulée « Environnement urbain et santé : la morbidité diarrhéique des enfants de moins de cinq ans à Yaoundé au Cameroun  », BANZA NSUNGU A. (2004) révèle que le niveau d'accès à l'eau potable est plus préoccupant dans les zones d'habitat spontané que dans les zones d'habitat planifié. L'auteur note que les risques sanitaires, notamment diarrhéiques, sont liés aux niveaux de consommation et à la qualité de l'eau.

REMIS-THOMAS N. (1995), en abordant la question de la croissance urbaine à Bamako (Mali) et des modifications de l'environnement qui en résultent, révèle que les quartiers irréguliers sont très mal ou pas du tout approvisionnés en eau potable et subissent de ce fait « un calvaire quotidiennement renouvelé ». Il estime néanmoins que les difficultés d'approvisionnement de ces zones reposent surtout sur leur configuration générale discontinue, très étalées et formées de nombreux espaces inoccupés (bas-fonds, terrains vagues, etc.).

A l'échelle du Burkina Faso

- En milieu semi urbain ou rural

DIOMA K. (1990) s'est intéressé à l'analyse des aspects sanitaires liés à l'approvisionnement en eau en milieu semi urbain (Boromo). Il relève que la consommation d'eau issue du réseau de l'Office National de l'Eau et de l'Assainissement (ONEA) est faible et que cette situation est imputable à des contraintes économiques (coût du service) mais aussi au nombre élevé de puits privés que les populations préfèrent utiliser. Or, en zone urbaine, l'eau des puits traditionnels est généralement impropre à la consommation (présence de coliformes en quantités supérieures aux normes préconisées par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)). Il souligne que l'eau potable perd de sa qualité au cours de son circuit dans le réseau, au cours du transport après sa collecte et pendant son stockage ce qui a pour conséquence, l'émergence de maladies hydriques, notamment diarrhéiques. En se penchant aussi sur la qualité de l'eau en milieu rural, GUILLEMIN F. (1984) a montré à travers des analyses sur 918 points d'eau au Burkina Faso, que les forages, sources supposées potables, sont bien souvent polluées. Il constate par ailleurs que les points d'eau traditionnels sont les plus pollués et que cette pollution est imputable à des facteurs physiques (structure géologique et topographique), techniques (absence de margelle et parois non aménagées) et humaines (comportements et mentalités).

- En milieu péri urbain

OUEDRAOGO M. (1993) qui a travaillé en milieu périurbain de Ouagadougou, à Kamboinsé, a évalué le degré de responsabilité de l'eau dans l'émergence ou la persistance de certaines maladies. Abordant essentiellement la question de la qualité de l'eau, il souligne que seulement 6% des points d'eau échantillonnés peuvent être considérés comme potables si l'on se réfère aux normes de l'OMS en matière d'eau de boisson

- En milieu urbain

BRICOUT F. (1988) s'est intéressée à l'accès à l'eau potable dans les villes africaines occidentales en comparant les problèmes de mobilisation et d'adduction que connaissent Ouagadougou et Abidjan. Cette étude met à nu les difficultés auxquelles faisaient déjà face il y a près de 20 ans, les responsables du secteur pour assurer une desserte adéquate en eau. L'auteur souligne que la pauvreté est l'un des principaux facteurs limitant l'accès décent aux services d'approvisionnement en eau potable car elle oblige les populations à payer le strict minimum d'eau potable ou à se rabattre sur les points d'eau gratuits comme les puits.

Plus récemment, dans sa thèse de doctorat intitulée « Koom la viim : enjeux socio sanitaires de la quête de l'eau à Ouagadougou (Burkina Faso) », DOS SANTOS S. (2005) procède à une analyse du fort taux d'accès à l'eau potable observé à Ouagadougou (97%) et montre que ce taux cache de nombreuses disparités en terme de quantité d'eau consommée par les ménages. Par ailleurs, elle aborde les enjeux sanitaires liés à la faiblesse généralisée des volumes d'eau consommés par personne et par jour. Selon ses résultats, le fait de disposer de faibles volumes d'eau ne facilite pas l'adoption de mesures d'hygiène adéquates. Cette situation rend du même coup les ménages qui n'ont pas accès à l'eau potable plus vulnérables aux maladies liées au péril fécal, notamment les diarrhées.

De tout ce qui précède, on constate que peu d'études ont été menées récemment dans la ville de Ouagadougou sur l'eau et la santé. Les études qui existent ont été entreprises le plus souvent au lendemain de la décennie internationale de l'eau et de l'assainissement, c'est-à-dire dans les années 1990. Par ailleurs, elles abordent le problème de l'eau sous l'angle de la potabilité plutôt qu'en terme d'inégalités sociales ou spatiales qui sont fortement associées aux processus d'urbanisation. En s'intéressant aux inégalités sociales et spatiales de l'accès à l'eau potable et à leurs conséquences sanitaires dans les zones irrégulières de Ouagadougou, notre problématique de recherche montre ainsi son originalité.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle