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Quelques éléments théorique et empiriques sur la vision des techniques et des sciences d'étudiants de L3 en cursus scolaire scientifique et non scientifique

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par Yannick RIVERA
Université de Grenoble - Sciences de l'éducations - Master 1 2006
  

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Le rapport de l'individu à l'instrument

L'artefact: une boite noire pour l'utilisateur

L'utilisation d'un artefact embarque toute une série de théories scientifiques ou d'expériences préalables qui ont servie à le construire. Ces théories et ces expériences sont de natures différentes suivant l'objet ou l'outil, il est évident que l'arc, l'ordinateur, ou l'organisation sociale ne supportent pas la même charge de principes sous-jacents. Il convient de rappeler que chaque utilisation d'artefact présuppose une quantité de théorie plus ou moins visible par l'utilisateur. L'action de l'objet et l'activité menée par l'utilisateur viennent en fin de course, après les phases de construction et éventuellement de recherche en laboratoire.

L'instrument est une théorie matérialisée (Gaston Bachelard, 1934), il émane de lui toute une série de concepts et de principes scientifiques précédent l'activité empirique. Ces théories peuvent paraître anecdotiques à l'utilisateur de l'artefact pour qui seule compte l'efficience locale de l'objet. Richard (1983), rappelle que lorsqu'un sujet apprend à utiliser un appareil, son objectif est en premier lieu de trouver une procédure pour atteindre le résultat qui l'intéresse. Ce n'est que s'il lui est impossible de réussir sans comprendre, qu'il s'intéresse au fonctionnement. Pour Simondon (1969), le sens de l'objet technique est son fonctionnement. Il défini l'objet technique comme le rapport entre le vivant et le milieu naturel.

De la même manière, la démonstration technique se résigne à ne présenter l'objet qu'en situation de fonctionnement, la preuve de la technique se fait par son application à l'environnement adéquate, prévue dans le projet initial de sa construction, et avec peu de prises en considération de ses concepts scientifiques fondateurs. Dans cette conception de la technique l'artefact constitue une boite noire où gisent les concepts scientifiques inhérents à sa genèse. L'utilisateur n'a que peu d'intérêts à être renseigné sur ses principes fondateurs durant une utilisation normale de l'objet -même il peut être amené à se questionner sur sa conception lors de problèmes d'utilisation.

Si l'artefact est considéré, lors de son utilisation, comme une boite noire entre l'effet souhaité et les phénomènes à l'origine de la transformation, alors l'utilisateur n'a accès qu'aux conséquences sans pouvoir questionner les différents processus intermédiaires. Cette métaphore de la boite noire est particulièrement identifiable en informatique. Si l'interface graphique me propose de vider la corbeille, il est impossible de connaître les technologies opérantes à l'intérieur de la machine. Seule la métaphore au vidage est accessible à l'utilisateur afin de faciliter l'utilisation de l'artefact.

L'insuffisance de transparence du système peut se révéler perturbatrice en empêchant les opérateurs de faire les tests expérimentaux nécessaires au contrôle des hypothèses issues de l'observation. « Les représentations des opérateurs prennent alors la forme d'attentes floues gérées par des précautions multiples et, parfois même, des rites. » (Rabardel, 1995, p150).

Si l'utilisateur reste éloigné de l'avancée des savoirs crées par la science, enfermé dans les effets locaux des objets, alors il ne peut pas atteindre les origines du phénomène et se construire une conceptualisation de l'instrument. Ces hypothèses non évaluées peuvent constituer des croyances en voie d'être adoptées. Même si elles ne sont pas justifiées rationnellement, elles fournissent une certaine quiétude à l'utilisateur.

Cette interface que crée l'objet lui même entre les savoirs en amont de l'objet et les effets en aval peut empêcher tout utilisateur de techniques de rationaliser et de comprendre son environnement proche. Suivant cette approche, la production et l'utilisation d'objets techniques, dont la représentation comporterait des dimensions superstitieuses, créerait non pas une compréhension du monde comme le fait la science, mais véhiculerait une méconnaissance de l'environnement.

Cette méconnaissance de ce qui nous entours irait de paire, paradoxalement, avec l'augmentation des affordances17(*) fournis par l'environnement.

Une transparence dans la conception de l'artefact permettrait à l'opérateur d'ancrer ses représentations sur des invariants fiables permettant une utilisation expérimentale de l'instrument. L'opérateur pourrait alors utiliser les informations pour les confronter à une variété de situations et élaborer des règles. Par opposition à la boite noire, cette conception anthropocentrique de la technique est nommée « métaphore de la boite de verre » (Rabardel, 1995, p146).

* 17 Une affordance est une action potentielle qu'il est possible de faire dans un environnement (Ohlmann, 2006). Elles dépendent des propriétés physiques de l'environnement, du sujet qui s'y réfère et de la situation. A titre de rappel il convient ici de faire la distinction entre affordance et vicariance. Un objet est vu comme une collection d'affordances (pour un individu et une situation donné) et les individus agiraient selon plusieurs éléments comme les stratégies ou les processus organisés en vicariances. L'affordance réfère aux objets alors que la vicariance renvoie à l'individu. L'action correspond donc à la mise en correspondance des vicariances disponibles chez l'individu et des affordances permises par l'environnement en fonction de l'individu et de la situation.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore