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La question Banyarwanda du local au national: une problématique nouvelle en RDC

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par Espérant MATUMAINI SAUSY
Université de Kisangani - Licence en Sciences Politiques et Administrative 2004
  

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CHAPITRE DEUXIEME

DE LA GRANDE QUESTION DU KIVU AUX GUERRES DITES DE LIBERATION DU CONGO

Le présent chapitre a la prétention de replacer le phénomène circonscrit dans notre étude, dans le contexte et le milieu d'où il tire son origine, afin de démontrer les liens de rattachement entre les tensions anciennes du Kivu et les deux guerres dites de libération de la République Démocratique du Congo.

Ces guerres ont généré une sorte d'aversion à l'égard des populations d'expression Kinyarwanda à travers toute la République.

Mais avant d'en arriver là, il nous semble indispensable de fixer nos lecteurs sur le concept Banyarwanda que nous utilisons depuis le début de cette dissertation.

2.1. Du concept Banyarwanda

Le concept « Banyarwanda » que nous préférons dans ce travail à tout autre, peut être compris sous deux acceptations : une acceptation large et une acceptation restreinte.

2.1.1. Au sens restreint

Pris au sens restreint, le terme « Banyarwanda » pluriel de « Munyarwanda » est un nom générique donné à ceux qui parlent les Kinyarwanda habitant le Nord - Kivu. Il désigne ainsi les originaires de Bwisha dans le territoire de Rutshuru, une région qui faisait partie du royaume du Rwanda précolonial. A ceux - ci il faut ajouter les descendants des conquérants Tutsi arrivés à la fin du 19eme siècle sous le règne du souverain RWABUGIRI, les déplacés de la Mission d'Immigration Banyarwanda (M.I.B.) et les réfugiés Tutsi de 1961.

Les Banyarwanda ainsi compris se distinguent des « Balundji », des « Banyamulenge » et des « Impunji ». Les derniers étant les réfugiés rwandais de 1994 qui aujourd'hui sont souvent désignés par l'appellation ex - FAR- INTERAHAMWE.

Les « BALUNDJI » sont les populations transportées du Rwanda par la Mission d'Immigration Banyarwanda et implantés au Katanga alors que les « Bannyamulenge », concept forgé dit - on, en 1976 par GISABO (1(*)), désigne les populations d'expression Kinyarwanda qui habitent l'Itombwe (Mwenga), Minembwe (FIZI) et Bijombo (Uvira).

Selon KABAMBA et LANOTE (2(*)), les Banyamulenge sont des populations d'origine rwandaise installées au Sud - Kivu bien avant la colonisation et le congrès de Berlin. Ils y seraient arrivés à la fin du 18e siècle en provenance du Rwanda, d'où ils auraient été exilés suite à une révolution du Palais manqué.

Cette hypothèse semble se confirmer par le fait qu'il n'y ait pas des Hutu parmi les Banyamulenge. Les mêmes auteurs font remarquer que le concept était inconnu pendant la période coloniale. La présence lointaine de banyamulenge peut se confirmer par leur langue, laquelle bien qu'elle soit proche du kinyarwanda (Rwandais), s'en distingue par certaines nuances. Il est vraisemblable que rwandais et Banyamulenge ne s'entendent pas toujours.

Un autre élément de conviction est celui que rapporte G. WEÏS (3(*))... pour lui, en effet, il est serait totalement faux de dire que les banyamulenge sont arrivés au Sud - Kivu dans les années 30 ou 40 avec la Mission d'Immigration Banyarwanda (M.I.B), dans la mesure où le pouvoir colonial les avait chassés d'Itombwe pour y installer un grand élevage et de 28.000 ha ou encore pour y faire passer le chemin de fer.

Et, à WILLAME (4(*)) de fournir des précisions en avançant la date de la création du terme. Selon lui, cette appellation serait née vers 1967 à l'initiative des populations d'Itombwe pour se distinguer des réfugiés Tutsi Rwandais.

L'apparition tardive du concept ne peut donc pas servir de prétexte pour nier l'ancienneté des Banyamulenge dans la région, compte tenu des preuves ci - haut évoqué pouvant nous permettre de croire à une appellation postérieure à la présence de ceux à qu'elle s'applique. Quant à leur effectif, certains les estiment à 400.000 alors que les autochtones (BEMBE, FULIRO...) les réduisent à 14 familles seulement en élevant leurs descendants à deux mille âmes. Cette querelle de chiffre est due à la subjectivité qui caractérise les uns et les autres. Cependant, des sources que nous jugeons rationnelles avancent l'effectif des Banyamulenge à 35 à 40 mille âmes au Sud - Kivu. Ainsi, la majoration semble incorporer et les anciens et les réfugiés parlant Kinyarwanda dans cette contrée.

2.1.2. Au sens large

Selon P.J. Laurent (1(*)) le terme Banyarwanda est une appellation d'usage courant dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Il sert à désigner toutes les personnes installées dans la région et ayant en commun des racines culturelles et / ou géographiques Rwandaises, ainsi que l'usage de la langue Kinyarwanda parlée au Rwanda voisin.

Cette désignation très globalisante et évidente s'applique aux groupes ci -après :

- Les Banyamulenge du Sud - Kivu ;

- Les Hutu, Tutsi et Twa regroupés sous l'appellation Banyabwisha habitant depuis de siècles dans le territoire de Rutshuru au Nord - Kivu ;

- Les descendants des Hutu et Tutsi arrivés au début du siècle passé ;

- Les réfugiés Hutu et Tutsi fuyant les violences politico - ethniques au Rwanda de 1961 et 1994 ;

- Et en fin tous les clandestins Rwandophones ayant traversé les frontières de la République Démocratique du Congo.

Faute d'établir une distinction entre les diverses catégories, ceux qui ont le droit (l'Etat) ne pouvant pas y parvenir à l'heure actuelle, nous faisons usage, dans ce travail, de l'acception large étant donné que les populations dont est question ici se sont désignées elles - mêmes sous cette appellation jusqu'aux années 70.

* 1 VANGU MAMBWENI, »Les principaux en jeux de la guerre au Kivu, conflit supra ou interethnique » in stratégie de coexistence interethnique pour le développement, Facultés catholiques de Kinshasa, 1997, p. 35.

* 2 KABAMBA et LANOTE, Guerre au Congo - zaïre (1996 - 1997), acteurs et scénario » in Cahier du CEDAF, n° 39 - 40, Tervuren, 1999, p.126.

* 3 G. WEÏS, Les pays d'Uvira, étude de démographie régionale sur la bordure occidentale du lac Tanganyika, Bruxelles académie royale des sciences coloniales, 1953, p. 126.

* 4 J.C. WILLAME, « Banyarwanda et Banyamulenge, violences ethniques et gestion de l'ulentaine au Kivu », in Cahier du CEDAF, Harmattan n° 25, Tervuren 1997, p. 78.

* 1 P.J., Laurent, « Déstabilisation des paysanneries au Nord - Kivu, migration, démocratisation et tenure, in Cahier du CEDAF, n° 39 - 40, Harmattans, Tervuren, 1999, p. 74.

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