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Le discours religieux en Tunisie: L'exemple de la communauté juive

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par Sadek MTIMET
Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis ( Université Al-Manar) - Master en sciences poltiques 2007
  

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Chapitre II - Un discours religieux flexible

Le discours religieux judaïque a évolué en flexibilité en s'engageant avec les autorités politiques en place. Cette collaboration avec le pouvoir politique existant trouve son origine, en réalité, dans le contenu même du discours hébraïque diasporique : le juif, n'appartenant pas (ou plus) à un Etat juif, doit définir son attitude vis a vis des pouvoirs politiques en place. Les juifs constituent une nation définie par sa religion. C'est autour de sa foi que l'identité de la communauté juive se maintient. Les idées politiques juives se manifestent dans une communauté dont la religion constitue le fondement de l'identité. Les juifs, ayant un sens aigu d'une Communauté à part, et se voyant vivre chez les autres, ont dû s'accommoder des institutions qui leur sont imposées ou qui ont été crées par leurs soins. En fait, le caractère « total et global » de leur religion leur interdisait d'être gouvernés comme les autres : ils ont dû créer alors des institutions qui sont adaptées à leur situation garantissant leur statut socio-religieux ; ils ont crée un Conseil de notables (Gedoleî ha-qahal ) formé par les chefs de famille les plus instruits et les plus fortunés et a sa tête le Grand-Rabbin, chef de la communauté appelé Shaykh al-yahûd (Zaken ha-yehûdim ) .

Placée sous la protection directe de l'autorité politique, la Communauté juive a développé un discours flexible qui s'accomode avec « le discours ambiant » existant, démontrant par là une capacité d'adaptabilité aux situations nouvelles. Par ailleurs, cette Communauté , quoique repliée sur elle-même, demeure toutefois ouverte à « l'air du temps ». Dès lors, la flexibilité du discours religieux touche à la fois les rapports de la Communauté avec les autres ainsi que le contenu du discours même .

La Communauté juive n'a pas tardé à réagir positivement à deux situations concomitantes. L'une, exogène, touchant le changement de statut légal et politique (Section 1 ) , l'autre, endogène, est relative à la mutation du champs discursif (Section 2) de la judéité par le remplacement de ses supports linguistiques et culturelles..

Section 1 - Les hébraïques et le changement de statut

Communauté inquiète par nature, soumise à un statut juridique diminué , les juifs considéraient leur situation à la fois injuste, difficile, supportable faute de mieux, fort peu anomique et pour tout dire presque normale (1). Cette Communauté vivait en fait sa position politique diminuée et exposée comme " le juste châtiment pour les péchés du passé et du présent . Les clercs furent à l'origine de cette idée expiation , mais elle fut , par tous, intériorisé"(2).

Au fond, le temps historique comportait deux bornes , le glorieux passé ( celui du Temple de Jérusalem ) et un âge d'or à venir ( les temps messianiques , ceux de la délivrance) . On a donc ici affaire à une vision idéologique mettant le présent et l'histoire , quel que soit leur durée, entre parenthèses et excluant , par nature, toute idée de rébellion , politiquement impossible et allant contre l'ordre divin , "car il ne fallait point se révolter contre les nations " (3) .

Triomphe globalement le principe du dîna de-malkhûta dîna ( la loi du pays est la loi) non seulement en légalité mais dans une large mesure en légitimité . Vis-à-vis des autres, c'est-à-dire des autorités, s'impose un loyalisme obligé par nécessité et par conviction, d'autant que le prince, son Etat sont protecteurs par tradition . Au fond, une forme implicite de dépolitisation, une espèce de marginalisation, d'extériorité des mouvements d'opinion et des coups et révolutions de palais (4)

Deux événements historiques ont extirpé cette communauté de son "cocon" , de son isolationnisme et de son mutisme et l'ont obligé, à travers son élite, à réagir. Le premier événement, intérieur, ayant trait à leurs rapports avec l'Etat beylical, réside dans leur statut juridique (Paragraphe I ) dans lequel le juif tunisien passe d'un dhemmi (protégé) à un citoyen . Le deuxième événement, extérieur, survenu après l'établissement en 1881 du protectorat français en Tunisie consiste dans le statut politique du juif tunisien (Paragraphe II ) qui passe d'une soumission passive à une participation active . Dans les deux situations , c'est la flexibilité du discours religieux qui a permis la réaction positive par rapport aux événements et l'évolution du contenu du discours.

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(1)Taieb J., " Réalité et perception de la condition juive en Tunisie " in Fellous S., Dir. de , Juifs et musulmans , fraternité et déchirements, Paris, Somogy ed., 2003, p 125. (2) Taieb J. op cit p 125. (3) Taieb J., op cit p 126 (4) Taieb J. op cit p 126

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