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L'accès à  l'eau potable et les risques diarrhéiques dans les zones irrégulières de Ouagadougou: Les cas de Yamtenga

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par Appolinaire KOMBASSERE
Université de Ouagadougou - Maitrise de Géographie 2007
  

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I.4. La définition des concepts

La définition des concepts constitue une étape importante de notre étude. Elle présente leurs différentes acceptions et précise celle que nous retenons dans le cadre de notre travail.

Eau potable

L'OMS définit l'eau potable comme étant celle dont la consommation est sans danger pour la santé. Pour que l'eau soit qualifiée de potable, elle doit satisfaire à des normes relatives aux paramètres organoleptiques (couleur, turbidité, odeur, saveur), physico-chimiques (température, pH, etc.), microbiologiques (coliformes fécaux et totaux, streptocoques fécaux, etc.) et à des substances indésirables et toxiques (nitrates, nitrites, arsenic, plomb, hydrocarbures, etc.). Pour chaque paramètre, des valeurs limites à ne pas dépasser sont établies. Le fait qu'une eau soit potable ne signifie pas qu'elle soit exempt d'agents pathogènes mais que leur teneur a été jugée insuffisante pour déclencher une maladie. Les normes de potabilité de l'eau diffèrent d'un pays à l'autre et celles proposées au Burkina Faso par l'ONEA répondent aux exigences de l'OMS. Dans le cadre de notre étude, est considérée comme potable, l'eau issue des canalisations de l'ONEA parce qu'ayant subi des traitements.

L'accessibilité et l'accès à l'eau potable

L'accessibilité est une notion qui rend compte de la plus ou moins grande facilité avec laquelle on peut accéder à un service. Appliquée à l'eau potable, elle se décline en termes de disponibilité de la ressource, de permanence, de distance qui sépare le ménage de son point d'eau et de qualité, En terme de distance, on entend par accessibilité raisonnable, l'existence d'un point d'eau potable permanent à une distance inférieure à 200 mètres de la concession (OMS, 2003). En terme de coût, l'accessibilité à l'eau potable est plus difficilement mesurable puisque le prix de l'eau varie en fonction des villes, des quartiers, des saisons, du type d'infrastructure, etc.

La notion d'accès à l'eau potable est un indicateur qui représente la quantité et la qualité de l'eau dont dispose chaque personne par jour. La norme fréquemment citée pour la quantité est celle de l'OMS qui s'établit à 20 litres par personne et par jour pour la satisfaction de tous les besoins de base (boisson, lessive, vaisselle, douche, etc.). La qualité de l'eau est d'autant plus importante qu'elle a des implications sur la santé de la population et particulièrement celle des enfants. D'une manière générale, l'accès à l'eau potable est un indicateur de santé très important puisqu'il est avéré que « plus on dispose d'eau, plus on adopte facilement des mesures d'hygiène adéquates »  (CURTIS V., 1995 ; SATTERHWAITTE D., 1995).

Dans le cadre de cette étude, nous évoquerons l'accès à l'eau potable en faisant référence aux normes ci-dessus précisées.

Le risque

La notion de risque occupant une place non négligeable dans notre travail, l'acception qu'elle revêt mérite d'être précisée. BONNARD R. (2001) définit le risque comme étant le résultat de l'exposition à un phénomène dangereux ou à un danger, ce danger étant plus ou moins prévisible selon SEIGNEUR V. (2004). Le lien entre le risque et le danger est aussi évoqué par BAILLY J.D. (2005), qui pense que le risque est la probabilité de voir se manifester la présence d'un danger dans son environnement ou dans son alimentation.

Le risque désigne l'existence des facteurs pouvant contribuer à faire naître et/ou persister la source du danger et dont la preuve n'est pas démontrée à travers des tests. C'est à ce risque que nous intéresserons dans la présente étude.

La santé

En 1949, l'OMS a défini la santé comme un « état complet de bien être physique, mental et social et pas seulement une absence de maladie ou d'infirmité ». Avec cette définition, la notion de santé passe de  «  l'absence de maladie » à un concept plus vaste, en revêtant du même coup un caractère multidimensionnel, idéaliste voir utopique. Elle implique que tous les besoins fondamentaux de la personne soient satisfaits, qu'ils soient affectifs, sanitaires, nutritionnels, sociaux ou culturels, du stade de l'embryon, voire des gamètes, à celui de la personne âgée. Cette définition de l'OMS n'est cependant pas la seule.

Pour BERGSON H. (1932), « la santé est la capacité de s'investir, d'entreprendre ce que l'on a envie de réaliser ». La santé est aussi la condition nécessaire pour un individu ou un groupe d'individus, au développement de ses potentiels de vie (CHOUCKROUN O., 2003). On peut donc considérer la diarrhée comme un fait de santé qui empêche l'épanouissement personnel.

Dans le cadre de cette étude, nous adopterons une définition de la santé correspondant à l'absence de maladie parce que nous ne saurions prendre en compte les autres dimensions qu'elle peut revêtir.

La santé publique

Les origines de la santé publique remontent à la fin du dix neuvième siècle. En découvrant par observation la notion de contamination, Semmelweiss inaugure la santé publique (CHOUKROUN O., op. cit.). Mais, c'est sous l'ère de Pasteur que l'on voit apparaître la notion de santé publique au sens du dépistage, de la vaccination et de l'organisation sanitaire.

En 1952, l'OMS définit la santé publique comme étant « l'art et la science de prévenir les maladies, de prolonger la vie, d'améliorer la santé physique et mentale des individus par le moyen d'actions collectives pour assainir le milieu, de lutter contre les épidémies, d'enseigner l'hygiène corporelle, d'organiser les services médicaux et infirmiers, de faciliter l'accès aux soins précoces et aux traitements préventifs ». En 1973, cette définition est élargie et on parle désormais de santé publique pour évoquer les problèmes concernant la santé d'une population, l'état sanitaire d'une collectivité, les services sanitaires généraux et l'administration des services de soins (MENGUE G. S., 2006).

C'est à partir de cette époque que la santé publique devient une discipline autonome qui s'intéresse à la santé sous tous ses aspects curatifs, préventifs, éducatifs et sociaux. Selon MALEK K. et al. (1996), cette discipline se donne pour objet l'amélioration, la préservation, la restauration et la promotion de l'état de santé de la population. Dans ce sens, elle fait appel à un ensemble de disciplines variées et complémentaires : médecine, épidémiologie, économie, sociologie, géographie, etc. Selon KHAYAT D. (2003), la plupart des grandes pathologies et des grandes épidémies a un lien avec l'espace. Il pense notamment que les maladies infectieuses ont un lien évident avec la géographie. Une meilleure utilisation de l'information géographique pourrait changer profondément les méthodes d'alerte précoce en épidémiologie, mais aussi les modalités de prise en charge des disparités de santé.

Nous définissons donc la santé publique comme une science au carrefour de toutes les sciences, s'intéressant aux facteurs qui conditionnent la santé de la population. De ce fait, elle n'est pas l'apanage des médecins. Les sciences sociales, notamment la géographie, apportent leur savoir faire en construisant des indicateurs de risque de maladies et en proposant éventuellement des solutions d'aménagement afin de réduire les risques sanitaires.

La géographie de la santé

Selon Picheral, la géographie de la santé est « l'étude spatiale de la qualité de la santé des populations, de leurs comportements et des facteurs de leur environnement qui concourent à la promotion ou à la dégradation de leur santé » (SALEM G., 1998). Elle s'inscrit dans une démarche géographique et considère l'espace comme un distributeur de facteurs de risques endogènes (physiques, biologiques, génétiques, etc.) et exogènes (environnementaux, sociaux, économiques). Elle correspond à la  « medical geography » des pays anglophones et à la « geomedizin » des germanophones.

Selon SALEM G. (op. cit.), il s'agit de montrer les combinaisons de facteurs qui exposent différentiellement des populations à certains risques sanitaires dans un espace donné. Dans ce sens, la géographie de la santé s'intéresse aux disparités spatiales qui génèrent des faits de santé, par exemple l'insalubrité de l'environnement, l'accès à l'eau potable ou aux soins. C'est SNOW J. (1855) qui démontra le premier que la répartition des cas de choléra lors de l'épidémie de Londres de 1849 était liée à celle des bornes fontaines publiques.

Nous considérons la géographie de la santé comme la science qui s'attelle à la description de l'environnement sur le plan sanitaire, à la localisation des maladies et l'explication de leur répartition spatiale.

L'hygiène

Le mot dérive du nom de la déesse grecque Hygie, qui était la déesse de la santé et de la propreté. Fille d'Asclépios, dieu de la médecine, Hygie symbolise la prévention.

LE PETIT LAROUSSE (1998) considère l'hygiène comme la partie de la médecine s'intéressant aux moyens individuels et collectifs, aux principes et pratiques visant à préserver et favoriser la santé.

Nous retiendrons de cette définition toute mesure permettant d'éviter la pollution de l'eau de boisson. Il s'agit dans ce cas principalement du lavage des mains au savon avant les repas, après être allé aux toilettes ou avoir accompagné un enfant aux toilettes, et du lavage des récipients de stockage de l'eau de boisson.

L'assainissement

C'est un processus par lequel des personnes peuvent vivre dans un environnement plus sain. Pour cela, des moyens physiques, institutionnels et sociaux sont mis en oeuvre dans différents domaines tels que l'évacuation des eaux usées et celle des déchets solides, l'évacuation des excréta et le traitement de tous ces éléments. L'assainissement est fortement lié à la santé publique en raison des nombreuses maladies qui peuvent être dues à un mauvais assainissement : maladies à transmission fécale et orale telles que les maladies diarrhéiques. En ville, il devrait être inclus dès la planification des nouveaux quartiers.

Au cours de notre recherche, nous emploierons surtout la notion d'assainissement pour évoquer le manque de latrines et les mauvaises conditions d'évacuation des eaux usées et des déchets.

Les quartiers irréguliers

Les quartiers irréguliers sont le fruit d'une croissance urbaine incontrôlée, d'une installation anarchique de populations d'origines diverses à la limite de la zone régulière. Cette croissance incontrôlée contribue selon les régions et les pays, de 20 à 80% de la croissance urbaine et concerne entre 15 et 70% des citadins dans les pays en développement, les moyennes se situant aux alentours de 40% (DURAND-LASSERVE A., 1996).

La notion de quartier irrégulier recouvre une diversité de situations locales qu'il convient de préciser. Elle désigne généralement des quartiers périphériques non reconnus par les autorités et de ce fait, non équipés. C'est le cas des quartiers irréguliers de Ouagadougou. Elle peut aussi désigner des zones d'habitat bénéficiant d'une existence juridique qui trouve des formes de reconnaissance allant jusqu'à l'installation d'équipement collectifs : électricité, bornes fontaines. C'est le cas de l'ancienne zone irrégulière de Pikine (ville située à une douzaine de kilomètres de Dakar au Sénégal) qui disposait en 1987 de 219 bornes fontaines publiques sur les 387 que comptait toute la ville (SALEM G., 1992).

L'expression la plus courante à Ouagadougou pour désigner ces espaces irréguliers est celle de  « non loti » qui regroupe tous les espaces de la ville n'appartenant pas aux espaces lotis. A travers la photo 1, on constate que la zone irrégulière (en bas) se distingue bien de la zone dite régulière (en haut) par son aspect plus désordonné.

Photo 1 : Vue aérienne de la partie ouest de la ville en limite d'urbanisation régulière (Cliché ONEA, 2003)

 

Formés d'habitat édifié en dehors de toute norme et évoluant de manière anarchique, les quartiers irréguliers présentent une physionomie disparate avec de fortes proportions de constructions en matériaux précaires, contrairement aux quartiers réguliers qui se mettent en place selon un cadre planifié et un plan en damier.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus