WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Conflits identitaires et unité de l' Etat

( Télécharger le fichier original )
par Sarr Massamba
Université Cheikh Anta Diop de Dakar -  2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre2 :L'utilisation des identités comme moyens de renforcement de l'unité de l'Etat

La reconstruction de l'Etat domine la préoccupation des entités africaines, depuis surtout le lancement du renouveau démocratique. Le succès de ce processus est lié aux types de remèdes apportés aux causes de l'effondrement des systèmes politiques et de l'autorité de l'Etat. Dans ces pays issus de la colonisation, les identités sont souvent indexées comme l'un des obstacles majeurs au fonctionnement de la société.

L'option levée dans la plupart de ces Etats est celle du rejet des identités qualifiées de source de tensions et de conflits. L'édification de l'Etat parait à l'opposé de toute reconnaissance de la participation des groupes identitaires à l'exercice du pouvoir.

Ce rejet se concrétise souvent dans les différentes constitutions organisant le pouvoir de ces pays. Les groupes identitaires n'acceptent pas non plus cette mise à l'écart d' où l'éclosion des conflits identitaires. Ainsi c'est cette résistance qui donne aux hommes politiques l'opportunité d'exploiter le phénomène identitaire comme moyen d'accession, d'exercice et de conservation du pouvoir.

Cette utilisation politicienne des identités explique les tensions et les conflits divers qui émaillent l'histoire du continent.

Eu égard à cette situation, les Etats cherchent des voies et moyens de leur nouvelle édification. Dès lors, il convient de se questionner sur la meilleure manière d'user de l'identité pour qu'elle ne soit pas un obstacle mais un appui à la consolidation de l'unité de l'Etat.

La diversité des groupes ethniques, religieux ou linguistiques dans un pays peut représenter sans doute une assurance, sinon contre les conflits identitaires, du moins contre le risque qu'ils dégénèrent en guerre civile. Et quand celle-ci a lieu malgré tout, cette diversité peut y jouer un rôle modérateur.

Ce n'est pas, comme on le pense souvent l'hétérogénéité culturelle, linguistique ou religieuse qui est dangereuse pour la paix civile ; c'est le refus d'accepter cette hétérogénéité et la volonté de réduire à un seul affrontement entre deux groupes homogènes la diversité des groupes, des intérêts et des conflits qui existent normalement dans une société.

Ainsi, il nous semble que l'utilisation des identités comme moyens de renforcement de l'unité de l'Etat passe nécessairement par la reconnaissance et la participation des groupes identitaires à la gestion des affaires publiques (section1) et par le développement de stratégies destinées à submerger les identités locales au profit d'une identité nationale dominante (section2)

Section1 : La reconnaissance et la participation des groupes identitaires à la gestion des affaires publiques

La reconnaissance et la participation des groupes identitaires à la gestion des affaires publiques constituent en réalité un gage pour la préservation de la paix et de l'harmonie sociale .En effet lorsque les groupes de population minoritaires sont assurés de leurs droits ,lorsqu'ils peuvent participer pleinement à la vie politique ,économique et sociale de leurs pays,lorsque leur apport culturel est reconnu ,ils acquièrent alors le sentiment de sécurité indispensable à l'élimination de la tension et des conflits entre groupes identitaires.

Nous allons donc mettre l'accent successivement sur la reconnaissance des identités dans l'affirmation de l'Etat-nation (paragraphe1) et la participation des groupes identitaires à la gestion des affaires publiques paragraphe2).

Paragraphe1 : La reconnaissance des identités dans l'affirmation de l'Etat-nation

Cette reconnaissance passe nécessairement par la prise en compte des spécificités propres à chaque groupe identitaire (A) et par l'éducation à une culture citoyenne (B).

A- La reconnaissance des spécificités propres à chaque groupe identitaire

S'il est une spécificité qui est irréductible aux sociétés africaines d'hier et d'aujourd'hui, c'est bel et bien la reconnaissance de la diversité des nations ou des peuples, des langues, des cultures, des territoires etc.

Certes la colonisation européenne a détruit systématiquement les appareils de l'Etat multinational et balkanisé les nations et les territoires correspondants. Mais elle a créé de toutes pièces, une multiplicité d'entités politiques chevauchant une multitude de nationalités dont la superposition complexifie encore la situation d'antan.

Ainsi dans de telles circonstances, il va de soit que la volonté de vivre ensemble est liée au respect de l'autre, tel qu'il est selon sa culture. Tel est le postulat qui a conduit à la création, par les sociétés plurales, du droit à la différence, pour utiliser le langage d'aujourd'hui.

Celui-ci est à la fois un droit de l'homme et un droit des peuples car il reconnaît à toute personne humaine et à toute nation ethnique, le droit de pratiquer sa langue, sa religion, sa culture, de revendiquer son appartenance national-ethnique et de la défendre s'il y a lieu.

C'est dire donc que l'unité nationale doit être fondée sur l'égalité et le respect mutuel, la tolérance et l'interdépendance des différentes communautés, la lutte contre le tribalisme et la géopolitique. C' est pourquoi la démocratisation de la société, qui privilégie la loi du plus grand nombre, ne peut ignorer les droits des minorités.

L'identité culturelle de chaque communauté doit être reconnue et préservée en d'un enrichissement mutuel .A cet égard l'assemblée générale des nations unies a adopté le 16 décembre 1966 ,le Pacte international relatif aux droits civils et politiques dont l'article 27 dispose que :  « dans des Etats où il existe des minorités ethniques ,religieuses ou linguistiques,les personnes appartenant à ces minorités ne peuvent être privées du droit d'avoir avec les autres membres de leur groupe leur propre culture ,de professer et de pratiquer leur religion ,ou d'employer leur propre langue ». Ainsi force est de constater que la reconnaissance des spécificités propres aux groupes identitaires constitue à bien des égards une condition « sine qua non» à l'édification d'une véritable nation. Toutefois, il y a lieu de préciser que la prise en compte de ces spécificités se doit d'être globale et non exclusive les uns des autres, pour favoriser un dialogue au sein des Etats africains.

Le refus du droit aux différences ethniques, religieuses ou linguistiques se révèlent être l'une des erreurs les plus lourdes de conséquences héritées du passé politique de l'Afrique .Ce refus de la différence est en effet allé de pair avec une répression qui, partout a abouti à des conflits .Ainsi la force du lien ethnique, religieux, linguistique est un facteur décisif qu'il faut se garder de sous-estimer d'où la nécessité d'une culture citoyenne.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld