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Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo (1990-2006) Nécessité et Perspectives

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par Jimmy MUNGALA FETA
Abomey-Calavi/ Chaire Unesco pour les droits de la personne et de la démocratie - Diplôme d'Etudes Appronfondies (DEA) 2009
  

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CONCLUSION GENERALE

Au terme de notre travail, force nous est d'observer que la problématique posée au début valait son pesant d'or. Avons-nous répondu de manière satisfaisante? Nous ne pouvons le dire. Le domaine d'intervention de l'Eglise pendant la Transition est si complexe que nous l'avons simplement effleuré, encore que, les limites de la réflexion restent toujours largement ouvertes.

En définitive, nous voudrions néanmoins relever quelques faits saillants qui ont retenu notre attention. En effet, de tout le temps, l'Eglise demeure une pierre angulaire dans l'histoire de la RD Congo. Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en RD Congo (1990-2006), Nécessité et perspectives, tel est le réverbère qui a guidé nos pas tout au long de notre réflexion.

A priori, cet énoncé semble ne pas mettre en exergue la dynamique de l'action de l'Eglise dans l'émergence des valeurs démocratiques et citoyennes au sein des Nations africaines. Toutefois, comme consigné dans notre recherche, l'Eglise joue, a joué et est appelée à jour des rôles variés, à plusieurs échelons pendant la Transition africaine et celle de la RD Congo, dans l'optique d'apporter plus d'éclairage chrétien aux consciences des peuples et dans sa détermination de contribuer à la réussite du processus, une nouveauté dans la mémoire collective des congolais, en utilisant des moyens à sa disposition.

Elle était et est engagée dans les domaines de lutte politique, en appuyant les initiatives de dialogue, de concertation , de négociation et même de coordination historique et légitime de certaines Institutions de prise de décisions nationales de la Transition(CNS, SENAT, CEI, CVR), car, « les Institutions ont nécessairement des repères, des principes d'inspiration, des orientations à prendre et des valeurs de base sur lesquelles se fondent leurs politiques de gestion et de fonctionnement »131(*).

Elle s'active dans la défense des droits de la personne, dans les secteurs socioéconomiques et de réduction de la pauvreté. Devant l'insuffisance de diffusion /vulgarisation des lois et réglementation accompagnant le processus en général, étant donné le taux élevé de la population analphabète, pour intensifier ses messages de dénonciation de la mal gouvernance de l'Etat, et des appels à la démocratisation, afin de mieux cadrer son discours avec les préoccupations de la population, elle a associé toutes les confessions religieuses qui, dans un esprit d'oecuménisme, ont participé résolument à la formation des masses pour les préparer intensément à comprendre les enjeux du processus de démocratisation et de la Transition. Autour d'un projet commun d'Education Civique « Cartec » (initialement programme de l'Eglise catholique), un vaste programme de conscientisation adapté aux différentes catégories sociales du pays, l'Eglise a axé son action essentiellement sur le dénominateur de référence obligée aux valeurs universelles qui fondent la démarche.

Les thèmes de respect des droits fondamentaux humains, bonne gouvernance, transparence devenus une nécessité dans la gestion des affaires publiques, principes et normes des élections démocratiques, citoyenneté responsable, culture démocratique, paix, sécurité, justice sociale et distributive, réconciliation nationale cadrent mieux le discours avec les préoccupations de la population. Dans ce sens, il a été nécessaire que les parties prenantes puissent s'accorder sans équivoque sur les valeurs centrales qui doivent régenter un Etat de droit.

Nous avons essayé de retracer le contexte ayant favorisé l'amorce du processus de démocratisation qui, du reste, a fait l'objet de tensions énormes au niveau interne, après le vent de changement soufflé au lendemain de la chute du Mur de Berlin, le 09 novembre 1989, et de la disparition du clivage Est-Ouest. En outre, nous avons également dans une perspective historico-actionnaliste soulevé un certain nombre d'interrogations qui ont alimenté notre hypothèse de départ.

Premièrement, il s'est agi, en effet, de circonscrire le contexte pour mieux saisir les divers contours de l'action de l'Eglise consistant à déceler la légitimité qui fonde son action en se plaçant dans le processus de l'historicité des nations africaines, ce qui explique notre insistance sur la prise en compte des préoccupations des peuples, de se réaliser dans un environnement économique, social et politique découlant de la nature même de la mission évangélisatrice de l'Eglise ; celle-ci part de la réalité fondamentale que c'est tout l'Homme et tout homme au sens plénier, dans toutes ses composantes qui doit être pris en considération dans la quête de changement .

Cette mission est largement étagée à travers les textes évangéliques qui définissent la vocation de l'homme, ses relations avec Dieu et ses semblables. Prosélytiste, elle s'adresse non seulement aux croyants, mais aussi à tous « les hommes de bonne volonté », car, le renouveau chrétien qui perçoit l'Eglise corps du Christ démontre de plus en plus des signes de tolérance, de dépassement des barrières liées aux doctrines, au genre, à la classe sociale, à la religion... « (1Cor : 12,13 ; Ga : 3,28 ; Eph : 2, 15-16 ; 3-6) »

Deuxièmement, l'Eglise n'est pas seule acteur historique. Il était donc question de connaître la dynamique des relations entre ces divers protagonistes et la dialectique de leur engagement, du fait que les Etats africains et leurs peuples ont, non seulement reconnu et compris le poids de l'Eglise, mais peuvent s'appuyer sur elle pour mieux canaliser les aspirations au changement.

De ces diverses considérations, nous comprendrons davantage pourquoi bien des conférences nationales ont été dirigées par des hommes de Dieu, des princes de l'Eglise catholique. Puisqu'on en parle, dans cette gestion participative à travers les rencontres, concertations, marches, séminaires/ateliers de formation et autres activités y liées, partant du principe biblique à chacun selon sa capacité et fort d'honnêteté intellectuelle de rigueur scientifique, nous avons eu à faire une mention spéciale quant au leadership de l'Eglise catholique locale et universelle. La supériorité numérique de ses fidèles, de son clergé bien formé et de ses oeuvres sociales, l'abondance de ses publications/autres productions en la matière, sa grande capacité mobilisatrice avec ou sans l'apport des autres confessions religieuses, sa tradition en termes de doctrine sociale de l'Eglise, sa structuration et son organisation interne assise sur du solide... justifient à suffisance notre approche.

Bien que respectueuse de ses dogmes, l'Eglise africaine en général et congolaise en particulier du 21è siècle commençant se trouve confrontée, au même titre que toute la société, à l'impérialisme de la mondialisation qui tend à « relativiser » certaines valeurs considérées par l'Eglise comme absolues. En conséquence, il apparait une série de difficultés d'ordre organisationnel parfois structurel au sein de quelques confessions religieuses gênant ainsi la planification, et/ou la coordination des actions d'envergure nationale, provinciale et locale (cas de la marche du 2 mars 1992 lorsque les Kimbanguistes et certaines assemblées évangéliques de réveil se sont désolidarisés) devant stimuler davantage la participation citoyenne pendant cette période cruciale.

D'autres fractures subsistent dans la mesure où d'autres confessions religieuses viennent comme des paravents, inhibiteurs de l'éclosion de vrais groupes oecuméniques de base dans les communautés les plus désemparées. La formule « Eglise au milieu du village » ne semble pas toujours marcher du fait des colorations politiques parfois très affichées des leaders religieux, ce qui engendre des querelles intestines de positionnement, de débauchage, et de diabolisation. Des dissensions subviennent également autour d'argent vu que beaucoup de confessions religieuses ne disposent pas des moyens financiers propres et appropriés pour répondre aux sollicitations grandissantes. Malgré l'approche de l'inculturation qui a décrété la prise en charge de l'Eglise par ses propres fidèles, le résultat final donne que la majeure partie d'entre elles (y compris les Eglises dites traditionnelles) sont tributaires des bailleurs de fonds internationaux. Ces derniers font souvent le diktat, influencent et même décident de l'orientation à donner auxdits fonds. Cette dépendance infantilise, affaiblit, réduit toute marge de manoeuvre et crée des dispersions. Voila le contexte difficile dans lequel a évolué l'Eglise congolaise pendant la longue transition jonchée de zones de turbulences.

L'orbite de transition sur laquelle est placée l'implication de l'Eglise exige des ses membres une franche collaboration, un leadership responsable, constructif et remarquable, afin de conduire à bon port l'objectif de l'instauration de la culture démocratique susceptible d'assurer l'avenir politique, économique et social de la RD Congo. Par ailleurs, elle doit se fixer des priorités pour mener des actions concrètes sans cesser de s'adresser aux dirigeants et aux hommes de bonne volonté engagés dans la voie de la refondation de l'Etat.

Avec les vicissitudes de la Transition, le Congolais a eu l'opportunité de se faire une opinion sur la gestion de l'Etat, d'évaluer ses leaders par rapport à des actions à impact visible en sa faveur, de s'opposer à adhérer aux discours démagogiques de quel que bord que ce soit, car, il faut bien le reconnaître, une prééminence trop visible de la hiérarchie de l'Eglise dans la définition des actions peut paraître suspecte à certains et créer un désintérêt dans le chef des leaders laïcs.

Point de doute que la RD Congo a une belle occasion de redonner plus d'espoir à l'Afrique et surtout à son peuple. Un peuple cheminant vers sa maturation, conscient de son destin et avec lequel il faudra désormais composer pour décider sur toutes les questions d'intérêt national; et à l'Afrique après quatre décennies de mauvaise gouvernance.

A maintes occasions qui lui sont offertes, l'Eglise ne cesse de prêcher le pardon, la reconnaissance des fautes, tords et la réconciliation. Fort de son leadership pesant, l'Eglise catholique répète son engagement à la réconciliation au sein de la classe politique.

Autant le Saint-Siège se veut engager en faveur d'une réconciliation authentique et durable entre les Chrétiens et les Juifs, autant l'Eglise catholique congolaise s'affirme de façon irrévocable sur le chemin choisi par le Concile Vatican II.

En somme, quel que soit le régime qui sera mis en place, le rôle de l'Eglise, doit demeurer un contre-pouvoir, ni alliée de l'opposition ni celle du pouvoir, car, leur raison d'exister est de veiller à ce que la société congolaise dans son ensemble fonctionne correctement. François MITTERRAND, que je cite de mémoire, disait : « on sauve la démocratie par le respect des lois. On la perd par la raison d'Etat », c'est tout dire, et ce sera faire justice à la Nation congolaise.


* 131Lire COMITE PERMANENT DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DU ZAIRE : Mémorandum au chef de l'Etat, le mal est à la racine et non en surface, in DC n°2006 du 20 mai 1990, op.cit, p.44-51

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry