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La définition de la Politique selon Julien Freund. Une lecture de "Qu'est-ce que la politique?" de Julien Freund

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par Hermann Banda
Institut de philosophie de Mayidi RDC - Graduat en philosophie 2011
  

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II.7. Le niveau eschatologique de l'action politique

II.7.1. Les fins en politique : une approche sémantique des termes.

De prime abord, il sied de noter que l'eschatologie ici ne nous renvoie pas à la doctrine de l'Eglise catholique sur les fins dernières de l'homme. Le niveau eschatologique fait allusion au règne des fins, qui sont, selon J. Freund, « les valeurs ultimes que l'homme se propose d'accomplir par son activité individuelle ou bien par l'action des collectivités et des groupements, en vue de donner un sens à la vie et à l'histoire »103(*). En réalité, les fins diffèrent des objectifs ; les objectifs, comme dit un peu plus haut, sont des données matérielles qui ne peuvent être accomplies que dans des conditions concrètes et sont voués à des corrections et amendements intempestifs pour créer une adéquation entre les objectifs et l'évolution des esprits et aussi le changement de la condition humaine ; tandis que les fins sont de l'ordre idéel ; des idées en soi de l'intelligible104(*). Bref, les fins apparaissent comme des idéales à atteindre.

Au cours des siècles, certains auteurs se sont attardés au problème des fins : T. Hobbes et Spinoza ont plus insisté sur le but spécifique du politique, c'est-à-dire, sur la protection et la concorde intérieure; tandis que J.J. Rousseau a définit la politique par les fins et l'espérance suscitée par elles ; en d'autres termes, « si l'on recherche à quoi consiste précisément le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système de législation, on trouvera qu'il se réduit à deux objets principaux, la liberté et l'égalité. La liberté parce que toute dépendance particulière est autant de force ôtée au corps de l'état, l'égalité parce que la liberté ne peut subsister sans elle »105(*). En clair, les fins ne sont pas spécifiquement assignées au politique ; car elles dépassent le politique, c'est-à-dire elles sont extra politiques. Toutes les activités de l'homme semblent s'orienter vers l'une ou l'autre fin : la religion, l'économie, l'art, etc. Notons qu'aucunes de ces activités n'a la priorité par rapport à d'autres. Certes, ces fins, bien qu'elles ne soient pas spécifiques à l'activité politique, jouent un rôle de diverses manières.

II.7.2. Les rôles des fins dans l'action politique

Au premier abord, il est indispensable de retenir que par rapport à leur signification courante, les fins ont un usage régulateur106(*). Ces fins ne se réalisent pas concrètement dans une oeuvre phénoménale et empirique ; mais plutôt elles ordonnent l'activité, l'orientent et lui donnent un sens107(*). En ce moment, l'activité politique n'est pas un simple assemblage d'actions au service de la sécurité et la prospérité mais aussi et surtout au service de l'homme lui-même ; car c'est pour une fin au profit de la collectivité que l'acteur politique se met au travail.

A côté du rôle régulateur, les fins sont toujours en projet, c'est-à-dire qu'elles constituent des idées qui servent des normes ou des modèles aux objectifs de l'activité politique concrète108(*). Cette définition semble souligner la présence de la politique dans le concert de toutes les activités humaines. En effet, ces fins sont communes à toutes les activités de l'homme ; et c'est ce qui fait qu'il y ait toujours imbrications des faits entre la politique et les autres activités de l'homme. De ce point de vue, nous pouvons affirmer que la politique, malgré son autonomie, n'est pas une fin en soi ; et, le but spécifique du politique ne vaut pas par lui-même, mais par participation au mouvement de l'humaine condition de l'histoire109(*).

Outre le rôle régulateur et archétypal, les fins peuvent encore se présenter comme valeurs en vertu desquelles l'homme peut espérer dépasser le politique et particulièrement ses divers présupposés (commandement et obéissance ; l'ami et l'ennemi ; privé et public)110(*). A cet effet, signalons que le marxisme pris dans cet aspect paraît ici comme une eschatologie, car elle appelle l'homme au dépassement du politique et de ses présupposés au nom des fins ultimes.111(*)

En dernier lieu, les fins ont une définition qui paraît négative. Elles sont ici définies comme un arsenal de justifications. Cette manière de définir les fins semble non seulement négative mais aussi polémique : là s'embourbent ça et là, pêle-mêle vérité, visions, expériences, proposition contrôlée et contrôlable, etc. Dans ce contexte l'on comprend sans peine que la pensée médiocre cherche un refuge dans les justifications par les fins112(*). Elles deviennent, en effet, une panacée pour soutenir tel ou tel autre régime, telle idée sans réflexion et sans analyse du phénomène politique, tout en prétendant établir la vérité et dépasser toute possibilité de conflits113(*). Ces justifications exigent la verve oratoire et la sagacité intellectuelle. Cette justification des fins semble être pure démagogie et sophisme.

Certes, les justifications politiques ne tendent pas toutes vers la tromperie ; surtout qu'en général, les fins ne paraissent pas mauvaises (la paix, le bonheur, la fraternité, la liberté, etc.). Mais un parti multiplie les justifications lorsqu'il est infidèle à ses causes. Ce détournement de jugement laisse la scène politique non sans conséquences néfastes.

* 103 Ib., p.98.

* 104 Id.

* 105 J.J.ROUSSEAU, o.c., Liv. II, Chap. IX.

* 106 J. FREUND, o.c., p.101.

* 107 Id.

* 108 Ib., p. 102.

* 109 Id.

* 110 Ib., p. 104.

* 111 Id.

* 112 Ib., p. 106.

* 113 Id.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore