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Les clés de l'offensive politico-diplomatique du Japon en direction de l'Afrique et du Cameroun depuis 1991

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par Serge Christian ALIMA ZOA
Université Yaoundé II - DEA 2008
  

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C- L'ambivalence réactivisme/proactivisme : une discussion théorique omniprésente

Selon Scarlett Cornelissen (2004a : 37), l'ambivalence reactivisme/ proactivisme a imposé à la recherche portant sur la politique étrangère de Tokyo, une orientation stricte qui a consisté à marginaliser l'émergence d'autres démarches théoriques. Elle a plus mis en avant ce que nous nous sommes convenus d'appeler « l'hétéronomie » de la diplomatie nippone (1). Cet état de l'activité de l'action internationale de l'Empire du Soleil-Levant conduit pourtant aujourd'hui à une approche d'analyse plus consensuelle (2).

1- « L'hétéronomie » de la diplomatie nippone

Dans son analyse, Kent Calder (1988) qualifie l'archipel d' « Etat réactif », en raison du fait qu'il ne peut pas prendre d'initiatives dans le cadre de sa politique étrangère même s'il dispose d'assez de pouvoir et de moyens pour le faire. Tokyo changerait de politiques sous la pression de l'extérieur sans se préoccuper systématiquement du maintien de la cohérence dans ses interventions. Calder conclut que toutes les dimensions de la politique étrangère économique nippone, y compris l'APD ont un caractère réactif. A sa suite, Orr (1990) et Pharr (1994) décrivent cette orientation diplomatique de « passive » et « peu novatrice ». Miyashita (1999) estime même que le Japon n'agit de façon véritablement autonome dans le domaine de la politique étrangère que lorsque son intérêt diverge considérablement de celui de Washington. La grande majorité des études réalisées sur la politique étrangère nippone ont porté essentiellement sur le rôle du Gaiatsu (pression extérieure) dans le processus de décision. Le concept de Gaiatsu est fortement ancré dans le psychisme japonais, ce qui explique les changements historiques dans l'orientation vers le monde extérieur (Itoh, 1998). Cependant, les chercheurs ont surtout utilisé ce concept pour examiner les relations du Japon avec les Etats-Unis d'Amérique, et démontrer combien la politique étrangère nippone est dictée par eux (Schoppa, 1997 ; Bouissou, 1992). La description faite par Takashi et Jain (2000) de la « diplomatie Karaoké »18(*) du Japon est révélatrice de ce point de vue. L'un des exemples le plus souvent avancé est celui de l'interruption de l'aide japonaise au lendemain de la répression de la place Tienanmen qui a été une mesure involontaire prise à contre coeur envers Pékin, pourtant un partenaire stratégique vital, sous la pression américaine.

En ce qui concerne le continent noir, Jun Morikawa (1997 : 20) rappelle que lors de la campagne anti communiste en Afrique durant la Guerre Froide, les Américains ont sollicité et obtenu la contribution japonaise pour soutenir les efforts de développement de l'Egypte, le Soudan, la Somalie, le Kenya, la RD CONGO (ex-Zaïre) et le Malawi. Ces pays devaient bénéficier par la suite des allocations de l'Official Development Assistance (ODA). Au même moment, des sanctions économiques étaient imposées à l'Angola et au Mozambique. Les thèses d'une position dominante du Japon dans l'aide internationale de l'après Guerre Froide en réponse aux pressions des Etats-Unis d'Amérique, devenus entre temps pour Josef Joff (2007 : 3) une « hyper puissance », en vue d'un partage de fardeau des problèmes mondiaux (par exemple les deux Guerres du Golfe) ou en tant qu'instrument pour faire avancer ses intérêts propres (Pharr, 1994 ; Rix, 1993) s'inscrivent également dans cette tradition d'analyse. D'après les chercheurs ralliés à cette thèse de l'Etat réactif, les raisons des liens politiques étroits entre le Japon et les Etats-Unis d'Amérique sont à la fois historiques et systémiques. Elles découlent donc d'une relation d'interdépendance biaisée entre les deux (Miyashita, 1999) et de la dépendance de l'Empire du Soleil-Levant de l'influence stabilisatrice de Washington sur l'échiquier international, pour maintenir la sécurité sur ses activités de développement économique et commercial. Ce qui a par ailleurs permis au Japon de «  prospérer en sécurité au coeur d'une zone où les conflits faisaient rage, alors qu'il n'était pas libre de ses armements » (Ntuda Ebode, 2003 : 127).Il n'empêche que l'analyse de l'état d'activité de la diplomatie de Tokyo tend progressivement vers une approche consensuelle.

2- L'état d'activité de la diplomatie de Tokyo : vers une approche d'analyse plus consensuelle

Prenant en contre le précédent postulat, Donald Yasutomo (1995) observe que, la politique étrangère japonaise n'a jamais hésité à affirmer son indépendance. Dès lors, la qualifier de réactive serait inique. Une série de nouvelles études (Green, 2001 ; Hook and al, 2001) usant d'arguments théoriques et empiriques démontrent que l'engagement du Japon avec le reste du monde, soit revêt un caractère commercial et proactif (Potter and Sueo, 2003),  soit révèle son désir de jouer un rôle catalyseur (Drifte, 1998) sur le plan international. Le pays use en réalité de moyens subtils pour se faire distinguer sur la scène mondiale en abdiquant tout d'abord dans le domaine de la défense ; pour adopter ensuite ce que Langdon (1974 : 2) observe comme une « non-politique » qui met sur le même plan des politiques actives et passives .Cette forme consensuelle délibérée de diplomatie lui permet motu proprio d'entretenir des liens traditionnels avec les Etats-Unis d'Amérique, tout en encourageant l'établissement de nouvelles relations avec des partenaires stratégiques importants (Hook and al,  2001).

L'engagement de l'archipel par rapport au continent noir prend ainsi un caractère spécifique. Son rôle en tant que bailleur de fonds bilatéral et multilatéral est révélateur d'un certain comportement sur le plan de la politique étrangère. Pour Scarlett Cornelissen (2004a : 39), « le Japon tend à influencer vis-à-vis de l'Afrique et à avoir un impact sur son développement et sa sécurité ». En se conduisant en moyenne puissance sur le continent africain,  la démarche nippone permet d'avoir un regard neuf sur la dichotomisation réactive/proactive de sa politique extérieure. Elle adhère à l'idée d'un système mondial et au rôle des moyennes puissances dans le maintien de l'ordre mondial au point où selon Robert Cox (1989 : 825), les éléments clés du rôle de la moyenne puissance sont la possibilité de se distancer quelque peu d'une implication directe dans les grands conflits ; un niveau suffisant d'autonomie par rapport aux grandes puissances ; un engagement dans le sens de l'ordre et de la sécurité dans les relations interétatiques et la facilitation du changement dans le système mondial. C'est pourquoi à en croire Marc Aicardi de Saint-Paul (1998 : 150), « grâce à la fin de la Guerre Froide, le Japon a accru son autonomie sur la scène internationale ». Il peut suffire pour cela, de prendre comme sites d'observation les conduites et les acteurs.

* 18 Ces auteurs montrent que le choix nippon en matière d'orientation de politique étrangère est circonscrit à un « cadre defini » d'alternatives proposées par les Etats - Unis d'Amérique où, à l'instar d'une chanson karaoké, l'exécutant ne décide que de la manière dont une « présentation » est faite.

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