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Quelle politique industrielle pour le secteur des assurances au Maroc

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par Zakaria BENJOUID
Université Hassan 1er - Licence 2006
  

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C- Les défis du secteur :

Le secteur des assurances, comme tout autre secteur, est de plus en plus touché par le phénomène de mondialisation et son corollaire la libéralisation. Il est donc normal que les entreprises industrielles et les prestataires de services qui opèrent sur un marché de plus en plus global, sentent le besoin d'être soutenus par leurs assureurs.

La recherche de gains d'efficacité, à travers la diversification des risques, la réduction des coûts, les économies d'échelle, les opportunités de croissance dans les pays émergents à fort potentiel comparés aux pays développés et le suivi des clients, constituent les principales motivations des compagnies d'assurances pour la recherche de profits sous d'autres cieux.

La conclusion de l'accord sur la libéralisation des services financiers en 1997, entré en vigueur le 1er mars 1999 dans le cadre du General Agreement on Trade in Services (GATS), s'est traduite par l'engagement de plus de 100 pays en faveur d'une libéralisation du secteur des assurances.

4. La libéralisation :

Au Maroc, la libéralisation est venue pour clore plusieurs années agitées: liquidation, assainissement... Elle consistera en la mise en place de tarifs élaborés sur des bases statistiques ayant le consensus du marché et validées par la Direction des assurances, au lieu de leur homologation.

L'objectif est de déterminer un tarif représentatif pour chaque branche d'assurance. Pour cela, les compagnies doivent constituer une banque de données statistiques au niveau de la Fédération Marocaine des Sociétés d'Assurances et de Réassurance. Par la suite, ce tarif doit être proposé et appuyé par une étude statistique, à la Direction des assurances qui doit en principe proposer des ajustements au cas où les tarifs avancés sont jugés insuffisants. Les compagnies d'assurances ont la possibilité de réviser leurs tarifs une fois par an. Cette révision est soumise à l'approbation préalable de la Direction des assurances.

Cette libéralisation qui était programmée initialement à partir de 2001 a été reportée vers une date ultérieure en raison de plusieurs motifs invoqués par les sociétés d'assurances: situation financière du secteur modeste eu égard à la santé de la bourse marocaine ces dernières années, structure du marché qui ne cesse de changer de physionomie avec la vague des fusions-acquisitions et surtout, manque de préparation au niveau technique et statistique pour la majorité des compagnies d'assurances.

Depuis la libéralisation des tarifs en 2001, les assurances sont invitées à plus de transparence. Ainsi, en entamant leur mue, elles se restructurent à coups de rapprochements de fusions et d'alliances, et se réorganisent.10(*)

5. La tendance à la concentration :

Le secteur des assurances au Maroc, à l'instar des autres secteurs de par le monde, a connu et connaît ces derniers temps une vague de concentration sans précédent, qui va dans le sens de la libéralisation des marchés, conformément aux accords signés dans le cadre de l'Organisation Mondiale du Commerce, afin de bénéficier de l'ouverture et de la globalisation dans les services financiers.
Ce secteur est, désormais, concentré, principalement autour des groupes: RMA-Al Watanyia, AXA-ONA, Wafa-assurances et Atlanta-Sanad.

En effet, le groupe Finance.com a été reconfiguré après le rachat, auprès du groupe Français d'assurance GAN, de 67% de la compagnie Al Wataniya et de 85% de l'Alliance Africaine par BMCE BANK et la RMA.

Cette opération de rapprochement a consolidé la place du groupe Finance.com sur l'échiquier assuranciel marocain, avec une confortable part de marché de plus de 23,3% en 1999 selon les données publiées par la Direction des Assurances et de la Prévoyance Sociale (12,3% pour Al Wataniya, 7,1% pour la RMA et 3,9% pour l'Alliance Africaine).

Ce rapprochement permettra à Al Wataniya de devenir l'un des géants acteurs de l'assurance au Maroc avec près de 600 collaborateurs, plus de 70 agences et bureaux ainsi que près de 169 courtiers.

Par ailleurs, une décision a été prise par le groupe ONA, en septembre 1999, de sceller un partenariat avec AXA, le leader mondial français de l'assurance, à travers la Compagnie Africaine d'Assurance (C.A.A.), la société d'assurance du dit groupe.

Le nouveau holding créé détient 100% de la nouvelle compagnie AXA Assurance Maroc qui a résulté de la fusion entre la C.A.A. et AXA-Al Amane et il est détenu à 51% par AXA et 49% par ONA.

La nouvelle entité peut s'adjuger une part du marché national d'assurance de l'ordre de plus 20,7% selon les chiffres de 1999 (11,7% pour la C.A.A. et 9% pour AXA Al Amane).

Tous ces éléments ont valu à AXA Assurance Maroc des résultats importants. En effet et avec un effectif de 600 personnes et un réseau de distribution constitué de 80 agents généraux et 150 courtiers partenaires, cette compagnie possède 15 milliards de dirhams d'actifs gérés, 8 milliards de provisions techniques et 3 milliards de fonds propres ainsi qu'un chiffre d'affaires de 2.2 milliards en 2005.

Enfin, parmi les éléments concernant la concentration au sein du secteur, le groupe Holmarcom contrôle la société Sanad, qui représente une part de marché de plus de 5%.

6. La bancassurance :

La bancassurance est une pratique qui a vu le jour au Maroc, en fait, depuis plusieurs années. En effet, c'est vers la moitié des années 70 (1973), avec la convention d'assistance de rapatriement de corps, destinée initialement aux marocains résidant à l'étranger lors de leur déplacement, que cette technique est née. Elle s'est développée depuis une dizaine d'années avec la vente des produits d'assurances par les banques à travers les contrats groupe ouverts.

La bancassurance a pu trouver un terrain de développement au Maroc notamment à la suite des processus de concentration et de transformation en cours dans le secteur financier marocain tout entier. Dans ce cadre, la bancassurance, c'est à dire la distribution de produits bancaires et d'assurances par un même réseau est l'un des signes les plus tangibles d'un processus de rapprochement progressif entre les activités bancaires classiques et celles de l'assurance.

L'importance qu'a prise cette pratique est démontrée par la distribution de 10% des produits d'assurances qui se fait via les banques pour un chiffre d'affaires, avec une précision que la branche vie représente plus de 90% du chiffre d'affaires de l'activité bancassurance alors qu'en sens inverse plus de 5% du chiffre d'affaires global de la branche vie du secteur des assurances est issu de la bancassurance.

Quatre principales stratégies sont possibles pour rapprocher la banque de l'assurance et donner naissance ainsi à la bancassurance. Il s'agit de la signature d'un accord de distribution entre la banque et la compagnie d'assurances; la signature d'un partenariat avec prise de participation stratégique entre les deux établissements; la création d'une compagnie d'assurances commune entre les deux parties et enfin la mise en place d'une filiale d'assurances de la banque en question.

Plusieurs raisons plaident pour un rapprochement entre banquiers et assureurs, on peut citer entre autres:

v Le fait que le marché de l'assurance vie (seul touché par la bancassurance) est attrayant pour les banques, tant du point de vue des marges de profit que des possibilités de croissance;

v Dans un pays où les rites sociaux et religieux ne sont pas toujours favorables au développement de l'assurance, la culture de la clientèle bancarisée peut, en quelque sorte, permettre de vulgariser un peu plus le message de l'assurance;

v L'offre de produits vie va permettre aux banques de réaliser d'importantes économies d'échelle et de développer leur chiffre d'affaires en améliorant la productivité de leur réseau;

v Le banquier dispose d'un réseau d'informations utiles sur ses clients qui lui donne un avantage certain pour vendre les produits d'assurance;

v L'exploitation des effets de synergie banque/assurance à travers notamment la réduction des coûts administratifs et informatiques;

v La bancassurance est un moyen stratégique de fidélisation de la clientèle et de diversification de l'offre des produits et services;

v Et enfin, il y a les fortes participations stratégiques des compagnies d'assurances dans les capitaux des établissements bancaires.

Au Maroc plusieurs alliances et rapprochements ont vu le jour dans le cadre de l'exploitation des gisements de la bancassurance, on peut citer par exemple: la BMCE BANK avec la RMA et Al Wataniya, Wafabank avec Wafa-Assurance, la BMCI avec l'ex société Al Amane, la BCM avec la CAA et enfin le groupe Banques Populaires qui a signé un accord de partenariat avec Al Amane.
Un dernier rapprochement a été élaboré entre la Marocaine-vie et le groupe Société Générale. En effet, la Société Générale Marocaine de Banques, quatrième banque privée au Maroc vient d'acquérir 14,97% du capital de la dite compagnie, alors que la SOGECAP, filiale du groupe Société Générale et cinquième compagnie d'assurance vie en France, a acquis quant à elle 35,05%.

Le potentiel du développement de la bancassurance au Maroc est important, en témoignent les participations croisées entre banques et sociétés d'assurances ainsi que la vague de concentration que connaît aussi bien le secteur bancaire que celui des assurances.

7. L'assurance maladie obligatoire :

L'Assurance Maladie Obligatoire (AMO) est l'un des dossiers les plus consommés ces derniers temps pour les opérateurs du secteur des assurances mais aussi, pour tout un pays où 80% de la population est exclue de la couverture sanitaire. Ceci démontre que le secteur des assurances est au coeur de la problématique sociale.

La mise en oeuvre de l'AMO serait de bon augure pour toute l'économie nationale dans la mesure où elle constituera un canal de la redistribution des richesses par le biais du principe de la solidarité qui est la base de tout système de couverture généralisée. L'AMO sera également un stimulateur de la création d'emplois directs et indirects dans plusieurs branches telles que l'industrie pharmaceutique, les métiers médicaux et paramédicaux ainsi que dans le secteur des assurances et dans bien d'autres services. En tablant sur une consommation médicale de 6 milliards de dirhams, dans ses différents blocs (hospitalisation, soins ambulatoires et pharmacie), l'AMO sera un facteur de relance de l'économie et de résorption du chômage.

Le projet présenté par le comité d'experts, stipule que l'AMO, qui ne constituerait plus qu'une partie du programme de la couverture médicale obligatoire en plus du RAMED (Régime d'Assurance Maladie pour les Economiquement Défavorisés), sera gérée selon une approche bipolaire, confiant ainsi la gestion du régime de base pour les salariés privés à la CNSS, alors que c'est la CNOPS qui se chargera de la gestion de la couverture médicale des fonctionnaires et agents assimilés.

La couverture complémentaire et optionnelle sera, quant à elle, confiée aux compagnies d'assurances privées. Tout ce système sera sous la gouvernance d'une agence publique, l'ANAM (Agence Nationale de l'Assurance Maladie), chargée de la régulation et du contrôle du fonctionnement de ses différents maillons.

Selon les études qui ont été faites par la CNSS, l'AMO concernerait 2,5 millions de salariés et pourrait profiter à près de 8 millions de personnes en comptabilisant les familles des assurés, les retraités et invalides, alors qu'actuellement la sécurité sociale ne couvre que 1,4 million de salariés du secteur privé.

Le choix de la CNSS comme organisme chargé de gérer le dossier de l'assurance maladie obligatoire a soulevé beaucoup de critiques de la part des compagnies privées d'assurances et a suscité une forte polémique. Les autorités chargées du dossier avancent plusieurs arguments en faveur de la prise en charge du dossier par la CNSS : tout d'abord, la CNSS possède un potentiel historique d'expériences en matière de gestion des risques d'indemnité journalière de maladie et des conventions internationales de sécurité sociale avec des organismes de pays étrangers au profit des marocains résidant à l'étranger, mais il y a surtout le fait que selon les responsables il n'existe pas un pays où une telle réforme a été confiée aux opérateurs privés, vu la sensibilité et l'importance économique, financière et sociale de la dite réforme.

Les assureurs privés représentés par la FMSAR estiment, pour leur part, qu'ils ont une longue expérience en matière d'assurances et qu'ils sont plus proches des assurés avec une présence sur tout le territoire et une couverture de plus d'un million de personnes, soit le tiers des salariés du secteur privé.

Selon la FMSAR, l'AMO doit se baser sur certains principes fondateurs qui serviront de cadre à ce projet : il y a tout d'abord le respect des principes de solidarité et de mutualisation des risques, le respect de l'équilibre financier du système pour qu'il n'y ait pas de gouffre financé et subventionné par le budget de l'Etat et enfin la nécessité de la transparence et de la bonne gouvernance du régime.

Quant aux moyens de financement, le taux de cotisation à l'AMO serait, selon la dernière mouture présentée, de 6% (à moitié entre part patronale et part salariale), l'enveloppe nécessaire à la couverture des salariés du privé serait de 1,5 milliard de dirhams. Les taux de remboursement varieront entre 50% et 60% pour des prestations fournies relatives aux soins ambulatoires, à l'hospitalisation et aux médicaments. Pour les fonctionnaires c'est l'Etat qui interviendrait via le budget du ministère de la Santé pour verser les cotisations nécessaires.

Par ailleurs, signalons que l'entrée en vigueur de l'AMO serait échelonnée dans le temps. Ainsi, durant une période transitoire de deux à trois années, les personnes resteront assurées auprès des organismes où ils le sont actuellement et le changement d'affiliation se fera au fur et à mesure sur une durée triennale.11(*)

Actualités

RMA-Watanya toujours en pole position

Selon les dernières statistiques de la Fédération Marocaine des Sociétés d'Assurance et de Réassurance (FMSAR), les primes émises par le secteur des assurances au Maroc se sont élevées à 12,8 MMDH en 2005, en progression de 7,4% par rapport à l'année précédente. Cette performance favorable est notamment tributaire du bon comportement de la Branche Vie dont les ventes se sont appréciées de 13,4% à 3,27 MMDH.

Le chiffre d'affaires du pôle Non Vie a présenté, quand à lui, une évolution plus timide, s'élevant de 5,4% à 9,47 MMDH.

Par opérateur, RMA-Watanya enregistre un volume d'activité en amélioration de plus de 13% à 2,9 MMDH en 2005, polarisant ainsi 22,7% du chiffre d'affaires global du secteur. Les parts de marché de la compagnie sur les segments Vie (23,6%) et Non Vie (22,3%) attestant de son leadership dans son secteur.

Pour sa part AXA Assurances Maroc affiche une contribution de 2,2 MMDH établissant sa part de marché à 17,3% pour une croissance contenue à 0,6% seulement. La Marocaine Vie s'est, quant à elle, illustrée suite à une envolée de plus de 70% de son chiffre d'affaires en 2005 à 543 MMDH.

Rappelons, par ailleurs, que la concurrence sur ce secteur sera prochainement accentuée face à la libéralisation imminente de l'assurance automobile, ce qui devrait amener les différents opérateurs une politique commerciale plus agressive.

 
 
 

Le matin éco. Lundi 3 avril 2006

* 10 Voir Annexe : "Maroc Hebdo International - N° 581 - Du 21 au 27 Nov. 2003"

* 11 Voir Annexe : "Régime de l'assurance maladie obligatoire de base"

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