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La définition de la Politique selon Julien Freund. Une lecture de "Qu'est-ce que la politique?" de Julien Freund

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par Hermann Banda
Institut de philosophie de Mayidi RDC - Graduat en philosophie 2011
  

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Ø L'alliance

C'est dans le but de se rendre plus fort ou d'accroitre sa suprématie qu'une nation décide librement de faire une alliance avec une autre nation sur base d'une aide mutuelle ou d'une garantie unilatérale. De ce fait, plusieurs alliances sont conclues au cours de l'histoire de notre humanité (des triumvirats aux alliances entre la Grande Bretagne et la France lors de la seconde guerre mondiale). Cependant, ces alliances ne portent pas seulement sur le domaine militaire ; mais aussi sur d'autres domaines de la vie sociale. Ainsi nous comptons des alliances portant sur l'économie, les finances, la culture, etc. A cet effet notons que les regroupements tels que L'OTAN, ONU, SADEC et autres constituent des institutions issues de certains traités et alliances. A ce niveau, nous débouchons sur l'aspect positif de la sécurité qui n'est pas un simple souci de se défendre contre l'invasion ou la menace extérieure, mais aussi une collaboration pour un meilleur épanouissement de l'un ou de l'autre. Il ne s'agit pas de réduire le but spécifique du politique à une simple autarcie puisqu'il n'existe pas dans l'histoire un peuple ou une nation qui ait vécu dans l'isolement absolu. Au cas contraire, on ne saurait parler du but spécifique du politique si nous éludons la question de l'autre. Il ressort ici l'aspect positif de la sécurité.

En effet, l'aspect positif de la sécurité nous renvoie au présupposé de l'ami. Il s'agit ici d'une amitié intelligible qui reste au stade formel. Bien que de temps en temps, elle se réalise dans telle ou telle autre institution destinée à garantir la sécurité collective des états23(*). Notre humanité a toujours aspiré à une « pax universalis », une unité pacifique de tous les Etats du monde où la guerre n'aurait plus son droit de veto. Mais comme on le voit bien, il s'agit d'une aspiration qui restera sûrement et sans doute idéale et utopique d'après le dire de Julien Freund.

Selon notre auteur, une seule et même raison, un seul et même phénomène fonde ces espoirs toujours déçus et renaissants : c'est l'enivrement du pouvoir : la plus grande puissance qui devient sa propre ennemie. Il nous convie à vérifier cette évidence au cours de l'histoire de l'humanité : Il nous suffit d'ouvrir l'oeil pour constater que c'est souvent lorsqu'une entité politique est en plein essor que s'approche son déclin. Il se remarque ici qu'il y a manque d'adéquation entre la plus grande force et la plus grande sécurité. Il se produit, certes, en ce moment une rupture qui aboutit à ce que l'accroissement de la puissance entraine un affaiblissement, soit que par jalousie ou par peur les amis et alliés se détachent et rejoignent le camps adverse, soit que le sentiment de la supériorité suscite une fausse impression de sécurité à la suite d'un relâchement intérieur dû à l'absence d'une compétition ouverte, soit que le calcul de prudence et l'estimation du pire dégénèrent en précautions pusillanimes, soit enfin que la griserie de la gloire fasse perdre de vues les objectifs politiques24(*).

En effet, les grandes civilisations de notre histoire nous en donnent des exemples éloquents. Le cas de l'empire romain : la certitude d'être la grande puissance après la chute du royaume de Macédoine et l'ostentation matérielle amena ce peuple vers un déclin inéluctable. C'est ce que raconte Polybe dans son Histoire oecuménique, où il rapporte : « le premier résultat de l'amitié entre Polybe et Scipion Emilien fut un enthousiasme dynamique pour les grandes choses qui s'empara de tous deux et leur inspira l'ambition d'acquérir une distinction morale et de concourir victorieusement dans ce domaine avec leurs contemporains. (...), mais malheureusement dans la Rome de cette génération le niveau du concours était abaissé par la démoralisation générale de la société. Certains s'adonnaient entièrement aux femmes, d'autres à des vices contre nature, (...). Si l'on demande pourquoi cette maladie sociale « s'enflamma » à ce moment précis, deux raisons peuvent être données en réponse. La première était qu'avec le renversement du royaume de Macédoine, les romains sentaient qu'il ne restait plus de puissance au monde qui pût défier leur suprématie. La seconde raison était que l'ostentation matérielle, privée et publique, à Rome, avait été énormément accrue par le transfert à Rome des biens de Macédoine »25(*). Plusieurs exemples peuvent élucider ces contextes d'inadéquation entre la plus grande force et la sécurité ; mais nous nous en tiendrons qu'à celui du peuple romain.

De même, les organisations internationales prennent souvent naissance dans des situations d'après guerre ; un moyen des états victorieux à conserver leur suprématie. Et, les petits Etats, faibles économiquement ou militairement adhèrent presque sans contrainte ou aveuglement dans ces organisations. Mais ces ambitions des Etats victorieux se heurtent souvent à des difficultés politiques. J. Freund classe ces tendances en trois rubriques principales26(*) :

· L'élaboration d'un droit international rationnel homogène, coercitif et surtout indépendant du rapport de force chaque fois existant ;

· Institution d'organisations internationales sur la base d'une reconnaissance qui ne serait pas conditionnelle et d'une parité totale des grandes et des petites puissances dans le respect des particularismes propres à chaque Etat.

· Désarmement général et contrôlé.

Comme souligné ci-haut, toutes ces aspirations se heurtent parfois à certaines difficultés. Il arrive que le droit international élaboré dans les institutions telles que l'ONU, ne rassemble pas le consentement d'un Etat ou d'un dirigeant ; comment pouvons-nous alors parler de la parité des grandes et petites puissances tandis qu'affirmer, en ce jour l'égalité des Etats se révèle presque une utopie, car il existe des grands et petits Etats, riches et pauvres ? Serait-ce possible de parler d'un désarmement général tandis que le premier pays qui va à la recherche de l'arme nucléaire dans un autre pays est lui-même le premier à en disposer ? Sans entrer dans les détails, le problème iranien sur l'arme nucléaire est encore éloquent à ce sujet. Tout cela montre avec certitude que l'aspect positif de la sécurité se base plus sur le plan purement théorique de l'amitié formelle, du consensus universel qu'à celui de la praxis. Car la réalité politique mondiale nous présente autre chose. Aussi la sécurité extérieure existe lorsque l'intérieur est apaisé. Cela nous conduit à réfléchir sur le bien commun sous l'aspect de la concorde intérieure et la prospérité.

I.1.2.2. La concorde intérieure et la prospérité

Si pour la sécurité, les présupposés sont celui de l'ami et de l'ennemi, ici il s'agit d'abord des présupposés du commandement et de l'obéissance, enfin viennent ceux du privé et du public. En effet, c'est par les présupposés du commandement et de l'obéissance qu'est institué l'ordre ; car le dirigeant est sensé commander et donner des prescriptions que le peuple doit suivre dans l'obéissance. Les présupposés du privé et du public ont pour rôle d'organiser l'ordre dans une perspective non seulement de la puissance, mais aussi de la jouissance ainsi que d'assurer la meilleure harmonie entre les groupes internes27(*).

La concorde intérieure et la prospérité visent comme objectif la vie au sein de la communauté et la quiétude matérielle et spirituelle de tous les membres. Il est à signaler que la prospérité n'est pas secondaire à la concorde intérieure. Mais toutes les deux valeurs vont ensemble ; Il ne s'agit pas seulement de vivre, mais aussi de bien vivre. Cette pensée est développée par Aristote dans le livre III du `'Politique''. Et, selon J. Jacques Rousseau, c'est la conservation et la prospérité des membres qui constituent la finalité de l'association politique28(*) . Par rapport à cette conception, Max Weber fait exception ; chez lui, la lutte est considérée comme une fin en soi. Il s'exprime en ces termes : « ce n'est pas la paix et le bonheur de l'humanité que nous avons à procurer aux générations futures, mais la lutte éternelle pour la conservation et l'édification de notre caractère national29(*).

J. Freund n'est pas assez d'accord avec cette position de Weber sur la lutte éternelle ; car premièrement, selon lui, cette notion, indépendamment de l'aspect parfois polémique, est développée dans une leçon qui examine les rapports entre la politique et l'économie, alors que, sans discussion possible, le bien constitue un des aspects essentiels du but de l'économie30(*). Il convient de reconnaître ici que depuis l'antiquité gréco-romaine, la politique comporte une visée, une tâche: l'organisation de la cité de la façon la plus harmonieuse possible, pour que chaque habitant y trouve sa part en vue de satisfaire ses besoins.

Les décisions politiques qui définissent la structure sociale d'un peuple ou d'une nation reposent sur les présupposés de la distinction du privé et du public. Aussi, la division que comporte la politique (c'est-à-dire cette division entre armée, justice, police, santé, finance, etc.) repose sur les mêmes présupposés, c'est-à-dire, celui du privé et du public. Les conditions de prospérité d'une unité politique dépendent alors de la structure sociale mise en vigueur par cette unité politique. Car, du point de vue politique, la prospérité est une question de prévoyance et de prévision rationnelle, parfois de planification et de répartition mais aussi d'impulsion dans la mesure où, par exemple, l'économie intérieure est tributaire des possibilités qu'offre le marché international31(*). Et, c'est l'existence d'un ordre, celui qui constitue la dialectique entre le présupposé du commandement et de l'obéissance subordonnent les possibilités offertes par la structure sociale. L'ordre ne peut être considéré comme le but d'une activité, il est la base de l'unité et de la stabilité d'une unité politique ; celle-ci sans être simplement un agrégat, un assemblage quantitatif d'être humain, se propose aussi un ensemble uni en vertu d'une vocation particulière32(*). C'est en ce moment que la concorde comme l'aspect intérieur de l'amitié politique devient effective et réelle.

D'après Aristote, la concorde n'est pas une identité d'opinions (celle-ci peut se rencontrer même chez des gens qui ne se connaissent guère). Elle ne consiste pas non plus à une convergence des points de vue. Elle consiste plutôt à un accord de vues entre les membres d'une unité politique sur leurs intérêts, lorsque leurs décisions communes sont respectées de tous et de chacun. La concorde est de l'ordre pratique et non idéel. A en croire Aristote : « ces sont donc des objets d'actions qui sont la matière de la concorde ».33(*) Cette conception aristotélicienne de la concorde met en exergue deux éléments majeurs du bien commun intérieur qui stipule que34(*) :

1. « la concorde suppose un intérêt correspondant aux aspirations fondamentales et à l'esprit de la collectivité ». Ce premier élément fait allusion non pas à une amitié intime entre membre d'une collectivité ; mais plutôt une concordance des rapports extérieurs des individus de la dite collectivité entre eux et, des rassemblements au groupement dont les objets convergent vers le bien commun et l'unité de la collectivité.

2. « Du moment que la concorde est amitié, elle a également pour base une certaine identité des sentiments qui se concrétise dans la notion de la patrie ».

Le patrimoine commun doit être le moteur qui guide toute nation. Le sentiment patriotique doit conduire une unité politique vers sa grandeur. Sans la patrie, l'étranger règne en `'magister''. Mais de tout oui, une question est susceptible d'être posée : A quoi devons-nous attribuer la primauté entre l'aspect interne et l'aspect externe du bien?

* 23 Ib., p. 46.

* 24 Id.

* 25 POLYBE, Histoire oecuménique, livre XXXI, Ch. 25. Cité par A.J. TOYNBEE, Guerre et civilisation. Extrait par Albert V. Fowler de `'A study of History'' Traduit de l'anglais par Albert Colnat, Paris, Gallimard, 1953, p.163.

* 26 J.FREUND, o.c., p.46.

* 27 Ib., p.48.

* 28 J.J. ROUSSEAU, o.c., p. 123.

* 29 M. WEBER, `' Der Nationalstaat und die Volkswirtschaftpolitik'', dans Gesammelte politische Schriften, 2ème édit., Tübingen, 1948, p.14, cité par J. FREUND, o.c., p. 48.

* 30 J. FREUND, o.c., p.48.

* 31 Ib., p.50.

* 32 Id.

* 33 Ib.

* 34 Ib., p.51.

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