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Le baccalauréat: Un rite de passage dans une société moderne occidentale comme la France ?

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par Abdou Khadre LO
Université de Caen Basse-Normandie - Maîtrise de Sociologie 2000
  

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Le baccalauréat de l'enseignement moderne

1ère partie :

Ecrit :

Prose anglaise et traduction allemande ou prose allemande et anglaise

Traduction d'espagnol ou d'italien.

Composition française.

Oral :

Français

Allemand

Anglais, italien ou espagnol (l'explication de texte était suivie d'une conversation)

Histoire et Géographie

Mathématiques

Physique et Chimie.

Cette première partie de l'examen était basée sur le programme de seconde de l'enseignement secondaire moderne.

2ème partie :

Le candidat avait le choix entre les trois séries suivantes :

Lettres - Philosophie

Ecrit :

Dissertation philosophique.

Oral :

Philosophie

Histoire moderne

Géographie

Littérature

Histoire naturelle.

Cet examen était basé sur le programme de la classe de Première (lettres) de l'enseignement secondaire moderne.

Lettres - Sciences

Ecrit :

Mathématiques et physique.

Oral :

Mathématiques

Physique, chimie, histoire naturelle

Histoire moderne

Philosophie

Géographie.

Cet examen était basé sur le programme de la classe de Première (sciences) de l'enseignement secondaire moderne.

Lettres - Mathématiques

Ecrit :

Mathématiques.

Oral :

Physique

Chimie

Histoire moderne

Philosophie.

Cet examen était basé sur le programme de la classe de mathématiques élémentaires dans les classes.

4. La réforme de 1902

Cette nouvelle dichotomie entre le baccalauréat classique et le baccalauréat moderne ne fit qu'accentuer la polémique sur les deux enseignements.

A tous, cette réforme apparaissait comme insuffisante et inutile, voire dangereuse : aux uns, parce qu'ils ne voyaient dans le baccalauréat de l'enseignement moderne qu'une caricature du baccalauréat classique, aux autres, parce que le programme trop littéraire du nouveau baccalauréat leur semblait en diminuer la valeur scientifique. Quant aux prérogatives qu'on avait conférées au baccalauréat de l'enseignement secondaire moderne, si elles avaient irrité les classiques, elles n'avaient pas satisfait ceux qui voulaient lui ouvrir l'entrée de toutes les carrières libérales. Ainsi les facultés de médecine et de droit refusaient d'assimiler les deux diplômes. Elles ne consentaient à admettre les élèves de l'enseignement moderne qu'après dispense demandée et examinée pour chaque cas.

Ainsi, l'enseignement moderne était reconnu capable de mener ses élèves au baccalauréat de l'enseignement secondaire, il était même avantagé puisque les études y duraient une année de moins que dans l'enseignement classique ; mais l'équivalence des diplômes était contestée et les bacheliers modernes se trouvaient écartés de l'enseignement supérieur dont le baccalauréat restait le premier certificat.

Par définition, l'enseignement secondaire, considéré comme l'enseignement des généralités, devait former la transition entre les éléments appris à l'école primaire et les spécialités de l'enseignement supérieur. Malheureusement les études classiques, socialement réservée à la vieille bourgeoisie, ouvrant l'accès aux carrières libérales et fonctions publiques de direction, n'avaient pas répondu à l'attente d'une nouvelle bourgeoisie industrielle et commerçante, ni à l'avènement d'une démocratie utilitariste.

Par ailleurs, l'enseignement moderne, frappé de discrédit, ne se développait pas à la mesure que la nouvelle clientèle des études secondaires exigeait pour ses besoins une culture moins littéraire et plus scientifique.

Une solution proposée pour le problème à ce moment était d'organiser deux enseignements parallèles et doués des mêmes prérogatives, l'une fondée essentiellement sur les lettres anciennes mais avec une certaine culture scientifique ; l'autre fondée essentiellement sur les sciences, mais avec une certaine culture littéraire moderne.

Mais quoiqu'on ait dit sur l'éducation secondaire, ce n'est rien en comparaison des critiques venant de toute part dont le baccalauréat a été l'objet.

L'une des principales critiques est adressée à la contradiction intrinsèque au baccalauréat, à sa création en 1808.

Le décret du 17 mars stipulait d'une part que l'examen traiterait de tout ce qui était enseigné dans les dernières années du lycée, d'autre part que son organisation revenait aux facultés.

C'est cette contradiction qui, pour Emile Combes, ministre de l'Instruction publique, est à la base du malaise et le régime scolaire n'a pas, depuis lors, cessé d'en souffrir. Le ministre Combes dans son préambule de proposition de réforme du baccalauréat en 1896 fustigeait l'examen en ces termes : « Non seulement le baccalauréat est une gène et même une cause de trouble pour les études, qui sont forcées de se plier à ses origines, mais il donne prise aux critiques les mieux fondées, par le caractère hasardeux, souvent injuste, on peut même dire immoral, de ses résultats » 1(*). IL soulignait aussi l'inadéquation de l'examen aux cours.

En fin de compte, le ministre ne blâmait, ni les professeurs du supérieur ni ceux du secondaire, il condamnait le système qui accordait au baccalauréat une trop grande importance au détriment des études et de leur contenus.

En définitif, l'obtention du baccalauréat était l'unique obsession autant pour les élèves et leurs parents que pour les enseignants. Nous verrons plus loin que cette perception du diplôme n'a pas beaucoup évolué. En effet, pour les principaux concernés, les élèves de terminale, le baccalauréat rythme en grande partie leur vie en cette année charnière. Ils organisent toutes les autres activités annexes en fonction de l'échéance.

Pour en revenir à Combes, il continuait à critiquer le baccalauréat en considèrant qu'il y avait malentendu « étant donné d'une part, que de l'organisation même du baccalauréat résulte une divergence inévitable entre l'enseignement, tel qu'il doit être selon l'esprit et la lettre du plan d'études et la nature réelle de l'épreuve, étant donnée d'autre part que, que le baccalauréat, en raison de la valeur légale et de la valeur d'opinion attachée, à son diplôme prime fatalement dans l'esprit des élèves toute préoccupation, il s'en suit que le baccalauréat, tout au moins dans les classes qui y préparent, gouverne despotiquement les études et n'a d'action sur elles que pour les jeter hors de leur voie et les altérer profondément dans leur objet, leur méthode et leur esprit »2(*).

Des critiques encore plus profondes reprochaient au baccalauréat d'être un moyen de démarcation sociale, surtout le baccalauréat classique qui était considéré comme le produit le plus honorable de l'enseignement secondaire.

L'enseignement moderne était à la mode dans la petite et très petite bourgeoisie tandis que l'enseignement classique restait l'apanage de la moyenne et haute bourgeoisie. L'éducation classique était le signe extérieur d'une certaine aristocratie mondaine.

Ainsi ne manquait-on pas de souligner que la révolution a eu lieu un siècle auparavant pour abolir les castes et les privilèges ; or le baccalauréat a rétabli l'équivalent en divisant la nation en deux classes : une qui a des parchemins, l'autre qui n'en a pas, l'une qui a seule entrée dans les carrières libérales, l'autre qui est rejetée et confinée dans les anciennes professions roturières : commerce et industrie.

Et la division se faisait vers l'âge de dix huit ans avec un départ net et clair : on appartient ou on appartient pas à la classe privilégiée et c'est le baccalauréat qui décide.

Telles étaient donc les principales critiques dont le baccalauréat était l'objet dans la dernière décade du 19ème siècle. La plupart de ces critiques étaient fondées selon W. Gagen et appelait à une abolition du baccalauréat. Mais la pierre d'achoppement de toutes ces critiques est qu'elles ne proposaient pas et de manière consensuelle une alternative au baccalauréat.

En décembre 1898, une enquête parlementaire fut menée pour reconsidérer non seulement le futur du baccalauréat mais aussi les modifications à apporter au système de l'éducation secondaire. Le rôle social joué par le baccalauréat était in- contestablement admis aussi bien chez les défenseurs du baccalauréat classique que chez ceux qui voulaient promouvoir le baccalauréat moderne. Chaque camp voulait influer sur la réforme de 1902 et l'opinion publique y avait un rôle considérable à jouer.

Mais cette enquête nationale, apportera peu d'informations nouvelles. La plus part des arguments avancés, pour ou contre l'abolition du baccalauréat sont les mêmes que ceux des années précédentes. Cependant ce qui ressortait de l'enquête, c'est la reconnaissance unanime de l'égalité des deux baccalauréats, au moins en droit.

Deux années s'écoulèrent avant que le conseil supérieur de l'Instruction par le biais de Leygues, alors ministre de l'instruction, en 1902, ne puisse déposer devant le parlement son projet de réforme. Le projet était accompagné d'une lettre adressée au président de la commission, rendue publique. Leygues y rendait pleinement hommage, d'une part, aux études classiques qu'il s'offrait à protéger contre toute atteinte et à fortifier comme partie intégrante du patrimoine national, à l'enseignement moderne, d'autre part, qu'il considérait comme indispensable aux nouveaux besoins du pays.

Sur l'égalité des sections, Leygues affirmait : « Entre deux cours d'études désormais égaux et des épreuves équivalentes, dans lesquelles la connaissance du grec et du latin sera remplacée par une connaissance approfondie des sciences et des langues vivantes, je ne peux plus de raisons d'établir une inégalité au point de vue des sanctions. Tous les diplômes secondaires doivent conférer les mêmes droits. Il est clair, d'ailleurs que certaines études resteront interdites à certains bacheliers, en raison même de leur genre d'études secondaires...Ceci admis, une nouvelle conséquence s'impose : tous les diplômes de bacheliers étant équivalents et conférant les mêmes prérogatives, il n' y a plus qu'un baccalauréat unique, un seul diplôme portant, à titre de renseignement, des mentions différentes suivant l'option du candidat. »1(*)Cinq mois d'intenses débats furent nécessaires avant l'institution de la nouvelle réforme le 31 mai 1902 2(*).

Le constat qui s'impose après cela est que le baccalauréat a survécu, même s'il a du changer de forme pour cela. Un certain équilibre a été atteint et cela durera tout le long du premier quart du 20ème siècle.

La réforme de 1902 est considérée comme étant une étape importante du développement du baccalauréat. William Gagen donne à ce propos quelques statistiques1(*) concernant le nombre de diplômes délivrés à l'époque. Ce qui nous donne le tableau suivant :

En considérant bien entendu que la période 1853-1892 correspond à la période où le baccalauréat ès sciences était complètement indépendant du baccalauréat ès lettres. Et la période 1892-1905 est caractérisée par l'existence du baccalauréat de l'enseignement secondaire moderne parallèlement au baccalauréat de l'enseignement secondaire classique. 1905 étant la première année du baccalauréat de l'enseignement secondaire né de la réforme de 1902 2(*).

BACCALAUREAT

* 1 Combes cité par Piobetta à la page 213.

* 2 ibid

* 1 Rapporté par Piobetta, in Le baccalauréat, op. cit., p241.

* 2 ibid.

* 1 Statistiques que Gagen tire de : Le baccalauréat, Etudes et documents (81.2), Ministère de l'Education Nationale (SEIS), Paris, 1981, p14.

* 2 Gagen. W, The development of the baccalauréat examination (1808-1983) and its role within the french education system, op. cit ., p.57.

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