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Déterminants de la faible qualité de la surveillance nutritionnelle des enfants de moins de cinq ans dans le district sanitaire de Koupela, région du Centre Ouest du Burkina Faso

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par Robert BAMBARA
Ecole nationale de santé publique - Attaché de santé en épidémiologie 2011
  

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VI. DISCUSSIONS DES RESULTATS

L'objectif de notre étude est de mettre en évidence les déterminants de la faible qualité de la surveillance nutritionnelle des enfants de moins de cinq ans dans le DSK.

Pour y parvenir, nous avons émis trois hypothèses, qui feront l'objet de notre discussion. Au regard des résultats ci-dessus, et en tenant compte des éléments de la revue de la littérature et du cadre conceptuel, nous allons mener la présente discussion autour des points suivants en rapport avec nos hypothèses:

Ü la compétence du personnel de santé en matière de surveillance nutritionnelle;

Ü les facteurs liés à la communauté;

Ü la disponibilité des ressources matérielles au niveau des formations sanitaires du DSK.

6.1. DISCUSSION DES RESULTATS

6.1.1. Compétence du personnel de santé

6.1.1.1. La connaissance des agents en charge de la SN

y Définition de la SN

Plusieurs définitions de la SN ont été données par les agents. La conception de la SN comme la simple prise du poids de l'enfant et sa vaccination a été la plus mentionnée (27,03%). Seuls 18,92% des agents ont fait mention de la prise régulière des mesures et leur comparaison avec des références en vue d'action.

Ce résultat dénote une insuffisance de connaissance de la définition de la SN. En effet, la mesure du poids sans un tracé de courbe de croissance encore moins le calcul d'indice, ne permet pas un diagnostic certain de l'état nutritionnel de l'enfant. De même, résumer la SN à l'administration des vaccins, revient à arrêter ce suivi dès l'achèvement de la vaccination de l'enfant à 9 mois. Pourtant, c'est à partir de cet âge que certains parents commencent le sevrage de leurs enfants avec parfois une ablactation brutale exposant les enfants à la malnutrition.

La vision de la SN comme la prise du poids de l'enfant et sa vaccination n'est donc pas en faveur d'une SN de qualité.

y rythme de SN

Le rythme de la SN est fonction de l'âge de l'enfant. Cette enquête a révélé que si 97.67% des agents enquêtés ont montré une bonne connaissance du rythme de la SN avant le premier anniversaire de l'enfant, ils ne sont que 4.65% à connaitre la périodicité à partir de 37 mois. Le niveau général de connaissance des périodicités de la SN jusqu'à l'âge de cinq ans est de 59.30% et est insuffisant. Nos résultats sont légèrement en dessous de ceux de KOUSSOUBE D.26 qui, dans son étude a trouvé que 64,70% des responsables des SMI de Garango, n'ont pas pu citer correctement la périodicité des visites pour toutes les tranches d'âges.

Une connaissance insuffisante des différents rythmes de SN jusqu'à cinq ans par des agents qui doivent la mener, n'est pas sans impact sur la qualité de cette SN. Une SN trop rapprochée n'offre pas des données significatives permettant d'apprécier l'état nutritionnel de l'enfant. De même, lorsque la SN est peu fréquente, les signes d'alerte de malnutrition ne sauront être repérés à temps par les agents de santé. Par conséquent, des actions efficaces ne seront pas entreprises pour limiter une évolution vers la phase de gravité.

y Mesures anthropométriques et leur interprétation

Les mensurations essentielles sont : l'âge, le poids, la taille, la circonférence des diverses parties du corps (crâne, thorax, bras). Au cours de cette enquête, le PBHM a été le plus cité par les agents suivi de la taille, du poids et de l'âge. Ainsi, seulement 33.14% des agents ont pu ressortir l'ensemble de ces mesures.

Il en est de même pour l'interprétation de la courbe de croissance que seulement 72.09% des agents ont su faire. Cette faible connaissance de l'interprétation des courbes de croissance semble être la même que ce soit chez les accoucheuses que chez les AIS. Elle ne serait donc pas liée au profil de l'agent (p>0.05).

De même, seulement 30.23% des agents ont pu citer l'ensemble des 3 indices P/A, P/T et T/A.

La faible connaissance des mesures anthropométriques et les insuffisances dans leur interprétation ne sont pas sans conséquence sur la qualité du suivi des enfants. En effet, le suivi de l'état nutritionnel d'un enfant passe inexorablement par la prise de ces mesures et leur comparaison avec des normes. Des erreurs dans la prise des mesures ou une interprétation erronée, conduiront à un mauvais diagnostic de l'état nutritionnel de l'enfant. Ceci aura pour conséquence un manque de PEC précoce pour éviter que l'enfant ne se retrouve dans la phase modérée ou grave de la malnutrition. La connaissance des mesures anthropométriques et des indices en découlant est fondamentale pour la prévention de la malnutrition.

y Les maladies nutritionnelles

La connaissance des maladies nutritionnelles est un préalable à l'exécution d'activités de SN. Comment en effet, pourrait-on rechercher ce que l'on ne connait pas ? A la question sur les maladies nutritionnelles, plusieurs affections ont été citées par les agents. Au nombre de celles-ci, figurent certes des malades nutritionnelles ; mais aussi des affections parasitaires, virales, bactériennes et même mycosiques. Et, seulement 4,88% des agents ont cité l'anémie et 9,76 % d'entre eux les avitaminoses comme affections nutritionnelles à rechercher au cours de la SN. Pour KOUSSOUBE D. à Garango26, un peu plus d'agent de santé (5,8%) avaient cité l'anémie comme affection nutritionnelle à rechercher.

La faible connaissance des maladies nutritionnelles à rechercher systématiquement chez tout enfant, ne permet pas l'atteinte des objectifs de cette stratégie. En effet, la méconnaissance de ces affections donc de leurs signes, ne permet pas un diagnostic précoce. Le renforcement des connaissances des agents sur les maladies nutritionnelles est plus que nécessaire pour une SN de qualité

y L'organisation des causeries et de démonstrations culinaires

L'éducation nutritionnelle est une activité de soutien et de vulgarisation visant le changement de comportement et l'adoption de pratiques nutritionnelles saines chez la population. L'exécution de ces activités nécessite une préparation préalable pour leur réussite.

La proportion d'agents organisant des causeries à l'intention des parents (97,67%) est satisfaisante. Les thèmes qui reviennent le plus souvent au cours de ces séances sont la CNRSS et l'AME. Une faible proportion des agents organisent des démonstrations culinaires à l'adresse des mères (13.95%). Ceci rejoint les résultats de OUEDRAOGO L.A.22 qui, à Nanoro, avait trouvé que toutes les FS organisent la causerie et seule une FS fait de la démonstration culinaire.

Pour une adhésion et une fidélisation des parents à la SN de leur enfant, une éducation nutritionnelle conséquente doit être instaurée à leur endroit. Cette éducation nutritionnelle doit s'appuyer sur des supports tangibles comme la démonstration culinaire. De même, les thèmes des causeries gagneraient à être variés en mettant un accent particulier sur le suivi de l'enfant jusqu'à son cinquième anniversaire.

Enfin, il ressort de l'étude que certaines de ces causeries ne sont basées sur aucune programmation. Pour une SN de qualité, Il serait très utile que des programmes soient élaborés pour l'ensemble de ces séances en vue d'une réalisation conséquente.

y Attitude et habileté des agents

L'Accueil

L'ensemble des FS dispose d'un local et de suffisamment de sièges pour recevoir les usagers. Les salutations d'usage sont effectuées. Si les agents n'ont pas demandé l'objet de la visite dans la plupart des cas, c'est sans doute dû au faite que les mères étaient venues pour une seule chose : la CNRSS. Le respect a prévalu au cours des différentes séances. Cependant, les RDV étaient systématiques sans tenir compte de l'âge de l'enfant et de son état nutritionnel. Et aucun de ces RDV n'a été négocié encore moins des remerciements à l'endroit de la mère pour sa venue. Le fait qu'aucune FS n'ait atteint la performance attendue en matière d'accueil indique une influence sur la compétence des agents en charge de la SN.

L'accueil constitue la principale occasion pour mettre en confiance les parents requérant des prestations de services de santé. Un accueil mal réalisé frustre la mère et peut entrainer un repli sur soi, non seulement dans la communication d'informations pertinentes permettant à l'agent de bien apprécier l'état nutritionnel de l'enfant, mais aussi démotiver la mère pour les prochaines visites. Des efforts doivent par conséquent être consentis pour rehausser le niveau de cet accueil.

L'Interrogatoire

L'interrogatoire est le fer de lance de tout soin. Par lui, le prestataire dirige la conversation avec tact afin de rassembler les informations lui permettant de formuler des hypothèses, de les confronter à l'examen physique et aux examens complémentaires afin d'établir un diagnostic exact. Cependant, force est de constater que l'enquête a montré que la communication entre prestataires et clientes est insuffisante. Les aspects importants tels que le mode d'alimentation de l'enfant et son état de supplémentation en Vitamine A n'ont été explorés dans aucune FS. Pourtant, la connaissance du mode d'alimentation de l'enfant permet à l'agent de prodiguer à la mère les conseils idoines pour parer à la survenue d'une éventuelle malnutrition. Il en est de même pour l'état de supplémentation en Vitamine A dont l'information permettra à l'agent d'agir en conséquence.

Pour que la SN soit de qualité, l'interrogatoire doit être l'opportunité de véritables échanges entre l'agent et la mère de l'enfant. Un interrogatoire sommaire ou inexistant ne permet pas un bon suivi de l'enfant.

Il importe alors que les prestataires des activités de SN mettent un accent particulier sur l'interrogatoire par notamment le respect de ses différentes étapes.

La Procédure de prise et interprétation des mesures

Elle constitue l'étape fondamentale de la SN. En effet, c'est le moment au cours duquel l'agent prend les différentes mesures anthropométriques de l'enfant, calcule et interprète les indices, recherche les signes cliniques de malnutrition et inscrit les observations sur les supports. Cette enquête a montré que certains gestes tels que : faire l'examen clinique, tarer la balance, prendre la taille et tracer la courbe sont insuffisamment exécutés. Et d'autres, en l'occurrence mesurer le PB et administrer des micronutriments (Vitamine A, fer), ne sont pas du tout exécutés. Ainsi, seulement 2 FS soit 9.09% ont atteint le niveau de performance de 80%. Ceci dénote une insuffisance dans la procédure de prise des mesures anthropométriques et leur interprétation.

Ces résultats corroborent ceux de TESTA J. et Col25 qui avaient trouvé que toute catégorie confondue, les prestataires n'appliquaient pas les techniques de mesures anthropométriques de base. Il en est de même pour AOUEHOUGON O30(*). En effet, lors de son étude en 2007 à Tougan, il avait trouvé que l'indice nutritionnel était déterminé dans 70% des cas et la courbe de suivi tracée dans 60% des cas.

Une SN avec pour seule tâche la prise du poids de l'enfant, ne saurait être de bonne qualité. Egalement, l'examen sommaire d'un enfant ne pourrait permettre de déceler des prodromes de malnutrition.

Le respect de toute la procédure que ce soit pour l'examen clinique de l'enfant, la prise des mesures et leur interprétation est un impératif pour une SN de qualité.

Le counseling

Il constitue la période idéale pour faire à la mère le bilan de la consultation de son enfant, lui prodiguer les conseils appropriés et lui inculquer des pratiques familiales saines. Dans les FS enquêtées, l'entretien en fin de séance avec les mères est insuffisamment mené. En effet, seulement dans 01 FS sur les 22, des explications sur l'allure de la courbe de croissance tracée ont été données aux mères. De plus, seulement 40,91% des FS donnent des conseils aux mères. Et là encore, il s'agit de conseils adressés à l'ensemble des mères présentes. Ces messages non personnalisés ne tiennent pas compte de l'état nutritionnel de chaque enfant. Aussi, dans aucune FS nous n'avons assisté à une démonstration de bouillie enrichie à l'adresse des mères. Enfin, aucune FS n'a atteint le niveau de performance attendu de 80% en counseling.

Une insuffisance dans la conduite du counseling influence à n'en pas douter la qualité de la SN. En effet, bien mené, cet entretien personnalisé permet aux prestataires de fournir à la mère toutes les informations utiles pour maintenir son enfant dans un bon état nutritionnel partant en bonne santé. La conduite diligente du counseling est le gage d'un véritable changement de mentalités et d'une acquisition de comportements propices à la santé et au bien être des enfants de moins de cinq ans en particulier et de toute la communauté en général.

* 30 AOUEHOUGON O, 2007, la malnutrition protéino-énergétique et ses facteurs de risque chez les enfants de moins de cinq ans dans le DS de Tougan, 136 p

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