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La problématique de la gouvernance locale dans la région de l'est-Cameroun: une analyse de la perception du maire par les populations de la ville de Bertoua

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par Bertille Arlette JIOKENG NDOUNTIO
Universite Catholique d'Afrique Centrale - Master en Gouvernance et Politiques publiques 2010
  

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Section 2 : Le maire à Bertoua : une autorité méconnue des populations

Nous avons exposé, dans les paragraphes précédents, les attributions du maire telles qu'organisées par les textes régissant la décentralisation au Cameroun. Institution politique et administrative de proximité, la commune reste aujourd'hui un niveau de représentation et de gestion indispensable pour plusieurs raisons. La première est sa popularité. De tous les acteurs publics, le maire est le plus connu et le mieux apprécié, échappant à la disgrâce qui frappe le reste du personnel politique. Connu (surtout dans les communes petites ou moyennes) de tous les citoyens, il est à la fois le représentant et le médiateur social (jusqu'au clientélisme) et sa popularité personnelle transcende les clivages partisans51(*).

Mais, au delà, il importe de se pencher véritablement sur ce que pensent les principaux bénéficiaires de ladite décentralisation du maire, acteur dit incontournable de ce processus. En effet, au terme de nos lectures et enquêtes, il apparaît que le maire est une personnalité méconnue des populations. Cette méconnaissance se trouve justifiée par de nombreuses raisons. La notoriété du maire souffre d'une entorse frappante (paragraphe 1) tout autant que son rôle est marqué par un effacement prégnant que les populations n'arrivent généralement pas à percer (paragraphe 2).

Paragraphe 1. Une personnalité publique dépourvue de notoriété

« Le maire c'est qui ?52(*) », « Je ne connais pas le maire53(*) ». De tels propos, aussi banals soient-ils, permettent de constater qu'au delà des discours sur les avantages de la proximité du maire il reste, néanmoins, une autorité publique inconnue d'une grande partie des populations. Nos enquêtes ont ainsi révélé que de nombreuses personnes ne connaissent pas les attributions d'un maire et quelquefois ne savent pas ce qu'est un maire. En effet, deux personnes sur trois à Bertoua disent ne pas savoir ce qu'est un maire.

Graphique 1 : Connaissance du maire par les populations de Bertoua

Source : Notre enquête de mars 2010

Ce graphique fait ressortir la « notoriété » du maire selon qu'il est une autorité connue ou non des populations. Il permet de se rendre compte que soixante dix pour cent (70%) de la population de Bertoua ne connait pas le maire. Ces chiffres attirent l'attention quand on sait que l'un des mérites les plus reconnus à la gouvernance c'est la proximité de l'autorité locale des populations ; proximité qui suppose une connaissance préalable des différents acteurs de la scène. Or, à Bertoua, la grande majorité de la population ne connait pas le maire. Ce qui signifie que ce dernier a un effort à fournir pour espérer tenir une place centrale de façon légitime dans la dynamique de développement local. En parlant justement de la notoriété des personnalités publiques, Philippe BRAUD affirme que :

La notoriété du maire, du député, du ministre leur assure, par rapport aux citoyens ordinaires, de bien meilleures chances d'accès à la presse locale, voire nationale ; elle leur confère une place centrale sur la scène sociale à l'occasion des inaugurations officielles et des festivités publiques, dans les réunions de militants ou les rencontres avec les milieux professionnels (...) La notoriété fait littéralement exploser les réseaux relationnels de l'élu ; ses « amis » se multiplient, les contacts se révèlent d'une surprenante facilité avec des personnalités des mondes économique, culturel, sportif, associatif... 54(*).

Les enjeux de la question de la notoriété du maire se comprennent d'ailleurs aisément si l'on admet avec Philippe BRAUD qu'«en faisant carrière en politique, un individu abdique une grande part de sa liberté personnelle : il lui faut se montrer dans certains lieux, surveiller son langage, calculer ses réponses, manifester des émotions convenues, s'abstenir d'afficher tout haut ce qu'il pense réellement tout bas.55(*)». Il nous permet ainsi de relever que la notoriété d'une personnalité publique telle que le maire est une entreprise constituée d'une recherche et d'un travail sans cesse renouvelés. Le maire est certes le médecin généraliste de l'action publique, le premier référent des citoyens dans la sphère de l'action publique56(*). Il est aussi l'animateur d'une équipe d'élus dont beaucoup ont des responsabilités dans un quartier de la ville57(*), mais tout le monde ne le connaît pas à Bertoua, contrairement à ce que confiait Jean Pierre SUEUR58(*) à la revue Projet lors d'un entretien.

Dans tous les cas, c'est le besoin d'obtenir la délivrance ou la signature d'un document précis qui pousse généralement la grande majorité des populations à rechercher la personne et les compétences du maire. Ce sont pourtant des démarches auxquelles elles se résolvent rarement, en raison d'une obligation ou d'un intérêt à intégrer la sphère « formelle » de l'État. Ce sera notamment le cas de l'opérateur économique qui veut se soustraire aux risques du secteur informel ou d'un réparateur de deux roues qui décide d'intégrer la sphère de l'économie formelle en déclarant son activité commerciale auprès de la circonscription urbaine, en payant les taxes liées à cette existence officielle dans le but d'éviter que les agents de cette dernière ne fassent saisir les véhicules qui ne sont pas en règle dans son atelier.

* 51 H. PORTELLI « La commune, une identité en mutation », in Projet 1/2001, N° 265, pp. 35-42.

* 52 Il s'agit de réponses données par certains enquêtés à la question de savoir s'ils connaissent le maire.

* 53 Ibid.

* 54 P. BRAUD, « A la recherche de notoriété », disponible sur http://www.scienceshumaines.com/a-la-recherche-de-notoriete_fr_2664.html, article publié le 1er octobre 2002, consulté le 22 avril 2010, à 18h 15 min.

* 55 P. BRAUD, disponible sur http://www.scienceshumaines.com/a-la-recherche-de-notoriete_fr_2664.html.

* 56 « Elu de proximité », Entretien avec Jean-Pierre SUEUR, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956, consulté le 29 mai 2010, à 11h20 min.

* 57 Ibid.

* 58 Ibid.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius