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La définition de la Politique selon Julien Freund. Une lecture de "Qu'est-ce que la politique?" de Julien Freund

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par Hermann Banda
Institut de philosophie de Mayidi RDC - Graduat en philosophie 2011
  

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II.6.2. Responsabilité et culpabilité en politique

La responsabilité est le caractère de celui qui est responsable ou le fait d'être responsable93(*). D'après La philosophie de A à Z, la responsabilité désigne une certaine maturité psychologique, la faculté de bien juger, de prendre des décisions raisonnables et avisées94(*). Aussi, nous comptons plusieurs formes de responsabilité : responsabilité morale, civile, ministérielle, pénale, juridique, publique, politique, etc.

Sans doute, chaque forme de responsabilité compte une définition relative à sa nuance. Dans notre étude, nous nous focaliserons sur la responsabilité politique.

D'après le professeur B. OKOLO OKONDA, c'est sur la responsabilité civile « que s'ancre la responsabilité politique, c'est-à-dire, la responsabilité que nous avons lorsque nous posons des actes ayant trait à l'exercice du pouvoir ou du fait de vivre en commun ».95(*)La responsabilité civile appartient à l'ordre communautaire, c'est-à-dire qu'il répond non pas à sa conscience mais à la société toute entière par le truchement des ayants-droits ou du juge. Nous pouvons ainsi saisir une idée sur la responsabilité politique. Celle-ci est totale comme la responsabilité civile. En d'autres termes, elle concerne toute action, consciente, libre ou non ; elle concerne également les suites heureuses ou malheureuses de l'action posée ; elle porte aussi sur les autres et sur ce qu'ils font ; elle est individuelle et sociale à la fois ; elle est publique, et l'acteur politique doit impérativement répondre devant toute la communauté.96(*)

La conception de la responsabilité politique, telle que donnée par le professeur B. OKOLO OKONDA ne diffère pas trop de celle développée par J. Freund. En effet, la responsabilité comme la compétence trouve sa réalisation véritable dans l'action. J. Freund commence par élucider certaines convictions qui mènent souvent vers la perte. A cet effet, il s'attèle d'abord à ce qui concerne la responsabilité collective. Selon lui, la responsabilité collective n'est définissable ni juridiquement ni moralement ni par aucun autre critère. Car, une collectivité n'agit jamais comme telle, mais des responsables agissent politiquement en son nom97(*). Une collectivité ne peut être responsable d'un acte ; les hommes mis à la tête de cette collectivité agissent et décident au nom de toute la collectivité. A ce niveau, notre auteur essaye de réagir contre la thèse de Karl Jaspers qui dans son Die Schuldfrage- Ein Beitrag zur deutschen Frage présente le peuple allemand comme  un coupable non coupable, parce qu'il ne s'est pas révolté contre Hitler, qu'il n'est pas descendu dans la rue pour protester contre l'injustice et la violence. K. Jaspers à cet effet, l'invite à un effort de lucidité98(*). J. Freund, rejette au même moment la thèse sartrienne qui, dans l'être et le néant, soutient que l'homme porte le poids du monde tout entier sur ses épaules : il est responsable du monde et de lui-même en tant que manière d'être.99(*) L'auteur de Qu'est-ce que la politique pense que cette conception annule la distinction entre celui qui pose un acte et celui qui en subit les conséquences ; car chacun de deux serait responsable en quelque sorte de l'acte posé par le premier ; dans ce cas, il n'existe plus de gouvernants et des gouvernés ; plus d'assistant et d'assisté ; plus de tyran et de tyrannisé.

La thèse de la responsabilité collective selon J. Freund fait donc bon marché de la volonté des gouvernements et de la réalité matérielle des instruments, des institutions, des structures et des organisations sociales pour dissoudre la responsabilité dans une solidarité vague, et indifférente d'une faute prétendue commune, mais surtout indiscernable.100(*) Nous ne voulons pas entrer dans cette polémique, notre tâche a simplement consisté à les énumérer pour une bonne compréhension.

Il est du devoir de l'homme politique de travailler pour la sécurité et la prospérité de la collectivité. Il semble compréhensible qu'on ne peut le blâmer moralement ou politiquement d'agir pour le bien de sa collectivité. Une unité politique ne peut renoncer à sa politique dans le but d'une « pax universalis » ou d'un amour pour la justice tandis que d'autres collectivités usent de mêmes moyens pour subvenir à leurs besoins.

De là, nous pouvons affirmer que la responsabilité politique est à situer au niveau des moyens et des conséquences c'est-à-dire, au niveau des objectifs. Donc, les moyens et les conséquences paraissent comme la pierre de touche de la responsabilité politique. C'est sans doute au non de cette responsabilité que l'homme politique construit la défense de son pays, règle les conflits sociaux, oeuvre en faveur de la paix et de la liberté ou au contraire prend des mesures qui font directement obstacle à la réalisation du but spécifique du politique ; Cette responsabilité porte sans doute sur la manière dont on essaie de transformer une collectivité donnée avec ses structures et institutions, en réalisant un certain nombre d'objectifs destinés à consolider la protection et la concorde au service de l'homme101(*) . Si juridiquement, comme nous l'avons affirmé auparavant, la collectivité est mineure, la responsabilité politique ne revient pas à elle, mais plutôt aux hommes qui en ont la charge ; ceux là qui possèdent le pouvoir et qui ont choisi de faire carrière en politique ; ceux qui ont fait de la politique leur vocation primordiale.

Ainsi, la responsabilité politique est donc une responsabilité d'état comme toute responsabilité, celle de l'écrivain face à son oeuvre ou celle du professeur devant ses élèves102(*) ; leur différence se situe au niveau où la responsabilité politique d'état parait plus large et plus pesante ; car une décision politique met en jeu l'avenir de toute une unité politique et ses conséquences sont plus considérables parfois terribles. Il apparait clairement par là qu'il n'est presque pas raisonnable de rejeter à tout un peuple la tyrannie d'un despote dont ce même peuple est le premier à en subir les conséquences. Il est souvent d'ailleurs difficile d'apprécier la responsabilité politique à sa juste valeur.

De manière générale, l'acteur politique agit dans le but de réaliser le bien commun. C'est le but spécifique du politique, même lorsque son agissement semble friser l'extrême. Or, à ce niveau, il n'y a pas des critères qui déterminent et séparent la bonne volonté de la mauvaise. Un acte qui apparemment réprimandable peut aussi rassembler l'assentiment de tous ; de même cette décision qui semble être approuvée de tous, peut aboutir à des conséquences néfastes. L'on comprend mieux que cette question de responsabilité nous amène souvent et inévitablement sur le terrain de la morale. Après cette analyse de la responsabilité politique, nous avons compris que le niveau téléologique exige le niveau technologique ; et celui-ci sera vide de sens s'il n'est orienté vers aucune fin. C'est pourquoi nous allons faire allusion au niveau eschatologique.

* 93 Cfr. Dictionnaire Hachette encyclopédique, p. 1387.

* 94 E. CLEMENT (dir), o.c., p. 388.

* 95 B. OKOLO OKONDA, la responsabilité éthique et politique de l'homme, dans Autorité et responsabilité en Afrique aujourd'hui. Actes des premières journées philosophiques du philosophât Saint Augustin du 30 Novembre au 1er décembre 1997, Kinshasa, Institut supérieur de théologie et de philosophie, 1997, p.23.

* 96B. OKOLO OKONDA, A.C, p. 23.

* 97 J. FREUND, o.c., p.85.

* 98 Ib., p.84.

* 99 J.P. SARTRE, l'être et le néant, 1943, p.638-642, cité par J.FREUND, o.c., p.84.

* 100 J. FREUND, o.c., p.92.

* 101 Ib., p. 93.

* 102 Id.

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