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Quelques éléments théorique et empiriques sur la vision des techniques et des sciences d'étudiants de L3 en cursus scolaire scientifique et non scientifique

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par Yannick RIVERA
Université de Grenoble - Sciences de l'éducations - Master 1 2006
  

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Profils des étudiants en fonction du parcours scolaire

Les deux tableaux présentés ci dessous rappellent les différences significatives observées en fonction des deux modalités de la VI « Parcours scolaire » (EPS Vs EPNS) et des différentes VD.

 

Item 402C

Item 40211

Item 40413

Item 90611

EPS

Déclarent plus choisir une technique en fonction de la situation.

Portent plus leurs réponses vers, au minimum, une prise de décision en fonction des ingénieurs et/ou scientifiques.

Répondent plus en fonction d'une utilisation jugée « à bon escient » des techniques.

 

EPNS

 

Déclarent plus ne pas s'y connaître suffisamment pour répondre, ne pas pouvoir répondre ou ne pas comprendre.

 

Déclarent plus ne pas s'y connaître suffisamment pour répondre ou ne pas comprendre.

 

Item 402C

Filles

Déclarent plus choisir une utilisation fréquente afin d'avoir un maximum d'aide et limiter les difficultés.

Conclusions et ouvertures

S'il est difficile de donner une définition claire à la culture scientifique et technique, il est possible de différencier certaines représentations déclarées par les étudiants. La connaissance de ce qu'est la démarche scientifique et de l'apport des techniques dans notre société reste au coeur des enjeux sociaux actuels. L'influence d'une approche rationnelle et scientifique du monde peut apparaître antagoniste à l'utilisation des techniques qui nous entourent. En effet si le progrès technique propose de nouveaux outils afin d'appréhender le monde alentour, la question de l'appropriation technique reste entière. Les flux technologiques semblent constamment renouveler les repères des utilisateurs et créer ainsi une part de mystification du monde. L'étude de la mesure de cette évolution des connaissances et des méconnaissances des utilisateurs en action n'a pas pu être menée dans le cadre de ce mémoire. Selon Rabardel (1995), le phénomène de genèses instrumentales transforme l'instrument ainsi que l'utilisateur, dès lors, il convient de se questionner sur les changements que cela implique dans notre société.

Nous avons différencié les élèves interrogés par le type de cursus scolaire qu'ils poursuivaient. La difficulté de généralisation d'une telle étude réside dans le fait que l'on se confronte à une mosaïque complexe où les attitudes, les connaissances et les domaines d'intérêts ne peuvent se ramener à une valeur moyenne. L'étude des résultats nous permet de dresser toutefois un profil succinct des étudiants interrogés. Il a été vu que les EPS, dans le cadre de l'étude, montrent une plus grande prise en considération de la situation lors de l'utilisation d'une technique. Ce recul et cette prise en compte des paramètres de la situation montrent une évaluation des affordances, disponibles ou choisies, différentes de celle des EPNS.

Les EPNS montrent une grande frilosité à exprimer une opinion sur des thèmes scientifiques, pourtant sans contenu, nécessitant une vision citoyenne de la régulation des décisions sociales. La vision technocratique qu'ils entretiennent sur les questions d'ordre social pourrait refléter l'appel à l'autorité qu'ils déclarent subir aussi aussi plus que les EPS.

Ces différences de représentation que nous avons tenté de mettre en avant peuvent révéler une individuation face à la technique différente entre les deux groupes. Nous avons tenté de voir si le type d'études suivies influençait le rapport à l'environnement au travers des représentations de la technique. Il semblerait que les cursus scolaires scientifiques permettent une plus grande individuation des individus vis à vis de la technique et des sciences que les cursus dit non scientifiques. C'est à dire que l'individu établirait différemment sa place dans le monde technique. Une nouvelle possibilité lui serait permise : celle d'être moins sujet aux pressions de son environnement.

Face à la recrudescence des objets techniques et des questions scientifiques qui nous entourent et impliquent des choix de société, un tel enjeu n'est pas à négliger. Une désindividuation, due aux représentations des sciences et des techniques, va à l'encontre d'une production d'élèves possédant et utilisant des outils intellectuels leur permettant l'insertion équilibrée dans le groupe société. Les systèmes d'enseignement et de formation ainsi que les institutions créatrices de savoirs ont un rôle à jouer dans ces processus d'émancipation. Cette différence de représentation que ce font les élèves interrogés, nous paraît pouvoir être à l'origine d'une séparation dominés/dominants influençant des choix et des visions de la société.

La responsabilité de cette vision libérale de l'individu face aux techniques et aux sciences s'articule autour de la notion de construction de l'esprit scientifique chez les individus. Il représente plus une méthode de réflexion et une approche de l'environnement, que des connaissances déclaratives. Persister, entre autres, dans la poursuite de la spectacularisation festive des sciences et dans l'animation de débats qui n'ont aucune vocation sociopolitique, puisqu'ils sont déconnectés des décisions, peut donner une vision décalée de la science et induit des représentations biaisées. Quels autres moyens peuvent être mis en place afin de limiter ces biais de représentations perceptibles chez certains individus?

L'impact des sciences, des priorités publiques et privées de recherche et des technologies sur la vie des sociétés, fait qu'il ne peut plus y avoir de démocratie, sans une nouvelle aptitude des citoyens à orienter les choix scientifiques et technologiques qui sont faits par les pouvoirs publics, les laboratoires et les entreprises. L'approche citoyenne se définit alors comme la mise en aptitude des citoyens à procéder collectivement à ces choix. On parle aussi d'approche citoyenne pour caractériser des procédures et des méthodes de coproduction de connaissances, de technologies et de solutions à des problèmes concrets associant des mouvements de la société civile avec des institutions scientifiques.

L'objet technique n'est objet de connaissance que lorsqu'il est restitué dans le processus de sa genèse. La compréhension de l'objet industriel ne peut se faire qu'en l'insérant dans le courant évolutif qui l'a produit. Il est impossible de produire une connaissance de l'objet technique, si on le coupe de sa genèse. L'objet d'étude de la technologie (au sens du logos), ce n'est pas l'objet isolé, mais l'objet restitué dans le processus de sa genèse, c'est à dire la genèse technique et sociétale, non l'objet lui même. L'objet technique n'est pas a-temporel, il est ancré dans le temps, pour le comprendre il est nécessaire de le placer dans le cours de son évolution passée et présente. Montrer qu'il relève de choix construits et partagés afin de sortir des croyances et d'une imposition pour entrer dans un processus d'appropriation et d'individuation des sujets.

L'application de prothèses produites par la technique entraîne cette perte d'individuation qui va crescendo depuis l'industrialisation de la science et l'extension permanente des réseaux de diffusion. Loin de vouloir dénoncer une sur-industrialisation de la société, nous avons souhaité questionner son évolution afin de se l'approprier et de s'y adapter.

Ne pas opposer les sciences et les techniques mais continuer de les distinguer afin de maintenir les enjeux d'émancipation sous-jacents à l'apprentissage de l'esprit scientifique.

Ces questionnements, liants sciences et sociétés, sont portés par un grand nombre d'associations émergeantes, comme par exemple, Sciences Citoyenne présidée par J. Testard ou encore Ars Industrialis présidée par B. Stiegler. Elles poussent à la reconnaissance de mouvements civils questionnant le rapport des sciences à la démocratie. En termes économiques, il s'agit pour ces mouvements de passer d'une logique de l'offre à une logique de la demande, c'est à dire éveiller à la curiosité et donner un appui massif aux dynamiques sociétales afin qu'elles puissent s'approprier certaines questions au coeur du fonctionnement démocratique.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984