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Gouvernances des établissements secondaires (EPLE) : vers un nouveau modèle public ?

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par Alain VENART
Université du sud Toulon Var - IAE - Master Recherche management, Finance et Contrôle stratégiques 2008
  

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2. Un jeu de pouvoir(s) : vers un éclatement des centres de décisions ?

Denis Meuret (2007) dans son approche comparée de la gouvernance des systèmes éducatifs français et américain démontre que notre système scolaire, s'il s'oriente vers une plus grande liberté accordée aux familles, n'accompagne pas cette évolution sensible d'une modification du pilotage des EPLE en termes d'autonomie de décision et de projet. C'est la notion « d'accountability » qui est de nouveau en question. Quelle responsabilité pour les EPLE dans un système social qui revendique le choix comme un axe de construction de l'identité collective ?

Cette analyse nous renvoie à la notion de centres de décision. Peut-on s'interroger sur cette notion alors que l'EPLE est une émanation

Quelle gouvernance pour l'EPLE : de l'institution à l'organisation, vers un nouveau
modèle public ?

de l'État, premier décideur, dont il tire sa légitimité et son cadre d'exercice ? Qu'est ce qu'un centre de décision dans l'environnement de l'EPLE étant donné que son caractère institutionnel le rattache, sans discontinuité, à sa tutelle première ?

Il nous faut à ce stade travailler la notion de réseaux, à la lumière de rôle renforcé des parties prenantes, dans un schéma territorial des plus complexes. Robert Reix (2004) explicite la notion de « réseaux d'organisation » comme une conséquence d'un besoin des « partenaires entretenant des relations régulières de type transactionnel ou coopératif ».

Cette analyse nous semble bien caractériser la fonction de chacun des acteurs de l'EPLE. Si réseaux il y a, c'est bien une demande d'organisation autre (de l'espace et des fonctions) afin de pouvoir fonctionner en partenariat, au quotidien.

La prolifération des centres de décision devient problématique dans le cadre de la réalisation des objectifs assignés aux établissements21 :

· Ils doivent communiquer, ce qui implique l'avis de l'autorité de tutelle académique avec la prise en compte de chacun des acteurs, qui veulent être informé de façon identique et pérenne ;

· Ils doivent anticiper sur leur devenir en termes de structures, ce qui implique la double tutelle de la collectivité de rattachement et de l'état ;

· Ils sont évalués selon des critères de « performance » dans leur Bassin, au sein de leur réseau même (une forme de benchmarking

21 Nous reprendrons le référentiel des Personnel des Direction (2001 ; 2005) et la Charte de Pilotage des EPLE (2007) afin d'en extraire les missions essentielles.

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permet de les situer sur le plan du Bassin de Formation, du Département, de L'Académie). La constitution de réseaux avec les partenaires devient alors primordiale.

Comment caractériser alors ce nouveau centre de décision ?

Il est multiple, n'occupe aucun espace en particulier mais les investit tous, il prescrit, évalue et contrôle, disposant des corps (techniques, inspections) qui mettent en mouvement ses décisions. Il est un lieu de pouvoir parce qu'il est un lieu de contrôle des incertitudes (Friedberg,).

L'environnement des l'EPLE est diffus et son centre d'équilibre précaire car évolutif. On peut dire que l'EPLE est son propre centre car il est le seul à regrouper à certains moments des besoins spécifiques l'ensemble des acteurs. Il est le réceptacle des décisions éducatives (nationale, académique, territoriales) car il est le seul lieu où ces dernières peuvent êtres vues, appréciées, évaluées par l'ensemble des parties prenantes.

Il nous faut revenir sur la nature du pilotage de l'EPLE afin de mieux le cerner comme centre de décision, voire même le Centre22 des centres de décision

zz Cette notion de pluralité (centre(s)) est essentielle car elle définit bien le flou sémantique et managérial de cette réalité. L'EPLE est une sorte de territoire central complexe, un centre organisant la vie d'une multiplicité d'autres pôles/centres de décision et d'action qui occupent ce territoire essentiel au développement de leurs activités. On retrouve ici la thématique des pôles de compétitivité.

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Bouvier (2003) rappelle le caractère partagé de son pilotage. Pupion, Leroux et Latouille (2007) définisse les modalités de fonctionnement de l'EPLE comme « participatif » tout en soulignant le rôle des différents réseaux, notamment en ce qui concerne la mise en place des Projets d'établissement. Les Rapports des Inspection Générales (2006, 2007) mettent en valeurs cette pluralité d'influences.

C'est ce pilotage, partagé par nature, qui vient renforcer cette réalité que nous qualifierons de creuset décisionnel. L'EPLE assure six fonctions essentielles comme centre de décision :

· Ilcollecte, trie, et rapporte tout type d'informations23 venant des différents partenaires et lui donnant sa valeur éducative (on pense par exemple à certaines revendications des familles, des élèves qui ne peuvent avoir une visibilité éducative que dans l'établissement même) ;

· Ilhiérarchise les décisions permettant de mettre en exergue certaines priorités nationales (La Loi sur le handicap de 2005 en est l'exemple parfait : c'est bien dans les murs de l'établissement même que ce texte prend sa valeur éducative et symbolique).

· L'EPLE recentre le champ collectif, médiatique et social, sur certaines priorités;

· Ilpermet d'accroître la visibilité des territoires. Tel ou tel EPLE représentera mieux un type de territoire ou un autre (on pense ici aux problématique de l'éducation prioritaire) ;

23 On soulève alors la question du Système d'information de l'EPLE, qui, selon nous, définit son modèle de fonctionnement. Ce système exemplifie le passage d'une structure verticale à une conception partenariale de la gestion des ressources et des compétences.

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· 6lcatalyse les actions des différentes parties prenante en matérialisant un lieu d'exercice, et donc de visibilité (on pense aux plans d'équipements gérés par les Collectivités territoriales ou tout simplement à la construction de nouveaux établissements selon des critères environnementaux dont la visibilité est essentielle.

· Enfin, il est le lieu d'exercice de la Responsabilité des différentes parties prenantes : pédagogique et matérielle pour l'état et la collectivité de rattachement ; individuelle et collective pour les familles et association ; juridique pour tout les acteurs.

Définir le réseau EPLE c'est mettre en exergue le caractère local24 des établissements ; définir leur espace organisationnel comme un espace stratégique pour l'ensemble des parties prenantes et, enfin, le positionner comme le lieu « central » dans l'environnement économique et politique qu'il construit.

Ces analyses nous permettent de qualifier les caractéristiques de acteurs de l'EPLE au regard de cet environnement complexe. Quatre caractéristiques principales se dégagent de cette lecture :

· L'acteur est avant tout pro actif sur la scène territoriale et l'EPLE lui sert de lieu de réalisation de ses objectifs :

· L'acteur est parti prenante de l'ensemble de la chaîne décisionnelle éducative. Les associations de parents d'élève, par

4 En termes juridiques et managériaux.

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exemple, sont présentes depuis les procédures de choix d'établissement jusqu'à l'évaluation des résultats des EPLE ;

· L'acteur n'existe que par sa participation au réseau de l'EPLE, lequel est variable dans sa taille et son espace d'influence ;

· L'acteur est une composante essentielle du territoire25 de l'EPLE.
Il permet d'en définir les contours par ses attentes et ses revendications.

Il nous faut alors proposer une première cartographie de la place de ses parties prenantes au sein du réseau EPLE, Centre de décision(s).

Les parties prenantes et L'EPLE

Une cartographie du centre de décision

Identité :

 

Fonction :

 

Place dans le réseau:

 

Interaction(s) avec les acteurs du réseau :

 

Familles & Représentation

Associations Parents Communication

Action

Visible Forte

Personnel non Action

enseignant Représentation

Communication

Personnel enseignant Représentation

Action Communication

Tutelle hiérarchique Représentation Académique Action

Communication

Tutelle Hiérarchique Action Départementale Communication

Représentation

Association Locales Action

Représentation

Collectivité de Action

rattachement Communication

Acteurs politiques Communication

Action

Neutre Neutre

Visible Forte

Visible Forte

Visible Forte

Neutre Forte

Visible Forte

Neutre Forte

5 Au sens géographique, symbolique mais surtout en tant qu'espace de réalisation de l'organisation et/ou des réseaux qu'elle intègre.

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Nous distinguons huit familles d'acteurs dans l'environnement de l'EPLE. Le choix hiérarchique dépend du pouvoir (influence, création de contraintes) exercé au sein de ce territoire.

Nous avons retenus trois catégories pour nommer et classer les acteurs :

· Communication : fonction de reliance (Morin, 2005) au sein du réseau ;

· Représentation : parler au nom de et/ou exercer le pouvoir pour des acteurs de niveau inférieur ;

· Action : porter une parole audible sur la scène publique ; recherche des liens, former des coalitions pour rendre une demande visible au sein du réseau ;

Deux niveaux nous permettent de qualifier la présence (visibilité, efficience) des acteurs sur le réseau :

· visible : forte, permanente, pérenne, organisée ;

· Neutre : leur action permet de créer du lien, de soutenir des actions mais n'influence pas la vie du réseau.

Enfin, nous qualifions la nature de l'interaction mise en mouvement par ces acteurs de deux façons :

· Forte pour la pérennité de cette dernière et la densité des réseaux mis en mouvements et sollicités.

· Neutre pour une mise en réseau qui ne demande pas une construction et/ou un investissement permanent dans l'environnement EPLE.

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Nous pouvons dresser un certain nombre de remarques sur le fonctionnement de ses acteurs :

Le caractère paradoxal de certains acteurs est particulièrement signifiant. Tous interagissent clairement avec les autres acteurs du Réseau mais certains (associations) ne souhaitent une visibilité trop forte. La collectivité de rattachement est l'exemple même de l'acteur détenant une influence nette sur l'ensemble des partenaires : centrée sur l'action, ses décisions ont une visibilité forte et une écoute certaine.

Certaines parties prenantes sont en recherche/élaboration de réseaux : les Agents Technique qui ont « optés26 » pour la collectivité territoriale et qui constituaient auparavant un groupe « muet », se positionnent sur cette nouvelle scène locale en jouant de leur double tutelle hiérarchique et fonctionnelle.

L'action est le premier motif d'appartenance au réseau. C'est cette capacité à se « relier », selon Lemoigne (1993), à se re-créer, à se projeter ainsi qu'à apprendre des autres acteurs qui caractérisent les partenaires de l'EPLE. Chacun est donc une organisation complexe, dans son environnement particulier, un réseau au sein du réseau EPLE.

26 Ce corps (Techniciens Ouvriers Service) avait le choix entre une gestion territoriale (acte II de la décentralisation) et la continuité (gestion par l'État). Cette situation introduit une situation duale dans l'exercice de leur quotidien : Chef d'établissement qui assure la tutelle fonctionnelle et tutelle hiérarchique de la collectivité territoriale. Cette dualité explicite clairement le couple fonctionnel/hiérarchique qui détermine le positionnement des parties prenante et leur marge d'action.

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Cette deuxième partie nous a conduit à analyser les acteurs de l'EPLE et leur zone d'influence. Ces modalités affinent notre approche de la gouvernance des établissements secondaires. Son caractère pluriel (parfois flou) est présent à en chacune de ses composantes. La nature même des différentes parties prenantes, et leur besoin, fait de l'EPLE le réceptacle de leurs doléances. C'est plus une gouvernance des réseaux27 qu'une gouvernance en réseau qui se dessine, une gouvernance fragmentée dans ses lieux de décisions comme dans ses modalités de communication ; une gouvernance au caractère diffus.

Gouverner l'EPLE est-ce comprendre, gérer, piloter le réseau EPLE? Si cette situation s'avère pertinente, alors, la question éthique est posée : dans quel cadre cette gouvernance prend-t-elle forme ? Quel projet éthique et quel code déontologique pour quelle gouvernance de l'EPLE ?

27 Faisant ici écho à la définition de la gouvernance que nous avions retenue : management du management (Pesqueux, 2007).

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo