WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'Etat de droit: entre la domination et la rationalité communicationelle

( Télécharger le fichier original )
par Raphaël BAZEBIZONZA
Faculté de Philosophie Saint Pierre Canisius de Kimwenza - Maîtrise 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.6.2. Le consensus

Dans Raison et légitimité de 1973, Habermas veut concrétiser sa théorie du consensus en révisant la théorie des crises à la lumière des conditions nouvelles du « capitalisme avancé ». Il estime qu'une crise ne devient inévitable que « lorsque les membres d'une société considèrent les transformations structurelles comme critiques pour l'existence même du système et sentent menacée leur identité sociale, [...] c'est-à-dire lorsque le consensus qui est à la base des structures normatives est entamé au point que la société devient anomique86(*). Le consensus fonctionne comme un véritable « transformateur » de la crise.

En réalité, Habermas veut refonder la rationalité éthique et politique, dont la chute se traduit par une crise de la publicité, des structures normatives et de la légitimité. Face au contextualisme radical de Richard Rorty pour qui il n'y a plus de différence entre « vérité » et « justificatif », il n'y a que des « assertibilités »87(*), Habermas continue d'invoquer une communauté idéale de compréhension mais accorde toutefois un grand intérêt à la réalité des interactions sociales. La question est simple mais se pose avec acuité : l'échange langagier présupposant l'intercompréhension, constitue-t-il une base non seulement théorique mais pratique pour un projet démocratique ? Pour Habermas, les citoyens des sociétés modernes ne peuvent en effet plus trouver de langage commun que dans l'universalité des procédures, car « les éthiques dotées de force obligatoire collective se sont désintégrées » et « la morale post-traditionnelle qui subsiste [...] n'est fondée que sur la seule conscience morale de chacun »88(*). Mais Habermas ne considère pas le droit sous sa seule forme instrumentale. Le droit, c'est l'instance de médiation entre le « monde vécu » et les systèmes sociaux obéissant à des codes indépendants les uns des autres. Il est la courroie de transmission susceptible d'endiguer l'éclatement social et politique.

« Le droit fonctionne en quelque sorte comme un transformateur qui empêche le tissu de la communication à l'échelle de la société dans son ensemble, fondement de l'intégration sociale, de se déchirer. Ce n'est que dans le langage du droit que les messages à contenu normatif peuvent circuler à l'échelle de la société dans son ensemble ; entrant dans les domaines d'action régulés par les médias, ils tomberaient dans l'oreille d'un sourd s'ils n'étaient pas traduits dans le code juridique, code complexe ouvert à la fois au monde vécu et au système »89(*).

Malheureusement, c'est justement en ce point que surgit le problème crucial de la procéduralisation, qu'on peut définir dans les termes de Habermas comme « nivellement entre factualité et validité ». Car c'est du côté du droit positif que se situe le problème. Mais comment le résoudre ? Il faut partir du citoyen et du corollaire de ce problème qu'est la moralisation du droit : lorsque les citoyens ne s'estiment plus auteurs du droit, les procédures non seulement se multiplient mais elles se réclament de la coupure droit/morale. Dans cette procéduralisation le « principe D », joue un grand rôle, érigeant à nouveau la communication rationnelle en médiation mais se mordant la queue puisque le problème qui se pose est aussi celui de son dysfonctionnement.

* 86 Id., Raison et légitimité, p. 14 et sq.

* 87 R. RORTY, Contingence, ironie et solidarité.

* 88 J. HABERMAS, Droit et démocratie, p. 478.

* 89 Ibid., p. 70 et sq.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore