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Expérience client et cross-canal: quels sont les enjeux de la cross-canalité dans le pilotage de l'expérience client

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par Sandra LEGER
ISC Paris Business School - Master 2 2015
  

Disponible en mode multipage

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Sandra LEGER ISC Paris Master Grande Ecole Formation Continue Promotion 2015 Professeur conseiller : Thierry DELECOLLE

EXPERIENCE CLIENT ET

CROSS-CANAL

Quels sont les enjeux de la cross-canalité dans le pilotage de l'expérience client ?

Sandra LEGER

scgleger@gmail.com

Table des matières

Remerciements 2

Synthèse 3

Introduction 6

1 Partie 1 : revue de littérature : cross-canal et expérience client 8

1.1 Le cross-canal 8

1.1.1 Définition 8

1.1.2 L'évolution des mentalités, du multi-canal à l'omni-canal 10

1.1.3 Quid de la rupture entre les canaux 15

1.2 L'expérience client 18

1.2.1 Définition 18

1.2.2 Les composantes de l'expérience client 20

1.2.3 Expérience et satisfaction 28

1.2.4 Les limites et les réflexions 29

2 Partie 2 : L'expérience client au sein d'une stratégie cross-canal 30

2.1 Le point de vue des professionnels 33

2.1.1 Méthodologie et échantillon 33

2.1.2 Résultats 35

2.2 Le point de vue des clients particuliers 41

2.2.1 Méthodologie et échantillon 41

2.2.2 Résultats 42

3 Partie 3 : Analyse critique : suggestions et recommandations 44

3.1 L'expérience client de demain : projection dans le «monde idéal» de l'

expérience client 44

3.2 Les impératifs pour le pilotage de l'expérience client 45

3.3 Les pistes envisagées 47

Conclusion 52

Bibliographie 54

Annexes 57

Annexe 1- Guide d'entretien professionnel 57

Annexe 2- Questionnaire particuliers 58

Annexe 3- Résultats du questionnaire 60

2

Remerciements

J'ai pu rédiger ce mémoire grâce à plusieurs personnes que je tiens à remercier très chaleureusement ici.

Merci à Catherine Barba qui constituait le pilier de mon mémoire et qui a su me mettre à l'aise pour mon premier entretien téléphonique. Votre passion et votre engouement sont communicatifs.

Merci à tous les professionnels qui ont accepté de répondre à mes questions, parfois maladroites, et qui, de par leur expertise, m'ont donné envie de travailler avec plusieurs d'entre eux. Merci Béatrice De Rotalier. Merci Catherine Barba. Merci Christophe Marée. Merci François Bourgognon. Merci Thierry Verge. Merci Maurice Cautela.

Merci aux 87 «anonymes» qui ont rempli mon questionnaire.

Merci à tout le corps professoral de l'ISC Paris Formation Continue qui, grâce à ses apports théoriques, m'a donné l'envie d'aller plus loin et de faire progresser sans cesse mes connaissances. Un grand merci à mon tuteur, Thierry Delécolle, qui a su me guider lorsque je me trouvais un peu perdue.

Merci à ma famille : mes beaux-parents qui tapent plus vite que leur ombre, mes parents qui sont toujours là pour moi, mes filles, qui ont dû supporter une maman qui travaille «tout le temps» et mon mari, sans qui rien n'aurait été possible.

Et toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont permis tout cela : Aurélie Unn-Toc, Julie Kyndt, Anita Vilbout, Karim Amourat, Christophe Becker, Perrine Galant, Afeida Rami, Caroline Willame, Fatma Laidioui, Darween Rachedi, Diane Chouadji. Merci à vous tous, votre présence, votre aide ou vos expériences m'ont permis d'arriver là aujourd'hui.

3

Synthèse

La consommation d'aujourd'hui peut se définir selon deux grands axes : premièrement, le client peut tout acheter, partout, tout le temps et comme il le souhaite ; deuxièmement, le client est à la recherche d'expériences, d'échanges, de distraction, d'autosatisfaction au travers de ses achats. Alors qu'un article de Philippe Mauchamp, dans les Echos, titrait en décembre 2014 « Cross-canal : un facilitateur d'achat pour une expérience client réussie », il paraissait intéressant de se pencher sur cette notion d'expérience client dans un univers cross-canal.

Il y a d'un côté le cross-canal, qui a profondément évolué au fil des avancées technologiques mais aussi selon les attentes des clients. Nous avons d'abord vu les enseignes ouvrir de nouveaux canaux de distribution pour faire face à l'arrivée de la concurrence des commerces en ligne. Puis tous ces canaux étant présents dans l'entreprise mais opérant indépendamment les uns des autres, il a été nécessaire de repenser l'organisation, la stratégie et les process. Mais le changement est long, principalement à cause de la résistance «humaine » au changement : il faut acculturer les collaborateurs. Et puis, les technologies ont encore progressé, notamment, dans la vie du client. Alors, quand le client a commencé à se présenter dans un magasin avec son smartphone ou sa tablette, qu'il s'est mis à vérifier une information que le vendeur venait de lui donner ou à chercher un meilleur prix pour le produit qui l'intéresse et qu'il a devant les yeux... là, c'est la notion de commerce ubiquitaire qui apparaît. Les clients veulent tout et ils savent qu'ils peuvent tout avoir. Ce nouveau contexte est alors difficile à maîtriser, autant pour les équipes de vente que pour les dirigeants d'entreprise. Le vendeur commence à avoir peur que le client lui dise « Mais c'est moins cher sur internet ! » (Risque-t-il de perdre son emploi à cause de ce «satané» internet ?). Et de leur côté, les dirigeants verrouillent des process qui limitent l'autonomie des équipes au contact du client.

De l'autre côté, il y a la notion d'expérience client, qui est intimement liée à ce que nous venons de voir. Le phénomène n'est pourtant pas récent ; ce sont Holbrook et Hirshman qui ont pointés pour la première fois, en 1982, cette évolution dans la consommation : le parcours d'achat du client est passé du processus de traitement d'informations (prix, caractéristiques, etc.) à la volonté de vivre des expériences hédoniques. Aujourd'hui, comme le contexte technologique permet au client d'avoir tout ce qu'il veut, il devient très exigeant. Son exigence va donc au-delà de l'objet de consommation : il souhaite, lors de son processus d'achat, pouvoir en retirer du plaisir, de la satisfaction et recherche même à vivre des émotions, à les partager tout de suite, à se distraire et à être valorisé en y participant. Il s'agit alors de ne plus penser uniquement à

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satisfaire le client que par l'offre (prix, qualité, choix) mais aussi, par le moment vécu lors de cet achat (ambiance, interactions, surprises, etc.) et qui restera en mémoire. Pour qu'elle soit positive et qu'elle reste en mémoire, l'expérience se doit d'être simple et doit faire ressortir l'unicité du client : elle doit être pensée pour générer de la satisfaction. L'expérience client apparaît bien comme un enrichissement de l'offre et pour la maîtriser, il convient de penser différemment : ne pas être centré sur le produit, mais sur le client, lui procurer des émotions, créer des réflexes et penser au ré-enchantement.

Au coeur d'une stratégie cross-canal, l'expérience client semble bien difficile à maîtriser. Objectivement, il y a la subjectivité de chaque client qui fait face à l'augmentation exponentielle des points de contact. D'une part, l'expérience est évidemment propre à chacun, d'autre part, l'arrivée soudaine de nouveaux canaux a mis en exergue les ruptures qui peuvent exister entre ceux-ci.

Face à l'exigence du client, à ses attentes en matière d'expérience et à la généralisation du commerce ubiquitaire, nous nous sommes demandé, à travers notre problématique, quels sont les enjeux de la cross-canalité dans le pilotage de l'expérience client. L'objectif est donc de savoir si l'expérience client est réellement prise en compte dans les entreprises et comment les entreprises la pilotent ? Le besoin d'unicité est-il pris en compte ? La simplicité est-elle utilisée pour devenir une «part de vie» du client ? Plusieurs questions se sont posées : dans le cadre de l'intermédiation, quels sont les enjeux et l'expérience est-elle envisagée d'une autre manière ? Que ce soit dans le cas de ventes de service ou de ventes de produits, l'expérience client est-elle pilotée différemment ? Et enfin, quelle est la place des émotions dans le pilotage de cette expérience client ? A l'issue de toutes ces réponses, le but est évidemment de savoir si piloter l'expérience client dans un univers cross-canal est créateur de valeur.

Pour répondre à toutes ces questions, nous nous sommes appuyés sur de nombreuses lectures (articles de recherches, ouvrages spécialisés, blogs d'experts...), en sachant que les deux ouvrages qui ont guidés le choix de cette problématique sont « Le magasin n'est pas mort » et « 2020, la fin du e-commerce, l'avènement du commerce connecté » de Catherine Barba. L'article de décembre 2014 « Cross-canal : un facilitateur d'achat pour une expérience client réussie » de Philippe Mauchamp a également été à la base des recherches. Le sujet étant vaste et complexe, nous avons choisi de ne pas aborder en détail le sujet du digital.

Pour répondre aux questions laissées en suspens, les interviews d'experts dans le domaine de la relation client, d'éditeurs de solutions marketing et de directeurs dans différents secteurs ont

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permis d'éclaircir certains points et d'apporter une vision terrain. Pour avoir le point de vue des clients, un questionnaire a été créé et adressé via les adresses mails et réseaux sociaux.

Les résultats de nos recherches mettent en exergue plusieurs points. Le premier est l'importance du client, qu'il faut mettre au centre de tout, penser client à chaque instant dans l'entreprise, dans toutes les actions et dans tous les projets. Le client est souvent «l'oublié de l'histoire» et internet a, en réalité, fait ressortir cette tendance. Ensuite, nous retiendrons trois éléments à intégrer à l'expérience client : créer de l'émotion pour marquer le client, toujours faire dans la simplicité car la simplicité est un frein au changement et créer une part de vie dans la vie du client. Enfin, pour piloter l'expérience client, l'élément principal est l'humain : pour réussir sa transformation digitale, pour réussir une stratégie cross-canal, le principal enjeu est la conduite du changement. Les professionnels confirment tout l'intérêt de faire vivre des expériences et cela est plutôt envisagé comme un ré-enchantement du quotidien même si le terme n'est pas forcément évoqué. Les clients, qui n'ont pas forcément conscience de leur exigence quand on leur demande, ont tout de même fait ressortir l'importance de l'humain : des contacts conviviaux, des conseils d'experts, du personnel disponible sans oublier les fondamentaux du commerce (prix, choix, qualité).

Finalement, le cross-canal est devenu une norme pour les grandes enseignes ; et en ce qui concerne les petites entreprises, sans aller dans la démesure des outils utilisés par les grands, faute de moyens, il existe toujours quelque chose qui permettra, progressivement, leur transformation digitale (exemple de la géolocalisation gratuite par Google). Alors ce cross-canal, qui est si difficile à maîtriser mais qui est incontournable, on peut l'utiliser d'une autre manière : s'en servir comme d'un chemin pour canaliser le client qui a tendance à «s'éparpiller» sur la toile, devenu boulimique d'informations. On passe alors d'un canal de distribution à une stratégie de canalisation, tout en laissant le client se sentir libre et unique. Et l'expérience client, elle, est dans tous les esprits : une préoccupation majeure chez les experts, de moindre importance dans les entreprises, car ils ne savent pas encore comment la mettre en place ; au niveau des équipes de vente, le sujet n'est pas encore dans les consciences. Et pourtant, en plaçant le client au centre, en s'attachant à lui faire vivre des moments mémorables, en créant de l'émotion et en allant au-delà de ses attentes, cela paraît simple à faire mais cela passe avant tout par la conduite du changement : penser aux équipes en amont pour qu'elles délivrent la meilleure expérience au client. Cela rejoint donc l'idée d'organiser chaque strate de l'entreprise en pensant au client, mais également chaque élément d'un projet, d'un évènement, du lancement d'une nouvelle offre, que l'on a vu au travers de la F.L.E.U.R. expérientielle.

6

Introduction

En décembre 2014, Philippe Mauchamp écrivait pour le Cercle les Echos « Cross-canal : un facilitateur d'achat pour une expérience client réussie »1. C'est en partant de cet article que nous avons voulu nous pencher sur l'expérience client dans un univers cross-canal et plus particulièrement sur la valeur accordée à ces expériences. Est-ce vraiment facile ? Dans un contexte de consommation ubiquitaire, les entreprises sont amenées à créer de nombreux points de contact pour être présent, en permanence, dans la vie du client. On parle donc de stratégie cross-canal. De ce fait, en étant au contact permanent de ses clients, l'entreprise doit apprendre à gérer ses «moments» de contacts avec le client, car chacun de ces «moments» laisse une trace dans l'esprit du client, que l'on peut qualifier d'expérience, puisqu'il s'agit d'un vécu entre le client et la marque.

La problématique à laquelle nous souhaitons répondre est la suivante :

Expérience client et cross-canal : quels sont les enjeux de la cross-canalité dans le pilotage de l'expérience client ?

Pour tenter de répondre à cette problématique, il est nécessaire de se poser plusieurs questions : - Sur le cross-canal : comment se manifeste une stratégie cross-canal dans les entreprises et en quoi l'adopter est-il nécessaire ? Pourquoi en est-on arrivé au cross-canal ? Quels sont les risques et les enjeux d'une telle stratégie ?

- Sur l'expérience : comment peut-on définir l'expérience ? Quels sont les termes que l'on peut associer à l'expérience ? Lesquels sont importants pour les entreprises aujourd'hui ? Est-ce que l'expérience client est réellement prise en compte par les entreprises ? L'expérience client se limite-t-elle à l'expérience de consommation ?

Ce sujet est aujourd'hui très largement abordé (par des experts, des étudiants, dans la presse, etc.), c'est pourquoi, nous avons choisi de construire notre réflexion à partir des deux livres blancs écrits par Catherine Barba en 2011 et 20132. Cependant, il était nécessaire de faire de nombreuses recherches au travers de lectures d'ouvrages et d'articles de recherches principalement, sur le marketing expérientiel, l'émotion, l'évolution des mentalités en entreprises et les attentes des clients. Le sujet étant très actuel, la lecture d'articles sur internet pouvait permettre de donner une vision différente des auteurs experts mais au vu de la multitude d'articles, nous avons choisi de s'en servir pour mesurer les grandes tendances mais de ne pas

1 Philippe Mauchamp, PDG du Groupe 361 sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-119344-cross-canal-un-facilitateur-dachat-pour-une-experience-client-reussie-1070001.php#

2 BARBA, « 2020 la fin du e-commerce, l'avènement du commerce connecté », 2011 et BARBA, « Le magasin n'est pas mort », 2013

7

les citer. Enfin, pour avoir des réponses précises sur les points restés en suspens à la suite de ces lectures, il apparaissait utile de rencontrer des professionnels, soit expert dans le domaine de l'expérience client, notamment dans un univers cross-canal, soit des équipes au contact du client. Enfin, interroger le client a permis de vérifier si ses attentes étaient en adéquation avec les démarches initiées par les entreprises.

Dans une première partie, correspondant à notre revue de littérature, nous proposerons une définition du cross-canal puis nous aborderons l'évolution du concept ainsi que les risques identifiés pour vérifier l'intérêt d'une telle stratégie. Puis, après avoir défini l'expérience client de la manière la plus complète possible, les composantes de celle-ci seront détaillées, qu'elles soient propres au client (émotions, réflexes, etc.) ou qu'elles fassent partie de son environnement (social, technologique, lieu, etc.). C'est avec une attention particulière que nous avons choisi d'aborder la notion de satisfaction car il était important de vérifier s'il existait une corrélation entre expérience et satisfaction : l'expérience client a-t-elle une valeur pour le client et pour l'entreprise ? En évoquant les limites de l'expérience client, cela nous amènera à nous interroger, dans notre seconde partie, sur ses enjeux et ses limites dans une stratégie cross-canal. A ce stade, l'intérêt d'interroger les professionnels et les clients s'avérait alors primordial, pour vérifier les hypothèses et répondre aux interrogations posées à l'issue de notre première partie. Enfin, dans notre troisième partie, nous fournirons une analyse critique de tout ce qui a été étudié précédemment, où nous ferons des suggestions pour participer à l'amélioration de l'expérience client, apparue comme fondamentale tout au long de nos recherches.

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1 Partie 1 : revue de littérature : cross-canal et expérience client

L'expérience client et le cross-canal, deux thèmes très à la mode qui semblent incontournables pour pouvoir rester dans la course à la transformation digitale, sont ici abordés, analysés et traités sous plusieurs angles.

A l'issue de toutes les lectures et diverses recherches, cela nous conduira à la deuxième partie où nous mettrons en évidence quelques points restés en suspens.

1.1 Le cross-canal

Après avoir défini et décrit, de la manière la plus détaillée possible, ce qu'est le cross-canal, nous allons retracer l'historique puis les raisons qui ont menées les entreprises à se lancer dans «l'aventure cross-canal» ; nous abordons ensuite les ruptures qui existent aujourd'hui entre les canaux et au regard des conséquences que cela peut engendrer, nous allons entrevoir les pistes qui peuvent être envisagées pour l'avenir.

1.1.1 Définition

DESCRIPTION PHYSIQUE

Cross-canal, que l'on peut traduire littéralement par «canaux croisés», est en fait un « enchevêtrement de canaux voulu par le client » (Collin-Lachaud & Vanheems, 2011). Il s'agit d'une réponse aux besoins et aux demandes des clients selon Trunick3 ou alors, c'est lorsque « le consommateur fréquente plusieurs canaux lors de la même décision d'achat » (Cliquet & Hure, 2011). Nous allons donc commencer par identifier les différents canaux, que l'on peut regrouper sous les catégories suivantes (Llosa & Renaudin, 2012) :

-Vente en face-à-face (magasin, vente à domicile, foire/salon...),

-Centre d'appels (assistance, vente, démarchage...),

-Médias écrits (courrier, mail, sms...),

-Sites et Mobiles (site web de la marque, application, site optimisé pour mobile...),

-Self-care4 (FAQ5, suivi colis, borne d'information...)

L'ensemble de ces canaux représentent des points de contact avec le client (Bodin, 2014) qui interagissent nécessairement entre eux car « les sphères virtuelles et réelles de l'enseigne

3 « a response to customer needs and demands » (Trunick, 2015)

4 Correspond au libre-service ou «faire soi-même»

5 Signifie «Foire aux questions»

9

semblent progressivement devoir se rapprocher » (Collin-Lachaud & Vanheems, 2011), autrement dit, le online et le offline6 sortent de leurs silos. Pour faire du cross-canal, non seulement, ces canaux doivent se rencontrer mais aussi apprendre à communiquer :

-entre eux (adopter un langage commun à tous les canaux, des outils communs)

-avec le client (être cohérent sur la communication faite au client, quel que soit le canal)

UN « CANAL MARKETING »

Si nous parlons de points de contact (Bodin, 2014) plutôt que de canaux de distribution, c'est parce que les canaux peuvent avoir une dimension relationnelle et/ou transactionnelle. La notion de canal marketing semble donc appropriée pour aborder et justifier la multiplicité des canaux s'offrant aux clients. Le canal marketing, qui « est composé de deux canaux : d'une part, un canal de distribution, et d'autre part, un canal de communication » (Cliquet, 2011), va permettre de comprendre l'intérêt de chaque canal même s'il ne génère pas de chiffre d'affaire directement. On parle par exemple de « voies multiples pour obtenir de l'information ou acheter des biens et des services » (Llosa & Renaudin, 2012)

S'il s'agit de tous les points de contact avec le client, on peut alors l'assimiler au parcours client, puisque l'organisation, en étant multicanal, cherche à être présente à tous les niveaux du parcours d'achat du client.

Figure de Loïc Bodin, « Le parcours d'achat consommateur » (Bodin, 2014)

En voulant agir à tous les niveaux du parcours d'achat, nous allons voir pourquoi et comment les organisations sont arrivées à une stratégie cross-canal.

6 Online et Offline correspondant au commerce en ligne et au commerce en dur.

10

HISTORIQUE

Avant de rentrer dans le détail de l'intérêt du cross-canal pour une marque, nous allons voir quelles ont été les raisons du déploiement du multicanal dans un premier temps. Avec l'arrivée des sites e-commerce, les entreprises «brick and mortar»7 ont d'abord voulu être présentes sur internet pour pouvoir capter de nouveaux clients mais aussi, pour que leurs clients magasins ne partent pas chez leurs concurrents sur internet. Ils sont donc devenus «click and mortar»8. On choisit alors de faire du multicanal car c'est un « must-have » (Llosa & Renaudin, 2012). Il faut être présent sur le web, et en même temps, c'est « un atout incomparable que de disposer d'un réseau «en dur» pour offrir aux consommateurs une expérience shopping plus riche et plus complète qu'aucun pure player ne saura proposer, lui qui n'existe pas IRL («In Real Life») » (Barba, 2011)9.

Une organisation multicanal est donc une organisation qui possède simplement plusieurs canaux pour entrer en contact avec le client. Il a été possible de voir l'exemple de Nouvelles Frontières qui, en 2006, possédait un réseau d'agences (en propre et franchisées), un plateau téléphonique (pour renseigner les clients, effectuer les réservations, suivre les dossiers...), un site web informatif et transactionnel...etc. Le client pouvait alors passer par n'importe lequel de ces canaux, mais ces canaux restaient indépendants les uns des autres. Voyons alors comment le multicanal est devenu cross-canal ou omni-canal.

1.1.2 L'évolution des mentalités, du multi-canal à l'omni-canal

DE LA STRATEGIE D'ENTREPRISE A LA REPONSE ORGANISATIONNELLE

Le multicanal a d'abord été une stratégie d'entreprise, parfois inconsciente (Cliquet, 2011), pour être présent partout où se trouvait le client, pour faire mieux que la concurrence mais surtout être là où va le consommateur.

CLIENTS

Le client a le choix de la direction qu'il veut prendre, plusieurs canaux s'offrent à lui, il n'a plus qu'à choisir.10

7 Cela correspond aux commerces en dur, aux magasins.

8 Cela fait référence au «brick and mortar» avec la notion du commerce en ligne en plus.

9 L'exemple de Pixmania avait justement été cité pour appuyer l'importance de posséder un réseau «en dur», mais ce pure Player n'a pas réussi à s'implanter dans le «brick and mortar» puisque ses magasins ont tous fermés en 2013.

10 Figure inspirée de l'entretien avec Christophe Marée, Senior Marketing Manager Adobe

Au début, il s'agissait simplement de « décider si les produits de l'entreprise seraient vendus dans un seul et même canal [...] ou dans plusieurs canaux » (Cliquet, 2011). Puis le multicanal est devenu la norme (Collin-Lachaud & Vanheems, 2011). Nous sommes alors passés du «brick and mortar» au «click and mortar»11. C'est alors que la présence de plusieurs canaux indépendants les uns des autres a commencé à poser problème :

-à l'intérieur même de l'entreprise, l'organisation cloisonnée créait une « concurrence interne plus ou moins saine entre les deux silos » avec des « systèmes de vente exclusifs l'un de l'autre » (Cliquet, 2011).

-au niveau des clients, le manque d'intégration et de synchronisation des canaux fabriquait de la frustration, avec « pour conséquences possibles un faible niveau de service global, une dégradation des communications et l'insatisfaction des clients » (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012).

L'évolution vers le cross-canal ou trans-canal ou omni-canal a donc été nécessaire. Tout d'abord, parce que le terme «multicanal» n'était plus adapté « pour décrire les relations étroites que certains chercheurs et praticiens [préconisaient] d'instaurer entre les canaux » (Collin-Lachaud & Vanheems, 2011). Cette évolution, indispensable pour désamorcer la concurrence interne, a aussi permis de mieux connaître le client. Les organisations cloisonnées ou même juste multicanal se font éjecter12 (Bhalla, 2014) donc il faut décloisonner pour maîtriser la gestion des parcours clients (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012). Alors que l'entreprise multicanal segmentait sa clientèle en fonction du canal d'achat utilisé, l'entreprise cross-canal cherche à savoir où a été le client, où il est et où il veut aller, pour pouvoir lui proposer l'offre la plus adaptée sur le ou les canaux souhaités. On se trouve alors dans une vision où le client se trouve au centre, et chaque canal se dirige vers lui.

CLIENTS

Le client est au centre de toutes les attentions et tous les canaux se dirigent vers lui pour pouvoir le capter13

11

11 Op. cit.

12 Abstract «The omni-channel customer experience: Driving engagement through digitisation»

13 Ibid. Christophe Marée

12

« Avant, si vous aviez un bon emplacement ou un important budget de communication, vous pouviez amener un consommateur chez vous pour acheter. Aujourd'hui c'est le client qui décide. » (Barba, 2013)

Lorsque l'on passe d'une stratégie multicanal à une organisation cross-canal, c'est que l'entreprise a créé des « interrelations [...] entre les canaux et [une] répartition judicieuse des produits en fonction de ces canaux ». On a alors besoin de savoir où est le consommateur et de l'orienter (Cliquet, 2011). La gestion des données client devient alors un enjeu.

DE LA CANNIBALISATION A L'OPPORTUNITE DE DEVELOPPEMENT COMMERCIAL

Les équipes de vente ont d'abord été réfractaires face à l'arrivée du multicanal.

Pourquoi ?

? Pourquoi un vendeur commissionné uniquement sur ses ventes accepterait de «perdre du temps» avec un client qui a déjà acheté sur internet et qui souhaite une information complémentaire ?

? Pourquoi un client qui n'achète que sur internet devrait être traité comme un client qui «prend la peine» de se déplacer en magasin ?

? Pourquoi un vendeur prendrait-il du temps pour un client par téléphone qui appelle pour se faire aider lors de son achat sur internet ?

Toutes ces questions se sont réellement posées et quel client ne s'est jamais vu accueillir froidement en boutique car il avait eu «l'audace» d'acheter sur internet ?

Il fallait trouver une réponse, une adaptation à l'organisation multicanal en place, une solution qui permettrait de capitaliser sur ce qui existe déjà, les différents canaux, et glisser vers une nouvelle organisation qui développerait les interactions entre canaux, créatrice de valeur. En effet, là où les équipes de ventes ont d'abord eu peur de la cannibalisation (Sharma, Gassenheimer, & Alford, 2010), nous avons pu voir que les canaux sont devenus complémentaires car « plutôt que d'observer une substitution du canal physique par le canal électronique, on assiste à une fréquentation hybride des deux canaux » (Hure & Cliquet, 2011). Nous avons l'exemple des clients qui avaient choisis de faire leurs courses alimentaires sur internet pour deux raisons identifiées :

- aller en magasin est une corvée,

- la tentation, donc le risque, d'achats impulsifs

Ces mêmes clients décident aujourd'hui de retourner en magasin, justement pour vivre des moments plus « hédoniques » et même se laisser aller à des achats non planifiés (Hure & Cliquet, 2011). Cependant, nous avons pu voir que l'achat sur internet, aussi, pouvait être

13

source de plaisir et de satisfaction, voire même déclencher des achats d'impulsion (Roustan, Lehuede, & Hebel, 2005)14.

En parlant d'opportunité de développement commercial, nous pouvons utiliser la notion d'omni-canal. En effet, le terme «omni» insiste sur la notion d'ubiquité des canaux : il y a dorénavant toujours au moins un canal à la disposition du client et c'est pour cette raison que cela représente une formidable opportunité de développement commercial. Le client peut acheter, contacter, s'exprimer où, quand et comme il le souhaite. Les entreprises se doivent de saisir cette chance pour développer leur chiffre d'affaires.

LES ENJEUX

La technologie et la personnalisation

Plus de canaux, plus de clients, plus de données : cela engendre l'industrialisation, la centralisation et l'automatisation, notamment au travers du développement d'un CRM15 multicanal (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012). En effet, un client présent sur plusieurs canaux apporte plus d'informations : comportements d'achat, recherches d'informations, attentes et besoins, etc. Le client a su profiter des canaux qui s'offraient à lui, il s'est adapté à l'offre et a su tirer parti de chaque canal. L'entreprise doit maintenant s'adapter au client. Se servir des données client pour personnaliser l'offre est efficace cependant, nous avons vu que « la préservation de la vie privée limite le potentiel de personnalisation » (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012). Il y a un paradoxe entre la traçabilité qui est rassurante et le sentiment d'être suivi à la trace qui est angoissant (Roustan, Lehuede, & Hebel, 2005)16. D'autre part, certes, on cherche à mieux connaître le client pour pouvoir lui proposer des offres personnalisées mais paradoxalement, plus on met le client au centre, plus on a besoin de la technologie et plus on utilise la technologie, plus on oublie le client.

L'omniprésence

Ce que l'entreprise peut maîtriser, c'est ce qu'il gère directement : ses magasins, son site, sa page Facebook, son call-center...etc. Mais qu'en est-il de cette maîtrise :

- si un client s'exprime sur un forum ?

- si un franchisé ne respecte pas l'attitude «dictée» par le franchiseur ou ouvre son propre site transactionnel (Cliquet, 2011) ?

14 P54 : les enchères sur Ebay sont assimilées au jeu, on cherche à gagner. D'autre part, les cyberacheteurs ont le sentiment d'avoir pris moins de temps, pour se décider à acheter, que s'ils avaient été en magasin.

15 Customer Relationship Management, que l'on traduit en français par la gestion de la relation

16 P80

14

- si la marque est vendue dans de nombreuses enseignes aux politiques différentes ?17

- ...etc.

Nous verrons plus tard si une entreprise présente partout dans la vie des gens peut lui permettre de devenir un réflexe, c'est-à-dire de déclencher des achats «réflexe».

Les coûts

Le développement des canaux ou points de contact ne doit pas être considéré comme étant un centre de coût mais plutôt comme un tremplin, un moyen de développer le chiffre d'affaires de l'entreprise : le risque est qu'« en visant la réduction des coûts, on arrive à une taylorisation de la relation client » (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012). Maîtriser les coûts ne doit pas être au détriment de la qualité de la relation client18.

Le pilotage des canaux

Il apparaît que le « pilotage de la stratégie multicanal réside dans la capacité des entreprises à faire adopter les «bons» canaux aux «bons» clients, en fonction du motif de contact » (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012)

La logistique

La mise en place d'interactions entre les différents canaux implique une prise en compte des moyens logistiques existants et ceux à mettre en place pour assurer la fluidité du parcours client. Tenir compte des besoins des équipes en place (Mathe et al., 2013)19 et adapter les moyens logistiques permettra d'assurer cette fluidité.

La conduite du changement

Il faut acculturer les équipes de vente, leur dire que le digital n'est pas seulement dans leur vie personnelle (Barba, 2013), il est partout. Le client est devenu adepte de la « boulimie d'informations » et le vendeur doit savoir dans quelles dispositions se trouvent son client quand il arrive dans le magasin.

Le parcours client

17 Exemple de Nuxe vendu en pharmacie : chaque pharmacie est indépendante, et l'enjeu de la marque qui ne contrôle pas ses canaux de vente est centré sur l'image véhiculée et la qualité des produits (exemple inspiré de l'entretien avec Catherine Barba le 13 février 2015).

18 L'exemple de Zappos qui a décidé de tout miser sur sa relation client, disponible 24H/24, sans aucune limite de temps pour répondre à la question du client, en partant du principe de symétrie des attentions (Mathe et al., 2013).

19 La symétrie des attentions : si les équipes se sentent écoutées et soutenues, elles déploieront tous les efforts nécessaires à la bonne réalisation du service.

15

Chaque parcours client est unique et aléatoire (Barba, 2013)20. L'enjeu est alors d'assurer une certaine cohérence entre tous les canaux, afin d'assurer une certaine fluidité et homogénéité dans tous les parcours clients, quels qu'ils soient.

LES RISQUES

? Privilégier « la réalisation d'une vente à court terme [plutôt qu'] une relation de qualité empreinte de confiance mutuelle et d'engagement respectif, et résultant en un échange gagnant-gagnant sur le long terme » (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012).

? Vouloir utiliser plusieurs canaux comme les concurrents sans repenser sa stratégie21.

? Dispersion de moyens et d'actions (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012).

1.1.3 Quid de la rupture entre les canaux

Lorsque l'on parle de rupture, cela signifie qu'il n'y a pas la fluidité et la perméabilité recherchées entre les canaux. C'est alors que la notion de parcours client «sans couture» apparaît : l'entreprise cherche à optimiser tous ses canaux en assurant la fluidité entre eux pour avoir ce parcours «sans couture» (« Omni-channel retailing for a seamless customer experience », 2013). Pour cela, sur tous les canaux, il faut « parler d'une seule et même voix » (Barba, 2013). Cependant, le parcours client est devenu plus difficile à maîtriser22. Il ne suffit pas d'être bon sur chaque canal, il faut être bon et cohérent sur tous les canaux, au travers des items que nous allons voir.

L'OFFRE

Il faut proposer une offre cohérente quel que soit le canal (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012) en définissant sa politique de prix (par canal ou identique sur tous les canaux) et en décidant des produits à proposer ou ne pas proposer selon chaque canal pour délivrer la même expérience partout (« Omni-channel retailing for a seamless customer experience », 2013).

20 Unicité du parcours client mis en avant dans une étude faite par Google dans le cadre du ZMOT : 3000 consommateurs étudiés, 3000 parcours clients identifiés (Lecinski, 2011).

21 Nous verrons plus loin, lors de l'entretien avec Christophe Marée, les cinq étapes à respecter pour réussir sa conversion.

22 Google a mis en avant dans le ZMOT (Lecinski, 2011) la multiplicité des points de contact avec le client avant même qu'il ait acheté quoi que ce soit et l'impossibilité de maîtriser tout ce qui peut influencer le client avant l'achat.

16

LES EQUIPES EN CONTACT

Il y a les vendeurs, qui sont l'interface directe du client et à leur niveau, plusieurs points peuvent empêcher la fluidité entre les canaux, voire même créer une rupture:

- Manque d'autonomie : il faut maintenir leur autonomie « pour que l'organisation soit en capacité d'être réceptive aux initiatives individuelles » (Mathe et al., 2013). Si les équipes «terrain» se sentent encouragées à prendre des initiatives, elles se feront le «porte-drapeau» de l'entreprise et faciliteront l'intégration des canaux.

- Process rigides : si les process sont trop rigides, les équipes n'auront aucune autonomie et ne pourront donc pas s'adapter au client.

- Conduite du changement : pour la transformation digitale et la stratégie cross-canal de l'entreprise, il faut accompagner les équipes avec une conduite du changement adaptée, notamment pour expliquer l'automatisation des tâches à faible valeur ajoutée (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012)

- Adaptation des fiches de poste et rémunérations : que le client vienne acheter ou simplement se renseigner pour valider sa commande sur internet, pour assurer un accueil de qualité, la redéfinition des fiches de poste et des politiques de rémunération est indispensable.

LE RÔLE DES MANAGERS

« Il serait contre-productif pour l'organisation de ne pas mobiliser l'intégralité de ses acteurs » (Mathe et al., 2013)23

RÔLES A TENIR
PAR LE
MANAGER

LEADER

« Permettra de maintenir l'efficacité
de l'organisation et la mobilisation
de tous les acteurs »

FORMATEUR

« Mettre en place un langage

commun », « autonomisation » et « auto responsabilisation »

COORDINATEUR

« Il appartient donc aux managers d'agir en coordinateurs efficients »

SUPPORT

« Managers comme piliers de la relation client »

23 Figure inspirée de «L'influence des dialogues sur les relations et l'expérience client»23 (Mathe et al., 2013) P37-38

DES CANAUX PAS TOUJOURS MAITRISES

- Lorsqu'il y a des franchisés, le canal franchisé peut échapper à la maîtrise de l'entreprise (Cliquet, 2011). Et cela empire lorsque le franchisé décide de créer son propre site transactionnel.

- Lorsqu'il y a intermédiation, la marque revendue uniquement dans des enseignes qui ne lui sont pas propres, ne peut pas maîtriser ces canaux24.

SAVOIR GERER LA RICHESSE D'INFORMATION

L'arrivée du cross-canal a généré une masse de données clients et l'entreprise a dû s'adapter. En effet, l'entreprise a dû faire face à la « gestion de [...] millions de prospects et de clients » et avoir beaucoup d'informations sur son client est une richesse à la seule condition de savoir comprendre et utiliser ces données. Il fallait « un outil de management », capable de « faire converger les objectifs de l'entreprise (baisse des coûts de contact, augmentation des ventes croisées) » et l'outil CRM25 multicanal a permis tout cela ; il a permis l'« industrialisation », la « centralisation » et l' « automatisation » des données (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012).

RÉCOLTE DES DONNÉES

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NAVIGATION CLIENTS

ACHATS CLIENTS

COORDONNEES CLIENTS

DONNÉES MASSIVES

--* ANALYSE

--* DES DONNÉES --* VIA LE CRM --* MULTICANAL

17

24 Deux exemples pour illustrer cette difficulté à maîtriser :

-Nuxe n'est vendu que dans des pharmacies, la plupart étant indépendantes, chacune possède son implantation, sa politique de recrutement, son ambiance de vente...

-Spontex ne connaît pas ses clients finaux car il y a intermédiation et aucun point de vente propre à la marque.

25 Op. cit.

18

Attention toutefois, à ne pas oublier que si l'on cherche à gérer ces données, c'est pour le client : mieux le connaître pour mieux le satisfaire. Et malheureusement, dans la plupart des entreprises, « le client est souvent l'oublié de l'histoire du CRM multicanal » (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012). Attention alors à ne pas se retrouver dans le cas de figure suivant : « grandes promesses pour l'entreprise et [...] désillusions pour le client » (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012) !

1.2 L'expérience client

L'expérience client, qui représente un enjeu majeur pour les entreprises et que nous allons définir de la manière la plus complète possible, est composée de nombreux éléments, propres au client ou faisant partie de son environnement. Enfin, lorsqu'une entreprise veut se pencher sur «l'expérience client», nous voulons vérifier si c'est, avant tout, pour générer de la satisfaction.

1.2.1 Définition

L'expérience client, souvent considérée comme un vécu, un lien entre le client et la marque, peut toutefois être envisagée de différentes manières.

L'ORIGINE DES MOTS

L'expérience, au sens de la définition du dictionnaire, a déjà plusieurs significations26.

? Pratique de quelque chose, de quelqu'un, épreuve de quelque chose, dont découlent un savoir, une connaissance, une habitude.

? Fait de faire quelque chose une fois, de vivre un événement, considéré du point de vue de son aspect formateur.

? Action d'essayer quelque chose, de mettre à l'essai un système, une doctrine, etc. ; tentative.

? Mise à l'épreuve de quelque chose, essai tenté sur quelque chose pour en vérifier les propriétés ; expérimentation

? Épreuve qui a pour objet, par l'étude d'un phénomène naturel ou provoqué, de vérifier une hypothèse ou de l'induire de cette observation.

Il ressort, de la définition de l'expérience, trois notions :

26 Les définitions qui suivent sont tirées du dictionnaire Larousse et sont consultables sur http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/exp%C3%A9rience/32237

19

- La pratique de quelque chose

- L'action d'essayer quelque chose

- La mise à l'épreuve de quelque chose

Nous noterons également l'aspect inductif et déductif de l'expérience, c'est-à-dire que l'on peut d'abord pratiquer quelque chose, vivre un évènement duquel ressortira une expérience ou, à l'inverse, faire une expérience de laquelle découlera un résultat.

Si l'on décortique le mot expérience, on retrouve la citation d'un extrait de Lacoue-Labarthe (Fabio, 2007) qui rend bien compte de la complexité de l'expérience elle-même : « Il y a d'abord l'étymologie. «Expérience» vient du latin experiri, éprouver. Le radical est periri que l'on retrouve dans periculum, péril, danger. La racine indo-européenne est -per à laquelle se rattachent l'idée de `traversée' et, secondairement, celle d'«épreuve». En grec, les dérivés sont nombreux qui marquent la traversée, le passage : peirô, traverser; pera, au-delà ; peraô, passer à travers : perainô, aller jusqu'au bout ; peras, terme, limite [...] Les confins entre un sens et l'autre sont imprécis. De même qu'en latin periri, tenter et periculum, qui veut d'abord dire épreuve, puis risque, danger. L'idée d'expérience comme traversée se sépare mal, au niveau étymologique et sémantique, de celle de risque. L'«expérience» est au départ, et fondamentalement sans doute, une mise en danger »

Philosophiquement et selon Jean-Jacques Daumoine sur le champ expérientiel : on peut considérer que l'humain est indissociable de son environnement, tout en insistant sur la nécessité de se différencier de son champ expérientiel27.

HISTORIQUE

La notion d'«expérience client», apparue en 1982 (Holbrook & Hirschman, 1982), évoque pour la première fois, l'expérience de consommation, empreinte de symboles, de critères esthétiques et de réponses hédonistes. Le processus de traitement de l'information n'est alors plus le seul critère de décision d'achat. On ouvre de nouvelles voies pour analyser le comportement du client.

Le deuxième ouvrage de référence est celui de Gilmore et Pine qui, en 1998, « mettait en lumière les enjeux stratégiques de l'expérience de consommation pour la pratique du marketing par les entreprises » (Filser, 2012) et qui parle d'une offre complémentaire où il s'agirait de faire vivre aux clients des expériences « singulières, mémorables et économiquement valorisées ». L'expérience devient alors un critère de différenciation.

27 Voir http://www.jean-jacques-daumoine.net/pages/a-cogiter/interdependance-ou-l-indissociabilite-soi-environnement.html

20

Nombre d'ouvrages ont été écrits sur l'expérience client et pourtant la qualité de l'expérience délivrée aux clients semble décliner (Payne & Frow, 2007)28.

Les termes associés à l'expérience client qui nous semblent récurrents et importants sont :

Interactions

 

Satisfaction

 

Emotion

Ré-enchantement

 
 
 

Co-création

 

Valeur

 
 
 
 

Nous aborderons toutes ces notions au travers de différents items.

Le concept d'expérience client est à la fois ancien, comme on a pu le voir chez chez Holbrook et Hirschman, et totalement d'actualité, au vu des quantités d'articles et d'ouvrage sortis ces dernières années. Il peut donc apparaître comme un sujet à la mode mais aussi comme un sujet clé pour réussir à se différencier dans un contexte ultra-concurrentiel. Les basiques du commerce ne suffisent plus pour vendre, il faut se démarquer : de nos jours, « la valeur ne réside pas dans l'objet de la consommation mais dans l'expérience de la consommation » (Payne & Frow, 2007).

1.2.2 Les composantes de l'expérience client

Avant de détailler les composantes de l'expérience client, il apparaît que celles-ci peuvent se regrouper en deux catégories :

- les composantes internes, ou tout ce que ressent personnellement le client lors de cette expérience, ce qu'il sent, perçoit et mémorise «intérieurement».

- les composantes externes, ou tout ce qui influence, impacte et interagit avec le client.

LES COMPOSANTES INTERNES

Expérience et émotions

- Holbrook et Hirschman sont les premiers à envisager le consommateur comme un être sensible à la recherche d'émotions.

- Au-delà de l'expérience de consommation, Damasio souligne l'importance des émotions dans la prise de décision. En effet, c'est « lorsque l'émotion ressentie est positive » que l'humain est marqué par celle-ci : ainsi la prise de décision sera influencée par l'émotion «marquante».

28 On peut trouver 200 millions de références à l'expression « Customer experience » et les entreprises semblent tout juste commencer à comprendre de quoi il s'agit (Payne & Frow, 2007)

21

-Pour convaincre le plus grand nombre, on considère que « provoquer une émotion commune à la majorité et communiquer par l'émotionnel s'avère indispensable », car « l'émotion est contagieuse » (Van Hoorebeke, 2008)29

- Selon Lazarus, « les émotions ont [...] plusieurs fonctions, telles qu'informer la personne sur la qualité de l'expérience qu'elle vit [...], l'aider à évaluer les situations [...] (satisfaction ou insatisfaction), donner le sens et la valeur de son expérience » (Van Hoorebeke, 2008)

Au-delà des émotions primaires ressenties par le client, celles-ci peuvent déclencher en lui d'autres phénomènes, tels que les sensations, les souvenirs, activer sa mémoire sensorielle ou le rendre nostalgique. « Les émotions primaires génèrent des états mixtes créant ainsi des combinaisons en cascades » (Boussicaud, 2014) comme le montre la figure ci-dessous.

La roue des émotions (Boussicaud, 2014)

Nous avons vu que les émotions réagissent donc en cascades au niveau de l'individu, mais aussi au niveau de son entourage. C'est pourquoi, les entreprises cherchent alors à aborder des « thématiques virales », à avoir des « feedbacks positives » avec « des contenus à forte charge émotionnelle ». Boussicaud (2014) parle de « contagion sociale » :

- Positivement : on parle d'engouement généralisé.

29 Dans la prise de décision, il y a les approches cognitivistes et celles des émotions : le point commun aux deux est l'évaluation, ce qui nous rapproche de la définition de l'expérience au sens de l'expérimentation (test puis évaluation du résultat)

22

- Négativement : il y a le risque d'industrialisation des émotions en suggérant des ressentis (via les hashtags30) ou même en les anticipant (via des termes tels que «LOL» ou «OMG»31)

Finalement, pour générer des émotions au client, il faut lui rappeler de beaux et bons moments, des odeurs (nostalgie), des images (souvenirs), des mots (valeurs), des instants (marquants), des personnes (importantes)...etc.

--des évènements passés

Mais on parle également de la valeur hédonique du processus d'achat32, qui doit avoir un « caractère ludique, émotionnel et intangible », où le client va vouloir échanger, se distraire, découvrir et se détendre (Collin-Lachaud & Vanheems, 2011)

--des évènements à venir

Expérience et ré-enchantement

Si l'on doit prendre en considération les évènements à venir, il est intéressant d'aborder la notion de ré-enchantement. En partant du constat de Firat et Venkatesh (Bonnefoy-Claudet, 2011) qu' « après avoir été désenchantée par trop de rationalisation, la consommation peut maintenant être réenchantée », nous avons pu voir que la notion de ré-enchantement est l'une des thématiques du marketing expérientiel. Nous détaillerons plus loin la thématisation, l'immersion, l'authenticité, l'habillage et la théâtralisation, composantes de l'environnement externe et participant au ré-enchantement du client.

Selon Bouchet (2004), le ré-enchantement nécessite la production d'un contexte pour favoriser les expériences : un distributeur ré-enchantera l'offre non pas en se concentrant sur l'offre elle-même mais en privilégiant les expériences recherchées par les clients (Parissier, 2008)

Expérience et instincts

-Satisfaction des besoins primaires : au travers de l'application «Compagnon» lancée par la SNCF, certains des instincts primaires de l'homme sont satisfaits, une sensation de confort et de sécurité qui améliore sensiblement l'expérience client.

-Réflexe : selon les travaux sur le cerveau tri-unique de Maclean et les quatre quadrants de réactivité cérébrale de Hermann (Chedru & Le Mehaute, 2009), nous pouvons nous interroger sur :

30 Identifié par le signe #, il se place devant un mot ou une expression et permet une identification en créant une communauté temporaire.

31 Ces termes sont considérés comme « des catégories affectives [...] [qui] viennent jouer le rôle d'allégories de l'émotion visée et permettent aux internautes d'anticiper leur ressenti » (Boussicaud, 2014). LOL signifie «laughing out loud» et OMG «Oh my god»

32 Nous soulignons ici la volonté de se faire plaisir, dans le présent et le futur

23

-le limbique et le reptilien étant regroupés chez Hermann, les émotions peuvent-elles devenir ou être considérées comme des réflexes ?

-les réflexes, innés ou acquis, ont-ils une place dans l'expérience client et l'entreprise doit-elle agir sur ceux-ci dans l'intérêt de l'expérience client ? Est-ce que l'achat fidèle peut se transformer en achat réflexe par le biais des expériences vécues ?

-lorsque la marque devient un réflexe (confiance aveugle en la marque ou «foi inébranlable» en elle, ou risque de marque associée au produit33), peut-elle espérer susciter de l'émotion et est-ce important de le faire ? (Cestre)

-si une identité sonore peut déclencher un réflexe, est-ce que la marque peut créer quelque chose de comparable qui déclencherait une émotion (devenant identité de la marque) ?

-est-ce que les prix «ronds», «psychologiques» ou «magiques» créent vraiment une émotion34 ?

Expérience et fierté

Si le client se sent fier de son achat, il en retirera une expérience positive35. Nous pouvons citer plusieurs exemples :

- Fier d'avoir fait un geste pour la planète,

- Fier d'avoir contribué à une bonne action (commerce équitable, financement de vaccins36, etc.),

- Fier de nourrir sa famille avec des produits bio, de les habiller avec des vêtements écoresponsables

- Fier de trouver des promotions, des ODR37, de se débrouiller seul pour réaliser des économies pour sa famille (Djelassi, Odou, & Belvaux, 2008)

LES COMPOSANTES EXTERNES

L'importance du personnel en contact

Le vendeur est celui qui a le rôle clé dans l'expérience délivrée au client. Le client fait aujourd'hui face à un surplus d'information (Lecinski, 2011) et le vendeur peut l'aider « à

33 Exemple des marques Scotch, Post-it ou Karcher qui sont devenus un nom commun dans l'esprit des clients

34 Selon Henri Kaufman, sur http://henrikaufman.typepad.com/et_si_lon_parlait_marketi/2008/07/prix-ronds-et-p.html, il semblerait que les prix suscitent des émotions.

35 Cela rejoint la notion de communauté et d'environnement social que nous aborderons dans les composantes externes.

36 Exemple du programme Pampers Unicef : « 1 paquet = 1 vaccin » en partenariat avec l'Unicef pour financer des vaccins contre le tétanos http://www.pampers.fr/childrens-charities-around-the-world

37 Signifie «Offre de remboursement»

24

arbitrer, à passer à l'acte » (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012). Au-delà du vendeur, il y a aussi le personnel en caisse, au point retrait marchandises, au service après-vente...etc., et tous ceux-ci sont les « points de départ du processus de création de la relation client » (Mathe et al., 2013). Malgré le rôle clé du réseau de vente, face à l'« intégration des données client » et la « centralisation des décisions », celui-ci se trouve peu à peu « dépossédé de sa fonction marketing/communication » (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012). Lorsqu'il s'agit d'un centre d'appels, une autre problématique se pose : les équipes sont jeunes et inexpérimentées, peu motivées et le turn-over est très important alors que ceux-ci sont le premier contact que le client a avec la marque après avoir navigué sur le site ou visité l'application (« Taking an omni-channel approach to customer experience management », 2014)

Comment peut-on alors faire pour que le réseau de vente retrouve ou conserve son autonomie et sa puissance ? Et comment faire pour qu'il représente, aux yeux du client, un contact de grande qualité ?

Les technologies

Aujourd'hui, les nouvelles technologies comme faisant partie intégrante de l'expérience client, c'est une réalité. Cependant, la plupart du temps, ces nouvelles technologies viennent du client lui-même : son smartphone, sa tablette, son application. La solution, qui est envisagée pour redonner du pouvoir aux équipes de vente, est justement de les équiper en nouvelles technologies (« Taking an omni-channel approach to customer experience management », 2014). Si les nouvelles technologies font partie de nos vies à tous, pourquoi s'arrêteraient-elles à la porte des magasins ? Prenons le cas d'un vendeur, qui se trouve en rayon avec un client, et qui doit vérifier le stock d'un produit : ne serait-il pas plus simple et plus fluide de le vérifier sur place :

- au travers de bornes installées dans chaque rayon ?

- sur une tablette dont serait équipé chaque vendeur38 ?

Qui n'a jamais eu à attendre son tour pour se faire renseigner en suivant un vendeur qui navigue dans tous les rayons, tel des wagons accrochés à une locomotive ? Certes le vendeur est et doit rester mobile, mais la technologie pourra lui faire gagner du temps et donc, gagner en efficacité. D'autre part, si les nouvelles technologies équipent les vendeurs, il faut aussi se servir de celles-ci pour mesurer la performance et la qualité de l'expérience client. Grâce aux nouvelles technologies, il existe de nouveaux indicateurs pour mesurer la performance des magasins

38 La notion de simplicité est ici primordiale (« Taking an omni-channel approach to customer experience management », 2014)

25

(Cook, 2014). Alors oui, comme le dit Philippe Farge, « le digital est un levier indispensable, mais ne suffit pas pour influencer les achats »39.

L'offre globale

Certes le monde du commerce a beaucoup évolué, mais il ne faut pas oublier les fondamentaux du commerce :

- le produit : qualité, largeur de gamme, choix

- le prix : rapport qualité prix, promotions

- l'emplacement : accès, visibilité

Avec l'accélération des évolutions technologiques, il ne faut pas penser que tout ce qui existait avant n'existe plus. Simplement les choses évoluent : peut-être que le magasin va devenir le showroom, la vitrine du site e-commerce (Barba, 2013), peut-être que le vendeur va encourager le client à visiter le site internet sans pour autant détruire de la valeur pour le magasin, mais il ne faut pas pour autant oublier les fondamentaux. L'expérience client n'est pas faite que de nouvelles technologies, elle est aussi faite des basiques du commerce. « L'expérience en magasin reste essentielle pour recruter et fidéliser »40

Le contexte social

Si le terme société de consommation est connu de tout le monde, la notion de consommation sociale peut aussi être envisagée. Nous entendons par consommation sociale, le fait de consommer pour :

-faire comme les autres

-le partager avec ses proches

-se différencier des autres

L'exemple de Kiabi qui, dans ses cabines d'essayage, propose de pouvoir se faire prendre en photo et l'envoyer sur le profil Facebook d'un(e) ami(e) pour avoir son avis en direct, montre bien l'importance du contexte social41. Quand il s'agit de la marque, le prestige de celle-ci pour faire comme les autres, ou au contraire, se différencier, met en exergue cette socialisation de notre consommation : « n'est-ce pas grâce à elle (la marque) que nous sommes acceptés, reconnus, enviés, imités, confortés ou fiers ?42 ».

39 Blog «Workshop : Brand Experience and Retail Design» sur les fondamentaux du commerce consulté le 27 mars 2015 http://www.workshop.fr/blog/noublions-pas-les-fondamentaux-du-commerce-loffre-et-sa-visibilite/

40 Ibid.

41 Shopping Connect Kiabi qui propose une expérience sociale unique http://www.marketment-votre.com/reseaux-sociaux-magasin-influence-consommation/

42Selon Lucile R. de la Team Marketment Vôtre sur http://www.marketment-votre.com/reseaux-sociaux-magasin-influence-consommation/

L'image que l'on renvoie fait donc partie du contexte social, mais au-delà de l'impact que l'on peut avoir sur les autres, il y a bien sûr l'impact que les autres peuvent avoir sur nous. En effet, « les interactions sociales [...] sont susceptibles d'influencer positivement ou négativement la qualité de l'expérience vécue » (Batat & Frochot, 2014). Au-delà du contexte social, c'est l'environnement global qui doit être pensé dans les moindres détails pour créer une belle expérience client.

L'environnement

Nous savons que Kotler, en 1973, a fait des recherches sur l'atmosphère du lieu et nous avons pu voir que « les composantes de l'atmosphère influencent les réactions affectives, l'attitude des clients, les comportements d'approche ou de fuite, le temps passé en magasin ou encore le montant des dépenses » (Bonnefoy-Claudet, 2011). C'est ici la vision sensorielle de Sophie Rieunier que nous retiendrons. En effet, l'environnement, d'achat, de communication ou d'information, selon les couleurs ou la lumière par exemple, influence le client. Il semble que les couleurs de l'environnement notamment aient des effets sur la perception, la cognition et les émotions (Rieunier, 2004). Dans la figure ci-dessous, nous présentons les différentes options identifiées pour créer un environnement propice à l'expérience client. La figure permet de lister, simplement, les différents types d'environnement expérientiel.

THEMATISATION

IMMERSION

AUTHENTICITE

ENVIRONNEMENT « EXPERIENCIEL »

HABILLAGE

THEATRALISATION

Figure « L'environnement expérienCIEL »

26

Voyons, maintenant, des exemples illustrant chacune des options d'environnement expérientiel.

27

- Disney, qui parle de « Marketing de «l'expérience bonheur», propose la thématisation du lieu, avec une immersion du client dans l'univers enchanteur des dessins animés pour faire vivre « des «moments d'exception», des «instants magiques» »43.

- L'enseigne Abercrombie&Fitch propose également une immersion dans une ambiance très particulière et qui leur est propre44.

- Nature&Découvertes propose un parcours client «dans la nature», mais il s'agit d'une authenticité recréée avec « les chants d'oiseaux qui participent de l'ambiance du point de vente » (Bonnefoy-Claudet, 2011).

- Au Puy du Fou, le public assiste à une théâtralisation de combats de chevaliers car ceux-ci « ne sont pas de véritables chevaliers venus tout droit du Moyen Age » (Bonnefoy-Claudet, 2011).

- On parlera d'« habillage expérientiel » lorsque la marque ne cherche pas à produire une expérience extraordinaire et exceptionnelle, mais plutôt à ré-enchanter le quotidien par de petites attentions et améliorations (Bonnefoy-Claudet, 2011). Nous pouvons citer le cas de Zappos qui se plaît à créer un « effet Wow » en surprenant le client (Mathe et al., 2013).

Lorsque l'on parle d'environnement expérientiel, nous avons donc deux possibilités :

- Créer un environnement : « proposer aux consommateurs des immersions dans des expériences extraordinaires » (Carù & Cova, 2006) comme cela peut exister dans les grands centres commerciaux américains, qui proposent notamment des parcs d'attractions. Pour Leigh et al. (2006), le client d'aujourd'hui cherche à vivre des expériences « où l'authenticité est mise en scène. Et plus la mise en scène est de qualité, plus l'expérience est jugée authentique » (Bonnefoy-Claudet, 2011)

- Ajouter des petites attentions pour ré-enchanter le quotidien du client : « Pour certains, en particulier les spécialistes de ce que l'on appelle le « ré-enchantement de la distribution » (Filser, 2002), le plaisir viendrait d'un simple habillage expérientiel, type McDonald, de la banalité quotidienne. Le ré-enchantement du quotidien passerait par une succession de micro-plaisirs, de micro-gâteries abordables et renouvelées que procurerait l'expérience de consommation en magasin. Au travers de très nombreuses stimulations polysensorielles (Rieunier,

43 http://radiodisneyclub.fr/la-strategie-marketing-de-disneyland-paris/

44 On peut trouver dans les boutiques Abercrombie&Fitch plongées dans une quasi obscurité, de la musique très forte, des mannequins torse-nu et l'interdiction d'entrée pour les mineurs. En créant le buzz, l'enseigne attire !

28

2002), la consommation se transformerait ainsi en occasion de divertissement et de vécu hédonique. » (Carù & Cova, 2006)

Voici quelques exemples de ce qui a été mis en place par les marques pour créer un environnement expérientiel :

- Nouveau magasin Darty à Paris Beaugrenelle, un commerce connecté45

- Lush, qui fabrique des cosmétiques à base de fruits et légumes issues de l'agriculture bio, a mis en place une politique de marketing sensoriel en mobilisant les cinq sens46

- Sephora, en mettant des tapis épais dans ses magasins, donne une sensation de confort et incite ses clients à flâner47.

Mais alors, lorsqu'un contexte est créer, dans un magasin par exemple, comment l'expérience peut se prolonger sur les autres canaux ? Et est-ce que les autres canaux peuvent nuire à l'expérience vécue initialement ?

Les autres canaux

Si l'on sait que « l'expérience vécue dans un canal influence celle vécue dans un autre

canal » (Hure & Cliquet, 2011), comment est-il possible :

- de prolonger une expérience ?

- de délivrer la même expérience quel que soit le canal ?

- de se servir d'un canal pour améliorer l'expérience sur les autres canaux ?

1.2.3 Expérience et satisfaction

«Expérience client» et «satisfaction» sont souvent évoquées ensemble, c'est pourquoi nous souhaitons aborder plus en détail la notion de satisfaction.

Tout d'abord, il y a l'expérience de satisfaction, autrement appelée «expérience originelle» par Freud, « qui consiste à satisfaire une pulsion, combler un besoin puis un désir »48. «Satisfaction» et «expérience» étant intimement liés, il a fallu mettre en place des outils pour mesurer le degré de satisfaction et la qualité de l'expérience client, comme le «Net Promoter Score» proposé par Reichheld (Payne & Frow, 2007). Si la satisfaction est maximale, nous avons vu que les termes «parfait» et «exceptionnel» apparaissent. On appelle une expérience client parfaite ou exceptionnelle lorsqu'elle est notée 5 sur 5. L'entreprise qui souhaite délivrer

45 Voir http://www.darty.com/achat/boutique/Darty_Beaugrenelle/index.html

46 Voir https://www.1min30.com/content-marketing-inbound-marketing/13-exemples-de-marketing-sensoriel-reussi-et-rate-5507

47 Ibid.

48 Voir la définition sur http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/d%C3%A9sir/42476

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une expérience client «exceptionnelle» ou «parfaite», devra tenir compte des deux aspects : rationnel (approche traitement de l'information) et émotionnel (approche des expériences privées qui touchent au subconscient) (Payne & Frow, 2007)49. Nous pouvons d'ailleurs voir, au niveau de l'entreprise, que « les logiques de rationalisation des ressources humaines et de réduction des coûts priment souvent sur la satisfaction client » (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012). Pourtant, vivre une expérience reste « sans assurance de satisfaction au consommateur » (Fabio, 2007). Alors, si des logiques de rationalisation viennent entraver la satisfaction client, sur quoi peut capitaliser une entreprise pour s'assurer une satisfaction durable ?

En associant la confiance à la satisfaction, il semble que cela constitue une piste de satisfaction pérenne, notamment si cela se ressent sur chaque canal (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012). En effet, la confiance permet « de créer et pérenniser la relation » (Mathe et al., 2013) : « La confiance entre le client et l'organisation est le fruit d'un équilibre entre la qualité du service fourni par l'organisation et la prise en compte de l'unicité du client par celle-ci.»

Mais pour pouvoir s'assurer une satisfaction durable, il faut aussi « traiter les motifs d'insatisfaction au risque de détourner les clients du canal de distribution » (Stevens, N'Goala, & Pez, 2012).

1.2.4 Les limites et les réflexions

Au travers de tout ce que nous avons pu découvrir dans nos lectures, il apparaît certaines limites sur lesquelles il sera nécessaire de réfléchir :

- Est-ce que l'expérience délivrée au client est envisagée de la même manière lorsqu'il s'agit d'une vente de produit ou de service ?

Pour les produits, le client vit une expérience en achetant le produit, une autre expérience en l'utilisant. Pour les services, c'est très différent puisque la production et la consommation sont simultanées et l'expérience peut être beaucoup plus longue. Par exemple, le client commence par payer un service en n'ayant qu'une facture, notamment lors de l'achat d'un voyage plusieurs mois à l'avance, puis il vit une expérience entre l'achat et la consommation du service -suivi, réactivité, informations...- ; l'expérience dure longtemps avant même la consommation du service, et elle doit impérativement être irréprochable, sinon le client part sur de très mauvaises bases pour vivre son expérience de consommation positivement.

49 « A rational perspective might be the predominant emphasis in a business-to-business context, while an emotional experiential perspective may be emphasised in a businessto-consumer context such as the leisure industry » (Payne & Frow, 2007)

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- Une marque, qui ne vend ses produits qu'à des intermédiaires et qui ne connaît donc pas son client final, devra-t-elle penser l'expérience client différemment ?

L'enseigne vend directement au client et il y a une dimension transactionnelle à l'expérience vécue. Ce que l'enseigne entreprend pour faire vivre une expérience client positive, peut-on le transposer aux marques qui ne vendent pas en direct aux clients ? Comment la marque peut laisser une expérience positive dans l'esprit des consommateurs autrement que par la qualité de son produit ?

L'enseigne voit ses clients, les connaît, nominativement, personnellement et peut savoir tout de suite si l'expérience n'a pas été satisfaisante. La marque, si elle n'a pour client direct que les enseignes, ne connaît pas les clients finaux qui consomment ses produits (Exemple de Spontex, Nuxe...etc.)

- Le rôle des émotions ayant été largement abordé dans les écrits académiques, constitue-t-il un sujet d'une grande importance dans les entreprises ? Est-il réellement pris en compte sur le terrain ?

2 Partie 2 : L'expérience client au sein d'une stratégie cross-canal

Nous allons voir ici les tendances et les interrogations qui ressortent à la suite de tout ce qui a été exposé dans la première partie. Voici les points que nous souhaitons creuser car ils représentent : - des enjeux

- des limites

- des interrogations

- des hypothèses

Nous verrons que certains points se recoupent entre eux car le sujet est apparu complexe et mouvant.

L'EXPERIENCE CLIENT, CLE DU SUCCES D'UNE STRATEGIE CROSS-CANAL ? Alors que l'on a vu l'inquiétude des entreprises vis-à-vis des clients, quant au risque d'« éclatement de leur processus de décision et fragmentation de leur vécu auprès de l'enseigne » (Collin-Lachaud & Vanheems, 2011), le cross-canal semble être un enrichissement indéniable de l'offre. En effet, grâce à un accès ubiquitaire et à l'augmentation du nombre de

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références proposées selon les canaux, le cross-canal enrichit l'expérience client. Et dans l'autre sens, aujourd'hui, pour enrichir son offre, l'entreprise doit-elle intégrer l'expérience client qui sera la clé du succès de sa stratégie cross-canal ?

L'EXPERIENCE CLIENT : AVANTAGE CONCURRENTIEL ? STRATEGIE DE DIFFERENCIATION ?

« Les clés de succès d'un concept retail50 efficace pour recruter et fidéliser sont le bon mix entre assortiment, design, architecture, parcours client, clarté de l'offre et digital » selon Philippe Farge 51. Tous ces éléments représentent une partie de l'expérience client. Nous avons pu voir que l'expérience client elle-même représentait un élément stratégique pour pouvoir se différencier, un avantage concurrentiel évident. La stratégie de différenciation étant par essence le fait d'apporter quelque chose de différent et qui apporte de la valeur à l'offre existante, cela semble être une évidence dans le contexte de l'expérience client. Le marketing expérientiel doit effectivement être considéré comme un enrichissement de l'offre existante, pour se différencier de la concurrence ; nous avons pu voir qu'il existe « de nombreux moyens de différenciation tout au long d'une chaîne de valeur » (Magretta, 2012)

CREATION DE VALEUR

Le cross-canal semble créer de la valeur pour l'expérience client car il offre des possibilités multiples : la multiplicité des points de contacts fait apparaître la notion de commerce ubiquitaire. De son côté, l'expérience client semble aussi créer de la valeur pour le cross-canal, en amenant, par exemple, l'envie d'aller sur les autres canaux après une expérience client réussie sur un premier canal. La valeur perçue par le client comme la relation que l'on développe avec lui se construit avec le temps52. Alors, comment créer de la valeur sur le long terme et en continu ? Là où Michael Porter parlait d'union impossible entre la différenciation et les bas coûts, il est important de voir comment se positionne la création d'expérience client pour créer de la valeur (Magretta, 2012).

EXPERIENCE PARTICIPATIVE, CONCEPTION COLLABORATIVE

Le client aime se sentir unique (Mathe et al., 2013) et le fait de se sentir unique se construit de diverses manières. Il est important de s'adresser au client de manière ultra personnalisée pour

50 Traduit par «commerce de détail»

51 Voir le blog Workshop de Philippe Farge http://www.workshop.fr/blog/noublions-pas-les-fondamentaux-du-commerce-loffre-et-sa-visibilite/

52 « Customer perceived value is created and delivered over time as the relationship with the customer develops » (Payne & Frow, 2007).

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qu'il sache que c'est à lui, et seulement à lui, que l'on parle. De plus, en introduisant de la personnalisation dans l'acte d'achat, le client est devenu co-constructeur, il devient « co-créateur de valeur » (Payne & Frow, 2007). Le client peut «faire lui-même» (« Taking an omni-channel approach to customer experience management », 2014) et il peut aussi co-construire son expérience de consommation du début jusqu'à la fin (Batat & Frochot, 2014)53.

UNE EXPERIENCE CLIENT COHERENTE, CONTINUE AU SEIN DE TOUS LES CANAUX

Il s'agit là encore d'unicité : unicité du message pour créer une expérience, pas forcément identique sur tous les canaux mais cohérente sur l'ensemble de ces canaux. L'expérience ne doit pas être uniforme, homogène puisqu'elle doit s'adapter à chaque canal, mais elle doit apparaître sans couture (« Omni-channel retailing for a seamless customer experience », 2013), pour délivrer le même message, quel que soit le canal sur lequel se trouve le client. Il faudra donc voir comment il est possible d'assurer cette cohérence et cette fluidité.

LA MAITRISE DE L'EXPERIENCE CLIENT DANS TOUS LES CANAUX

Lorsque l'on parle de fluidité et de cohérence dans tous les canaux, nous avons pu constater que cela semble possible uniquement dans les canaux totalement maîtrisés par la marque. En effet, un franchisé peut s'octroyer des libertés vis-à-vis du franchiseur (Cliquet, 2011). Comment l'expérience client peut alors être la même ? De même, l'arrivée de « l'asymétrie d'information inversée » (les clients en savent plus que les vendeurs) est un point important à aborder pour comprendre la maîtrise de l'expérience client (Cliquet, 2011). Nous chercherons donc à comprendre, si comme le définit Vanheems (2010)54, la stratégie cross-canal est bien «la stratégie qui consiste à éliminer les ruptures, quelle que soit leur nature (physique, émotionnelle, économique, cognitive ...) lors des changements de canaux par un client tout au long d'une même expérience avec une enseigne ».

UNE MEILLEURE EXPERIENCE CLIENT AU DETRIMENT DE CERTAINS CANAUX Le client d'aujourd'hui peut repérer en magasin, vérifier les prix sur son smartphone puis valider sa commande une fois chez lui sur son ordinateur, donc il quitte le magasin sans rien acheter (Cliquet, 2011). Le client a tout ce qu'il veut, n'importe où, n'importe quand : c'est la notion d'ubiquité du processus d'achat. Les entreprises se demandent aujourd'hui si le magasin

53 P62 : « les étapes de la participation du client dans l'expérience de consommation » : pré-conception, co-création et co-production.

54 Voir l'article (Collin-Lachaud & Vanheems, 2011)

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risque de devenir un showroom (Barba, 2013), concept qui peut être intéressant pour les grandes enseignes qui se serviront de tous les canaux pour ne pas laisser le client leur échapper. Mais qu'en est-il des petits magasins indépendants qui risquent de faire office de showroom pour les sites e-commerce des pure-players ?

Une fois toutes ces interrogations posées, il était important d'y répondre en allant sur le terrain. Nous pourrons voir également:

- ce qu'il existe actuellement dans les entreprises :

o au niveau du cross-canal

o au niveau de l'expérience client

- quels sont les enjeux pris en compte par les entreprises

- quelles sont les pistes envisagées pour intégrer cross-canal et expérience client

Les réponses seront présentées de manière croisée et au travers de grands thèmes, plutôt que

dans l'ordre chronologique des thèmes abordés.

2.1 Le point de vue des professionnels

Après avoir défini la méthodologie utilisée et la composition de l'échantillon, nous regarderons les résultats qui nous permettent de dégager des grandes tendances.

2.1.1 Méthodologie et échantillon

ENTRETIENS INDIVIDUELS SEMI-DIRECTIFS

Pour se pencher sur les interrogations restées en suspens, nous avons choisi de nous adresser à des professionnels choisis pour leur expertise (chef d'entreprise, DG, associé en cabinet de gestion de la relation client, category manager et directeur marketing). Pour réussir à avoir une vision globale, proche du terrain et la plus réaliste possible, nous avons choisi de réaliser des interviews auprès de ces professionnels, en adoptant une approche qualitative, avec des questions ouvertes, pour que les réponses soient les plus larges possibles. Nous avons voulu mettre en avant des concepts à partir des données collectées, ainsi que déduire des données à partir de concepts étudiés (Thiétart et coll., 2007)55. Cette démarche d'entretiens qualitatifs avait pour but d'ouvrir le champs des possibles, à partir de tout ce qui a été abordé en première partie, tout en laissant libre cours aux réponses des interviewés. Ainsi, nous avons pu réaliser

55 Voir la démarche de traduction et d'abstraction (Thiétart et coll., 2007)

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s'il existe des différences ou des similitudes voire des contradictions entre la réalité du terrain, la perception de celle-ci et ce que nous avons appris lors de nos recherches.

PRESENTATION DE L'ECHANTILLON

Nous avons contacté plusieurs professionnels : 7 ont accepté de répondre, par téléphone, en face-à-face ou par écrit (selon leurs disponibilités). Seule une interview n'a pas pu être réalisée, dans le délai imparti, du fait de l'emploi du temps de la personne en question56. Les professionnels interviewés ont été choisis du fait de leur grande expertise de l'expérience client et/ou de leur connaissance de l'univers cross-canal ainsi que pour leur vision des enjeux. Ces entretiens ont été particulièrement enrichissants car issus de secteurs différents. Les interviewés se différenciaient de par leur métier, leur position hiérarchique, leur engagement personnel ou leur compréhension des enjeux. Cet échantillon est typique plutôt que représentatif car nous avons considéré que, de par leur expertise, nous pouvions faire ressortir les tendances du terrain et les défis de demain.

Tableau récapitulatif des personnes interrogées

Nom

Fonction

Date

Durée de l'entretien

DE ROTALIER Béatrice

DG France Delta Airlines

4 février 2015

35 minutes

BARBA Catherine

Experte e-commerce, transfor-

mation digitale, entrepreneuse
et présidente CB Group

13 février 2015

35 minutes

MAREE Christophe

Senior Marketing Manager

Adobe

18 mars 2015

47 minutes

BOURGOGNON François

Associé Cabinet Ambicio

20 mars 2015

22 minutes

VERGE Thierry

Category Leader, Amazon

27 mars 2015

26 minutes

CAUTELA Maurice

Associé, PMP Conseil

31 mars 2015

57 minutes

56 S'agissant d'un directeur de magasin et si cette interview avait pu être réalisée, plusieurs N-1, N-2 et N-3 ainsi que des clients de l'enseigne auraient pu être interviewés pour analyser les différences de perception, d'intérêt et d'implication selon les niveaux hiérarchiques. Nous ne manquerons pas de rajouter ces interviews dès qu'elles auront été réalisées.

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Tous ces entretiens ont été réalisés autour d'un guide semi-directif autour de plusieurs thèmes

(Annexe 1) :

- Présentation

- Définitions (cross-canal et expérience client)

- Enjeux

- Limites

- Avenir

2.1.2 Résultats

Il paraissait plus intéressant de présenter les résultats des entretiens avec les professionnels en abordant, dans un premier temps, les priorités apparentes et identifiées par les entreprises, pour voir dans un second temps, les enjeux retenus de l'expérience client.

LES PRIORITES DES ENTREPRISES

Améliorer la rentabilité

En adoptant une stratégie multicanal au départ, les entreprises ont cherché à améliorer leurs profits, le but étant d'être présent partout. Au fil du temps, voyant que l'organisation en silos devenait un handicap, la stratégie cross-canal s'est imposée d'elle-même. La stratégie cross-canal s'est donc très largement répandue dans les entreprises : on en parle dans les articles de presse spécialisée, on organise des séminaires, de nombreux étudiants rédigent des mémoires sur ce sujet d'actualité, etc. Et pourtant, le sujet est apparu inévitable et le terme quasiment obsolète lors des entretiens professionnels car c'est devenu une norme. Les professionnels s'accordent sur leur vision du cross-canal, en ayant quelques nuances complémentaires. En effet, on ne parle même pas de cross-canal chez Amazon ; selon Thierry Verge, si une entreprise ne possède pas de nombreux points de contact, que l'on appelle des « touchpoint » chez Amazon, elle risque de ne pas survivre dans un monde ultra connecté où tout est disponible tout le temps et partout. Selon Maurice Cautela et Christophe Marée, le cross-canal est, de toute manière, « devenu une obligation ». C'est ce que confirme Catherine Barba en ajoutant que l'« on ne devrait plus considérer qu'il y a plusieurs canaux, parce qu'en fait, les Américains, ils parlent carrément de «no canal», ils ne disent même plus cross ou omni canal, ils disent «no canal» ». Cependant, pour François Bourgognon, le cross-canal « dépend de là où on part », ouvrir un canal peut être un moyen de générer du trafic, de vendre ou simplement de

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communiquer, l'objectif étant d'« arriver à une bonne synergie » entre les canaux. Les objectifs des entreprises au niveau du cross-canal, comme chez Delta Airlines selon Béatrice De Rotalier, est maintenant de donner la sensation d'« un service sans couture ».

L'aspect technologique

Dans un monde devenu ultra connecté, la technologie est évidemment présente partout. Les clients veulent de la technologie car elle fait partie intégrante de leur vie (smartphone, tablette, géolocalisation...) et les entreprises veulent séduire en investissant dans les outils technologiques «dernier cri». Prenons l'exemple d'une banque qui investit pour que ses clients puissent géolocaliser, en quelques secondes, l'agence qui se trouve la plus proche d'eux. Une telle technologie risque de toucher une population très restreinte de pures technophiles : Maurice Cautela, en donnant cet exemple, insiste sur le fait d'investir dans des technologies utiles plutôt que de vouloir créer un effet d'annonce. Tous les professionnels s'accordent pour dire que la technologie n'est que la partie visible de l'iceberg : la plus visible donc la plus mise en avant. En effet, pour garantir une parfaite transformation digitale, de nombreux autres paramètres sont à prendre en compte. Alors que François Bourgognon dit qu'il faut prendre en compte « l'axe métier, l'axe harmonisation, l'axe process, l'axe outils technologiques, l'axe veille technologique », Christophe Marée a listé précisément les cinq points qui, combinés ensemble, semblent être la clé de la réussite de cette transformation digitale : c'est en effet « un problème d'organisation, de définition des stratégies, de choix des personnes et des collaborateurs, de changement culturel et de choix des technologies ». Alors oui, c'est la technologie qui a commencé à faire «bouger» les entreprises du fait de sa viralité : « Aujourd'hui si vous avez quelqu'un qui n'est pas satisfait, très rapidement il va toucher des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers, voire des millions de personnes très rapidement avec un message négatif. Donc la marque, elle a dû s'adapter à ça, il a fallu qu'elle change sa manière de gérer ses clients. Et c'est pour ça que les entreprises aujourd'hui sont passées d'un modèle «product centric» à un modèle «customer centric»57 ». La technologie n'est donc pas le seul critère à prendre en compte par l'entreprise pour réussir sa transformation, malgré les apparences évidentes. Le principal obstacle à franchir, selon les professionnels, est la résistance au changement.

57 Signifie «centrée sur le client»

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La fidélisation

En étant présent partout, sur tous les canaux, l'entreprise peut occuper une part de vie plus importante dans la vie de ses clients. Les professionnels Maurice Cautela, Christophe Marée, Thierry Verge et Catherine Barba s'accordent sur la notion de simplicité qui donne envie au client de rester. Plus précisément, en créant une part de vie, il faut qu'elle soit parfaite, pour que le client ait envie de rester ; l'exemple de Google, au niveau de la part de vie, est très approprié selon Maurice Cautela : « C'est une page blanche, où il y a un rectangle vide dans lequel on peut écrire tout ce que l'on veut et où l'on va avoir des réponses appropriées en un temps record ». La simplicité du processus amène le client à revenir très naturellement pour recommencer «l'expérience». C'est sur ce principe que «Capitaine Train»58 fonctionne également : il s'agit d'une application de réservation de billets de train dans laquelle on a besoin de rentrer une seule fois ses coordonnées, puis toutes les réservations qui suivent peuvent se réaliser en trois clics ; « la simplicité est un frein au changement ».

LES ENJEUX DE L'EXPERIENCE CLIENT

L'art et la manière de s'adresser au client

Parce que les changements rapides qui s'opèrent ont mis en avant les inquiétudes des clients quant à leurs données personnelles59, les entreprises ont tendances à :

- soit ne pas utiliser les données qui sont en leur possession sous prétexte d'outils non adaptés et d'investissements trop lourds : en effet, selon Catherine Barba, pour « avoir une vision du client unique f...] il faut avoir investi dans des outils de data ». Tous les interviewés s'accordent sur le fait qu'il faut investir.

- soit utiliser les données de manière non adaptée : mailings non ciblés, bannières de pub «périmées» (prenons l'exemple donné par Christophe Marée : un client, qui a fait des recherches pour un voyage aux Maldives ; il a réservé ce voyage, il est parti puis revenu de ce voyage et, à son retour, il retrouve, lors de ces consultations sur internet, des publicités qui s'affichent pour un voyage aux Maldives).

En effet, lorsque l'on s'adresse à un client, si l'on sait beaucoup de choses à son sujet, tout est une question de forme selon Catherine Barba: « Tout est une façon de tourner les choses, ça relève de la posture, de l'attitude et du comportement. Je peux connaître énormément de choses sur une cliente, et m'en servir pour lui faire acheter plus de choses ou en tout cas lui donner

58 Application qui propose au client des réservations de billets de train.

59 La CNIL dit : « La création et le traitement de données personnelles (numéro d'identifiant, nom, adresse, numéro de téléphone...) sont soumis à des obligations destinées à protéger la vie privée des personnes fichées et les libertés individuelles ». Voir http://vosdroits.service-public.fr/professionnels-entreprises/F24270.xhtml

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l'impression que je suis très pertinente, ou alors, que la cliente reparte en disant "Ben dites donc, ici, c'est vraiment 1984 ici !". C'est une question de posture! D'ailleurs chez Sephora, ils travaillent beaucoup, ce qu'ils appellent la «Sephora Attitude», qui consiste à savoir mesurer, mettre le curseur au bon endroit, savoir où est la bonne distance. Je sais beaucoup de choses sur mon client, mais je ne vais pas l'utiliser comme un outil de pouvoir et d'intimidation. Je vais l'utiliser comme quelque chose pour valoriser mon client et créer du lien. C'est comme avec un ami, on le connaît mieux, on le connaît bien, donc on lui parle de lui et pas de nous. L'analogie avec les proches est très intéressante. Je pense qu'en France aussi c'est utile, ça marchera dès lors que la façon dont on fait les push d'informations aux clients, est adaptée, délicate, respectueuse de l'intimité des gens. Il y a un vrai travail de rédaction car c'est vraiment important la forme ». Si l'on considère alors le client comme un ami, la notion de confiance est importante selon Thierry Verge car chez Amazon, le mot d'ordre du PDG Jeff Bezos est de « ne jamais trahir la confiance du client ». C'est pourquoi, utiliser les données de manière inadaptée ou ne pas utiliser les données, augmente le risque de s'adresser au client de la mauvaise manière. Christophe Marée ajoute que « la contextualisation » va permettre de proposer des offres adaptées à chaque moment de vie, dans chaque endroit visité, pour chaque intérêt, c'est-à-dire, mettre la «bonne forme» pour toucher chaque client. Cela nous amène donc à la personnalisation.

La personnalisation

Là où Catherine Barba parlait d'un parcours d'achat aléatoire, multiforme voire unique (Barba, 2013), nous avons pu voir toute l'ampleur du défi à relever quant à la personnalisation. La notion d'unicité est présente chez tous les professionnels interrogés :

- Unicité du client : nous sommes passés de l'époque où tout le monde avait la même voiture, une Ford T noire, à l'ère de l'ultra personnalisation où l'« on vous propose de personnaliser jusqu'aux autocollants que vous allez pouvoir mettre sur le toit de la voiture par exemple» selon Christophe Marée, alors que Béatrice De Rotalier parle de la difficulté à personnaliser du fait de la subjectivité.

- Unicité du parcours client : Christophe Marée a évoqué l'unicité du parcours client comme « un véritable enjeu, parce que derrière, il va falloir que l'on (Adobe) soit capable, nous en tant qu'éditeur, mais surtout nos clients en tant que marque, d'identifier quels sont les contributeurs majeurs à la prise de décision des clients ». L'enjeu de la personnalisation est envisagé sous différents angles selon les professionnels. La contextualisation, dont il a été question précédemment avec Christophe Marée, est un élément important de la personnalisation

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dont voici un exemple : le client consulte un mail alors qu'il se trouve à Nice, une publicité pour des maillots de bain s'affiche ; il ouvre ce même mail et il se trouve à Courchevel, c'est une autre publicité qui apparaît, cela s'adapte au contexte du client. La personnalisation peut passer par le fait de s'adapter à chaque demande selon Thierry Verge : chez Amazon, la personnalisation passe aussi par la largeur de l'offre, pour essayer de toucher tout le monde. En allant jusqu'à proposer le produit quasiment introuvable (produits rares, anciennes éditions, etc.) même s'il n'est acheté que par un seul client dans l'année, l'émotion que va ressentir ce client vaut tous les efforts de personnalisation que déploie Amazon. Et c'est en ayant des outils d'analyse de données extrêmement performants, que chaque proposition ou emailing est percutant et efficace chez Amazon. La personnalisation crée de l'émotion selon Christophe Marée, car le client se sent unique.

L'intermédiation

Comment est-il alors possible de créer de l'émotion, délivrer une belle expérience client lorsque la marque n'est pas en contact direct avec son client final ? Cliquet (2011) évoquait le problème que pouvaient poser les franchisés et Cestre parlait des difficultés rencontrées par les marques. Est-ce que les acteurs qui doivent passer par un réseau de distribution risquent de ne pas maîtriser l'expérience client ? Y'en a-t-il d'autres qui ont ce risque? Tout d'abord, « l'intermédiation existe partout » selon Maurice Cautela comme dans l'exemple de Tripadvisor qui s'est interposé entre le client et l'hôtel. En partant de ce constat, le risque existe alors partout. Ce qu'Amazon a mis en place, a précisé Thierry Verge, pour réussir à maîtriser et véhiculer l'image de marque, c'est de proposer des « boutiques de marques » où chaque marque bénéficie de son identité propre mais avec une très large visibilité, grâce à la notoriété d'Amazon. Cela permet à la marque de véhiculer son image malgré l'intermédiation du site Amazon. Alors, si l'intermédiation est nécessaire ou inévitable, créer de l'émotion peut passer par d'autres moyens : Béatrice De Rotalier a, par exemple, invité des agents de voyages à un ciné-concert de West Side Story car elle veut que, dès qu'« il y a une connotation «États-Unis», f...] Delta soit systématiquement associé dans le subconscient des agents de voyages. Quelque part, cela les conditionne à acheter du Delta, en associant la marque comme étant la première sur les États-Unis ». Cela passe également par l'expérience vécue à bord avec l'idée qu' « un Français qui embarque sur Delta et qui monte dans l'avion, est déjà un petit peu aux États-Unis » ; tout cela permet d'associer la marque aux Etats-Unis et donc de créer des réflexes.

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L'omniprésence

Si l'on veut créer des réflexes, c'est-à-dire, faire en sorte que le client ne réfléchisse même plus avant d'effectuer son achat, il semble que cela passe par la création d'« une part de vie » selon Maurice Cautela. Béatrice De Rotalier estime que pour créer cette part de vie, cela passe par la présence de la marque dans la vie des citoyens, sans qu'il n'y ait de dimension transactionnelle : « en agissant à tous les niveaux... Par exemple, [...] Delta Airlines travaille avec les communautés aux États-Unis, [...] dans les quartiers les moins favorisés, [...] nous investissons dans des «Play grounds»60 pour les enfants. On s'investit également beaucoup auprès de «Habitat for Humanity», qui construit partout dans le monde, des maisons pour des gens qui n'en ont pas [...], on est une des premières compagnies associées aux levées de fonds pour le cancer : on a deux avions qui, tous les mois d'octobre, tournent : un sur les vols intérieurs et un autre sur les vols internationaux. Ils sont peints en rose et cela fait référence au cancer du sein, avec, tous les ans à cette époque, une campagne sur les levées de fonds pour le cancer du sein ». Il existe beaucoup d'autres exemples chez Delta Airlines qui montrent leur très grande implication dans la vie des américains : participation aux Gay Pride, transporteur officiel du Superbowl, des équipes de basketball (Knicks, Rangers) et de baseball (Yankees, Mets), soutien culturel (The Whitney Museum, New York City Wine & Food Festival, National September 11 Memorial & Museum, Queens Theatre, Queens Museum, Brooklyn Academy of Music, The Public Theater/Shakespeare in the Park etc.). C'est grâce à toute cette présence, dans des moments de vie «non transactionnels», que Delta créé une part de vie dans la vie des américains et Delta devient alors un réflexe. Pour occuper une part de vie du client, cela peut aussi passer par la largeur de l'offre proposée chez Amazon selon Thierry Verge : en faisant en sorte de tout proposer à la vente, Amazon fera nécessairement partie de votre vie à un moment ou un autre. Enfin, la notion de «part de vie», largement abordée par Maurice Cautela, passe avant tout par la simplicité : simplicité d'utilisation, « ne pas transiger avec l'essentiel » ; demain, « les entreprises qui seront leader sur leur marché, seront des entreprises qui sauront, dans leur domaine, occuper une part de vie du client plus importante ». Être capable de créer une «part de vie» dans la vie des clients, comme plusieurs professionnels le préconisent, amènerait-il à créer des réflexes dans l'esprit du client ? Et cette simplicité qui peut créer le réflexe, peut-elle passer par la fluidité du parcours client ?

60 Ce sont des endroits où les enfants peuvent jouer, des petits jardins pour enfants avec des toboggans, des murs à escalader.

La fluidité du parcours client

Nous avons pu voir les difficultés du multicanal, d'abord organisé en silos, à passer au cross-canal, nécessitant technologies, conduite du changement et souvent restructuration. Dans ce contexte, comment est-il possible d'assurer un parcours fluide au client ? Déjà, si le client à « l'impression que c'est la même personne (qui s'occupe de lui), même si ce n'est pas la même personne f...] (qu'il) passe d'un canal à l'autre, (qu'il) butine d'un canal à l'autre », cela amène de la fluidité, parce qu'« en réalité, c'est une seule et même marque, une seule et même enseigne qui (lui) parle et qui (le) connaît » selon Catherine Barba. La fluidité du parcours passe donc par la personnalisation (comme c'est le cas chez Amazon avec un adressage ultra ciblé) et l'identification (notamment à un personnage lié à la marque comme c'est le cas chez vente-privee.com, avec Cécile de Rostand). Nous évoquions précédemment la simplicité : c'est justement au travers de la facilité de navigation, avec un site optimisé, de nombreux filtres, une mise en avant de produits et des emailing ciblés, qu'Amazon réussit à assurer une parfaite fluidité, comme évoqué par Thierry Verge. Un achat sur le site Amazon est extrêmement facile, intuitif et fluide. Cette simplicité est donc indispensable. Lors de l'arrivée du tactile, Christophe Marée confirme que l'effet « pop » du doigt qui glisse sur l'écran, « au-delà de l'émotion, ça créé une simplicité d'utilisation, une simplicité d'usage ». Pourtant, Catherine Barba estime que c'est aussi en tenant compte du parcours effectué par le client avant son arrivée dans la magasin, que les équipes de vente pourront être dans de bonnes dispositions pour accueillir le client et assurer cette fluidité: c'est en acculturant les équipes et en leur montrant que la technologie n'existe pas que dans leur vie personnelle, mais aussi en investissant, justement, dans des technologies qui vont fluidifier le parcours (par exemple, création d'un numéro d'identifiant unique, historique des achats et des interactions entre le client et la marque...).

Après avoir vu les priorités des entreprises et les points de vue d'experts, il est maintenant nécessaire d'avoir une «vision client».

2.2 Le point de vue des clients particuliers

Nous allons présenter ici la méthodologie utilisée pour interroger des clients et l'échantillon étudié. C'est ensuite en effectuant des tris à plats et tris croisés que nous mettrons en avant les résultats.

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2.2.1 Méthodologie et échantillon

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Pour avoir une vision client des parcours d'achat, il apparaissait utile de s'adresser directement à des clients. Nous avons utilisé un questionnaire (Annexe 2) avec des questions fermées61 pour répondre aux interrogations laissées en suspens et deux questions ouvertes62. Des questions pour déterminer l'âge, le sexe et la situation familiale ont été posées pour permettre de classer les réponses selon des typologies. Le mode d'administration du questionnaire (un lien sous forme de short url63, par mail et via Facebook) a été choisi pour sa facilité d'utilisation : dans la conception du questionnaire, l'envoi à l'échantillon, le traitement des réponses. De plus, grâce au short url, cela a permis de contrôler les délais de réponses et le nombre de clics par rapport au nombre de réponses effectives. D'autre part, ce mode d'administration a permis de répercuter le temps de réponse sur les répondants (le seul temps consacré au questionnaire a été pour la rédaction, l'envoi puis le dépouillement et l'analyse des résultats). Enfin, ce questionnaire avait pour but de vérifier si les attentes étaient en adéquation avec les stratégies des entreprises ainsi que voir si les clients étaient conscients de leurs attentes telles que les entreprises les envisagent.

Les réponses ont été reçues entre le 3 mars et le 10 avril 2015. En date du 10 avril 2015, le questionnaire avait reçu 87 réponses. Il s'agit donc d'un échantillon de convenance, qui n'est pas forcément représentatif, mais il permet de dégager des tendances. Il a permis, en outre, de voir si ce qui préoccupe les entreprises, préoccupe également les clients interrogés.

2.2.2 Résultats

Au vu des réponses au questionnaire (Annexe3), voici quelques données triées à plat qui semblaient importantes.

1/ Alors que seulement 4,6% des répondants sont particulièrement satisfaits d'un achat grâce aux interactions qu'ils ont eu avec des gens (personnel, clients), c'est un motif d'insatisfaction pour 41,4% d'entre eux => Les clients semblent ne pas avoir conscience de leurs attentes.

2/ Lors d'une expérience d'achat particulièrement agréable, 82,8% des répondants sont devenus fidèles à l'enseigne. Dans le cas d'une expérience désagréable, 65,5% ont renoncé définitivement à l'enseigne. => L'entreprise doit se concentrer sur l'expérience pour fidéliser.

61 Plusieurs propositions à cocher ou un menu déroulant avec une seule réponse possible au choix.

62 Pour la dimension qualitative que nous avons choisi de limiter pour extraire des données intéressantes dans le délai imparti.

63 Le principe des short url est de réduire l'adresse d'un site web, pour prendre moins de place dans un texte la plupart du temps. En passant par goo.gl, il est possible de vérifier le nombre de clics, ainsi que des informations concernant le profil des personnes qui ont cliquées.

43

3/ Après la qualité du produit (25,3%), le prix (25,3%) et le choix (21,8%), c'est la qualité de l'accueil (13,8%) qui décide les répondants à acheter de nouveau dans un magasin. => Ne pas oublier les fondamentaux du commerce même si tout évolue.

4/ Alors que la disponibilité du personnel, pour les répondants, est un critère important (48,3%) pour racheter dans un magasin, celui-ci n'a été cité par aucun des répondants comme premier critère de choix. => L'entreprise doit en mesurer l'importance et adapter ses ressources.

5/ Le service client, qui est important pour 44,8% des répondants, arrive en sixième position des critères cités pour se décider à effectuer un nouvel achat en ligne. Pourtant, il arrive en troisième position dans les critères les plus importants, après le prix et la qualité des produits. => Idem, l'entreprise doit en mesurer l'importance et adapter ses ressources.

6/ Les répondants considèrent un grand nombre de critère pour estimer que l'expérience a été bonne : plus de 5 critères par répondant en moyenne pour un achat en ligne et plus de 7 critères pour un achat en magasin. => L'expérience client est multiple et complexe.

Voici maintenant quelques résultats de tris croisés qu'il paraissait pertinent de citer :

1/ A l'instar des Millenials64 qui livreront probablement leurs données sans difficulté, 100% des répondants âgés de 18 à 24 ans (soit, à peine plus âgés que les Millenials), ont exprimé des craintes quant à leurs données de paiement alors que 20,7% des répondants n'ont aucune crainte et ont entre 25 et 49 ans.

2/ Alors que 49,1% des 18-34 ans ont déjà acheté sur une application smartphone ou via les réseaux sociaux, seulement 12,1% des 35-65 ans l'ont déjà fait et aucun des plus de 65 ans.

Au vu des réponses constatées, il semblerait qu'un questionnaire de type Kano ait été plus approprié : cela aurait pu mettre en évidence les nouvelles attentes des clients, notamment en matière d'expérience client. Cependant, nous avons quand même pu voir que la qualité de l'expérience client passe par un très grand nombre de critères.

64 Les millenials désignent les enfants nés à partir de l'an 2000. Il semblerait qu'ayant toujours avec Internet, ils n'opposent aucune résistance à partager leurs données comme vu lors de l'entretien avec Christophe Marée.

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Enfin, en regardant les réponses aux deux questions qualitatives, cela révèle que les clients ont

de très fortes attentes sur :

- Les interactions avec le personnel (conseils, accueil, disponibilité, expertise)

- Le temps passé (aller vite ou lentement selon les étapes ou les besoins du client)

- Ce qui surprend (cela peut-être une agréable surprise ou une terrible déception)

3 Partie 3 : Analyse critique : suggestions et recommandations

Avant de faire des suggestions et recommandations, pour avoir une bonne une analyse critique de tout ce qui a été déroulé tout au long de ce mémoire, il nous a paru intéressant de faire une projection temporelle dans l'univers de l'expérience client.

3.1 L'expérience client de demain : projection dans le «monde idéal» de l'expérience

client

Projetons-nous dans quelques années... (Ceci n'est qu'un exemple de ce qui peut être imaginé) Le réveil sonne, le client se réveille et au moment de prendre son petit-déjeuner, il reçoit plusieurs notifications : « Bonjour Mr X, j'espère que vous avez bien dormi ! Votre sommeil a été agité et court (rapport du bracelet connecté), c'est pourquoi je vous propose ce petit-déjeuner, riche en aaa, bbb et ccc, ainsi que des vitamines xxx, complémentaires, pour vous aider à affronter cette journée ». Lorsqu'il est dans la salle de bain, le client peut demander vocalement s'il veut de la musique, les informations visualisables sur le miroir ou autre. Son pot de crème de jour est quasiment vide, une fenêtre s'ouvre sur le miroir et lui propose de commander sa crème : il peut valider vocalement sans avoir besoin d'aller chercher sa carte bancaire. Au vu de l'état du trafic routier ou des transports en commun, une notification est envoyée sur le miroir ou sur sa montre pour prévenir de l'heure à laquelle il faudra quitter la maison. Dans la journée, le client reçoit une notification sur son smartphone ou sa montre, qui lui dit de ne pas oublier de passer au supermarché, car il n'y a plus de lait de croissance pour son enfant. Cette notification ayant été envoyée aux deux parents, elle demande de cocher «fait» par l'un d'entre eux mais elle propose aussi «Appeler conjoint» pour qu'ils se mettent d'accord de vive voix. Dans les rendez-vous santé identifiés dans l'agenda du client, il y a eu un rendezvous chez l'ophtalmologue qui n'a pas été suivi d'une visite chez l'opticien. Un rappel est envoyé au client et lui propose les opticiens alentours. Le client clique sur l'un d'entre eux, les horaires et coordonnées s'affichent, ainsi qu'une fenêtre pour regarder les modèles et saisir les

45

verres de correction prescrits par le médecin. Il est possible de choisir la monture immédiatement ou faire simplement une présélection en prévision de la future visite. En arrivant chez son opticien, il est accueilli par un conseiller qui l'a déjà identifié et qui lui propose de l'aider dans son choix pour les montures. Les verres sont déjà en boutique si le client a validé la commande en amont, il ne reste plus qu'à les passer à la découpe laser pour les adapter à la monture choisie sinon, ils seront imprimés sur l'imprimante 3D et le client les aura le jour-même. Pour régler sa paire de lunettes, le client valide avec son smartphone chaque étape en un clic grâce à une fenêtre pop-up65 envoyée à son arrivée dans la boutique : la monture choisie, les verres prescrits par l'ophtalmologue (la correction a déjà été saisie par le médecin), sa carte vitale et sa carte mutuelle. Si tout n'est pas pris en charge par son organisme de santé, sa carte bancaire, pré-enregistrée dans son smartphone également, sera débitée, au choix du client, immédiatement, en plusieurs fois, en différé). Le client repart avec ses lunettes.

En rentrant chez lui, le client reçoit une notification signalant que le lait de croissance peut être récupéré immédiatement dans un drive situé à quelques kilomètres : s'il valide l'achat, le paiement est automatique, le GPS s'enclenche immédiatement pour le diriger vers ce drive et, à son arrivée, sa plaque d'immatriculation est reconnue. Un employé de l'enseigne vient saluer le client en utilisant son nom et le remercie de sa commande. Il lui demande s'il a besoin d'autres choses que l'on peut lui livrer au créneau horaire de son choix. Il peut également faire le plein de carburant sans avoir besoin de sortir sa carte bancaire. Sa commande est déjà prête, il peut repartir immédiatement. Il arrive chez lui, il a cliqué sur «J'aime» lors de la sortie en salle du film qui est diffusé sur une chaîne le soir-même, donc une notification lui propose de l'enregistrer ou de l'informer du début du programme. Toutes les notifications évoquées peuvent être ignorées en les faisant simplement «glisser» sur le côté. L'expérience client est ici élevée au rang d'assistant personnel ou conciergerie : tout est prévu pour le client dans le but de faciliter sa vie, améliorer son quotidien en étant là à chaque instant selon ses besoins.

3.2 Les impératifs pour le pilotage de l'expérience client

Pour analyser ce qui ressort de nos lectures et des entretiens professionnels, commencer par un tableau, avec tous les éléments que nous estimons devoir retenir, semble adapté pour mettre en exergue l'importance des points. Nous pourrons ensuite choisir d'en tenir compte pour faire des suggestions.

65 Fenêtre qui s'affiche sans avoir été commandée par l'utilisateur

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NOTIONS CLES

 

DETAILS

REFERENCES

CONCRET ET

SIMPLICITE

Ne pas trop conceptualiser,

sinon on s'éloigne du terrain et on perd l'objectif

La simplicité d'utilisation

Être instinctif, intuitif Créer une part de vie

--CBGroup, C. Barba

--Amazon, T. Verge

--Adobe, C. Marée

--PMP Conseil, M. Cautela

EMOTION

Importance des couleurs, de l'ambiance : les clients ne sont pas prêts

Créer de l'émotion, créer un

effet « Wahou »

--Ambicio, F. Bourgognon

--Adobe, C. Marée

INVESTIR

Dans de vrais outils

analytiques (création d'un

identifiant client unique...)

Adapter la logistique

--CBGroup, C. Barba

CONDUITE DU

CHANGEMENT

Acculturer les équipes et

commencer par les
dirigeants.

La redéfinition des fiches de

poste, objectifs et
rémunérations.

Résistance au changement

--CBGroup, C. Barba

--Ambicio, F. Bourgognon

CLIENT

Tout doit partir du client Unicité du client, unicité du

parcours, «customer
centric
»66

--CBGroup, C. Barba --Adobe, C. Marée

RESTRUCTURER

Faire sauter les organisations en silo :

-No-canal

-Le cross-canal est une
obligation

--CBGroup, C. Barba --Adobe, C. Marée

66 Op. cit.

47

 

-Le cross-canal est dépassé

--PMP Conseil, M. Cautela

TECHNOLOGIE

Internet a mis en exergue la relation client, ne pas penser «technologie» avant tout Grâce aux outils, on peut savoir ce qui touche le client et créer de l'émotion

--CBGroup, C. Barba

--Adobe, C. Marée

3.3 Les pistes envisagées

Nous allons présenter des pistes possibles, en prenant en compte tous les éléments étudiés et ainsi, délivrer la meilleure expérience client.

Maîtriser chaque point de contact

La grande difficulté semble être l'unicité à outrance. Plus précisément, le client est unique, et il veut se sentir comme tel et ressentir que l'organisation le perçoit ainsi ; de plus, le parcours client, unique lui aussi, reste totalement insaisissable. Autrement dit, nous avons 7 milliards d'êtres humains et autant de parcours client sachant qu'un même client ne fera pas forcément le même parcours client deux fois.

SOIT :

 

7 milliards X 7 milliards X nombre d'achats

 
 

d'humains de parcours d'achat par clients

 
 
 
 
 

UNE «TRES GRANDE INCONNUE»

Tout cela empêche les entreprises de : - segmenter

- regrouper

- cibler

Retenons aussi que : l'unicité reste toutefois dans un périmètre défini par l'entreprise ; les canaux, même s'ils existent, ne sont pas nécessairement ouverts à tous les clients. Il s'agit alors de trouver le bon équilibre. C'est pourquoi, en partant du principe que la multiplicité des canaux n'est plus une option mais une obligation pour toutes les entreprises, que chaque canal doit amener le client à faire ce qu'il souhaite, dans la limite du périmètre défini par l'entreprise, nous souhaitons proposer une solution simple (car la simplicité génère déjà de la satisfaction) qui, à

défaut de pouvoir maîtriser le parcours client, permettra d'orienter le client en le laissant choisir

à chaque instant. Donc, l'idée est partie des principes suivants :

- Il faut proposer l'ubiquité des points de contacts

- Il faut laisser le client choisir

- Il faut être présent à ses côtés s'il en a besoin

Nous allons donc présenter notre vision à l'aide de figures, pour mieux illustrer, tout au long de

notre explication.

1/ Il y a une multitude de points de contact (la liste qui suit n'est pas exhaustive) :

PUB TV

PRESSE

FRANCHISE

MOBILIER URBAIN

FORUM

MOTS-CLES GOOGLE

BANNIERE INTERNET

RADIO

CHAT

EMAILING

AVIS

MAGASIN

MAILING

SITE E-COMMERCE

RESEAUX SOCIAUX

PROSPECTUS

COMPARATEUR DE
PRIX

COUPONS DE
REDUCTION / ODR

48

2/ L'entreprise liste donc tous ses points de contact avec le client puis lui attribue une couleur,

selon le rôle qu'elle veut lui donner, par exemple :

- En rouge tous les canaux utilisés pour vendre

- En jaune, tous les canaux utilisés pour gérer l'après-vente

- En vert, tous les canaux utilisés pour faire de la promotion...etc.

A partir de là, l'entreprise va revoir tous ses canaux, un par un, et faire en sorte d'afficher clairement, lorsque cela est possible et sur chacun d'entre eux, la fonction de chaque canal.

Nous vous proposons un exemple sur la page suivante. Il ne s'agit que d'exemples et les cases peuvent être remplies selon les canaux existants dans l'entreprise, leurs fonctionnalités et les objectifs fixés. Cela peut aussi permettre d'ouvrir un nouveau canal car, en définissant précisément sa fonction, ses missions, son rôle, cela limite le risque de perdre l'objectif. Le but de cette démarche est d'orienter le client, en fonction des tâches à faible valeur ajoutée pour l'entreprise et qui peuvent être réalisées automatiquement (borne pour édition de facture, formulaire pré-rempli pour annulation de commande, etc.) et celles qui nécessitent l'intervention humaine. En optimisant la rentabilité de chaque canal, l'entreprise peut mieux placer ses ressources aux endroits qui ont été prévus.

PUB TV

Via Shazam* Via un QR Code**

PRESSE

SITE E-COMMERCE

Lien vers le site e-commerce

BANNIERE INTERNET

MAGASIN

Adresse magasin le plus proche + lien vers le site

EMAILING

Choisir son magasin + lien vers le site

RESEAUX SOCIAUX

49

* Application qui reconnaît un son et peut renvoyer sur un site à partir du son reconnu. ** Il s'agit d'un code barre 2D, quand on le flashe (comme si l'on prenait une photo) avec une application qui reconnaît ces codes, renvoie l'utilisateur vers un site.

Chaque point de contact a donc des règles, des principes auxquels l'entreprise ne devra jamais déroger. Si la présence ubiquitaire n'est pas possible, pour des raisons d'investissement par exemple (dans le cas d'une toute petite entreprise, un commerçant indépendant ou un artisan), il faut savoir se servir de ce que le monde technologique peut offrir : exemple géolocalisation Google gratuite, avis sur les forums gratuits et porteurs de valeur. En affectant des missions à chaque canal, cela permet au client de prendre la bonne direction sans qu'il n'ait l'impression d'y être contraint. Le canal, anciennement canal de distribution, devenu point de contact, a alors la fonction de canaliser le client.

Le client au centre

Vanheems (2011) parlait de « butinage cross-canal » et l'analyse qui va suivre s'inspire de cette notion. En partant du principe que tout doit passer par le client, à tous les niveaux de décision, dans tous les services, sur tous les canaux, tous les projets, sur l'organisation interne et externe et pour tout ce qui touche la vie du client en général, voici un outil qui nous aidera à « penser client » à chaque seconde de vie de l'entreprise. Le client doit être au centre de l'attention. Si l'on veut en permanence mettre le client au coeur des réflexions, n'oublions pas que : --psi l'on conceptualise trop, on en oublie le client

--psi l'on veut proposer un nouvel outil, d'abord partir des besoins du client --psi l'on veut proposer un produit, savoir ce que veut vraiment le client --psi l'on veut savoir ce que pense le client, lui permettre de s'exprimer --psi l'on veut restructurer l'entreprise, partir de ce qui bénéficiera au client etc.

En choisissant d'imager la relation client par une fleur, cela permet d'abord de retenir les principaux éléments recherchés :

-Fidélité (du client envers la marque)

-Langage Commun (à mettre en place pour se comprendre entre les canaux mais aussi entre le client et l'entreprise)

-Ecoute (du marché, du client, des équipes «terrain», etc.)

-Unicité (du client, du parcours qu'il faut prendre en compte)

-Rentabilité (améliorer les chiffres de l'entreprise)

Nous savons aujourd'hui que le client «butine» d'un canal à l'autre mais qu'il est aussi, le «nectar» de l'entreprise, celui sans qui, l'entreprise toute entière ne pourrait exister. Il est à la base de tout ; toutes les entreprises viennent le solliciter alors, pour le retenir, il faut le considérer comme le pistil d'une fleur qui relie chaque pétale et qui les nourrit. C'est pourquoi, représenter l'expérience client sous forme de fleur paraissait logique (car tout part du client puis revient à lui) et facile (pour la mise en application en situation opérationnelle).

Figure : La F.L.E.U.R. Expérientielle

50

Chaque pétale peut être rempli selon le projet de l'entreprise, du simple lancement d'une nouvelle offre à la restructuration totale de l'entreprise. Voici quels en sont les principes : il faut commencer par identifier tous les acteurs ou éléments concernés pour remplir les pétales (pour un projet simple, seuls quatre ou cinq pétales peuvent suffire selon le nombre d'intervenants concernés) ; une fois les pétales en place, considérer que tout part du client, et que chaque élément devra être pensé selon ce qui vient du client et ce qui revient au client (circuit identifié sur la figure avec les flèches qui partent du client puis reviennent au client). Une entreprise qui veut devenir «customer centric»67 peut se baser sur cette «FLEUR Expérientielle».

51

67 Op. cit.

52

Conclusion

Alors que Philippe Mauchamp écrivait « Cross-canal : un facilitateur d'achat pour une expérience client réussie », nous avons pu voir que dans la réalité, ce n'est pas si facile. En effet, l'expérience client dans un univers cross-canal revient à mettre de la subjectivité dans un monde démultiplié. Cela ajoute donc de la complexité. Pourtant, c'est avec de la simplicité et du concret que cela peut-être réussi, nous l'avons vu au travers des entretiens professionnels. Notre problématique était : « Expérience client et cross-canal : quels sont les enjeux de la cross-canalité dans le pilotage de l'expérience client ? ». Pour y répondre, nous avons vu que l'expérience client, pouvait être défini de trois manières différentes : un ressenti à un instant T, un ressenti tout au long du parcours d'achat et une accumulation de sentiments envers une marque après plusieurs interactions avec celle-ci. Ensuite, au-delà de la subjectivité qui peut lui être associée, l'expérience client peut passer par la création d'émotions ; en créant un effet «Wow» comme chez Zappos ou comme évoqué par Christophe Marée par exemple, mais plus globalement, en allant au-delà des attentes du client. Cela génère donc de la satisfaction qui est directement liée à l'expérience client, et c'est justement ce que recherchent les entreprises, la satisfaction du client. L'expérience client semble donc prendre de plus en plus de place dans la stratégie des entreprises et nous le voyons notamment au travers des publicités qui mettent en avant l'expérience à vivre et le contenu émotionnel68. Alors oui, les entreprises ont conscience de cet enjeu de l'expérience client et c'est un sujet qui se trouve au coeur des stratégies, mais dans un univers cross-canal, le pilotage de l'expérience client apparaît comme une difficulté. Autant le sujet peut paraître «excitant» pour les créatifs de l'entreprise, autant il peut s'avérer complexe et délicat pour les dirigeants d'entreprise, directeurs financier et directeurs des ressources humaines ; nous retiendrons en effet que l'expérience client passe par la transformation de l'entreprise et cette transformation passe par cinq étapes incontournables : redéfinir l'organisation, la stratégie, la politique de recrutement, penser la conduite du changement (acculturer les équipes) et le choix des technologies. Il semble alors indispensable d'opérer cette transformation dans les grandes entreprises. Les petites entreprises, sans être obligées de suivre les traces des grandes, peuvent aussi agir à leur niveau pour être présentes dans la vie des clients et leur laisser une trace positive. Si les entreprises se penchent sur ce sujet, c'est qu'il est maintenant considéré comme créateur de valeur, pour le client comme pour

68 Voir chez Bouygues Telecom http://innovations.bouyguestelecom.fr/trials/participez-a-l-experience-bbox-4g-toute-la-puissance-du-tres-haut-debit-mobile-a-domicile ou chez Maserati http://www.maserati.fr/maserati/fr/fr/index/maserati/driving-courses/master-italian-lifestyle-experience.html ou encore la vision de chez Ipsos au paragraphe « Catégorie : contenu créatif, pour 1000$ » sur http://www.ipsos.ca/fr/knowledge-ideas/ideas/articles/1304/tendences-actuelles-en-publicite/

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la marque : le client qui a vécu une belle expérience reviendra car il a aimé vivre un tel moment (Fidélisation), cela génèrera donc du chiffre d'affaires pour l'entreprise (Rentabilité améliorée), il communiquera autour de lui son expérience positive et se fera alors «avocat» et «porte-parole» de la marque (Langage commun entre la marque et le client). Le grand défi qui attend les entreprises est double :

- Comment savoir exactement ce que veut le client ? L'investissement dans des technologies utiles et l'échange permanent avec les équipes «terrain» (Ecoute).

- Comment gérer le besoin d'unicité du client ? (Unicité) Repenser le cross-canal : ne plus parler de canal de distribution mais de stratégie de canalisation, pour créer un chemin, une voie pour canaliser le client d'où qu'il vienne ?

Il sera alors utile de travailler sur les voies possibles pour apprendre à canaliser ce client dans un périmètre défini par l'entreprise, tout en lui laissant le choix et en satisfaisant son besoin d'unicité.

Il n'a pas été possible de répondre, de manière suffisamment concrète et détaillée, aux questions

suivantes : -l'expérience client constitue-t-elle un avantage concurrentiel et peut-on parler
de stratégie de différenciation ?69

-quelle est la place de l'expérience participative et de la production collaborative ?

En ce qui concerne l'expérience client, nous estimons qu'il y a, tout de même, un effet de mode évident car, sans les avoir cités précédemment, nous avons pu voir de très nombreux blogs, tweets et autres contributions sur la toile70 dont nous avons pu retirer et ressentir des tendances. Le travail sur l'expérience vécue est essentiel pour les entreprises car, sans aller jusqu'à transformer tous les magasins en parcs d'attraction, à l'image de plusieurs centres commerciaux américains71, réenchanter le quotidien passe par une multitude de petites attentions et actions au quotidien. C'est pourquoi, dans un second temps, le travail sur l'émotion, l'effet de surprise et la mesure de la satisfaction via les avis postés en ligne nous paraissent intéressants à creuser.

69 La réponse semblait positive à partir des lectures de la première partie mais le point n'ayant pas été suffisamment abordé lors des entretiens professionnels, cela fera l'objet de recherches ultérieures.

70 Les principaux et les plus intéressants qui nous ont inspirés sont : Relationclientmag.fr, Académie du Service, EspritServiceFrance via Twitter et le blog Sensduclient.com.

71 Exemple du Mall of America à Bloomington, Minessota

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VAN HOOREBEKE, D. (2008). L'émotion et la prise de décision. Revue française de gestion, 2(182), 33-44. Récupéré sur www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2008-2-page-33.htm

57

Annexes

Annexe 1- Guide d'entretien professionnel

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC (NOM)

· Bonjour Monsieur ou Madame (NOM), je vous remercie d'avoir accepté cet entretien

· Présentation (Professionnelle, personnelle, études) + problématique : « Expérience client et cross-canal : quels sont les enjeux de la cross-canalité dans le pilotage de l'expérience client ? + « Si cela vous intéresse, je vous remettrai mon mémoire une fois celui-ci terminé »

· Explication : pourquoi cette interview avec lui (ou elle) ? (citation d'un article, d'une interview ou d'un ouvrage de la personne interviewée)

· Durée 30 min

· Les limites identifiées : -Marques VS Enseignes, image, dimension transactionnelle

-Services VS Distribution, des enjeux différents ?

-Travail sur le rôle des émotions dans la prise de décision et l'importance des différents niveaux du cerveau (créer des réflexes, créer de l'émotion) : est-ce pris en compte dans les entreprises ?

· Quelle est votre définition de l'expérience client ? (noter les points importants et rebondir)

· Selon vous, quels sont les enjeux actuels de l'expérience client ? (idem)

· Quelle est votre définition du cross-canal ? (idem)

· Quelles sont les limites que vous avez identifiées ? (citer des exemples propres à la personne interviewée)

· En ce qui concerne mes limites identifiées : -Marques VS Enseignes ?

-Services VS Distribution ?

-Travail sur le cerveau et les émotions?

Quelle est votre opinion sur ces points ?

· Avez-vous d'autres points importants à évoquer, des suggestions ? Des pistes à creuser ? Des personnes à contacter en particulier ? Une direction à suivre ou ne pas suivre ?

· Remerciements

Annexe 2- Questionnaire particuliers

QUELLES EXPERIENCES VIVEZ-VOUS PENDANT VOS ACHATS?

Vos achats en magasin, sur le web et ailleurs...

Ce petit questionnaire dure environ 5 minutes et permettra de connaître vos attentes et vos expériences lors d'un achat! 1. OU AVEZ-VOUS DEJA EFFECTUE DES ACHATS? (cochez toutes les cases correspondantes)

· En magasin

· Par téléphone

· Par correspondance (VPC)

· Sur internet

· Sur les réseaux sociaux

· Sur une application smartphone

·

Lors d'émissions télévisées type téléshopping

·

Autre :

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58

VOS ACHATS EN MAGASINS

2. QU'EST-CE QUI VOUS DONNERA ENVIE DE REVENIR DANS UN MAGASIN APRES UN PREMIER ACHAT? (cochez toutes les cases correspondantes)

· L'agencement du magasin (jolie décoration, parcours fléchés)

· Le choix

· La proximité géographique

· La qualité de l'accueil

· Le prix

· Le programme de fidélité (chèque fidélité, points cumulés)

· La rapidité en caisse

· La qualité des conseils

· La disponibilité du personnel

· La qualité des produits

· La facilité d'accès (transports, parking)

· La notoriété de l'enseigne

· Le service après-vente

· Autre :

3. ET QUEL EST LE CRITÈRE LE PLUS IMPORTANT QUI VOUS DÉCIDE A ACHETER DE NOUVEAU DANS CE MAGASIN?

Page 3 de 7

VOS ACHATS EN LIGNE

4. QU'EST-CE QUI VOUS FERA ACHETER A NOUVEAU SUR UN SITE E-COMMERCE APRES UN PREMIER ACHAT? (cochez toutes les cases correspondantes)

· L'ergonomie du site (facilité de navigation)

· Le choix

· La notoriété du site, de la marque

· Le prix

· Le programme de fidélité

· Le service client (mail, chat, téléphone, réseaux sociaux)

· La gratuité des frais de livraison

· La qualité des produits

· Le retour des articles gratuit

· La possibilité d'aller en magasin si nécessaire (retirer une commande, faire une réclamation)

·

59

L'accessibilité 24/24

·

Autre :

5. ET QUELS EST LE CRITÈRE LE PLUS IMPORTANT QUI VOUS DONNERA ENVIE D'ACHETER A NOUVEAU SUR CE SITE E-

COMMERCE? (sélectionnez le critère le plus important)

Page 4 de 7

SATISFACTION ET INSATISFACTION LORS D'UN ACHAT

6. LORSQUE VOUS EFFECTUEZ UN ACHAT EN MAGASIN, QU'EST-CE QUI VOUS REND PARTICULIÈREMENT SATISFAIT DE VOTRE ACHAT? (choisissez ce qui vous apporte la plus grande satisfaction)

7. LORSQUE VOUS EFFECTUEZ UN ACHAT EN MAGASIN, QU'EST-CE QUI PEUT VOUS RENDRE PARTICULIÈREMENT INSATISFAIT? (choisissez ce qui risque de vous rendre particulièrement insatisfait)

8. LORSQUE VOUS EFFECTUEZ UN ACHAT EN LIGNE, QU'EST-CE QUI VOUS REND PARTICULIÈREMENT SATISFAIT DE VOTRE
ACHAT?
(choisissez ce qui vous apporte la plus grande satisfaction)

9. LORSQUE VOUS EFFECTUEZ UN ACHAT EN LIGNE, QU'EST-CE QUI PEUT VOUS RENDRE PARTICULIÈREMENT INSATISFAIT? (choisissez ce qui risque de vous rendre particulièrement insatisfait)

Page 5 de 7

RACONTEZ EN QUELQUES LIGNES...

10. RACONTEZ EN QUELQUES LIGNES UNE EXPÉRIENCE D'ACHAT MEMORABLE QUI ETAIT PARTICULIÈREMENT AGREABLE*(qu'est-ce qui vous a particulièrement plu?)

11. EST-CE QUE CETTE EXPERIENCE AGREABLE VOUS A RENDU FIDELE A L'ENSEIGNE/LA MARQUE?

12. RACONTEZ EN QUELQUES LIGNES UNE EXPÉRIENCE D'ACHAT PARTICULIÈREMENT DESAGREABLE (qu'est-ce qui vous a vraiment déplu?)

13. EST-CE QU'APRES CETTE EXPERIENCE DESAGREABLE, VOUS AVEZ RENONCE DEFINITIVEMENT A L'ENSEIGNE/LA MARQUE?

Page 6 de 7

ÉPROUVEZ-VOUS DES CRAINTES?

14. AVEZ-VOUS PEUR DES NOUVELLES PRATIQUES D'ACHAT SUIVANTES :

· PAIEMENT CB EN LIGNE

· PAIEMENT SANS CONTACT EN MAGASIN

· ENREGISTREMENT DES NUMEROS DE CARTE BANCAIRE SUR LES SITES

· AUCUNE CRAINTE

· Autre :

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QUELQUES INFOS GÉNÉRALES...

C'EST PRESQUE FINI...

15. VOUS ÊTES: e

16. ÊTES-VOUS:

17. QUEL ÂGE AVEZ-VOUS?

18. AVEZ-VOUS DES ENFANTS?

Annexe 3- Résultats du questionnaire

1. OU AVEZ-VOUS DEJA EFFECTUE DES ACHATS?

En magasin

97.7 %

Par téléphone

25.3 %

Par correspondance (VPC)

42.5 %

Sur internet

96.6 %

Sur les réseaux sociaux

4.6 %

Sur une application smartphone

33.3 %

Lors d'émissions télévisées type téléshopping

14.9 %

Autre

5.7 %

 

2. QU'EST-CE QUI VOUS DONNERA ENVIE DE REVENIR DANS UN MAGASIN APRES UN PREMIER ACHAT?

L'agencement du magasin (jolie décoration, parcours

fléchés)

55.2%

Le choix

79.3%

La proximité géographique

60.9%

La qualité de l'accueil

70.1%

Le prix

88.5%

Le programme de fidélité (chèque fidélité, points cumulés)

29.9%

La rapidité en caisse

44.8%

La qualité des conseils

44.8%

La disponibilité du personnel

48.3%

La qualité des produits

74.7%

La facilité d'accès (transports, parking)

58.6%

La notoriété de l'enseigne

19.5%

Le service après-vente

33.3%

Autre

1.1 %

 

3.

60

ET QUEL EST LE CRITÈRE LE PLUS IMPORTANT QUI VOUS DÉCIDE A ACHETER DE NOUVEAU DANS CE MAGASIN? QU'EST-CE QUI VOUS FERA ACHETER A NOUVEAU SUR UN SITE E-COMMERCE APRES UN PREMIER ACHAT?

L'agencement du magasin (jolie décoration, parcours fléchés)

1.1 %

Le choix

21.8 %

La qualité de l'accueil

13.8 %

Le prix

25.3 %

Le programme de fidélité

0 %

La rapidité en caisse

2.3 %

La qualité des conseils

2.3 %

La disponibilité du personnel

0 %

La qualité des produits

25.3%

La facilité d'accès (transports, parking)

2.3 %

La notoriété de l'enseigne

1.1 %

Le service après-vente

0 %

La proximité géographique

4.6 %

Autre

0 %

 

L'ergonomie du site (facilité de navigation)

56.3%

Le choix

58.6 %

La notoriété du site, de la marque

21.8 %

Le prix

90.8 %

Le programme de fidélité

5.7 %

Le service client (mail, chat, téléphone, réseaux sociaux)

44.8 %

La gratuité des frais de livraison

72.4 %

La qualité des produits

64.4 %

Le retour des articles gratuit

48.3 %

La possibilité d'aller en magasin si nécessaire (retirer une commande, faire une réclamation)

L'accessibilité 24/24

28.7 %

42.5 %

Autre

6.9 %

 

4. ET QUELS EST LE CRITÈRE LE PLUS IMPORTANT QUI VOUS DONNERA ENVIE D'ACHETER A NOUVEAU SUR CE SITE E-COMMERCE?

L'ergonomie du site

8 %

Le choix

8 %

La notoriété du site

3.4 %

Le prix

31 %

Le programme de fidélité

0 %

Le service client

10.3 %

La gratuité des frais de livraison

9.2 %

La qualité des produits

12.6 %

Le retour des articles gratuit

6.9 %

La possibilité d'aller en magasin si nécessaire

4.6 %

L'accessibilité 24/24

5.7 %

Autre

0 %

 

5. LORSQUE VOUS EFFECTUEZ UN ACHAT EN MAGASIN, QU'EST-CE QUI VOUS REND PARTICULIÈREMENT SATISFAIT DE VOTRE ACHAT?

Ce qui concerne le prix (rapport qualité-prix, prix bas...) 46 %

4.6 %

4.6 %

2.3 %

0 %

10.3 %

Ce qui concerne le produit acheté (la qualité, la marque...) 29.9 %

Ce qui concerne le moment passé dans le magasin (parcours agréable, rayons propres, bien agencés...)

Ce qui concerne les gens que vous avez vu (personnel disponible, interactions avec d'autres clients...)

Ce qui concerne les informations reçues (les conseils, l'affichage...)

Ce qui vous a surpris (une nouvelle technologie, une chorégraphie géante type flashmob...)

Ce qui concerne le temps passé (assez rapide, pas d'attente, vous avez pu prendre le temps nécessaire...)

Rien de tout cela 2.3 %

7. LORSQUE VOUS EFFECTUEZ UN ACHAT EN MAGASIN, QU'EST-CE QUI PEUT VOUS RENDRE PARTICULIÈREMENT INSATISFAIT?

Ce qui concerne le prix 9.2 %

Ce qui concerne le produit 20.7 %

Ce qui concerne le moment passé dans le magasin 5.7 %

Ce qui concerne les gens que vous avez vu (personnel, clients...) 41.4 %

Ce qui concerne les informations reçues 5.7 %

Ce qui vous a surpris, que vous n'attendiez pas 1.1 %

Ce qui concerne le temps passé sur place 10.3 %

Rien de tout cela 5.7 %

8. LORSQUE VOUS EFFECTUEZ UN ACHAT EN LIGNE, QU'EST-CE QUI VOUS REND PARTICULIÈREMENT SATISFAIT DE VOTRE ACHAT?

Ce qui concerne le prix (rapport qualité-prix, prix bas...) 46 %

14.9 % 1.1 % 10.3 % 1.1 %

0 %

Ce qui concerne le produit acheté (la qualité, la marque...) 17.2 %

Ce qui concerne le moment passé sur le site (fluidité de navigation, pages agréables, facilité de recherche...)

Ce qui concerne des offres spéciales suite à votre achat (cashback, jeu-concours, offre sur un prochain achat...)

Ce qui concerne les informations données (les descriptifs produits, les avis clients...)

Ce qui vous a surpris (un site qui se démarque des autres, une technologie que vous ne connaissiez pas...)

Ce qui concerne l'analyse de vos envies (historique de navigation, suggestions...)

Ce qui concerne le temps consacré à cet achat 5.7 %

Rien de tout cela 3.4 %

9. LORSQUE VOUS EFFECTUEZ UN ACHAT EN LIGNE, QU'EST-CE QUI PEUT VOUS RENDRE PARTICULIÈREMENT INSATISFAIT?

Ce qui concerne le prix 5.7 %

Ce qui concerne le produit acheté 26.4 %

Ce qui concerne le moment passé sur le site 10.3 %

Ce qui concerne des offres générées suite à votre achat 12.6 %

Ce qui concerne les descriptifs produits 10.3 %

1.1 %

12.6 %

Ce qui vous a surpris (une technologie que vous ne connaissiez pas...)

Ce qui concerne l'analyse de vos envies (collecte des données...)

Ce qui concerne le temps consacré à cet achat 5.7 %

Rien de tout cela 14.9 %

10. RACONTEZ EN QUELQUES LIGNES UNE EXPÉRIENCE D'ACHAT MEMORABLE QUI ETAIT PARTICULIÈREMENT AGREABLE

(Réponses disponibles sur simple demande sur scgleger@gmail.com)

11. 61

EST-CE QUE CETTE EXPERIENCE AGREABLE VOUS A RENDU FIDELE A L'ENSEIGNE/LA MARQUE?

Oui 72 82.8 %

Non 15 17.2 %

12. RACONTEZ EN QUELQUES LIGNES UNE EXPÉRIENCE D'ACHAT PARTICULIÈREMENT DESAGREABLE

(Réponses disponibles sur simple demande sur scgleger@gmail.com)

13. EST-CE QU'APRES CETTE EXPERIENCE DESAGREABLE, VOUS AVEZ RENONCE DEFINITIVEMENT A L'ENSEIGNE/LA MARQUE?

Oui 57 65.5 %

Non 30 34.5 %

14. AVEZ-VOUS PEUR DES NOUVELLES PRATIQUES D'ACHAT SUIVANTES:

PAIEMENT CB EN LIGNE 25.3 %

67.8 %

PAIEMENT SANS CONTACT EN MAGASIN 33.3 %

ENREGISTREMENT DES NUMEROS DE CARTE BANCAIRE SUR LES SITES

AUCUNE CRAINTE 23 %

Autre 1.1 %

15. VOUS ÊTES:

UNE FEMME 74.7 %

UN HOMME 25.3 %

16. ÊTES-VOUS:

EN COUPLE 74.7 %

CELIBATAIRE 19.5 %

VIVANT CHEZ VOS PARENTS 2.3 %

EN COLOCATION 0 %

DIVORCE(E), VEUF(VE) 3.4 %

17. QUEL ÂGE AVEZ-VOUS?

18-24 ANS 4.6 %

25-34 ANS 56.3 %

35-49 ANS 27.6 %

50-65 ANS 10.3 %

+ DE 65 ANS 1.1 %

18. AVEZ-VOUS DES ENFANTS?

NON 40.2 %

1 ENFANT 26.4 %

2 ENFANT 23 %

3 ENFANTS OU + 10.3 %






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault