WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Entrepreneuriat féminin et participation des femmes au développement socioéconomique

( Télécharger le fichier original )
par Josette NGONO ABENGMONI épouse PEMHA
Institut National de la Jeunesse et des Sports de Yaoundé - Conseiller Principal de JEunesse et d'Animation 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Résumé

Ce travail de recherche dont le thème est « Entrepreneuriat féminin et participation des femmes au développement socio-économique : Le cas du CPFF de Bertoua » a pour objet l'évaluation de la participation au développement des femmes formées au CPFF de Bertoua.

La question principale qui sous-tend ce travail et ainsi formulée : Comment améliorer les capacités entrepreneuriales des femmes en vue de leur pleine participation au développement ?

En guise de réponse provisoire, nous avons formulée l'hypothèse selon laquelle, la participation au développement des femmes passe par la formation et les moyens financiers mis à leur disposition.

De manière plus spécifique, nous avons estimé que les activités des femmes relèvent prioritairement du secteur informel, que ces activités se limitent à la seule survie et enfin que les femmes éprouvent des difficultés de financement.

Les données collectées sur le terrain à travers les entretiens, observations et questionnaire ont confirmé nos présomptions.

Quelques suggestions ont été émises à l'endroit des pouvoirs publics, des différents partenaires, des responsables du CPFF et des femmes.

Le Conseiller de jeunesse, en tant qu'acteur de développement a également un grand rôle à jouer afin de permettre aux apprenantes de tirer le maximum de profits de la formation reçue et de l'activité menée.

Ce travail aidera le CPFF à mieux accomplir ses missions d'insertion des jeunes filles et de promotion de la femme en général.

Abstract

This research work which topic is "Women Entrepreneurship and participation to socioeconomic development: The case study of the CPFF of Bertoua " has as objective to evaluate the participation to development of women trained in the CPFF of Bertoua.

The main question which underlies this work is thus formulated: How to improve the entrepreneurial capacities of women for their full participation to development?

As hypothesis, we assume that the participation to development of women passes by the formation and financial means placed at their disposal.

In a more specific way, we estimated that women activities firstly raise of the informal sector. These activities are limited only to survival and finally women have financial difficulties.

The data collected from the field through the talks, observations and questionnaire confirmed our presumptions.

Some suggestions were emitted to authorities, various partners, persons in charge of the CPFF and women.

The youth Counselor, as an actor of development, has a great role to play in order to allow learning to extract the maximum of profits from the received formation and the undertaken activities.

This work will help the CPFF with better achieving its missions of insertion of girls and women empowerment.

INTRODUCTION GENERALE

1 Le problème

L'ensemble des maux qui minent la société camerounaise actuelle se résument en un terme unique, la pauvreté. En effet, le revenu de chaque ménage est tel qu'il devient difficile de satisfaire même les besoins essentiels. Cette situation s'est tellement détériorée au point où elle touche tous les secteurs de la vie. Les résultats de l'enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM 2000) mettent bien en exergue un indice de pauvreté non négligeable en zone rurale et urbaine. Cet état des choses ne laisse pas le gouvernement Camerounais tout à fait indifférent. Dans la mouvance des politiques internationales de lutte contre la pauvreté, le Cameroun ratifie la « déclaration du millénaire » qui pose les Objectifs de Développement du Millénaire (ODM) parmi lesquels :

> Eliminer l'extrême pauvreté et la faim en réduisant de moitié le nombre de camerounais vivant au dessous du seuil de pauvreté et qui souffrent de la faim ;

> Assurer une éducation primaire pour tous en donnant à tous les enfants les moyens d'achever le cycle primaire ;

> Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomie des femmes en éliminant les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire et si possible à tous les niveaux d'enseignement ;

> Mettre en place un partenariat pour le développement.

La question de la participation des femmes au développement semble être le gage d'un développement durable. Car, pour la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, sans une participation effective des femmes, le pays a peu de chances de parvenir à la réalisation des ODM.

Au Cameroun, le gouvernement met un accent particulier sur l'éducation des filles et environ 3,8% du PIB est investi dans l'éducation (BAD 2005). La législation camerounaise prône l'égalité de tous sans distinctions de sexes et un

encadrement spécifique de la femme est manifeste à travers la création d'un Ministère spécialement chargé de la promotion de la femme et de la famille. L'appui incontestable du gouvernement à l'application des mesures spécifiques à l'égard des femmes en vue de lutter efficacement contre la pauvreté et par ce fait améliorer le revenu des familles est une disposition visant la participation des femmes au processus de développement. Dans le domaine de l'économie, force est de constater que le secteur informel camerounais est presque investi par les femmes qui représentent environ 53% de la force de travail. La loi de 1990 sur les associations donne un souffle nouveau aux efforts des femmes pour sortir du sous-développement et de la pauvreté à travers la conjugaison de leurs efforts et surtout les facilités d'accès aux crédits individuels et/ou collectifs.

Notre recherche se propose d'évaluer l'effectivité de l'implication des femmes à la création d'activités génératrices de revenus dans la ville de Bertoua. En effet, l'encadrement des femmes prôné par le Ministère de la promotion de la Femme et de la Famille par le biais de la Délégation Provinciale dudit Ministère s'avère être un instrument de développement qui favorise l'épanouissement de l'individu et de la communauté toute entière. Les services financiers d'épargne, transfert de fonds, crédits à des taux d'intérêts préférentiels pour les femmes ont été mis en place pour répondre au besoin en financement des micros projets. Pourtant, les bornes de la pauvreté semblent ne pas reculer dans la ville de Bertoua. Cela laisserait entrevoir que les activités génératrices de revenus initiées par les populations et les femmes en particulier manquent d'un encadrement financier et logistique capable de les pérenniser.

Parmi les objectifs du VIème plan quinquennal du développement social et culturel du Cameroun (1986-199 1), le gouvernement, à travers sa politique générale, accorde une attention particulière aux secteurs dans lesquels les femmes ont un rôle à jouer.

La femme dans la politique nationale du Cameroun occupe une place de choix. En effet, la déclaration de politique nationale de la population (DPNP) adoptée en 1992, par les pouvoirs publics, la volonté de la promotion de la femme y est explicitement formulée. Les dispositions contenues dans cette politique font de la femme et la fille des partenaires à part entière sur qui doivent reposer la réalisation des objectifs de développement. Ainsi, à travers la déclaration de politique nationale de la population (1999 : 38), le gouvernement s'engage à :

« Promouvoir et assurer l'amélioration du statut de la femme au niveau de toutes les couches sociales, notamment par la mise en place d'un cadre juridique propice à son épanouissement social, juridique, économique d'une part, et par la sensibilisation de l'ensemble de la population Camerounaise ( individus de deux sexes, autorités administratives, religieuses, et politiques ) sur la situation stratégique de la femme au sein de la famille et de la société d'autre part. »

Cette politique s'engage par ailleurs à promouvoir et à assurer davantage l'intégration des femmes dans les activités économiques autres que l'agriculture, en encourageant une plus grande diversification de leur formation professionnelle et en facilitant l'accès des femmes à la propriété foncière et aux crédits, à titre individuel et par le biais des coopératives ou autres regroupements et associations professionnelles.

C'est ainsi que dans le but de consolider son rôle dans la gestion des affaires de la famille et de la société, de garantir ses droits et d'assurer sa protection, le Cameroun a ratifié en 1994, la convention des Nations Unies sur l'élimination de toute forme de discrimination à l'égard des femmes.

De plus l'engagement politique du gouvernement camerounais en faveur des femmes s'est manifesté par la mise en place d'un cadre institutionnel. Par décret N° 98 /068 du 04 mai 1998, il a été créé le ministère de la condition féminine aujourd'hui devenu Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille. (MINPROFF) Celui-ci travaille en collaboration avec d'autres partenaires pour la mise en oeuvre de la politique gouvernementale d'intégration des femmes au développement.

Depuis plusieurs années, des actions significatives en faveur des femmes ont été l'oeuvre de ce ministère. C'est ainsi que dans le cadre de la stratégie sectorielle de promotion de la femme, des actions visant le renforcement du pouvoir économique des femmes, l'éducation de la jeune fille et la femme, l'amélioration de sa santé ont été mises en oeuvre. L'appui des partenaires bilatéraux et multilatéraux a permis la réalisation de nombreux projets et programmes. Le programme global pour l'avancement des femmes et l'égalité de genre avec le PNUD a favorisé la mise à la disposition des femmes et/ou groupes de femmes, promotrices des AGR des financements à travers les ONG de crédits. Le projet d'appui à l'intégration de la femme dans la micro-entreprise sur fonds propre du gouvernement, le programme d'éducation de la jeune fille et de la femme, le programme d'amélioration du revenu familial rural dans les provinces septentrionales pour ne citer que ces réalisations.

Par ailleurs, la promotion de la femme est l'un des axes prioritaires de la stratégie de réduction de la pauvreté au Cameroun. (Communiqué de presse du P.M. de la 30/12/1998 portante déclaration de la stratégie de réduction de la pauvreté au Cameroun). En effet, le gouvernement s'engage à entreprendre des actions spécifiques pour les femmes et les groupes structurellement vulnérables. Toutes ces actions permettent d'accroître la participation des femmes au développement.

La ville de Bertoua n'est pas en reste, car il existe une multitude d'associations et de services spécialisés qui s'occupent de la promotion et du bien-être de la population en général, et de la femme en particulier.

Nous pouvons citer :

- Le Ministère de la promotion de la femme et de la famille (MINPROFF) qui à travers son centre de promotion de la femme et de la famille, a pour mission l'encadrement de la femme dans toute sa composante ; issue de différents milieux, ceci par le biais des formations pratiques, du counseling, de l'octroi des petits crédits aux femmes dans divers secteurs ou activités.

- Le Ministère du travail et de la formation professionnelle qui par le biais du PIAASI (Projet Intégré d'Appui aux Acteurs du Secteur Informel) apporte une aide technique, financière et organisationnelle aux populations.

- le Ministère de la jeunesse (MINJEUN) qui, à travers sa division de la promotion économique des jeunes, a pour mission la formation des jeunes en entrepreneuriat, l'élaboration des stratégies de financement des projets et des AGR en faveur de ceux-ci, le développement et de l'évaluation des projets et programmes de formation et l'insertion socio-économique des jeunes. Par ailleurs, certains autres acteurs non gouvernementaux à l'instar des ONG, et des promoteurs privés oeuvrent dans l'encadrement des populations. Nous pouvons citer :

o CARE Cameroon ; o SAILD ;

o AFEDYQUE ;

o Plan International.

Toutefois, malgré l'existence de toutes ces organisations dans l'encadrement de la population en général et de la femme en particulier, on

constate qu'il existe une insuffisance ou du moins un faible taux de participation des femmes au développement dans la ville de Bertoua.

Compte tenu de ce qui précède, il y a un certain nombre de questions que nous nous posons.

2 Questions de recherche

Nos questions, nous les formulerons en question générale de recherche et questions spécifiques.

2.1 Question générale de recherche

Comment améliorer les capacités entrepreneuriales des femmes du CPFF afin de favoriser leur insertion socio-économique ?

2.2 Questions spécifiques de recherche

Question spécifique 1 : Quelles sont les activités susceptibles de favoriser l'émancipation économique des adhérentes du CPFF ?

Question spécifique 2 : Comment ces activités permettent-elles à la clientèle cible de s'impliquer dans le processus de développement socio- économique ?

Question spécifique 3 : Quelles sont les difficultés rencontrées par les femmes du CPFF dans l'exercice de leurs activités respectives ?

Question spécifique 4 : Quelle approche pédagogique faut-il appliquer pour un meilleur rendement des adhérentes du CPFF ?

3 Clarification de la question de recherche

En proclamant l'année 1975 Année Internationale de la femme et en institutionnalisant la journée du 08 mars comme journée internationale de la femme, les Nations Unies ont progressivement contribué au renforcement de la prise de conscience de la situation de la femme. Dès lors, se sont tenus de nombreux sommets mondiaux ou régionaux et plusieurs conventions ont été

adoptées. On pourrait citer entre autres le troisième ODM du sommet du millénaire tenu à New York en 2000 relatif à la promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation de la femme.

A la lumière de cet objectif, l'intégration de la femme dans le système productif constitue à terme un élément positif dans la politique de lutte contre la pauvreté et surtout l'élimination de plusieurs discriminations dont-elles sont victimes ; un appui financier et technique en leur faveur serait donc indispensable.

Au Cameroun, et particulièrement dans la ville de Bertoua, l'environnement de crise économique grave a fortement augmenté le taux de pauvreté entrainant des transformations sociales profondes. Ainsi, l'on trouve un nombre croissant de femmes chefs de ménage tant en zone rurale qu'urbaine. Le tableau ci-dessous en est une illustration :

Tableau 1 : Evolution des proportions des femmes chef de ménage selon le milieu de
résidence

Enquête/Année

Proportion des femmes chef de ménage

Cameroun

Urbain

Rural

RGPH/1976

14

16

13

RGPH/1987

19

20

17

EDSC/1991

18

20

17

EDSC/1998

22

26

21

EDSC/2004

24

25

23

EPC/2006

24

25

23

Sources :

- BCR : RGPH (1976), RGPH (1987)

- INS : EDSC I (1991), EDSC II (1998), EDSC III (2004) - BUCREP : EPC - 3ème RGPH (2006)

Compte tenu des responsabilités des femmes et de la vulnérabilité à laquelle elles sont exposées, le gouvernement camerounais encourage les initiatives des femmes afin que celles-ci puissent contribuer par elles-mêmes à

l'amélioration de leurs conditions de vie et participer au développement socio- économique. Cependant, l'entreprise féminine se trouve butée à plusieurs obstacles. Aussi, un rapport sur l'entrepreneuriat féminin en Afrique subsaharienne (Atol 1997) souligne que les bagages dont disposent les femmes pour faire fonctionner leurs entreprises ou leurs activités sont généralement très insuffisants. En effet, les femmes ont moins de ressources économiques notamment financières. Par ailleurs, elles manquent d'éducation scolaire et de formation professionnelle. Le problème qui se pose dès lors est celui de savoir comment améliorer la formation de femmes entreprenantes dans le but de favoriser leur participation au développement socio-économique.

4 Objet de la recherche

Notre travail de recherche a pour objet l'évaluation des limites relatives à la participation des femmes de la province de l'Est au processus de développement.

5 Objectifs de l'étude 5.1 Objectif général

Ce travail de recherche a pour but d'analyser l'implication des femmes formées au CPFF de Bertoua au développement socio-économique de la région. En d'autres termes, nous nous proposons de mettre en exergue les pratiques d'interventions de l'animateur en milieu organisationnel.

5.2 Objectifs spécifiques

Il s'agira pour nous de :

Objectif spécifique 1 : Identifier les initiatives entrepreneuriales individuelles ou collectives de femmes.

Objectif spécifique 2 : Etablir le lien entre ces activités et le développement socio-économique.

Objectif spécifique 3 : Déterminer les obstacles à l'exercice de ces activités.

Objectif spécifique 4 : Développer une approche visant à renforcer les capacités des femmes.

6 Hypothèses de recherche

Nous présenterons une hypothèse générale et des hypothèses spécifiques de recherche.

6.1 Hypothèse générale

L'amélioration des capacités entrepreneuriales des femmes passe par la formation et les moyens financiers mis à leur disposition.

6.2 Hypothèses spécifiques

Hypothèse spécifique 1 : Les femmes s'investissent plus dans les activités du secteur informel telles que les petits commerces.

Hypothèse spécifique 2 : Les femmes mènent des activités qui leur permettent juste de survivre.

Hypothèse spécifique 3 : Les femmes éprouvent des difficultés financières et de formation dans l'exercice de leurs activités.

Hypothèse spécifique 4 : Les programmes de formation et les conditions de financement doivent tenir compte des réalités et des besoins des femmes.

7 Définition opératoire des concepts

Une bonne compréhension de notre sujet passe par une explication des termes qui le composent. En effet, les mots ayant des sens multiples, il est judicieux pour nous de fixer le sens qui nous permettra de mieux saisir les contours de la question.

Les concepts qui retiendront notre attention sont les suivants : participation, développement, et entrepreneuriat féminin.

Le terme entrepreneuriat vient du verbe entreprendre qui, d'après le dictionnaire Universel (1988 : 421) signifie « se décider à faire une chose et s'engager dans son exécution » et du substantif entreprise qui, d'après le même dictionnaire est « une unité économique de production à but commercial des biens et services »

Dès lors, l'entrepreneuriat englobe toutes les activités économiques, y compris celles de production, de commercialisation.

Selon Y. GASSE et A. d'AMOURS (1995 : 23), l'entrepreneuriat est « l'appropriation des ressources humaines, matérielles et financières dans le but de créer, de développer, et d'implanter des solutions permettant de répondre aux besoins des individus. »

Quant à l'adjectif qualificatif féminin, le Dictionnaire Universel renvoie à « ce qui est propre à la femme ou considéré comme tel ».

L'entrepreneuriat féminin est donc cet esprit d'initiative des femmes qui se manifeste de manière prépondérante ; les femmes ont tendance à s'organiser compte tenu des ressources disponibles pour satisfaire leurs besoins. NDONGO et OUDRAOGO (1991 : 9) le définissent comme : « un ensemble d'activités mises sur pieds et gérées par les femmes elles-mêmes indépendamment de la taille de l'entreprise ». L'entrepreneuriat féminin désigne enfin de comptes les activités des femmes qui se prennent en charge, qui s'organisent pour créer des activités économiques rentables dans les secteurs formel et/ou informel. Il s'agit ici, comme le dit E. ZANGA MENGOLO (2002 : 10), « de la dynamique féminine qui se manifeste par un esprit de créativité admirable. »

L'entrepreneuriat féminin vise par conséquent l'amélioration des conditions de vie individuelles et collectives, en un mot le développement qui de nos jours connaît une diversité de définitions.

Au sens économique, le développement est un processus économique, politique et sociologique cohérent et harmonieux engendrant un état de vie,

d'être et de pensée favorable à l'amélioration durable et désirée des conditions de vie B. YODA (2004).

OAKLEY et GARFORTH (1986) cités par HAMMANI (1997) estiment que le développement évoque certaines formes d'actions ou d'interventions propres à influencer le processus général de transformation sociale. Il s'agit d'un concept dynamique qui suppose que l'on modifie les données d'une situation antérieure ou que l'on s'en éloigne. Ainsi, le développement peut prendre des formes variées en fonction des objectifs poursuivis.

Jusqu'à la fin des années 1950, certains auteurs avaient tendance à assimiler le développement à l'accroissement du revenu par habitant et par tête c'est-à-dire à la croissance économique.

Mais, le développement ne saurait se réduire à une augmentation quantitative des revenus. La composante humaine est un facteur important dans le développement. En effet, le développement suppose une augmentation quantitative et qualitative des revenus ; le développement place ainsi l'homme au centre des préoccupations car, comme le pense Jean Marc ELA (1990), « Que veut dire le développement d'une région si il n'est pas centré sur la population qui l'habite ? ».

Dans le contexte de notre étude, le développement s'entend comme la production des richesses en vue de la satisfaction des besoins individuels et collectifs par le travail des femmes.

Toutefois, pour parvenir à un développement véritable et surtout pour soutenir le développement socio-économique, la participation de tous et précisément des femmes est indispensable.

En effet, la participation s'entend comme la capacité d'influencer ou de déterminer le processus de prise de décision ou d'évolution des différents processus économiques et sociaux. Formellement, elle peut se définir comme

l'engagement mental et affectif d'une personne à fournir une décision dans le processus de prise de décision.

La participation est définie par la banque mondiale comme le processus à travers lequel les agents influencent et partagent le contrôle sur la fixation des priorités, la définition des politiques, l'allocation des ressources et l'accès aux biens et services publics. La participation et donc la plaque tournante de la problématique de mise en oeuvre des initiatives de développement Banque Mondiale (2000). La participation est un thème récurrent du développement. Elle a été reprise par de nombreux intervenants de l'aide au développement à l'instar des ONG et des établissements de microfinance.

Selon le programme « Femmes et Développement » GABY VELGHESHERPEREEL et PASCAL VAN DE WOUWER-LEUNDA (1996), la participation s'assimile à l'autonomie économique qui est l'égalité d'accès aux moyens de production et de leur contrôle. La participation de la femme suppose donc le contrôle de son corps et de sa vie, son épanouissement et son implication au développement à travers les Activités Génératrices de Revenus (AGR).

Les problèmes de participation doivent être analysés à l'intérieur des processus sociaux plus généraux. En outre, on peut distinguer divers facteurs de participation ; d'un côté le pôle objectif lié à la structure sociale et de l'autre le pôle subjectif (aspirations personnelles, motivations) lié aux femmes.

Comme d'autres notions, la participation est un terme large. La participation dans le cadre de notre étude est appréhendée comme l'implication des femmes dans des activités économiques en vue de l'amélioration de leurs conditions de vie. Elle n'est donc pas un transfert des fonctions, des charges matérielles et financières qui découlent d'une décision prise en dehors de la population concernée.

8 Approche contributoire des différentes théories

Un certain nombre de théories pourraient servir de paradigme lorsque l'on veut traiter de la question de la participation des femmes au développement. Il s'agit entre autres de :

· La théorie des attentes ;

· La théorie du libéralisme économique.

La description de chacune de ces théories ferra ressortir sa spécificité. 8.1 La théorie des attentes

La théorie des motivations fondée sur les attentes nous permet de mieux cerner le comportement général des femmes menant des activités dites entrepreneuriales. Elle a été énoncée par plusieurs auteurs à l'instar de Victor VROOM. Pour lui, la motivation fondée sur les attentes cherche à identifier les relations entre les variables dynamiques qui affectent les comportements individuels. VROOM suggère que les principaux déterminants des réalisations sont les niveaux de réalisation, les capacités et les traits de caractère, les perceptions des rôles.

Dans le cas de notre travail, les femmes doivent prétendre à des réalisations élevées sinon leurs réalisations seront médiocres. Le désir au départ de tous les efforts des femmes doit viser l'atteinte d'une réussite perceptible. Cependant, le désir seul ne suffit pas à garantir une production optimale. Encore faut-il que les femmes aient les capacités et les compétences nécessaires grâce à la formation professionnelle, l'éducation et l'expérience.

8.2 La théorie du libéralisme économique

Cette théorie fut élaborée au XVIIe siècle par les théoriciens classiques de l'économie politique. Elle préconise un ajustement spontané des termes de l'échange selon les lois de l'offre et de la demande. Beaucoup de penseurs classiques ont trouvé en elle une source de croissance, condition essentielle du

développement. En effet, pour Adam SMITH, David RICARDO, John STUART MILL, Milton FREEDMAN, il suffit que le laisser-faire c'est-à-dire la libre entreprise soit respectée pour que le développement suive. Ainsi, le libéralisme économique est une philosophie sociale qui admet la nécessité pour la liberté individuelle, des marchés libres et un contrôle décentralisé des moyens de production. Une économie libéralisée est celle dans laquelle les individus et les groupes prennent les décisions les plus importantes concernant la production, la consommation et la répartition des ressources ; ici, le marché est connu comme un espace de liberté caractérisé par la propriété privée, la liberté d'entreprendre, la libre concurrence et la recherche du profit.

Pour notre étude, cette théorie est un appui à la politique de l'Etat camerounais dans sa logique de libéralisation économique. Elle est aussi un stimulant en vue de l'engagement des femmes dans l'exercice des activités économiques. Ainsi, les femmes de Bertoua doivent comprendre qu'elles ont la possibilité de créer des richesses par elles-mêmes en vue de l'amélioration de leurs conditions de vie et de celles de leurs familles d'une part, et, d'autres part, de donner leur avis sur les décisions socio-économiques du fait de leur poids économique. Car, la nouvelle approche des programmes de développement exige désormais la participation de tous et précisément celle des femmes.

9 Revue de la littérature

QUIVY et VAN CAMPENHOUDT (1995 : 43) recommandent « Qu'un chercheur prenne connaissance des travaux antérieurs sur des objets comparables et qu'il soit explicité sur ce qui distingue sont travail de ces courants de pensées ». Pour mieux appréhender les questions d'entrepreneuriat féminin et celle de participation des femmes au développement, nous avons parcouru les travaux d'économistes en rapport avec notre sujet.

9.1 Le concept femmes et développement

Dans les années 1970, des économistes à l'instar d'Esther BOSERUP (1983), ont développé l'approche de l'«intégration des femmes au développement ». Cette approche montre le fait que les contributions des femmes au développement étaient méconnues et mal évaluées. En outre, elle préconise de rendre le développement plus efficace, plus pratique et plus réel en faisant participer directement les femmes à son processus.

Au début de la décennie 1980, le concept de «femmes et développement » se fonde sur l'argument selon lequel les femmes participent au processus de développement mais sur des bases pas très bien définies et inégales. Il apparaît une marginalisation des femmes qui, sans doute est préjudiciable à un développement harmonieux, efficace et durable ; de là naissent les projets d'amélioration de l'accès des femmes aux ressources ainsi que leur implication au processus d'élaboration et de prise de décision.

9.2 Evolution de la problématique femmes et développement : le genre et le développement

L'optique « genre et développement » intervient au cours des années 1980. Elle marque une étape importante dans le processus de développement. La problématique du genre se fonde sur un certain nombre de constats :

- Les femmes dans le monde continuent d'être pour la plupart désavantagées, privées de la pleine responsabilité de participer au processus de développement, de prise de décision ainsi que des avantages qui en découlent ;

- Les femmes constituent jusqu'à présent un groupe défavorisé sur le plan

du bien être, de l'accès aux moyens de production et à leur contrôle.

Fort des ces constats, le concept femmes et développement est passé de la perspective d'amélioration des conditions de vie « welfare » à la perspective d'acquisition de pouvoir « women empowerment »

L'évolution conceptuelle et idéologique observée permet de mieux appréhender le rôle joué par les femmes dans le système productif et dans le cadre des initiatives entrepreneuriales tant dans les pays du Nord que dans les pays du Sud. Tchamanbé (1999) relève une innovation importante rattachée à cette approche qui tient au fait que les

« femmes s'inquiètent de voir les problèmes féminins perçus sur le plan du sexe - différences biologiques par rapport aux hommes - et non sur le plan du genre - rôles sociaux, relations entre hommes et femmes et les forces qui perpétuent ces relations tout en les modifiant ».

9.3 Historique de l'intégration du concept « Femmes et développement » au Cameroun

Dès son accession à l'indépendance en 1960, le Cameroun a inscrit la promotion de la femme dans ses orientations de politique de développement économique, social et culturel. La femme camerounaise n'a pas connu les discriminations dans le droit de vote et le salaire.

Avant 1975, les actions menées pour la promotion de la femme visaient à développer et à renforcer les capacités ménagères des femmes tout en les initiant aux principes de protection maternelle et infantile. Cette période se caractérise aussi par le développement des professions féminines : art ménager, économie sociale et familiale, assistance sociale, soins infirmiers, aides maternelles. La création des Centres Sociaux-Ménagers, devenus Maisons de la Femme par la suite, connues aujourd'hui sous l'appellation de « Centre de Promotion de la Femme et de la Famille », répondait à cette orientation.

Depuis sa création les principales réalisations du MINCOF (devenu MINPROFF) sont :

- L'élaboration et l'adoption d'un cadre de référence de promotion de la femme : Déclaration de Politique Nationale et Plan d'Action Multisectoriel « Femme et Développement ».

- La construction et l'équipement d'une trentaine de Centres de Promotion de la Femme et d'un Centre de Technologies Appropriées, structures publiques d'éducation non formelle et de formation de la femme et de la fille.

- La mobilisation des ressources internes et externes pour la mise en oeuvre des projets, programmes et actions d'encadrement des promotrices des activités génératrices de revenus avec une priorité sur les femmes rurales.

- La promotion de la santé de reproduction et la lutte contre les IST/VIH/SIDA. A cet effet, un plan sectoriel de lutte contre le VIH/SIDA « secteur femme » a été élaboré et validé en mars 2003.

- La promotion des droits de la femme.

- La production des statistiques sur la situation de la femme. - La réalisation de plusieurs études sur la femme.

9.4 le cadre institutionnel

Sur le plan institutionnel, la préoccupation d'encadrement de la femme s'est traduite par des décisions politiques notamment :

- Le Décret N° 75/725 du 10 novembre 1975 portant organisation du Ministère des Affaires Sociales avec la création du tout premier service de la promotion de la femme ;

- Le Décret N° 84/95 du 26 mars 1984 portant création du Ministère de la Condition Féminine marque la manifestation de la volonté politique du Chef de l'Etat S.E. Monsieur Paul BIYA de promouvoir la femme. A ce titre, ce Département Ministériel est chargé de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la politique de promotion de la femme.

- La fusion du Ministère de la Condition avec le Ministère des Affaires Sociales par le Décret 88/1281 du 22 septembre 1988 où une Direction de la Promotion de la Femme a été créée.

- En 1997, le Cameroun s'est doté de l'outil essentiel de politique Femme et Développement sous la forme d'une Déclaration de Politique. Ce document définit les grandes orientations de l'action gouvernementale en matière de promotion féminine et en détermine les priorités et les stratégies à mettre en oeuvre. La Déclaration de Politique Femme et Développement a été adoptée par le Gouvernement en juillet 1999.

- Le Décret N° 2002/216 du 21 août 2002 portant réorganisation du Gouvernement a conservé le Ministère de la Condition Féminine.

9.5 L'entrepreneuriat féminin et le secteur informel

Le contexte de crise économique des années 1980 explique l'abondante littérature actuelle au sujet du secteur informel. G. NIHAN, cité par A. SAMBA (1990 : 39) définit ce secteur comme étant : « un ensemble d'activités de petite échelle où le salarial est très limité, où le capital avancé est faible, mais où il y a une circulation monétaire, vente des biens et services ». On comprend à travers cette définition que les activités génératrices de revenus relèvent du secteur informel et participent au développement socio-économique.

En effet, jusqu'à une époque très récente, l'économie des pays en développement était perçue en termes dualistes : d'un côté le secteur traditionnel ou primaire dominé par l'agriculture et l'élevage ; de l'autre côté, l'on avait le secteur moderne dominé par les activités industrielles et le capital étranger. A cette époque, les problèmes d'emploi et de chômage se posaient moins. Face à la montée de la crise, ces deux secteurs ont montré leurs limites en matière d'emplois et de bien être. D'où la nécessité de nouvelles opportunités. Les femmes sont alors appelées à prendre des initiatives pour créer des richesses. Ces activités, bien que relevant du secteur informel, se présentent de plus en

plus comme une stratégie de développement. A. SAMBA et C. EBA ont ainsi mis un accent particulier sur cet aspect de développement surtout en faveur des minorités telles que les femmes. Pour A. SAMBA (1990 : 47) « le processus de développement de nos pays ne peut être envisagé indépendamment des activités informelles ». On comprend alors que l'équilibre social de nos pays est en grande partie assuré par le secteur informel. Les petits métiers et les AGR qui constituent le secteur informel favorisent l'amélioration des conditions de vie des populations.

Au Cameroun, la dynamique entrepreneuriale de femmes reste très marquée et est de plus en plus croissante même si les activités qu'elles créent et dirigent ne sont que génératrices de revenus. Cette dynamique s'explique aussi par la présence des femmes dans presque tous les secteurs économiques. TCHOUASSI (2002) en paraphrasant WEBSTER et FILDER (1996) énonce que les ONG entrepreneuriales disposent de deux principaux moyens d'action auprès des populations marginalisées. En outre, faisant allusion à l'entrepreneuriat féminin, il estime qu'il faut : « Repenser le développement économique en Afrique par la formation des femmes à l'entrepreneuriat ».

10 Intérêt de la recherche

Au regard des objectifs poursuivis, nous pensons que notre travail présente des intérêts multiples.

L'intérêt Etatique résulte dans notre modeste contribution aux stratégies mises en oeuvre par le gouvernement pour améliorer la condition de la femme tant en zone urbaine que rurale.

Au plan socio-économique, le travail mené pourra mettre en exergue la situation socio-économique réelle de la femme dans la ville de Bertoua. Il s'agira en clair de mieux appréhender les difficultés d'encadrement et d'accès au crédit auxquelles les femmes sont confrontées. Ce travail pourra permettre de

faire une analyse des conditions de financement et de gestion des projets des femmes en vue de lutter contre la pauvreté et surtout l'analphabétisme.

Au plan professionnel, il s'agira de proposer des nouvelles approches en matière de stratégies d'intervention en milieu organisationnel pour les professionnels des sciences et techniques de l'animation.

11 Délimitation de l'étude

Notre étude s'inscrit sous un triple plan spatial,-temporel et scientifique.

Au plan spatial, notre repère géographique est la Province de l'Est du Cameroun et précisément la ville de Bertoua. Ce choix est motivé par plusieurs facteurs : la présence d'un Centre de Promotion de la Femme et de la Famille, l'intensité des activités des femmes et la présence de quelques organismes de financement. Aussi, la collecte de l'information semble aisée du fait de la proximité de ces structures de financement et d'encadrement des femmes.

Sur le plan temporel, notre étude couvrira une période d'un an 2007-2008, période à nous impartie par l'Institut National de la Jeunesse et des Sports aux fins de notre recherche.

Au plan scientifique, notre étude s'inscrit dans le domaine des sciences et techniques de l'animation, précisément dans le champ de l'entrepreneuriat. Pour cela, nous aurons recours aux disciplines scientifiques telles que l'économie, la gestion ; le management, le droit des associations, la sociologie et la psychologie sociale.

12 Approche méthodologique

Pour mener à terme notre étude, la démarche adoptée comprendra la pré- enquête, l'observation directe et l'enquête par questionnaire.

13 Annonce du plan

Le présent travail est structuré en deux parties principales. La première, intitulée le CPFF de Bertoua : une structure d'insertion socio-économique de la

femme à travers les micro-activités pendant que la seconde partie porte un regard critique sur notre structure d'étude.

Première Partie : LE CPFF DE BERTOUA :

UNE STRUCTURE D'INSERTION SOCIO-

ECONOMIQUE DE LA FEMME A TRAVERS

LES MICRO-ACTIVITES

L

'entrepreneuriat apparaît comme un phénomène organisationnel qui conduit à l'apparition des formes organisées à finalité socio- économique et qui nécessite un pilotage pour arriver au but

recherché. Selon l'Organisation Internationale du Travail, l'entrepreneuriat féminin contribue à la lutte contre la pauvreté.

Dans la ville de Bertoua, le CPFF encadre les femmes dans le but de favoriser leur insertion dans le circuit économique.

Cette première partie nous permettra de présenter brièvement l'intérêt ainsi que les obstacles à l'entrepreneuriat féminin dans la ville de Bertoua avant de donner des généralités sur le CPFF de Bertoua, cadre de notre étude.

L'ENTREPRENEURIAT FEMININ

CHAPITRE I : L'INTERET DE

Notre objectif, puisqu'il faut le rappeler, est de favoriser l'acquisition des compétences permettant aux femmes de s'auto employer et de participer au processus de développement local. En effet, les femmes semblent connaître des difficultés liées à l'exercice de l'activité économique ; ce qui réduirait leur participation au développement.

Ce chapitre présente successivement la situation socio-économique de la femme, décrit son action dans le cadre de la micro-entreprise et s'intéresse aux obstacles qu'elle rencontre sur son chemin dans les activités entrepreneuriales.

1.1 Présentation de la situation socio-économique de la femme 1.1.1 L'environnement économique

La femme de Bertoua lutte pour sa survie et celle de sa famille dans un contexte économique difficile. Le secteur économique est probablement celui où la femme a le plus d'autonomie mais également le plus d'obligations. Au stade actuel, ses domaines de prédilection sont :

- L'agriculture : essentiellement vivrière et rudimentaire ;

- Les petits commerces ;

- L'artisanat ;

- L'élevage ;

- Les services.

S'agissant des petits commerces, notons que ce secteur d'activités procure

des revenus à près de 44% des ménages. Les principaux sous-secteurs sont :

- La vente des produits maraichers (piment, tomate, légumes frais, etc.) ;

- La vente des produits de l'agriculture (manioc, macabo, patate, igname) ; - La vente des nourritures cuites ;

- La vente du bois de chauffage.

L'agriculture est pratiquée par presque la totalité de la population et les principales cultures varient.

Les femmes se livrent aussi à l'élevage des poulets. On dénombre quelques fermes. Cependant, l'élevage est surtout fait de façon artisanale avec pour principale caractéristique la divagation des bêtes.

Pour ce qui est de la pisciculture, il faut relever ici que la ville de Bertoua regorge de grandes zones marécageuses. Elle est par conséquent propice aux activités piscicoles. Les femmes se livrent aussi, bien que de manière moins représentative, à la construction des étangs.

Dans le domaine des services, les femmes pratiques des activités telles que la coiffure, la couture, la location des chaises et tentes.

Les femmes possèdent d'énormes atouts dans le domaine de la production agricole et dans les activités économiques. Il s'agit de leur capacité de travail, de leur dynamisme et de leur aspiration à améliorer leur revenu.

1.1.2 L'environnement socioculturel

L'exercice des activités économiques par les femmes fait appel à plusieurs indicateurs tels que les us et coutumes et le niveau d'éducation.

Du point de vue éducationnel, il est à noter qu'un déséquilibre numérique entre les sexes s'observe et s'accentue tout au long du système scolaire formel, ce qui explique le retard des filles. En effet, le taux de scolarisation de la fille et de la femme demeure très faible dans la province de l'Est. Les raisons en sont multiples : les grossesses précoces et les obstacles socioculturels liés à un

environnement de Droit patriarcal. Cependant, il faut noter que certaines femmes produisent des auto-blocages à leur propre épanouissement.

1.2 Les femmes et le développement de la micro-entreprise

L'accès des femmes au marché du travail est systématiquement difficile du fait de leur manque de qualification. Dans ce contexte, l'exercice d'une activité indépendante ou la création d'une micro-entreprise sont les moyens auxquels les femmes ont recours pour générer un revenu assurant leur subsistance et celle de leurs enfants. Ainsi, le secteur privé prend une importance accrue. La raison en est que, les femmes représentent la majorité des entrepreneurs dans le secteur informel. Toutefois, l'entrepreneuriat féminin représente un véritable moteur de la croissance économique. Par conséquent, par souci d'efficacité économique, il convient de s'assurer que le potentiel représenté par les femmes n'est pas ignoré. Le taux de croissance sans précédent du commerce international et l'accélération du progrès technologique communément désigné par le terme mondialisation offrent de nouvelles opportunités pour les femmes. Bien qu'il n'existe aucune définition universelle des micros et petites entreprises, on s'accorde cependant sur leurs caractéristiques générales que sont :

- L'accès limité au crédit ;

- Le manque de capacité de gestion ;

- La technologie rudimentaire.

Les micro-entreprises dirigées par les femmes ne s'en éloignent pas. 1.2.1 Caractéristiques des micro-entreprises dirigées par les femmes

Les femmes qui réussissent malgré tout à créer leurs entreprises le font au plus petit niveau. En raison de la variété des obstacles et des différents niveaux socio-économiques en présence, les femmes entrepreneures ne constituent pas un groupe homogène car elles ont des motivations, des intérêts et surtout des

potentiels très divers. Au-delà de leurs différences, les micro-entreprises dirigées par les femmes ont certaines caractéristiques communes :

- Elles exercent généralement dans des domaines de compétences qu'elles ont acquises dans la sphère familiale ;

- Elles ont un capital très faible ;

- Les activités ne sont généralement pas déclarées et opèrent dans le secteur informel de l'économie ;

- La production se fait généralement à domicile ;

- Elles se concentrent toutes dans les secteurs les moins rentables ;

- L'activité économique venant se superposer aux travaux ménager et à l'éducation des enfants, les femmes ne peuvent pas accorder une attention soutenue à l'activité économique ;

- La production est écoulée localement ;
- Les moyens de transport sont pénibles.

Les femmes dans la ville de Bertoua mènent plusieurs activités économiques dans le but d'améliorer leurs conditions de vie et participer au développement socio-économique de la région. Ainsi, l'on observe des femmes qui exercent dans le secteur informel (petits commerces) et celles qui exercent dans des groupes formalisés (GIC, GIE, Associations).

Au-delà des différences liées au secteur d'activités, les activités dirigées par les femmes ont des caractéristiques communes :

- Les femmes exercent généralement dans le domaine de compétences qu'elles ont acquises dans la sphère domestique ;

- Les activités entrepreneuriales des femmes démarrent avec un capital très faible ;

- La production généralement n'est pas spécifiée et se fait à domicile (écoulement local de la production) ;

- Le revenu sert plus à la survie de la famille qu'au financement de l'activité.

1.2.2 Les fournisseurs des services d'appui aux femmes dans la ville de Bertoua

Etant donné le potentiel entrepreneurial des femmes, un nombre croissant d'organisations publiques et privées s'intéresse à promouvoir l'accès de celles-ci aux activités génératrices de revenus et à l'entrepreneuriat. Il s'agit entre autres des organisations non gouvernementales (ONG), des associations de femmes.

1.2.2.1 Les ONG

Locales, nationales ou internationales, elles apportent un appui financier et surtout une assistance technique aux femmes.

1.2.2.2 Les associations de femmes

Conformément à la loi N° 90/053 du 19 décembre 1990 portant liberté d'association au Cameroun, plusieurs associations de femmes ont vu le jour. Dans la ville de Bertoua, l'on observe l'émergence de quelques associations de femmes qui mènent des activités génératrices de revenus.

Sous les auspices de la loi de 1992 relative aux groupements d'initiatives communes, les femmes ont mis sur pieds des GIC leur permettant de générer des revenus et partant de participer au développement socio-économique de la ville.

1.3 Les principaux obstacles à l'entrepreneuriat féminin

Les femmes se trouvent confrontées à de nombreux obstacles relatifs au lancement de leurs activités économiques. Il s'agit principalement des obstacles d'ordre psychologique, socioculturel, professionnel, infrastructurel, juridique et même des obstacles liés au niveau d'instruction des femmes.

1.3.1 Les obstacles d'ordre psychologique

En effet, il arrive que les femmes manquent de confiance en elles ou même qu'elles aient une image négative d'elles. Ce facteur psychologique n'est pas à négliger en ce qui concerne la femme de Bertoua. En plus, les femmes éprouvent des difficultés à concilier leurs rôles familiaux et les contraintes de temps qu'implique l'exercice de l'activité économique.

1.3.2 Les obstacles socioculturels

Au plan socioculturel, des préjugés défavorables à l'égard des femmes obstruent leurs activités. Cet ascendant culturel expliquerait aussi la restriction concernant le choix du secteur d'activité des femmes. A cela, l'on peut ajouter le niveau d'instruction des femmes qui généralement est bas. L'éducation de la jeune fille est empreinte de préjugés. Cet état de choses réduit considérablement les chances des filles et des femmes de suivre une formation professionnelle.

1.3.3 Les obstacles d'ordre infrastructurel

S'agissant des obstacles infrastructurels, l'accès au crédit, à la technologie, aux services d'appui et à l'information est difficile pour les femmes. Les structures d'encadrement existantes dans la ville de Bertoua semblent très insuffisantes pour l'encadrement de la masse féminine. Il faut aussi signaler ici que le système des transports et des communications est très limité.

1.3.4 L'absence d'un environnement incitatif

Les interventions destinées à promouvoir l'entrepreneuriat féminin n'obtiennent pas de résultats satisfaisants car l'environnement économique n'est pas propice. Il s'agit particulièrement des politiques générales de développement, des politiques fiscales et monétaires et de la législation.

1.3.4.1 Les politiques

Les politiques générales de développement, les politiques fiscales et monétaires sont importantes lorsqu'il s'agit de développer l'entrepreneuriat féminin. Les micro-entreprises croupissent sous le poids de la fiscalité, ce qui décourage généralement les femmes.

1.3.4.2 La législation

Les règlements et procédures administratives qui conduisent à l'enregistrement au registre du commerce représentent un goulot d'étranglement pour les jeunes entreprises.

1.3.4.3 Les institutions

Les représentations des organisations fournissant des services financiers sont très faibles dans la ville. Cet état de choses réduit considérablement les capacités des femmes du fait de la rareté des capitaux.

Cette dernière articulation qui a mis en exergue les obstacles à l'entrepreneuriat féminin dans la ville de Bertoua met un terme au chapitre I. Le second chapitre nous permettra d'explorer la structure d'encadrement et de promotion de la femme qu'est le CPFF de Bertoua.

CHAPITRE II : GENERALITES SUR LE

CPFF DE BERTOUA

Ce chapitre met en exergue le domaine de préoccupation majeure de notre étude. Pour ce faire, nous présenterons le contexte environnemental de l'étude, l'organisation et le fonctionnement du CPFF, les modes d'intervention, les approches utilisées en matière de formation au CPFF, les partenaires puis nous procèderons à l'évaluation des performances du CPFF en tant qu'organisation.

2.1 Contexte environnemental de l'étude

Notre étude a pour cadre géographique la ville de Bertoua, chef lieu de la province de l'Est Cameroun, du département du Lom et Djerem et de l'arrondissement de Bertoua.

Sur le plan physique, la ville de Bertoua s'étend sur une plaine d'une superficie d'environ 100 Km2. Sa végétation est faite de forêt et de savane arborée. Elle est arrosée de plusieurs cours d'eau donc les plus importants sont : la Dja Dombe, Lelengue, Koume, Toungou. Il faut ici signaler que comme la plupart des viles Camerounaises, Bertoua est divisé en zone urbaine (au centre) et en zone rurale (dans les périphéries).

Sur le plan démographique, Bertoua est une ville cosmopolite dans la quelle se côtoie paisiblement les ethnies dites autochtones ; Gbaya, Kako, Pol, Képéré, et les allogènes dont les plus représentatifs sont : les Bamvélés, les Maka'a les Bamilékés, les Bamouns, les Bororos, etc. Selon une étude menée par le MINPLADAT/Projet PNUD relevant les données socio-économique de la province de l'EST en 2002, la population de la ville de Bertoua est estimée à

155742 habitants avec un taux de croissance annuel de 10.2%. La population est

répartie ainsi qu'il suit :

 

- Moins de 25 ans

67%

- De 25 à 55 ans

29%

- Plus de 55 ans

4%

 

Celle-ci est repartie en classes sociales constituées de fonctionnaires, des agriculteurs et éleveurs, des commerçants des transporteurs etc.

Sur le plan socio économique, plusieurs activités se pratiquent dans la ville. On a ainsi l'agriculture pratiquée par toutes les classes sociales ; les produits cultivés sont : le mais, le manioc, les arachides, les ignames le macabo, le plantain, les cultures de rente comme le cacao et le café et les cultures maraichères. Cette activité se déroule dans les zones péri urbaines. On y pratique également l'exploitation forestière, le commerce, le transport, les services divers.

2.2 Présentation du CPFF de Bertoua 2.2.1 Aperçu historique

Le CPFF de Bertoua découle de la maison de la femme créée en 1969. En effet, c'est une unité technique spécialisée de promotion de la femme. Dénommé Centre socio-ménager de 1969 à 1977 il devient Maison de la femme de 1977 à 1988 et à partir de 1988, Centre de promotion de la femme.

Le centre socio-ménager était chargé d'assurer l'encadrement des femmes et des jeunes filles dans les domaines social, culturel, sanitaire, économique et politique. Les activités développées portaient essentiellement sur l'apprentissage de l'art culinaire, la couture, la broderie et l'éducation civique.

La « Maison de la Femme », avait pour objectif principal l'encadrement socio-économique de la femme en vue de son intégration au développement. Il s'agissait de donner à la femme les outils lui permettant de jouer avec efficience

et efficacité son rôle de mère, d'épouse, d'agent économique et de gardienne des valeurs socioculturelles et traditionnelles positives.

La Maison de la Femme menait des activités dans les domaines de l'industrie de l'habillement, de l'éducation sanitaire, de la santé de reproduction, des activités génératrices de revenus et de l'alphabétisation.

Le Décret N° 98/068 du 4 mai 1998 portant organisation du Ministère de la Condition Féminine crée les Centres de Promotion de la Femme (CPF).

Les CPF sont des structures publiques d'éducation non formelle et de formation de la femme et de la jeune fille. La femme camerounaise peut y trouver réponse à toutes ses préoccupations. Depuis 2004, le CPF est devenu CPFF (Centre de Promotion de la Femme et de la Famille).

2.2.2 Organisation et fonctionnement

L'organisation et le fonctionnement de ces centres sont déterminés par le Décret n°2000/001/PM du 4 janvier 2000 qui leur confère les missions suivantes :

2.2.2.1 Missions assignées

· La formation morale, civique et intellectuelle de la femme en vue de sa promotion économique, sociale et culturelle ;

· L'éducation de la femme à la parenté responsable et à la protection de la santé maternelle ;

· Le soutien à l'esprit d'entreprise et l'apprentissage des métiers porteurs, en vue de faciliter l'insertion ou la réinsertion socioprofessionnelle de la femme ;

· Le suivi, en liaison avec les Centres de Technologies Appropriées, de la vulgarisation des technologies appropriées, en vue de

l'amélioration des conditions de vie et de travail de la femme urbaine et rurale.

2.2.2.2 Fonctionnement

Au CPFF de Bertoua, un conseil de direction est l'organe de décision de suivi et d'évaluation. La direction est placée sous l'autorité d'un Directeur qui assure la coordination générale des services.

On distingue trois unités dirigées par des chefs d'unités. Il s'agit de l'unité des affaires administratives et financières, l'unité d'appui pédagogique et de suivi, l'unité d'orientation et de conseil.

Le personnel du CPFF de Bertoua est constitué du personnel PPTE, du personnel vacataire, des temporaires, d'une infirmière et d'un comptable matière.

Deux comités participent aux activités du centre. Il s'agit du comité d'orientation et du comité de crédit financé sous ressources PPTE.

2.2.2.3 Localisation et infrastructures

Le centre de promotion de la femme et de la famille de Bertoua est un grand bâtiment situé au quartier Tigaza à côté du Complexe sportif. Il dispose de deux salles de conférence, quatre ateliers de formation, quatre bureaux, une infirmerie, une cuisine, des toilettes.

Les effectifs au centre vont croissant depuis sa création. Actuellement, le CPFF de Bertoua accueille environ 150 apprenantes âgées de 20 ans et plus. En effet, les femmes, jeunes et adultes reçoivent des formations en vue de leur insertion socio-économique et/ou pour le renforcement de leurs activités. La figure ci-dessous met en exergue les fréquentations du centre par les femmes en fonction de l'âge.

Figure 2.1 : Fréquentation du centre par les femmes en fonction de l'âge 2.3 L'encadrement des apprenantes au CPFF de Bertoua

Dans le but de favoriser le développement de l'entrepreneuriat féminin dans la ville de Bertoua, le CPFF offre des formations professionnelles ainsi que des appuis financiers aux apprenantes.

Le CPFF organise des actions pour faciliter la participation des femmes à l'activité économique par le financement de diverses activités de type social (garde d'enfant, alphabétisation fonctionnelle, discussion en groupe pour sensibiliser les femmes). Cependant, parmi ces diverses formes d'intervention, les plus couramment utilisées sont la formation et le crédit.

2.3.1 Les formations professionnelles

Les modules de formation intègrent les spécialités suivantes : textile et industrie d'habillement, informatique, aide maternelle, hôtellerie et restauration. Elles peuvent être continues ou ponctuelles. Les formations continues s'étalent sur une ou deux années, dans un cadre fermé avec toutes les exigences pédagogiques du système scolaire classique. Elles sont sanctionnées par une attestation de fin de formation ou d'apprentissage.

Les formations ponctuelles quant à elles sont organisées à la carte c'est-à- dire en fonction de la demande de la clientèle cible (groupes de femmes isolées, associations, ...). La durée varie en fonction des modules sollicités.

2.3.2 Les appuis financiers

Le souci du CPFF à ce niveau est essentiellement d'intervenir dans le social en ce sens que compte tenu de ses moyens forts limités, il engage essentiellement des actions à cours terme afin de favoriser l'accès immédiat de sa clientèle à une activité génératrice de revenus. Le CPFF met ainsi à sa disposition des moyens financiers sous forme de micro-crédits d'un montant qui varie entre 50 000 francs CFA et 225 000 francs CFA. Les crédits sont destinés au financement de micro-activités telles les petits commerces (vivres, bois de chauffage, produits agricoles, ...), les salons de coiffure, les ateliers de couture ou de broderie, le petit artisanat etc.

Au total, l'efficacité de cette intervention a permis d'intégrer dans la vie active près de 150 femmes, soit une moyenne de 15 par an. Ce qui leur a permis de créer quelques micro-activités génératrices de revenus et partant d'améliorer leur niveau de vie ainsi que celui de leur famille.

Au regard des analyses qui précèdent, cette première partie nous aura permis de jeter un regard sur l'intérêt de l'entrepreneuriat féminin afin de cerner les besoins et aspirations de la femme dans ce secteur d'activités. Au-delà, nous avons présenté le cadre de référence de notre étude en nous fondant sur l'environnement qui le caractérise, la spécificité de la clientèle ainsi que les différentes modalités d'intervention. Ce qui a permis de montrer l'utilité sociale de cette structure d'encadrement de proximité à travers le choix et la programmation de ses activités ainsi qu'une idée des performances réalisées.

La deuxième partie de notre travail nous permettra de jeter un regard critique sur le fonctionnement de cette structure.

Deuxième Partie : REGARD CRITIQUE SUR LE

FONCTIONNEMENT DU CPFF DE BERTOUA

P

our que le CPFF de Bertoua puisse impliquer un plus grand nombre de femmes dans le processus de développement et ce surtout à travers des activités plus ambitieuses, il nous semble

nécessaire voire indispensable de nous interroger sur les raisons qui justifient la modestie de ses interventions. La deuxième partie de notre travail qui jette un regard critique sur cette structure traitera au chapitre III de la méthodologie de l'enquête menée sur le terrain, des résultats obtenus, de leur analyse et de leur interprétation. Le chapitre IV quant à lui présentera les perspectives d'amélioration des performances de notre structure d'étude.

CHAPITRE III : METHODOLOGIE DE L'ENQUETE,
ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS

Le présent chapitre est consacré à la présentation des diverses données rassemblées lors de nos investigations sur le terrain. Il procède également à leur analyse, à leur interprétation et à la vérification des hypothèses de recherche. Cependant, avant d'en arriver là, il nous semble opportun de dire un mot sur la méthodologie qui aura guidée l'enquête effectuée sur le terrain.

3.1 La méthodologie de l'enquête 3.1.1 L'observation directe

L'observation directe nous a permis de constater que les femmes de la ville de Bertoua ne travaillent pas en groupes. En effet, pour mener leurs activités entrepreneuriales, les femmes préfèrent travailler individuellement même quand elles appartiennent à des tontines.

En outre, les activités menées par les femmes ne durent pas dans le temps. Elles finissent toujours par dépérir.

3.1.2 Les entretiens

Les entretiens réalisés nous ont fourni des informations sur les secteurs d'activités des femmes et sur les services qui leur sont offerts. Ces informations ont été recueillies auprès des leaders locaux des femmes et de certains responsables des établissements de microfinance tels que FIFFA. Les questions posées découlaient directement du questionnement soulevé par l'observation directe.

Il en découle la répartition suivante :

Tableau 3.1 : Répartition de l'échantillon pour les entretiens

Structure ou institution

Nombre de responsables
entretenus

Délégation Départementale de la Promotion de la Femme et de la Famille de l'Est

02

Centre de Promotion de la Femme et de la Famille de Bertoua

03

Délégation Provinciale des Petites et Moyennes Entreprises de l'Est

01

TOTAL

06

 

3.1.3 La recherche documentaire

Dans le but d'étoffer notre travail de recherche, nous avons eu recours à des ouvrages, des articles, des journaux et des mémoires. Les différents documents ont été obtenus dans :

- La bibliothèque de l'INJS ;

- La bibliothèque de l'IFORD ;

- La bibliothèque du SAILD ;

- Les archives de l'Institut National de la Statistique ; 3.1.4 Le questionnaire

Enfin, l'enquête s'est faite sur la base d'un questionnaire qui a servi à recueillir les informations de notre population d'étude.

Bien que MABOUL EBANGA (1996 : 76) citant RUSK pense que le questionnaire soit : « l'instrument le plus pauvre qui soit introduit dans le domaine responsable de la science », nous avons choisi d'utiliser cet instrument car il a l'avantage de toucher un grand groupe à la fois.

Par contre, certains auteurs tels que CHAUCHAT (1985 : 178) lui reconnaissent plusieurs avantages. Elle dit à cet effet :

« Cette méthode présente, il est vrai de nombreux avantages et elle est pratiquement la seule qui soit adaptée aux enquêtes quantitatives. Les observations y sont systématiquement standardisées et les opérations de passation de questionnaire et de dépouillement de réponses simples rapides et peu couteuses relativement aux autres méthodes de telle sorte que, les enquêtes par les questionnaires peuvent être menées sur de gros échantillons et les données obtenues traitées statistiquement ».

Notre questionnaire était constitué de 22 questions regroupées en quatre items :

· Identification des répondantes ;

· Les activités menées et les formations suivies ;

· Les sources de financement de la clientèle cible ;

· Le suivi et évaluation des activités.

3.1.5 Rappel et opérationnalisation des hypothèses de recherche

Une variable est une donnée ou un élément dont la valeur peut changer prendre des formes diverses. Une hypothèse est opérationnalisée en variable lorsqu'elle est décrite en des termes qui la rendent observable et mesurable. Dans cette étude, deux catégories de variables ont été utilisées : la variable dépendante et la variable indépendante.

La variable dépendante ou expliquée est le plus souvent le sujet de l'enquête, c'est-à-dire le phénomène que l'on cherche à expliquer. Cette variable est généralement l'effet présumé de la variable indépendante qui l'influence.

La variable dépendante inhérente à cette recherche est la faible participation des femmes formées au CPFF de Bertoua au développement socio- économique.

La variable indépendante ou explicative est la cause présumée de la

variable dépendante. Elle correspond au phénomène manipulé ou observé par

l'observateur. Dans le cas d'espèce, il s'agit de l'insuffisance de la formation

professionnelle et des moyens financiers mis à la disposition des apprenantes. Les variables indépendantes de nos hypothèses spécifiques sont : Hypothèse spécifique 1 : faible promotion de la vie associative.

Hypothèse spécifique 2 : insuffisance du revenu pour l'amélioration des

conditions de vie.

Hypothèse spécifique 3 : inadéquation des formations professionnelles. Hypothèse spécifique 4 : augmentation des capacités entrepreneuriales des femmes

3.1.6 Techniques de collecte et d'exploitation des données

La démarche adoptée à ce niveau comporte plusieurs phases :

· La détermination des indicateurs à évaluer au sein de la structure d'étude ;

· L'exécution de l'enquête sur le terrain ;

· Le dépouillement des informations recueillies ;

· La présentation des résultats ;

· L'analyse et l'interprétation des résultats 3.1.7 Population cible et choix de l'échantillon 3.1.7.1 Présentation de la population cible

La population d'étude selon CHAUCHAT est la population parente. Elle désigne l'ensemble des individus concernés par une étude, le groupe dans lequel

l'échantillon est tiré ou encore, l'univers préalablement défini auquel s'intéresse le chercheur ou le statisticien pour recueillir les informations dont il a besoin.

Notre population cible est constituée des femmes exerçant des activités génératrices de revenus, ayant été formées au CPFF de Bertoua. Nous avons limité l'étude aux femmes de plus de 18 ans. Car avant 18 ans, la jeune fille est censée suivre un enseignement formel.

3.1. 7.2 Choix de l'échantillon

Notre échantillon a résulté de la méthode probabiliste. Pour ce faire, nous avons distribué de façon aléatoire, 60 questionnaires sur un effectif présent de 75 femmes soit un taux de représentativité de 80%. Pour plusieurs raisons, nous n'avons pu récupérer et exploiter que 50 questionnaires.

3.2 Procédé d'analyse des données

Pour une meilleure analyse de nos données, nous avons opté pour l'analyse quantitative et qualitative.

S'agissant de l'analyse quantitative, retenons qu'elle repose sur la quantité des données. Elle a une base statistique et exige un retour au questionnaire. Notre questionnaire est exploité grâce à un dépouillement logiciel et un regroupement thématique des informations recueillies. Dans le cadre de notre étude, nous avons utilisé la statistique descriptive sur l'indice de pourcentage. Cet indice permet de contrôler les fréquences observées. Dans notre travail, le calcul des indices de pourcentage s'est fait sur la base de la formule suivante :

p

f

= 0 × 100

n

Avec :

p : indice de pourcentage ; f0 : fréquence observée ;

n : taille de l'échantillon.

Cette opération nous a permis de procéder à l'interprétation de nos résultats. Ainsi, les pourcentages inférieurs à 50% infirment les hypothèses tandis que ceux supérieur à 50% les confirment.

Malgré la pertinence de l'analyse quantitative, nous avons jugé opportun de procéder à une analyse qualitative. Selon M. GRAWITZ (1990 : 639), « On quantifie les données, au départ qualitatives ».

L'analyse qualitative ou analyse des contenus quant-à-elle ne conduit pas à la quantification des données. Il s'agit simplement des observations caractérisant des faits ou qui expliquent une réalité donnée.

Pour M. GRAWITZ (op. cit.), l'analyse qualitative « permet non seulement d'émettre des hypothèses précises concernant les rapports de cause à effet, mais aussi de proposer des explications plus générales, sous forme parfois de théories limitées ».

L'analyse qualitative s'appui par conséquent sur la documentation consultée et sur les différents entretiens que nous avons eu au cours de notre enquête. Nous avons analysé de façon globale les différentes réponses obtenus auprès des personnes interviewées.

3.3 Présentation et analyse des résultats

Dans cette partie, nous présenterons successivement les résultats de l'observation directe, de la recherche documentaire, des entretiens et du questionnaire.

3.3.1 Résultats de l'observation directe

L'observation directe a été réalisée grâce à nos descentes dans la ville de Bertoua. Celles-ci nous ont permis de découvrir le vécu quotidien des femmes c'est-à-dire leurs besoins, leurs conditions de vie ainsi que leurs rapports avec le CPFF.

Nous avons pu relever que la pauvreté représente une compagne de vie pour la femme de Bertoua. En effet, bien que Bertoua soit à la fois une zone urbaine et rurale, les populations en général et les femmes en particulier vivent un état d'indigence. De plus, le chômage est accentué par l'attitude oisive des jeunes qui se livrent à la prostitution. Les mariages et grossesses précoces sont très fréquents dans la ville.

Toutes ces données montrent que les femmes éprouvent des difficultés à s'auto-employer et donc à générer des revenus pour subvenir à leurs besoins et améliore leurs conditions de vie.

Ces données nous ont aussi permis d'appréhender les us et coutumes ayant cours dans la ville, toute chose nous ayant facilité l'analyse de certains aspects de la vie économique.

3.3.2 Résultats de la recherche documentaire

Dans les bibliothèques du SAILD, de l'IFORD, et de l'INJS, sans oublier les centres d'information tels que les archives du MINADER, du MINPROFF, de la Banque Mondiale, nous avons eu recours à des documents qui nous ont fait remarquer que les problématiques de l'entrepreneuriat féminin et de la participation des femmes au développement sont au centre des préoccupations tant nationales qu'internationales.

Ces lectures nous ont fixés sur les réalités et surtout la nécessité de l'intégration de la femme dans le processus de développement à travers l'entrepreneuriat et les activités génératrices de revenus. En effet, nous avons enrichi nos connaissances sur l'entrepreneuriat féminin, le concept de femme et développement qui est passé de la simple amélioration des conditions de vie des femmes « Women Welfare » à l'acquisition du pouvoir par les femmes « Women Empowerment ».

3.3.3 Résultats des entretiens

Nous avons réalisé des entretiens avec les responsables de la Délégation provinciale du MINPROFF pour l'Est, de la Délégation provinciale des PME, de la Délégation provinciale du Commerce ; nous nous sommes aussi rapprochés des responsables des structures de financement présentes dans la ville de Bertoua sans oublier les responsables du CPFF de Bertoua ; soit au total neuf personnes interviewées.

De ces entretiens, nous avons retenu que le CPFF de Bertoua, dans sa mission d'encadrement, est conforme aux missions qui lui sont assignées. En effet, le CPFF de Bertoua s'implique largement dans la promotion de l'esprit d'initiative à travers les formations et/ou le financement des activités entrepreneuriales des femmes. Cependant, les microcrédits accordés aux femmes sont de faible valeur ; de plus, le CPFF promeut très peu la vie associative. A ce titre, le responsable des fonds PPTE affirme ne pas accorder de crédits aux groupes (GIC, GIE, Associations). La principale raison évoquée ici pour justifier la non assistance aux groupes étant la difficulté de remboursement du fait de la mauvaise foi.

Pour les responsables de la Délégation du MINPROFF, nous avons retenu qu'ils estiment que les femmes de Bertoua manquent d'initiative entrepreneuriale car, les activités de femmes se limitent aux seules activités génératrices de revenus.

Les associations de femmes répertoriées à la Délégation provinciale font très peu des activités économiques. Ainsi, sur seize associations affiliées au réseau, six seulement ont un caractère économique.

Pour les délégués du commerce et des PME, les femmes de Bertoua semblent être réfractaires à toute activité économique ; ou du moins, les femmes ignorent les modalités administratives d'exercice de l'activité économique. Pour mieux étayer leurs positions, il nous a été rapporté, qu'il n'existe aucune activité

créée ou gérée par une femme et déclarée au registre de commerce. Ce qui nous emmène à croire que les activités des femmes sont principalement destinées à la consommation familiale.

Nous avons relevé des entretiens réalisés avec les responsables de FIFFA (structure de financement présente à Bertoua) que le véritable problème ou mieux la difficulté d'accès au crédit par les femmes réside dan s la garantie de remboursement. De plus, les femmes, du fait de leur niveau d'instruction relativement bas, ignorent les modalités d'accès au crédit. Il en résulte une faible demande des crédits par les femmes.

A la délégation provinciale de l'agriculture, les responsables nous ont fait savoir que le véritable problème d'encadrement qu'ils avaient avec les femmes de la ville de Bertoua était le fait qu'elles agissent presque toujours individuellement. Le manque de personnel est alors pour eux un facteur qui ne leur permet pas de satisfaire la demande pourtant grande des femmes. Un autre problème qu'ils ont soulevé c'est la destination des activités. En effet, ils estiment à plus de 70%, les activités des femmes destinées soit à la consommation familiale, soit au petit commerce, toutes situations ne pouvant les sortir de la pauvreté.

3.3.4 Résultats du questionnaire

Destiné aux femmes ayant été formées au CPFF de Bertoua, notre questionnaire comptait 22 question réparties en quatre items. Ces items portaient respectivement sur l'identification des répondantes, le type d'activité menée, la formation reçue et les sources de financement.

La présentation et l'analyse des résultats du questionnaire se feront à l'aide de tableaux et de figures représentant les effectifs et les fréquences des différentes modalités.

Item 1 : Identification des répondantes

Cette rubrique nous permet de rassembler des informations relatives aux femmes menant des activités économiques et surtout de les classer en fonction de l'âge, de la situation matrimoniale et du niveau d'instruction.

Pour l'âge des répondantes, nous n'avons pas obtenu de valeurs manquantes soit 100% de valeurs valides. Les résultats sont consignés dans le tableau suivant :

Tableau 3.2 : Répartition des répondantes par tranches d'âge

Modalité

Effectif

fréquence

18 - 25 ans

0

0%

26 - 35 ans

15

30%

36 - 40 ans

12

24%

plus de 40 ans

23

46%

Total

50

100%

 

La question traitant de l'âge montre que l'échantillon est constitué des femmes adultes et jeunes c'est-à-dire celles susceptibles de contribuer aux activités d'auto-emploi et au développement. L'on note une forte représentation des femmes ayant un âge qui varie entre 26 et 40 ans. Cette tranche d'âge représente l'âge de la responsabilisation, de la réalisation des rêves de jeunesse. En effet, portées à cet âge, les femmes ont convolé à de justes noces et ont eu des maternités. Se pose alors pour elles la nécessité de pourvoir aux besoins de leurs familles. A plus de 40 ans, les charges familiales s'alourdissent et la femme est obligée de produire davantage.

Cette situation nous emmène à nous interroger sur la situation matrimoniale des répondantes. Les résultats sont consignés dans le tableau suivant :

Tableau 3.3 : Répartition des répondantes suivant la situation matrimoniale

Modalité

Effectif

fréquence

Divorcée

0

0%

Célibataire

2

4%

Mariée

46

92%

Veuve

2

4%

Total

50

100%

 

La répartition des répondantes suivant le régime matrimonial révèle que 92% sont mariées (mariage coutumier, mariage légal ou mariage de fait). Elles ont par conséquent des foyers et des enfants en charge. Ceci laisserait comprendre que les responsabilités familiales amènent les femmes de Bertoua à être plus entreprenantes. Le fait que seulement 8% des répondantes soient veuves ou célibataires montre le faible intérêt des femmes non mariées qui, semblent mener des activités économiques par plaisir personnel. Le travail des femmes aurait donc pour origine les pressions familiales. Pour affiner notre questionnement intéressons nous au niveau d'instruction des répondantes, les résultats sont donnés par la figure suivante :

Tableau 3.4 : Niveau d'instruction des répondantes

Modalité

Effectif

fréquence

Primaire

18

36%

Secondaire

15

30%

Total

33

66%

Abstention

17

34%

Total

50

100%

 

34,0%

36,0%

30,0%

Primaire

Secondaire

Manquante

Figure 3.1 : Répartition des répondantes par niveau d'instruction

L'analyse conjointe des résultats donnés par le tableau 3.3 et la figure 3.1 montrent que 34% des femmes se sont abstenues de dévoiler leur niveau d'instruction. En outre, 36% des femmes interrogées déclarent avoir le niveau primaire tandis que 30% déclarent avoir le niveau secondaire. Les femmes auraient donc une gêne à exprimer leur niveau d'instruction.

Les 34% de valeurs manquantes enregistré montrent la difficulté que les responsables du CPFF éprouvent dans l'élaboration des programmes de formation

Le niveau d'instruction relativement bas des apprenantes s'explique par le fait qu'elles se recrutent parmi les filles en déperdition scolaire et les femmes adultes.

En définitive, l'identification des répondantes pourrait être résumée par la figure suivante qui récapitule les relevés des valeurs de l'âge, de la situation matrimoniale et du niveau d'instruction des répondantes.

26 - 35 ans

36 - 40 ans

plus de 40 ans

140,0%

120,0%

100,0%

40,0%

20,0%

80,0%

60,0%

0,0%

33,333%

5,556%

16,667%

6,667%

60,000%

77,778%

Niveau d'instruction

Primaire

Secondaire

Age de la Répondante

Figure 3.2 : Rapport entre âge, situation matrimoniale et niveau d'instruction des

répondantes

Il ressort de cette figure que les apprenantes sont pour l'essentiel mariées avec un niveau primaire. 77,778% des femmes âgées de plus de quarante ans, 16,667% des femmes âgées de 36 à quarante ans et 5,556% des femmes âgées de 26 à 35 ans.

Parmi les femmes du niveau d'instruction secondaire, 60% ont plus de 40 ans, 33,333% ont entre 26 et 35 ans et enfin 6,667% ont entre 36 et 40 ans.

Item 2 : Activités menées et formations suivies

Cette rubrique nous permet d'identifier les activités économiques menées par les femmes, les formations qu'elles ont suivies et leurs demandes en formation.

Les réponses obtenues à la question permettant l'identification de l'activité menée sont consignées dans le tableau suivant :

Tableau 3.5 : Activités économiques menées par les femmes

Modalité

Effectif

fréquence

Agriculture

12

24%

Commerce

16

32%

Elevage

12

24%

Service

10

20%

Total

50

100%

 

Nous constatons que l'activité économique la plus menée est le commerce (34%) suivie de l'élevage et de l'agriculture (24%) et enfin des services (20%). Les écarts entre les pourcentages des différentes activités ne sont pas grands (l'écart type des valeurs observées est 0,04 donc les écarts à la moyenne sont faibles).

En outre, le commerce est l'activité la plus pratiquée. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que la majorité des répondantes ne dispose pas de propriété foncière c'est-à-dire d'espace cultivable. Ce qui les éloigne de l'activité agricole.

Pour mieux cerner cette question intéressons-nous aux raisons ayant motivé le choix de l'activité menées. Les résultats sont donnés dans le tableau suivant :

Tableau 3.6 : Raisons du choix de l'activité menée

Modalité

Effectif

fréquence

Je l'ai apprise

2

4%

Je n'avais rien d'autres à faire

10

20%

Elle est rentable

12

24%

Pour survivre

20

40%

Abstention

6

12%

Total

50

100%

 

L'analyse de ce tableau montre que 40% des femmes choisissent l'activité qu'elles mènent pour des raisons de survie. C'est la raison pour laquelle il n'y aurait pas de séparation entre le revenu de l'activité et les ressources familiales. Le revenu étant directement investit pour résoudre les problèmes du ménage.

24% déclarent avoir choisi l'activité qu'elles mènent parce qu'elles la trouvent rentable. Ces femmes auraient donc mené des études de marché pour leur permettre de choisir l'activité qui leur génèrerait le revenu maximum.

20% déclarent que c'est parce qu'elles n'avaient rien d'autres à faire qu'elles ont choisi l'activité qu'elles mènent. Elles souhaitent donc avoir des emplois rémunérés et pourtant elles manquent de qualification professionnelle. Le problème ici n'est pas tant la formation car ces femmes ne considèrent même pas les activités qu'elles mènent comme des activités génératrices de revenus qui pourraient évoluer et devenir des entreprises.

Enfin, 4% déclarent avoir choisi l'activité qu'elles mènent parce qu'elles l'ont apprise. Le fait que ce taux soit faible démontre que les femmes ignorent encore les services offerts par le CPFF en matière de formation.

Cette dernière hypothèse nous amène à déterminer le nombre de femmes qui ont déjà reçu une formation. Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau suivant :

Tableau 3.7 : Nombre de femmes ayant déjà reçu une formation pour l'activité qu'elles
mènent

Modalité

Effectif

fréquence

Non

32

64%

Oui

18

36%

Total

50

100%

 

Nous constatons que 36% des femmes déclarent avoir reçu une formation pour l'activité qu'elles mènent tandis que 64% n'ont pas reçu de formation pour

l'activité. Ceci nous fait remarquer que, bien que des efforts significatifs soient consentis pour former les femmes, beaucoup reste encore à faire.

En ce qui concerne l'objet de la formation suivie et le rapport entre la formation suivie et l'activité menée, les résultats sont donnés dans le tableau et la figure suivants :

Tableau 3.8 : Objet de la formation suivie pour mener l'activité

Modalité

Effectif

fréquence

Montage de projets

12

24%

Recherche de financements

4

8%

Informatique

4

8%

Abstention

30

60%

Total

50

100%

 

60% des femmes déclarent avoir reçu une formation en montage de projets. Cette formation s'adapte à toutes les activités qu'elles pourraient mener. 20% ont reçu une formation en recherche de financement et 20% ont reçu une formation en informatique. La majorité des femmes a donc été formé en montage de projets. Ceci expliquerait les réponses des raisons du choix de l'activité avancées.

Evaluons maintenant le rapport entre l'activité menée et l'objet de la formation suivie. Le tableau suivant donne le récapitulatif du traitement des observations.

Tableau 3.9 : Récapitulatif du traitement des observations

Variable

Observations

 

Abstention

Total

 

Pourcentage

Effectif

Pourcentage

Effectif

Pourcentage

Activité menée par
la répondante et
Objet de la
formation suivie

20

40%

30

60%

50

100%

 

Ce tableau nous montre que le pourcentage de valeurs manquantes est de 60%. Cette situation nous amène à dire que les résultats présentés dans cette section seront de pures estimations.

Tableau 3.10 : Tableau croisé Activité menée par la répondante et Objet de la formation
suivie

 

Objet de la formation suivie

Total

 

Recherche de
financements

Informatique

 

Agriculture

0

2

0

2

 

8

2

0

10

 

4

0

4

8

Total

12

4

4

20

 

Dans ce tableau nous ne traitons qu'avec les valeurs valides issues des tableaux activité de la répondante et objet de la formation suivie. La figure ci- dessous récapitule les résultats en termes de pourcentages

Objet de la
formation suivie

Montage de projets

Recherche de financements

Informatique

100,0%

80,0%

60,0%

40,0%

20,0%

0,0%

0,0%

50,0%

0,0%

66,67%

50,0%

0,0%

3,33%

0,0%

100,0%

Agriculture Commerce Service

Activité menée par la répondante

Figure 3.3 : Rapport entre objet de la formation suivie et activité menée par les femmes La formation en recherche de financement a été reçue par 50% de femmes exerçant dans l'agriculture et 50% de femmes exerçant dans le commerce.

La formation en montage de projets a été reçue par 33,33% de femmes exerçant dans les services et par 66,67% des femmes exerçant dans le commerce.

Enfin, la formation en informatique a été reçue uniquement par les femmes exerçant une activité du domaine des services.

Dans le domaine agricole, les femmes n'ont suivi aucune formation en montage de projets ou recherche de financements. Enfin, dans le domaine des services, l'objet de formation manquant est la recherche de financements.

Déterminons à présent les besoins des femmes pour mieux réussir leur activité. Les résultats obtenus sont regroupés dans le tableau suivant :

Tableau 3.11 : Ce qu'il faut pour réussir l'activité

Modalité

Effectif

fréquence

De l'argent

40

80%

Suivi des activités

2

4%

Abstention

8

16%

Total

50

100%

 

Il ressort de ce tableau que 80% des femmes ont besoin de financements pour réussir l'activité qu'elles mènent. Ceci montre la grande difficulté que les femmes éprouvent pour rassembler les capitaux nécessaires au lancement de leur activité.

4% de ces femmes éprouvent des besoins de suivi de leurs activités.

Ces résultats montrent que les femmes souhaitent déjà se lancer dans l'exercice de leur activité et veulent être autonomes. Pour vérifier cette assertion, évaluons la demande en formation des femmes.

Nous leur avons donc demandé si les séminaires d'information sur les nouvelles techniques de gestion les intéressaient et elles ont toutes répondu oui. Nous leur avons donc demandé pourquoi elles les trouvaient intéressants. Les résultats obtenus sont les suivants :

Tableau 3.12 : Intérêt des séminaires d'information et de formation sur les nouvelles
techniques de gestion

Modalité

Effectif

fréquence

Augmenter les revenus

21

42%

Mieux gérer nos activités

29

58%

Total

50

100%

 

Nous remarquons que certaines (42%) souhaitent augmenter leurs revenus et donc auraient des problèmes de rendement. D'autres par contre (58%) souhaitent mieux gérer les activités et elles n'auraient donc pas beaucoup de

problèmes de gestion. Il apparait donc nécessaire que toutes ces femmes soient formées pour mener leur activité.

C'est la raison pour laquelle nous leur avons demandé dans quel domaine elles souhaiteraient être formées. Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau suivant :

Gestion Assistance Comptabilité Evaluation et Management

financière technique suivi de

l'activité

50,0%

40,0%

30,0%

20,0%

10,0%

0,0%

44,0%

8,0%

12,0%

28,0%

8,0%

Figure 3.4 : Domaines de formation demandés par les répondantes

Nous remarquons que la majorité des femmes éprouvent des difficultés en en gestion financière. En effet, 44% d'entre elles souhaitent être formées en gestion financière. Ceci n'est pas étonnant quand on sait que la principale raison du choix de l'activité est la survie et que ces femmes ont pour la plupart des charges familiales. 28% de ces femmes estiment avoir des problèmes en évaluation et suivi de l'activité et 12% posent le problème de la comptabilité. Enfin, 8% des femmes ont des problèmes d'assistance technique et 8% des problèmes de management.

Ces informations collectées sur les activités menées par les femmes nous amènent à nous interroger sur le lien entre l'activité menée et la demande en formation.

Activité menée par la
répondante

Agriculture

Commerce

Elevage

Service

200,0%

150,0%

100,0%

50,0%

0,0%

66,67%

33,33%

40,0%

37,5%

33,33%

16,67%

40,0%

16,67%

16,67%

20,0%

50,0%

16,67%

12,5%

Gestion Assistance Comptabilité Evaluation et Management

financière technique suivi de

l'activité

Domaine de formation demandés par les femmes

Figure 3.5 : Rapport entre activité menée et demande en formation des femmes

Nous constatons que :

- Dans le domaine d'activité des services, 40% des femmes demandent des formations en gestion financière, 40% demandent des formations en comptabilité et 20% en évaluation et suivi de l'activité. Ceci montre que les femmes du secteur des services sont poussées vers la gestion qui est indispensable pour le contrôle de leur activité. Leur demande en formation est donc bien adaptée au secteur d'activité qu'elles ont choisi.

- Dans le secteur de l'élevage, nous avons vu que toutes les femmes exerçant dans ce secteur n'ont reçu aucune formation. 66,67% de femmes sollicitent des formations en gestion financière, 16,67% des formations en évaluation et suivi de l'activité et 16,67% en management.

- Dans le secteur d'activité du commerce, 3 7,5% demandent des formations en gestion financière, 50% demandent des formations en évaluation et

suivi de l'activité et enfin 12,5% demandent des formations en Management. Ceci montre l'intérêt que même les femmes exerçant dans le secteur commerce ont de structurer leur activité.

- Enfin dans le secteur agricole, 33,33% des femmes sollicitent des formations en gestion financière, 33,33% des formations en assistance technique, 16,67% des formations en comptabilité et enfin 16,67% en évaluation et suivi de l'activité.

Il apparait donc que la demande en formation exprimée par les femmes est suffisamment forte.

Item 3 : Sources de financements et regroupements

Cette rubrique nous permet de rassembler des informations relatives aux sources de financements et aux regroupements des femmes.

S'agissant des sources de financements, déterminons l'origine du financement pour le lancement de leurs activités. Les résultats sont consignés dans le tableau suivant :

Tableau 3.13 : Source de financement ayant permis le lancement de l'activité

Modalité

Effectif

fréquence

Aide

2

4%

L'Epargne personnelle

16

32%

La tontine

24

48%

Abstention

8

16%

Total

50

100%

 

Il ressort de ce tableau que parmi les valeurs valides, 48% des femmes tirent leur financement des tontines. 32% tirent leurs ressources de l'épargne personnelle et 4% des aides. Cette situation traduit le grand penchant des femmes pour des sources de financements informelles. Ceci signifierait que les

femmes ne connaissent pas d'autres sources de financements ou alors qu'elles ont des préjugés sur ces sources de financements.

Pour étayer notre raisonnement, nous avons cherché à déterminer les sources de financements connues des femmes. Les résultats sont consignés dans le tableau et la figure suivants :

Tableau 3.14 : Statistiques des réponses sur les autres sources de financements

Modalité

Effectif

fréquence

Valide

20

40%

Abstention

30

60%

Total

50

100%

 

Nous constatons que le taux de valeurs manquantes est 60%. La majorité des femmes ne connaissent donc pas de sources de financements autres que la tontine, l'aide et l'épargne personnelle alors que 40% connaissant d'autres sources de financements.

10,0% Microfinances

25,0% PIASSI

50,0%

FNE

15,0% CPFF

Figure 3.6 : Autres sources de financements connues des femmes

Nous remarquons que parmi les 40% de femmes qui connaissent d'autres sources de financements, 50% font mention du FNE, 25% du PIASSI, 15% du CPFF et 10% des microfinances. Ceci laisserait entrevoir que parmi les autres

sources de financements, le FNE est l'organisme le plus connu. Ceci peut s'expliquer par la forte publicité du FNE et par son ancienneté. Une autre raison pourrait aussi être l'apport que les femmes ont réalisé pour leur activité car, pour celles disposant des financements, la connaissance des autres sources de financements pourrait être vue comme superflue. Le tableau suivant donne les apports des femmes pour l'activité qu'elles mènent :

Tableau 3.15 : Apport personnel pour le lancement de l'activité

Modalité

Effectif

fréquence

Industrie

2

4%

Nature

14

28%

Numéraire

26

52%

Abstention

8

16%

Total

50

100%

 

Nous constatons que, 52% de femmes ont réalisé un apport en numéraire, 28% ont réalisé un apport en nature et 4% un apport en industrie. La majorité des apports est donc faite par les apports en numéraire. Pour se lancer dans leur activité, la majorité des femmes a eu recours à des ressources financières.

L'ignorance d'autres sources de financements serait la résultante des réalités sociologiques

Examinons maintenant le mode d'activité des femmes et déterminons celles qui exercent en groupe et l'incidence que le groupe a sur le rendement.

La première interrogation consiste à déterminer l'appréhension que les femmes ont du crédit collectif par rapport au crédit individuel. Pour ce fait nous leur avons demandé le moyen le plus efficace pour obtenir des crédits.

Tableau 3.16 : Moyen le plus facile pour obtenir le crédit

Modalité

Effectif

fréquence

Crédit collectif

22

44%

Crédit Individuel

24

48%

Abstention

4

8%

Total

50

100%

 

48% des femmes estiment qu'il est plus facile d'obtenir les crédits individuellement tandis que 44% estime plus aisé à obtenir le crédit collectif. Ces chiffres laissent entrevoir que les femmes de la ville de Bertoua n'ont pas la volonté de travailler en groupes. Ce manque de volonté se fait ressentir par la grande proportion de femmes estimant le crédit individuel plus aisé à obtenir que le crédit collectif.

Déterminons les femmes qui appartiennent à un groupe et le type de groupe auquel elles appartiennent.

Tableau 3.17 : Type de groupe auquel appartient la répondante

Modalité

Effectif

fréquence

Association

Modalité

Effectif

Abstention

Modalité

Effectif

Total

Modalité

Effectif

 

Nous remarquons que 64% de femmes n'appartiennent pas à un groupe et les 36% restantes appartiennent toutes à des associations. Les femmes ne s'investissent donc pas dans les regroupements à caractère économique.

Tableau 3.18 : Mode dans lequel sont menées les activités

Modalité

Effectif

fréquence

En groupe

14

28%

Individuellement

36

72%

Total

50

100%

 

Nous constatons que 72% des femmes préfèrent exercer leurs activités individuellement. On comprend alors le problème de l'encadrement de ces femmes qui exercent individuellement. L'exercice individuel suscite le désintérêt des partenaires qui préfèrent travailler avec des groupes organisés.

Item 4 : Suivi et évaluation des activités

Dans cette rubrique nous évaluons l'offre en suivi et évaluation des activités menées par les femmes. Ce suivi évaluation est de trois ordres : Les facilités de regroupements, le rapport entre revenu de l'activité et revenu quotidien et enfin l'encadrement après formation.

Tableau 3.19 : Le CPFF offre-t-il des facilités de regroupements ?

Modalité

Effectif

fréquence

Non

8

16%

Oui

22

44%

Abstention

20

40%

Total

50

100%

 

40% de femmes n'ont pas répondu à cette question ce qui ne nous permet pas de faire les bonnes conjectures. Tout au moins, parmi celles qui ont répondu, 73,3% déclarent que le CPFF leur offre des facilités de regroupements.

Tableau 3.20 : Le revenu de l'activité est-il séparé du revenu quotidien ?

Modalité

Effectif

fréquence

Non

48

96%

Abstention

2

4%

Total

50

100%

 

Il apparaît à 96% des réponses que le revenu de l'activité n'est pas séparé du revenu quotidien. Les femmes ne mènent donc pas des activités entrepreneuriales mais plutôt des activités de survie assurant au ménage le pain quotidien.

Tableau 3.21 : Le CPFF propose-t-il un encadrement après la formation ?

Modalité

Effectif

fréquence

Non

26

52%

Oui

6

12%

Abstention

18

36%

Total

50

100%

 

64% des femmes ont répondu à cette question et 81,3% d'entre elles ont déclaré que le CPFF ne propose pas d'encadrement après la formation. Cette situation peut s'expliquer par le fait que les femmes refusant les groupements, le CPFF a des problèmes pour encadrer individuellement chaque femme.

3.3.5 Analyse multi-variée (analyse des correspondances multiples)

Après une étude bi-variée de nos données, nous allons étudier les associations qui existent entre nos différentes modalités. Nous ferrons une analyse des correspondances multiples sur le logiciel SPAD (Cf. listing en annexe).

Nous analyserons les données sur les deux premiers axes factoriels qui captent 38,64 % de l'inertie totale. Nous interpréterons les points dont la qualité de représentation est bonne (ici nous prendrons les cosinus carrés supérieur à 0,15).

L'analyse du premier axe factoriel présente une opposition entre deux groupes de variables :

1er Groupe : coordonnées négatives,
cosinus carré supérieur à 0,15

2e Groupe : coordonnées
positives, cosinus carré supérieur
à 0,15

· Age : Moins de 35 ans ;

· Age : Plus de 40 ans ;

· Secteur d'activité : Les services ;

· Formation : Pas de formation

· Formation : A suivie une formation ;

particulière reçue ;

· Eprouve des difficultés à accroître le

· Activité : Eprouve moins de

revenu ;

difficultés à accroître le revenu ;

· Besoins : Besoins de financement, de

· Besoins : Besoins de

formation dans les nouvelles techniques de

financement ;

gestion et de regroupement pour

· Revenus : Revenu de l'activité

l'obtention de financements ;

non séparé du revenu quotidiens.

· Revenu : les revenus de l'activité séparés des revenus quotidiens.

 
 

L'analyse du deuxième axe factoriel nous permet également de dégager de nouvelles oppositions entre groupes de modalités. On distingue toujours deux groupes :

3e Groupe : coordonnées négatives, cosinus
carré supérieur à 0,15

4e Groupe : coordonnées positives,
cosinus carré supérieur à 0,15

· Niveau d'instruction : Secondaire ;

· Niveau d'instruction : Primaire ;

· Secteur d'activité : Élevage ;

· Secteur d'activité : Commerce ;

· Raison du choix : Rentabilité de l'activité ;

· Raison du choix : Activité de survie ;

· Formation : Pas de formation reçue pour

· Formation : A reçue une formation

l'activité ;

pour l'activité ;

· Besoins : Besoins de formation en nouvelles

· Besoins : Besoins d'encadrement et

techniques de gestion pour augmenter le

de formation en nouvelles techniques

revenu ;

de gestion ;

· Source de financement : Epargne personnelle

· Source de financement : Tontine

(ignorance des autres sources de

(ignorance des autres sources de

financement) ;

financement) ;

· Perception : Crédit individuel facile ;

· Perception : Crédit collectif facile ;

· Exerce individuellement.

· Exerce en groupe.

 

3.4 Vérification des hypothèses

Dans cette section, nous vérifierons les hypothèses posées. Cette vérification se ferra sur la base des données chiffrées obtenues dans les questionnaires, des orientations de la recherche documentaire et des données obtenues dans les entretiens. La confirmation sera faite pour les différentes assertions dont les résultats théoriques seront supérieurs à 50% et, dans le cas échéant, les hypothèses seront infirmées.

Nous procèderons d'abord à la vérification des hypothèses spécifiques puis à la vérification de l'hypothèse générale.

3.4.1 Vérification des hypothèses spécifiques

3.4.1.1 Vérification de la première hypothèse spécifique

La première hypothèse spécifique puisqu'il faut la rappeler supposait que les femmes s'investissent plus dans les activités du secteur informel. Le secteur informel ici est pris au sens économique du terme. Sont dites du secteur informel toutes activités économiques non immatriculées au Registre du Commerce.

L'analyse des activités menées par les femmes montre que 48% des activités des femmes sont du secteur primaire (agriculture et élevage) et 52% du secteur tertiaire (commerce et services). En outre, aucune des femmes n'a songé à inscrire son activité au registre de commerce. Il apparaît donc que 100% des activités menées sont du secteur informel. La raison principale de cet état des choses est le faible niveau d'instruction des femmes. En effet, certaines pensent que le fait de mener leurs activités dans le cadre d'une association ou d'un GIC permet l'immatriculation de l'activité. La conséquence est la précarité des activités et la difficulté d'accès aux financements. Notre première hypothèse se trouve ainsi confirmée.

3.4.1.2 Vérification de la deuxième hypothèse spécifique

Notre seconde hypothèse spécifique suppose que les activités menées par les femmes leur permettent juste de survivre.

Il ressort de notre enquête que 40% des femmes mènent leurs activités pour survivre. 60% mènent des activités pour des raisons autres que la survie.

Nous pouvons donc affirmer que, bien que les activités menées par les femmes ne répondent pas encore aux critères de l'entrepreneuriat féminin comme facteur de développement, celles-ci vont au delà de la survie. Notre seconde hypothèse se trouve ainsi infirmée.

3.4.1.3 Vérification de la troisième hypothèse spécifique

En troisième hypothèse spécifique, nous avons supposé que les femmes éprouvent des difficultés de formation et des difficultés financières.

Les activités économiques des femmes ne constituent pas un ensemble homogène. Elles diffèrent par la taille et le secteur d'activité. Il est donc nécessaire de tenir compte des caractéristiques de chacune d'elles. Ainsi, dans la ville de Bertoua, les institutions de financements sont très peu représentées ce qui manifestement marque une absence de capitaux.

En plus, les formations offertes aux femmes au CPFF de Bertoua sont quelque peu en déphasage avec la réalité socioculturelle et la politique du marché. Le résultat de cet état de choses fait que les femmes formées au CPFF se trouvent obligées de mener des activités qui ne cadrent pas avec la formation reçue.

Au plan infrastructurel, malgré l'aménagement de la route Nationale N°1, le système des transports et des communications reste défectueux. Cet état de choses ne facilite pas l'installation des investisseurs et l'évacuation des produits de l'entrepreneuriat vers les milieux de commercialisation.

L'analyse de la demande en formation des femmes révèle que les femmes ont besoin des compétences dans des domaines comme l'assistance technique, la gestion financière, recherche de financements, montage des projets.

Les résultats de l'enquête montrent que 80% des femmes estiment qu'il leur faut de l'argent et 92% de femmes estiment que la formation est importante pour les activités qu'elles mènent. Notre troisième hypothèse se trouve ainsi confirmée.

3.4.2 Vérification de l'hypothèse générale

Notre hypothèse générale était élaborée en ces termes : L'amélioration des capacités entrepreneuriales des femmes dépend de la formation et des moyens financiers dont elles disposent.

Sur la base de nos investigations, il apparaît que la demande en formation des femmes est très grande. En effet, les femmes ont compris qu'il leur faut renforcer leurs capacités entrepreneuriales pour être plus compétitives. En outre, les femmes ne connaissent pas les sources de financement. Leurs possibilités d'accès aux crédits se trouvent donc limitées. 95% des femmes estiment qu'il leur faut plus de financements pour réussir leurs activités. Un slogan est récurent : « l'argent manque ». Il apparaît donc que l'augmentation des moyens financiers procure aux femmes un plein épanouissement économique et donc une participation effective au développement économique. Mais l'argent seul ne suffit pas. La formation aussi est un facteur de renforcement des capacités.

Deux hypothèses sur trois (hypothèse spécifique 1 et hypothèse spécifique 3) étant confirmées à une moyenne de 90% alors que l'hypothèse spécifique 2 se trouve infirmée à 40%, nous pouvons dire que, l'hypothèse générale qui est la somme de toutes les hypothèses spécifiques est confirmée au seuil théorique de 65%.

A l'issue de la présentation et de l'interprétation des données recueillies, ce chapitre s'achève sur la confirmation de notre hypothèse générale.

Au regard de ce qui précède, les difficultés qui perturbent l'action du CPFF sont liées à la faible valeur des micro-crédits octroyés d'une part et surtout à la faible promotion de la vie associative d'autre part. Au demeurant, il

apparait impérieux pour cette structure d'initier un certain nombre d'actions stratégiques dans le sens de l'amélioration de ses performances, pour une insertion socio-économique durable de sa clientèle.

CHAPITRE IV : ESQUISE D'UNE

STRATEGIE VISANT UNE INSERTION

SOCIO-ECONOMIQUE DURABLE DE LA

CLIENTELE DANS LES CIRCUITS

ECONOMIQUES

Après la confirmation de nos hypothèses, il nous parait judicieux de faire des suggestions susceptibles d'améliorer la prestation du CPFF de Bertoua. Nos propositions s'articulent autour de trois principaux points. Dans un premier temps, nous présenterons les forces et les faiblesses du CPFF de Bertoua. Puis, nous esquisserons quelques solutions visant à améliorer les prestations des différents acteurs. Enfin, nous nous attarderons sur l'apport du CADRE DE JEUNESSE ET ANIMATION en vue de l'amélioration des capacités entrepreneuriales des femmes.

4.1 Forces et faiblesses du CPFF de Bertoua

Dans l'optique de renforcer les capacités de femmes, nous nous proposons de mettre en exergue les facteurs négatifs et positif relevés au cours de notre enquête.

4.1.1 Inventaire des points forts du CPFF de Bertoua

Le CPFF de Bertoua intervient d'une manière générale en faveur de l'épanouissement socio-économique de la femme. Lorsqu'on parle de développement socio-économique, l'on entrevoit ici l'amélioration des

conditions de vie de tous. En effet, le CPFF de Bertoua offre un encadrement social aux femmes par le biais de l'éducation à la parenté responsable et de la formation morale, civique et intellectuelle. Le volet économique est soutenu par l'apprentissage des métiers porteurs tels que la couture, la teinture, la fabrication des jus naturels. En plus, le CPFF de Bertoua offre des microcredits aux femmes désireuses en vue du lancement des activités économiques. Outre ces aspects, il faut noter que la ville de Bertoua regorge de beaucoup de ressources naturelles qui pourraient être utilisées à des fins économiques par les femmes. Ce qu'il faut retenir ici est que, en dépit des aspects positifs pouvant contribuer à l'amélioration de la condition de la femme, il existe quelques points négatifs entravant l'exercice de l'activité économique des femmes.

4.1.2 Les faiblesses du CPFF de Bertoua

Au terme de nos investigations, il ressort que le CPFF offre beaucoup de possibilités de développement aux femmes. Seulement, le processus connaît quelques insuffisances. Il y a d'abord la faiblesse ou l'insuffisance des regroupements de femmes. En effet, les femmes du CPFF de Bertoua exercent plus individuellement ; ce qui fragilise leurs activités. Car, faut-il le rappeler, plusieurs organismes de financement optent pour le crédit collectif.

Ensuite, les crédits octroyés sur fonds PPTE sont de très faible valeur et donc inapte à promouvoir l'entrepreneuriat. Cet état de chose oblige les femmes à exercer la même activité, hypothéquant par ce fait même leurs chances de réussite. Il semble découler de ce qui précède que les femmes manquent de capitaux car les fonds disponibles sont insuffisants pour la demande.

Enfin, les formations offertes par le CPFF semblent être en inadéquation avec l'environnement socioculturel des femmes.

4.2 Stratégies de résolution forces d'inertie

D'une manière générale, une stratégie s'entend comme l'élaboration d'un ensemble de procédures et d'orientations globales permettant à un individu ou un groupe de répondre à une question précise.

Dans cette section, il est question de proposer les grands axes stratégiques conduisant au renforcement des capacités entrepreneuriales des femmes afin de permettre à celles-ci de participer de façon optimale au développement.

Notre stratégie vise un certain nombre d'objectifs tels que :

· L'adaptation des programmes de formation aux besoins réels des femmes entrepreneurs ;

· La prise de conscience des femmes de la nécessité des organisations à caractère économique ;

En outre, notre stratégie voudrait être un appel à la mobilisation des pouvoirs publics qui devront jouer un rôle capital dans l'encadrement des femmes en vue de leur développement personnel ainsi que celui de leur milieu d'existence. L'atteinte de ces objectifs passe par une approche pédagogique qui intègre une collaboration entre les femmes et les différents partenaires. Ils ne peuvent être atteints que par une approche systémique des grands axes stratégiques.

4.2.1 Les grands axes stratégiques

Quatre grands axes stratégiques seront suggérés dans le cadre de ce travail :

· Le module éducation et formation ;

· Le rôle des pouvoirs publics ;

· Le rôle des partenaires ;

4.2.1.1 Le module éducation et formation

Le constat majeur qui découle de l'opinion publique laisse penser que le respect et la considération dus à la femme sont fonction du degré d'élévation de son statut social. Cette considération est rattachée tantôt à son niveau d'étude, soit à sa fonction, soit à sa possession d'importants moyens financiers et matériels. Seulement, l'éducation et la formation jouent un rôle important dans le développement des communautés.

Nos investigations ont mis en exergue certaines insuffisances à savoir :

· La faible capacité d'autofinancement liée à la faiblesse des revenus des femmes ;

· Une forte concentration des activités des femmes dans le secteur informel ;

· Le mimétisme dans le choix de l'activité ;

· Un mode de gestion informel ;

· Une main d'oeuvre peu qualifiée ou alors pas du tout qualifiée ;

· Un faible niveau d'instruction.

Pour réussir une formation qui conduit au renforcement des capacités entrepreneuriales des femmes c'est-à-dire des capacités de création et de gestion des entreprises par les femmes, dans le but de favoriser leur participation au développement socio-économiques, il convient d'utiliser une méthode d'alphabétisation fonctionnelle qui met en exergue les principes andragogiques c'est-à-dire l'acquisition des savoir-faire car, faut-il le rappeler, les femmes adultes ont une expérience à partager.

· Les méthodes utilisées sont les méthodes actives et participatives (la méthode magistrale c'est-à-dire l'exposé, la méthode démonstrative et la méthode évaluative) ;

· La définition des objectifs de formation qui tiendra compte des savoirs, savoir-faire et savoir-être à transmettre ;


· La pérennisation des activités assurées par les activités de réinvestissement.

Le programme de formation élaboré prendra en compte le contexte socioculturel et les besoins des femmes ainsi que les caractéristiques des apprenantes.

- Après l'identification des besoins, l'animateur organise des réunions avec les groupes de femmes pour établir une classification des besoins ;

- Les besoins ainsi classifiés seront traduits en programmes de formation de manière à faire ressortir clairement les objectifs et les intérêts de la formation et du groupe ;

- Le programme de formation précisera les stratégies pédagogiques et mécanismes d'évaluation dans le temps.

4.2.1.2 Le rôle des pouvoirs publics

Pendant le déroulement de notre enquête, nous avons remarqué des insuffisances dont les plus importantes furent :

· L'absence de promotion d'une vie associative au sein du CPFF ;

· La faible représentation des institutions de financement ;

· L'absence des petites et moyennes entreprises et des petites et moyennes industries crées ou gérées par les femmes ;

· L'absence d'un environnement incitatif ;

En effet, les femmes du CPFF bénéficient d'un encadrement et d'un appui financier individuel car les responsables du CPFF estiment plus facile de recouvrir les finances chez les individus isolés qu'auprès des groupes (GIC, GIE, associations de femmes).

Très souvent, les femmes bénéficient de petits crédits d'une valeur très faible ne pouvant servir qu'au lancement des activités de subsistance.

Nous pensons que les pouvoirs publics et le CPFF devraient davantage encadrer les femmes en groupes en inscrivant leur dynamique dans le processus de développement. Le MINPROFF devrait véritablement veiller sur les activités des femmes en les constituants en groupes par affinité d'activité.

S'agissant des institutions de financements, l'Etat devrait veiller à la répartition des établissements de microfinance sur l'ensemble du territoire national à travers la promotion d'un environnement incitatif. Cette action faciliterait l'accès des femmes aux capitaux.

Les Ministères tels que le MINADER, le MINPROFF, le MINAS et le MINJEUN devraient chacun en ce qui le concerne développer une politique sectorielle en faveur des femmes entrepreneures.

4.2.1.3 Le rôle des partenaires

Les partenaires sont généralement les individus ou les institutions associés à une action à laquelle ils apportent leur expertise, leur soutien ou leur aide.

Dans le cadre de notre étude, les partenaires potentiels peuvent être principalement les institutions de financement (banques et coopératives), les ONG et les organisations internationales (PNUD, OMS, OIT, etc.). Les actions de ces différents partenaires devraient viser l'intégration des femmes dans le circuit économique en accordant des facilités d'accompagnement des projets de femmes.

Pour les institutions de microfinance et les banques, il s'agira d'investir la province de l'Est en adaptant leurs offres de crédits aux besoins réels des femmes. Les organisations internationales ainsi que les ONG devraient s'investir dans la sensibilisation et la formation afin de permettre aux femmes de devenir de véritables agents de développement.

4.2.2 Stratégie d'intervention du cadre de Jeunesse et Animation

Souvent défini comme un processus éducatif qui consiste à amener les populations à prendre conscience de leurs problèmes et à y trouver des solutions,

l'animation est ce processus qui vise les changements de comportements et tend à la responsabilisation des individus en faveur d'un réel développement. Jean Claude GILLET (1995 : 168) définit l'animateur comme

« Un facilitateur de relations capable de

comprendre les enjeux sociaux d'une association,

d'un quartier, d'une collectivité locale, et de faire

en sorte que chaque acteur puisse jouer sur la

scène sociale, dans la dynamique réparable et

agir sur ces enjeux en fonction de ses intérêts

(diront les sociologues) et de ses désirs (diront les

psychologues), et ce dans une perspective de

promotion et de développement social ».

En effet, nous pensons que l'animateur en sa qualité d'agent de développement devrait mener un certain nombre d'actions cohérentes auprès des femmes du CPFF de Bertoua. Son action visant la promotion de l'entrepreneuriat féminin, il pourra par conséquent mener des actions qui vont au-delà de la MOOFI (Mobilisation Organisation Orientation Formation Insertion) pour favoriser la résolution des problèmes.

Dans le souci de répondre à la préoccupation relative à l'approche pédagogique applicable pour renforcer les capacités entrepreneuriales des femmes, nous nous proposons de faire le point sur les méthodes et les types de formation existant au CPFF et ailleurs. Puis, au regard des insuffisances relevées, nous présenterons celles qui se révèlent plus appropriées au contexte des femmes de Bertoua.

En effet, la formation à l'entrepreneuriat féminin au Cameroun est conduite par certains ministères tels que le MINADER, le MINPROFF, le MINTFOP.

La société civile (ONG, associations) n'est pas en reste en matière de formation. D'autres structures de formation telles que les écoles offrent des

possibilités d'amélioration des compétences en création et gestion d'entreprises. Cependant, ces formations sont de type académique. Or, nous avons remarqué dans nos investigations que les femmes du CPFF ont un niveau d'instruction relativement bas.

4.2.2.1 Promotion de la vie associative

En sa qualité d'agent de développement et de facilitateur, le cadre de jeunesse et animation est appelé à aider la population cible c'est-à-dire les femmes à résoudre leurs problèmes. Il le fait en les amenant à chercher par elles- mêmes des solutions à la mesure de leurs possibilités. Pour cela, le cadre de jeunesse et animation suscitera l'intervention des acteurs indiqués pour la résolution des problèmes qui ne relèvent pas des compétences des femmes.

Pour renforcer les capacités entrepreneuriales des femmes, le cadre de jeunesse et animation pourra :

- Plaidoyer en faveur de la création de plusieurs CPFF dans la région ;

- Sensibiliser et orienter les femmes vers les différentes sources de financement ;

- Plaidoyer en faveur de l'installation des opérateurs économiques tels que les institutions de microfinance ;

- Favoriser la création des regroupements féminins tels que les mutuelles et les GIC.

Dans l'impossibilité de passer en revue toutes ces suggestions, nous allons montrer comment le professionnel de l'animation peut agir pour organiser les apprenantes du CPFF en GIC représentatifs du secteur d'activité dans le but de les orienter vers les sources de financement existantes.

4.2.2.2 Le concours du cadre de jeunesse et animation à la création d'un GIC

Le CPFF étant une institution, le cadre de jeunesse et animation devra se rapprocher du responsable des activités pédagogiques aux fins d'obtenir des plages horaires de sensibilisation des apprenantes sur les GIC. Il s'agira en effet

pour l'animateur d'informer les apprenantes sur les avantages des regroupements et des modalités de création des GIC afin de décider avec elles de la création de leur GIC.

Avant l'assemblée générale constitutive, le conseiller entretiendra les apprenantes sur les textes légaux régissant la création et le fonctionnement des GIC. Il s'agit de la loi N°92/006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et groupes d'initiative commune.

Une commission sera également désigne pour élaborer avec l'aide du Conseiller les statuts et le règlement intérieur. La commission devra examiner les points suivants :

- La dénomination du GIC ;

- Son objet et ses objectifs ;

- Son siège social et sa durée ;

- Les conditions d'adhésion et de retrait des membres ;

- L'organisation et le fonctionnement du GIC ;

- Le type d'activité à mener ;

- Les ressources nécessaires.

La tenue de la réunion de l'assemblée constitutive du GIC devra être ouverte à toutes personnes désireuses. Au terme de l'article 49 de la loi de 1992, seules les personnes physiques peuvent former un GIC, l'effectif minimum étant limité à cinq personnes.

L'assemblée constitutive a pour but de :

- Constater et évaluer la valeur exacte des apports en nature ;

- Ouvrir le registre des membres ;

- Expliquer, discuter, modifier et adopter les statuts et le règlement intérieur ;

- Elire le bureau exécutif composé du délégué, du vice délégué du trésorier et de deux commissaires.

La fin des travaux de l'assemblée constitutive marque le point de départ de la constitution du dossier administratif. Le procès verbal sera rédigé et signé par tous les membres fondateurs. Pour la légalisation du GIC, le dossier de déclaration sera déposé au service du registre des sociétés coopératives et des GIC de Bertoua.

Le dossier d'inscription contiendra :

- Une demande d'inscription timbrée ;

- Le procès verbal de l'assemblée constitutive ;

- Une copie des statuts signée par les membres fondateurs.

Après un délai de deux mois à compter de la date du dépôt du dossier de la création, les femmes devront être informées de la décision du Préfet. Si le dossier n'a pas été expressément rejeté, les femmes seront informées de ce que le silence de l'autorité vaut acceptation et le récépissé de dépôt représente l'acte de légalisation.

Les membres du groupe ainsi crée auront besoin, en plus des formations disponibles au CPFF, des formations supplémentaires en montage des microprojets et gestion des ressources.

4.2.2.3 L'aide à la diversification des sources de financements

La difficulté majeure des apprenantes du CPFF réside dans le manque des moyens financiers. Pour palier ce manque de capitaux, le conseiller devra organiser des séances d'information en vue de la sensibilisation et de l'orientation des apprenantes vers de multiples sources de financements.

En effet, en février 2008, un ensemble de programmes et projets gouvernementaux ont été initiés dans le but de lutter contre la pauvreté.

Compte tenu de l'âge des apprenantes, celles ayant un âge inférieur à 35 ans pourraient bien être orientées vers le PAJER-U, le PIAASI et le FNE.

Le tableau ci-après met en relief quelques projets gouvernementaux que le conseiller pourrait recommander aux jeunes filles.

Tableau 4.1 : Liste des programmes et projets gouvernementaux recommandables aux jeunes apprenantes

 

PROGRAMME
/PROJET

OBJECTIFS

BENEFICIARES

DEMARRAGE

NATURE DES APPUIS

CONDITIONS A
REMPLIR

Relance de la filière
Plantain

Appuyer les paysans
en vue d'accroître
leur productivité

Producteurs

 

Formation des
pépiniéristes
professionnels

Etre producteur

Appui à la filière maïs

Améliorer la
production et réduire
l'importation du maïs

 

2005

Formation et appui
financier en intrants aux
multiplicateurs de
semences

Etre un petit producteur

Relance de la
tabaculture à l'Est du
Cameroun

Amélioration de la
production par
l'organisation de la
filière

Producteur de Tabac
à l'Est

2005

Formation aux techniques
de conditionnement, mise
à disposition des séchoirs

Etre producteur de Tabac

Valorisation des bas-
fonds

Améliorer la
production
maraichère

Les jeunes

 

Allocation du matériel de
production (motopompe),
aménagement des bas-
fonds

Etre jeune producteur

 

Projet intégré d'appui
aux acteurs du secteur
informel (PIAASI)

Faciliter la mutation
du secteur informel
vers le secteur formel

Chercheurs
d'emplois, groupes
organisés, acteurs du
secteur informel

2005

Organisation, formation,
financement

Présenter un projet qui
relève du secteur informel

Programme de
parrainage des micro-
entreprises
MICROPAR/FNE

Promouvoir
l'entrepreneuriat par
le biais du parrainage
d'autres entreprises
plus expérimentées

Promoteur des
micro-entreprises
financées par le
FNE

 

Encadrement financement

Etre porteur de microprojets
d'entreprises, être inscrit au
FNE

 

Programme d'appui au
développement des
emplois ruraux
(PADER/FNE)

Lutter contre le
chômage et la
pauvreté en milieu
rural

Groupes organisés

 

Formation, financement

Etre un groupe organisé

 

Appui à la création et au
développement des
PME de transformation
et de conservation des
produits locaux de
consommation de masse
(PACD/PME)

Promouvoir la
création et le
développement des
PME de
transformation et de
conservation des
produits locaux de
consommation de
masse

Promoteurs des
PME,
consommateurs des
produits locaux

2008

Formation, structuration,
formalisation
financement, suivi

Etre porteur d'un projet de
PME de production, de
transformation, de
conservation ou de
commercialisation des
produits locaux

 

Programme d'appui à la
jeunesse rurale et
urbaine (PAJER-U)

Promouvoir
l'insertion socio-
économique des
jeunes

Les jeunes

2008

Formation au leadership
et à la gestion des AGR,
suivi et accompagnement,
financement

Etre âgé de 15 à 30 ans, être
inscrit au projet

Source : Ministère de la Jeunesse, Programmes et projets gouvernementaux, Document de synthèse, Yaoundé, février 2008.

En définitive, cette deuxième partie nous a permis de faire une analyse critique du système d'encadrement du CPFF en vue du renforcement de la dynamique entrepreneuriale de sa clientèle. Au-delà, une vision plus futuriste nous a permis d'entrevoir une perspective d'amélioration du rendement du CPFF. En effet, quelque soit le secteur d'activité, les femmes de Bertoua ont une préoccupation récurrente : « l'argent manque ». Ceci montre que le problème de financement est un frein au développement efficient des activités des femmes.

CONCLUSION GENERALE

Les analyses et les travaux récents sur l'entrepreneuriat féminin dans les pays en développement et particulièrement en Afrique subsaharienne soulignent que les capacités dont disposent les femmes pour mettre en marche leurs entreprises sont très insuffisantes. Au Cameroun, les années 1990 marquent l'ère de la promotion des libertés individuelles et collectives, de la promotion de l'esprit d'entreprise, principal atout pour le développement.

Ce travail a pour thème : « Entrepreneuriat féminin et participation des femmes au développement socio-économique : Le cas du CPFF de Bertoua ». Il nous a permis d'explorer les opportunités de développement que le CPFF offre aux femmes.

En effet, nous nous sommes posé la question de savoir comment améliorer les capacités des femmes formées au CPFF de Bertoua en vue de leur participation au développement socio-économique ?

Nous avons estimé que l'absence de moyens financiers et matériels limite considérablement leur insertion dans le circuit économique. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons utilisé quatre instruments de collecte de données.

Nous avons alors constaté que les femmes éprouvent des difficultés dans l'exercice de leurs activités et ce, du fait de l'ignorance et même de l'inexistence des structures de financement. Ensuite, les femmes manquent de formations adéquates.

En somme, si ces problèmes sont résolus (crédit et formation), on assisterait au renforcement de la contribution des femmes de Bertoua dans le processus de développement socio-économique. Mais pour qu'il en soit ainsi, l'action doit s'accompagner de bonnes perspectives d'évolution. Il s'agit finalement de préciser qu'une formation appropriée et l'accès au crédit pourrait permettre d'améliorer les capacités de développement d'autres facultés et talents. Autrement dit, développer les attitudes des femmes du CPFF à entreprendre davantage c'est-à-dire à créer, produire, vendre, gérer, et à dégager

un meilleur profit de leurs activités. Une telle démarche aurait pour résultat de favoriser l'acquisition des compétences permettant aux femmes d'évoluer ou de passer des activités génératrices de revenus à la petite entreprise.

BIBLIOGRAPHIE

I- OUVRAGES

AMARTYA Sen, Un nouveau modèle économique : Développement, justice, liberté, traduit par M. Bessières, Paris, Editions Odile Jacob, 2000.

BOSERUP E., La femme face au développement économique, Paris, Presses Universitaires de France, 1983.

DROY Isabelle, Femmes et développement rural, Paris, Karthala, 1990. GAUMONT D., Les études de marché 2e édition, Paris, Dunod, 2002. GRAWITZ M., Méthodes des sciences sociales, Dalloz, 2000.

GUIVY R. et VAN CAMPENHOUDT L., Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1985.

II- ARTICLES

ATOL, « Les femmes entrepreneurs et les ONG d'appui en Afrique subsaharienne. Un éloge de la diversité et de la complexité », Rapport final : Recherche-Action sur l'entrepreneuriat féminin en Afrique subsaharienne, 1997.

BAD, Rapport sur le développement humain du PNUD, « statistiques choisies de la BAD », 2005.

Banque Mondiale, « Rapport sur le développement dans le monde », combattre la pauvreté, Paris, éd. ESKA, 2000.

Le Gouvernement de la République du Cameroun, Document de stratégie de réduction de la pauvreté, 2003.

TCHAMANBE DJINE L. et TCHOUASSI G., « Renforcement des capacités entrepreneuriales des femmes par la formation : Une analyse du

cas du Cameroun », Communication aux VIIèmes Journées Scientifiques du Réseau Entrepreneuriat de l'A UF, Ile Maurice, 04, 05 et 06 juillet 2001.

TCHAMANBE DJINE L., (1999), « La femme camerounaise face aux enjeux économiques du XXIème siècle », Communication au Colloque sur : Femmes, Leadership et Développement : un regard prospectif sur le 21ème siècle, organisé par le MINCOF, Yaoundé, mai 1999.

TCHOUASSI G., « Femmes entrepreneurs au Cameroun : Une approche par les récits de vie », Revue Congolaise de Gestion, Numéro double 02- 03, janvier- décembre 2000.

TCHOUASSI G., « Entreprendre au féminin au Cameroun : possibilités et limites », Actes du 2ème Congrès de l'Académie de l'Entrepreneuriat sur le thème : Champs de l'entrepreneuriat et dynamique des sociétés, Bordeaux, avril, 2002.

VELGHE-SHERPEREEL G. & VAN DE WOUWER-LEUNDA P., Profil de femmes au Cameroun, édition de l'Ambassade des Pays-Bas à Yaoundé, avril 1996.

III- MEMOIRES

YODA B., La gestion participative des projets de développement : outils et méthodes d'intervention, Mémoire de 3e cycle en Agronomie, EAN, MEKNES, 2004.

EYINGA DIMI E. C., Stratégie socio-économique de survie des femmes chefs de ménage dans les villes de Yaoundé et Douala : Recherche des facteurs explicatifs, Mémoire IFORD 23e Promotion DES S.

ABENA EBOUGA M. N., Etablissements de microfinance et promotion des AGR en milieu rural : Le cas des mutuelles communautaires de croissance (MC2), Mémoire de CPJA, 2005, Yaoundé, INJS.

Table des matières

Dédicace i

Remerciements ii

Sommaire iii

Diagramme de synthèse synthétique iv

Liste des abréviations, acronymes et sigles v

Liste des tableaux vii

Liste des figures viii

Résumé ix

Abstract x

INTRODUCTION GENERALE 1

1 Le problème 2

2 Questions de recherche

2.1 Question générale de recherche 7

2.2 Questions spécifiques de recherche 7

3 Clarification de la question de recherche 7

4 Objet de la recherche 9

5 Objectifs de l'étude 9

5.1 Objectif général 9

5.2 Objectifs spécifiques 9

6 Hypothèses de recherche 10

6.1 Hypothèse générale 10

6.2 Hypothèses spécifiques 10

7 Définition opératoire des concepts 10

8 Approche contributoire des différentes théories 14

8.1 La théorie des attentes 14

8.2 La théorie du libéralisme économique 14

9 Revue de la littérature 15

9.1 Le concept femmes et développement 16

9.2 Evolution de la problématique femmes et développement : le genre et le développement 16
9.3 Historique de l'intégration du concept « Femmes et développement » au Cameroun17

9.4 le cadre institutionnel 18

9.5 L'entrepreneuriat féminin et le secteur informel 19

10 Intérêt de la recherche 20

11 Délimitation de l'étude 21

12 Approche méthodologique 21

13 Annonce du plan 21

Première Partie : LE CPFF DE BERTOUA : UNE STRUCTURE D'INSERTION SOCIO-ECONOMIQUE DE LA FEMME A TRAVERS LES MICRO-ACTIVITES .. 23

CHAPITRE I : L 'INTERET DE L'ENTREPRENEURIAT FEMININ 25

1.1 Présentation de la situation socio-économique de la femme 25

1.1.1 L'environnement économique 25

1.1.2 L'environnement socioculturel 26

1.2 Les femmes et le développement de la micro-entreprise 27

1.2.1 Caractéristiques des micro-entreprises dirigées par les femmes 27

1.2.2 Les fournisseurs des services d'appui aux femmes dans la ville de Bertoua 29

1.2.2.1 Les ONG 29

1.2.2.2 Les associations de femmes 29

1.3 Les principaux obstacles à l'entrepreneuriat féminin 29

1.3.1 Les obstacles d'ordre psychologique 30

1.3.2 Les obstacles socioculturels 30

1.3.3 Les obstacles d'ordre infrastructurel 30

1.3.4 L'absence d'un environnement incitatif 30

1.3.4.1 Les politiques 31

1.3.4.2 La législation 31

1.3.4.3 Les institutions 31

CHAPITRE II : GENERALITES SUR LE CPFF DE BER TOUA 32

2.1 Contexte environnemental de l'étude 32

2.2 Présentation du CPFF de Bertoua 33

2.2.1 Aperçu historique 33

2.2.2 Organisation et fonctionnement 34

2.2.2.1 Missions assignées 34

2.2.2.2 Fonctionnement 35

2.2.2.3 Localisation et infrastructures 35

2.3 L'encadrement des apprenantes au CPFF de Bertoua 36

2.3.1 Les formations professionnelles 36

2.3.2 Les appuis financiers 37

Deuxième Partie : REGARD CRITIQUE SUR LE FONCTIONNEMENT DU CPFF DE BERTOUA 38

précédent sommaire suivant










Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy



"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon